mercredi 24 décembre 2014

Ce que je pense de la création du Syndicat Agricole du Burkina (SY-A-B)

Le 17 décembre 2014, les représentants des Agriculteurs des 13 régions du Burkina Faso se sont retrouvés à Dédougou pour créer un syndicat. Ce syndicat, nous l’avons nommé SY-A-B. La devise du SY-A-B est solidarité-professionnalisme-équité. La nécessité de cette structure de défense a été sentie par les acteurs qui ont évolué dans les organisations professionnelles et qui se sont rendus compte à un moment donné que quelque chose leur manquait. Parmi ces choses qui manquaient, figurait la défense par tous les acteurs du monde rural réunis, des intérêts sociaux, moraux et économiques.
La population burkinabé est très majoritairement rurale mais nous assistons à une grande influence de l’exode rural dû d’une part, à la pauvreté et à la famine et d’autre part, à l’analphabétisme et l’obscurantisme. Ces difficultés ont souvent fait de ces ruraux des outils d’élections surtout dans une situation burkinabé où la politique n’était plus basée sur une vraie vision de développement pour les ruraux mais plutôt sur l’influence financière, l’intimidation,  souvent même l’éthnicisme. Les mêmes politiciens assistaient à l’accaparement des terres des paysans. Ces terres accaparées ne sont généralement pas exploitées et sont même louées aujourd’hui à des agricultures vivant dans la localité.
Dans le syndicat agricole, nous voulons que le problème d’un agriculteur, d’une agricultrice, d’un éleveur, d’un exploitant forestier, d’un pécheur … soit partagé avec tous les ruraux. Ce partage permettra à ce qu’ils décident de comment gérer le problème pour l’intérêt du producteur en question et pour le Burkina Faso.
Je suis parmi ceux qui dans les années 70 - 80, se sont opposés au syndicalisme. En  ce moment, la proportion des structures professionnelles était très réduite. De nos jours, des structures professionnelles organisées en filières existent. Au lieu d’être une force de réclamation et de proposition, malgré l’existence d’organisations de plus d’une dizaine de filières, l’influence de cette structuration ne donne pas totalement satisfaction à tous les membres de ces filières. Je pense que cela est dû en partie au système de mauvaise gouvernance politique au niveau central et au niveau des collectivités locales, qui influence ou qui récupère ces structures. Les derniers pensent que le développement, c’est le financement que l’État leur envoie, l’argent des différends projets qu’ils peuvent avoir avec les partenaires et la vente des terres urbaines ou rurales. 
C’est par les structures professionnelles que le développement local peut venir. Pour cela, lors des élections de tous les niveaux, c’est plutôt mieux d’écouter les professionnelles par rapport à leurs différents problèmes que de distribuer que l’argent et les tee-shirts. Il est même arrivé que nous nous rendions compte que le politique avait peur d’une structure bien organisée et qui n’écoute que ses acteurs. C’est pour cela que je pense que le syndicat de nos jours peut être un complément, un support aux structures professionnelles et aux ruraux individuellement.
Le SY-A-B  a été d’abord constitué par des individus qui sont tous membres de structures professionnelles. La porte a été ensuite ouverte aux structures filières. C’est dans ce sens que le représentant de la filière coton, l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB) et les semenciers ont adhéré et sont membres fondateurs. Toute autre filière organisée pourrait adhérer ; l’adhésion étant libre pour le producteur individuel et pour la structure professionnelle.
Le bureau de ce syndicat est constitué de 17 membres. Toutes les 13 régions sont représentées dans le bureau. Les trois premiers dirigeants de cette structure sont messieurs Abou OUATTARA, producteur de coton qui est aussi semencier de céréales et éleveur ; Adama G. OUÉDRAOGO qui fait principalement de l’embouche et l’agriculture. Le troisième responsable est une femme : madame Chantal Marie OUÉDRAOGO. Elle  transforme les noix karité en beurre de karité et en d’autres produits dérivés. Ces trois premiers dirigeants ont été choisis par l’assemblée du syndicat.
Aucun d’eux n’a 50 ans mais ils ont chacun plus de 30 ans. C’est donc des entrepreneurs dont leur entreprise n’est pas à leur début ni à leur fin. Ils ont l’obligation de se faire entendre et de se faire comprendre. Ils ont également l’obligation de l’écoute et de l’analyse car c’est tous les secteurs du monde rural qui sont derrière eux.
À la fin de cette rencontre, j’ai été choisi comme président d’honneur du syndicat. À 62 ans, je suis à la limite de mes capacités  physiques mais selon les membres du SY-A-B, ils ont besoins de puiser dans mon passé. Je ne suis pas membre du bureau. Ils me consulteront donc que quand ils auront besoins de moi. Dans l’écriture sainte de la Bible, quand Siméon a vu le petit Jésus, il a dit qu’il pouvait mourir maintenant parce qu’il ne voulait pas mourir sans voir le sauveur.
Je demande à Dieu de leur donné courage, persévérance et la cohésion. Dans cela mes enfants qui sont agriculteurs vont non seulement trouver leur compte dans ma famille et dans mes champs et pourront garantir la vie de nous qui les avons mis au monde. Car chez nous les agriculteurs, pour le moment nous n’avons pas de retraite. Bon vent à ce syndicat dans lequel je souhaite le bonheur des ruraux, la souveraineté alimentaire du Burkina Faso et le développement de celui-ci.
Ouagadougou, le 24 décembre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
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dimanche 30 novembre 2014

Ce que je pense de la révolution populaire et de la transition au Burkina Faso

Le Burkina Faso vient de vivre une troisième révolution après celle contre le régime du président Maurice YAMÉOGO et celle de la période du CNR. Je ne m’attarderais pas sur celle contre le régime YAMÉOGO mais je me permets de faire une analyse de celle du CNR et cette dernière. Selon ma compréhension, la révolution sous le CNR avait été initiée par des idéologues militaires et civils, appuyés par la population. Elle a donc eu une adhésion de la masse populaire. Le porteur de cette révolution qui était le capitaine Thomas SANKARA, était un homme qui avait acquis la confiance de la population par son comportement et son verbe.
Une des premières difficultés de cette révolution était que ce que l’engagement à une révolution exige, n’était pas compris par tout le monde. On peut citer les Tribunaux Populaires de la Révolution (TPR) dont l’esprit était de lutter contre la corruption, les travaux d’intérêt collectifs, le pouvoir décentralisé au peuple, l’amour du travail bien fait, la rigueur au travail, la reconnaissance du mérite, l’esprit de consommer burkinabè, la souveraineté alimentaire et économique et compter sur nous même pour le développement dans une cohésion sociale. Il y’a donc eu un évènement malheureux qui a couté la vie au capitaine Thomas SANKARA et à ses collègues.
27 ans 16 jours après, c’est le peuple burkinabè y compris les hommes politiques et la société civile, qui prend ses responsabilités pour une nouvelle révolution. Cela a abouti à la démission du président Blaise COMPAORÉ. Ce peuple a été rejoint par des militaires patriotes qui se sont dits que leur mission de défense et de sécurité était pour le peuple et non contre le peuple. Heureusement pour le peuple burkinabè, que des militaires qui raisonnent de cette manière existent toujours au Burkina.
Par la suite, un gouvernement de transition a été formé avec comme président son Excellence Monsieur Michel KAFANDO, un civile et son Excellence Monsieur Yacouba Isaac ZIDA comme premier ministre militaire qui, avec l’aval du président, a formé un gouvernement. Dans les discours des deux personnalités, on retient ceci : pour le président, rien de sera plus comme avant. Il faut qu’il ait justice. Pour le premier ministre, il faut la rigueur au travail et pas d’impunités. Cette rigueur commence par eux qui sont les premiers responsables de ce pays car selon lui, le poisson pourrit par la tête.
Je m’attends à ce que la révolution soit comprise cette fois-ci par l’ensemble du peuple. Un adage dit qu’un jour l’hyène a décidé d’être bouché, chose qui constitue une révolution. Elle a acheté un bœuf qu’elle a tué, dépecé en six morceaux, le septième morceau étant la tête. Le premier client qui s’est présenté voulait les deux cuisses. Elle a dit à ce premier client que les deux cuisses n’étaient pas vendables. Le deuxième client voulait les deux bras, l’hyène a dit que ça également, elle ne vend pas. Le troisième client voulait choisir parmi les autres morceaux mais l’hyène a eu la même réaction. Pour l’hyène, c’est la tête seulement qu’elle pouvait vendre. Lui que nous savons qu’elle aime la viande, voulait être bouché mais en ne vendant que la tête. Cet adage, je le dédie au peuple burkinabè. Si nous avons voulu la révolution, il faut que nous acceptions changer nos mauvaises habitudes. Pour cela, nous devons tous contribuer à rééduquer le peuple. Le peuple doit savoir que le pouvoir l’appartient et que c’est sur lui également que le pouvoir doit être exercé.
Après les interventions du président et du premier ministre du Burkina Faso, j’ai entendu des gens dire qu’ils étaient trop durs ; qu’ils devraient se contenter de gérer la transition et d’organiser les élections. Moi je dis non ! Le changement doit se sentir dès la transition que nous avons l’occasion d’avoir. Nous devons dès maintenant sentir la justice sociale et économique. Les résultats positifs que nous avons eus dans l’ex-régime ont été obtenus par le dévouement de certains patriotes burkinabés. Les erreurs qui ont amené la révolution ont été possibles grâce à la complicité de certains burkinabés.
Dans ses nominations, le régime passé nommait souvent que des hommes fidèles plutôt que des hommes capables de dire non. Même les décorations étaient politisées. Tous les secteurs financiers étaient contrôlés par « leurs hommes ». À titre d’exemple, les membres de la  chambre de commerce viennent de se plaindre de leur structure parce qu’elle a été manipulée par le régime passé. Cet influence est allée jusqu’au secteur agricole notamment à l’Union Nationale des Producteurs de Coton (UNPCB) à travers son président. Ce dernier qui a été imposé aux producteurs de coton, a opté de gérer comme le régime COMPAORÉ en manipulant tout avec l’argent de l’UNPCB. Du coup, il politisait l’organisation qui est apolitique, en faveur du régime. C’est ainsi que même les cotisations des cotonculteurs étaient utilisées pour faire des campagnes du CDP. Tout cela est également en train d’être dénoncé par les producteurs.
J’encourage le gouvernement à persévérer dans la justice et interpelle les hommes politiques et la société civile à éduquer le peuple pour qu’il accepte le changement.
Ouagadougou, le 30 novembre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
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mercredi 19 novembre 2014

Ce que je pense de la transition au Burkina Faso

Après le départ du président Blaise COMPAORÉ du pouvoir au Burkina Faso,  la direction de la barque du Burkina était sans conducteur. Lors du soulèvement populaire, la chance du Burkina Faso a été que des militaires ont rejoint la population et c’est surement ceux-là qui avaient refusé de « tirer » sur la population. Comme leur mission est de sécuriser le pays, ils ont décidé de prendre la direction de la barque pour qu’elle ne chavire pas. C’est le  lieutenant-colonel  Yacouba Isaac ZIDA qui a été choisi comme conducteur de la Barque. Il est donc devenu chef de l’État. La destinée du Burkina Faso devait donc être discutée avec lui. D’un côté les partenaires internationaux du Burkina Faso avaient donc un interlocuteur et de l’autre côté, la population burkinabè avait l’essentiel pour ne pas chavirer.
Sous la conduite du lieutenant-colonel  Yacouba Isaac ZIDA, les hommes politiques, la société civile, les communautés religieuses et les notables ont élaboré la charte de la transition. Un consensus s’est donc dégagé. Il s’agit du choix d’un président de transition et de la mise en place d’un gouvernement de transition pour une durée d’un an. Les acteurs de l’élaboration de la charte de transition ont mis leur confiance sur Michel KAFANDO. Nous disons bravo à l’ensemble de ces militaires patriotes et particulièrement au Lieutenant-colonel  Yacouba Isaac ZIDA. En effet,  à travers lui, nous sentons un changement positif de comportement.
 Quelqu’un a dit qu’un militaire sans une formation politique est un criminel en puissance. Pour moi cette formation n’est pas que académique. Elle commence dès la famille et se poursuit dans la société. Elle génère par la suite un lien d’affection du militaire vis-à-vis des humains et le Burkina Faso se rappellera de ce patriotisme de ces militaires. Pour le nouveau président Michel KAFANDO, nous le félicitons tout en lui souhaitant courage. À  plus de 70 ans, vu son apparence, il est physiquement solide pour conduire cette transition. Quant à ses capacités intellectuelle et politique, nous ne pouvons le mesurer que par son passé professionnel qui a été positif et la confiance que nous mettons à ceux qui l’ont choisi.
Dans le processus de cette transition d’un an, en quelques deux semaines de tractations, nous avons pu avoir l’oiseau rare. Comme quoi, il y’a toujours des Burkinabè capables. Quand le nouveau président Michel KAFANDO prêtait serment, j’ai retenu de son discours : « rien ne sera plus comme avant ». C’est justement pourquoi le peuple Burkinabè s’est battu. Le président KAFANDO s’est engagé à tracer les sillons du changement en faveur du peuple burkinabè. Comme c’est quelqu’un qui vivait au Burkina, nous pensons qu’il connait beaucoup pour pouvoir démanteler un système de corruption où toutes les finances du Burkina Faso étaient contrôlées par quelques individus. La dignité avait perdu tout son sens. Ce système avait fait des hommes capables des incapables. Les  fidèles à ce système étaient des demi-dieux autorisés à tout faire.
Malgré ce comportement, le système prônait la paix. Or tout le monde sait que sans justice sociale et économique, on ne peut pas avoir la paix dans les cœurs. Pendant la campagne présidentielle au Mali, pays voisin,  tous les hommes politiques et la société civile du Mali ont décrié la corruption et le favoritisme. Actuellement au Mali, les medias nous disent que la corruption s’est aggravée.  Je souhaite donc que toute la population Burkinabè accompagne le Président KAFANDO pour tracer les sillons d'une justice sociale et d'une justice économique pour la paix.

Ouagadougou, le 19 novembre 2014

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
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lundi 10 novembre 2014

Ce que je pense de l’expérimentation du coton génétiquement modifié (CGM) au Cameroun

Du 23 au 24 octobre 2014, j’ai été invité par Bayer CropScience et la société cotonnière camerounaise en tant que cotonculteur, à une conférence qui s’est tenue à Garoua (Cameroun), sur le thème « Coton génétiquement modifié (CGM) : Enjeux pour la filière cotonnière du Cameroun ». Ont pris part à cette conférence organisée par la filière cotonnière camerounaise (SODECOTON) avec la collaboration de Bayer CropScience, les représentants des institutions de recherche du Cameroun, du Burkina Faso (INERA), de la société Bayer CropScience, de l’IRAD, du CIRAD… L’objectif de la conférence était d’exprimer les enjeux de l’introduction du coton génétiquement modifié (CGM) au Cameroun pour les producteurs et la filière cotonnière.
En matière de biotechnologie dans le monde, 14 pays ont adopté la culture du  CGM en 2014. Parmi ces pays, l’Inde a représenté 46% de la surface cultivée en CGM. Au total,  23,9 millions d’hectares de CGM ont été cultivés en 2014, soit 70% du coton cultivé (conventionnel et CGM) dans le monde. Le Cameroun est à sa troisième année d’expérimentation du CGM. Comme le Burkina Faso est un des premiers pays africains à adopter le CGM, la SODECOTON et son partenaire Bayer, ont voulu que le Burkina Faso partage ses expériences en la matière avec eux.
Moi en tant que producteur, ancien président de l’union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB), j’ai contribué  à l’introduction de la technologie au Burkina Faso. De nos jours, cela fait 07 ans que je produis ce coton. Dans ma famille, sans le coton génétiquement modifié, nous allons arrêter la production de coton. Comme le cotonnier génétiquement modifié est « vacciné » depuis sa levée, il n’y’a pas de surprise d’attaque de chenilles, ravageurs sérieux du cotonnier. Le cotonnier en bonne santé grandit plus facilement à condition qu’il soit bien fertilisé. Le gène Bt est mis dans une semence qui est une propriété du Burkina Faso. La multiplication de la semence de base (CGM) est faite par les cotonculteurs burkinabés. C’est la technologie qui appartient à Monsanto. Monsanto, en partenariat avec l’INERA, est chargée d’introduire la technologie dans la semence burkinabè. La semence CGM est une copropriété de la filière cotonnière burkinabé et de Monsanto.
Au moment de cette introduction du CGM au Burkina Faso, certains nous (cotonculteurs burkinabés) considéraient comme des criminels. Mais jusqu’à ce jour,  ce coton n’a pas fait de mal à quelqu’un ; la graine et l’huile sont consommées et la fibre est vendue. Avec une production  estimée à 766 221 tonnes de coton graine dont 60% de CGM au cours de la campagne 2013-2014, le Burkina Faso demeure le premier pays producteur de coton en Afrique. Nous sommes heureux de constater que les camerounais ont eu la même réaction que nous. J’ai toujours dit que la différence entre l’homme et l’animal, c’est la capacité de l’homme à réfléchir, analyser et de choisir ce qu’il veut pour résoudre son problème tout en réfléchissant au maximum à ne pas nuire aux autres. La société cotonnière camerounaise est une des rares sociétés qui ont pu tenir leurs têtes hors de l’eau pendant toute la crise cotonnière grâce à son professionnalisme. Elle mène une relation de bon partenariat avec les cotonculteurs regroupés dans les CNPCC.
L’expérimentation entamée par le Cameroun et ses partenaires se fait avec deux gènes : le gène Bt et le gène de tolérance du cotonnier au glyphosate. Ces essais sont faits avec de la semence d’origine non camerounaise. Mais, la technologie sera introduite dans la semence camerounaise pour être mise à la disposition des cotonculteurs camerounais. La semence CGM sera une copropriété du Cameroun et de son partenaire Bayer. La multiplication de la semence de base sera assurée par les cotonculteurs camerounais.
Comme au Cameroun on fait beaucoup de semis-directs et de semis sous-couverts végétal, un cotonnier immuniser contre le glyphosate permet un nettoyage facile des mauvaises herbes par le glyphosate. Vu le professionnalisme de la filière cotonnière, la SODECOTON et ses partenaires producteurs sont également beaucoup avancés avec les régulateurs de croissance. Selon eux, ces régulateurs de croissance diminuent la gourmandise de la plante en taille. Ils réduisent également l’intervalle entre les capsules. J’ai eu l’occasion de visiter des champs où ces régulateurs de croissance sont appliqués. Les expérimentations se font avec plusieurs produits dans le but de trouver un  produit qui s’adapte à chaque zone agro-écologique du pays.
Dans le champ d’expérimentation du CGM, j’ai apprécié à sa juste valeur, le niveau de professionnalisme dans lequel cette expérimentation est menée. En effet, toutes les recommandations techniques sont prises en compte de façon effective. Cela m’a  prouvé que les camerounais sont au sérieux dans ce qu’ils font. À la conférence, toutes les couches de la société camerounaise étaient représentées : les paysans, les techniciens, les hommes politiques la société civile et la presse. J’ai été surpris qu’il n’ait pas d’opposition à l’adoption de la technologie au Cameroun. Les questions posées étaient relatives au gain réel des producteurs et au prix de la semence.
La bonne collaboration que j’ai constaté entre la société cotonnière et les producteurs a permis à ce qu’il y’ ait, dans toutes les zones cotonnières, du matériel agricole qui facilite la production : charrues, semoirs, charrettes, brouettes. Ce matériel est octroyé aux producteurs. Mais les producteurs camerounais ont interpellé leur gouvernement sur la cherté de l’engrais. Comme le CGM est un cotonnier qui doit « bien manger » (bonne fertilisation) pour bien produire, il ne faut pas que la cherté de l’engrais fasse que les cotonculteurs sous-dosent l’engrais et empêchent ainsi le cotonnier génétiquement modifié d’exprimer toutes ses potentialités.
Je conclus en encourageant les camerounais en leur disant que je les fais confiance car l’Afrique doit avancer.
Ouagadougou, le 10 novembre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
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mercredi 5 novembre 2014

Ce que je pense du soulèvement populaire après lequel Blaise COMPAORÉ a quitté le pouvoir

Le 31 octobre 2014, nous avons appris la démission du président Blaise COMPAORÉ du pouvoir au Burkina Faso. Il a par la suite quitté le pays. Même si certains disent qu’il n’y a pas eu de carnage, il y’a quand même eu plus de 40 morts avant le départ du président COMPAORÉ. Dans mon article précèdent, j’avais attitré l’attention du pouvoir qu’il ne serait pas  bon de réprimer la population avec les armes du peuple burkinabè. Cette fois-ci encore, on a donné raison à quelqu’un qui disait que chaque fois qu’un africain achète une arme, c’est contre un autre africain.
Une des images qui restent de Blaise COMPAORÉ, est qu’il y’a eu du sang et des morts à son départ du pouvoir comme à son arrivée au pouvoir et pendant son règne. Pourtant l’opposition avait montré sa volonté de non-violence. L’entêtement du parti au pouvoir à vouloir modifier la constitution, a fini par déséquilibrer tout le monde. Tout cela fera partie de notre histoire. Nous sommes présentement à une période de transition que j’avais souhaitée dans un de mes documents en début 2014. Mon souhait pour cette transition est qu’il y ait une entente entre les burkinabés pour qu’elle se fasse dans l’intérêt des burkinabés. Les burkinabés doivent travailler à ce qu’il y’ait une autre façon de faire la politique. Le développement du Burkina Faso peut être accéléré par ce changement de comportement.
Ayant parcouru beaucoup de pays, je sais que tous les burkinabés sont des grands travailleurs. Seulement, on était arrivé à leur faire avaler la pilule de la corruption et du clientélisme. Si tu n’étais pas du parti au pouvoir, tout ce que tu faisais en bien était vu en mal. Occuper un poste de décision, c’était l’occasion d’exploiter la population. La trahison était devenue de la logique. Les revendications sociales étaient attribuées à des aigris.
          Cette transition ne pourra pas excéder un an. Mais il y’ a un travail à faire par les politiciens que nous sommes et la société civile. Il s’agit de conscientiser le peuple burkinabè à être un peuple effectivement intègre. Ce peuple doit compter sur ses propres forces et accepter le développement partagé. 
Dans un de mes précédents documents, j’avais dit que le fait que la population burkinabè est majoritairement jeune, était une bombe à retardement. Quand les jeunes se déchainent parce qu’ils ont des besoins insatisfaits, ils ne peuvent plus se maitriser même devant les armes. Cela a été valable pour le régime passé et restera valable pour le régime à venir. Les ruraux étaient aveuglés  et apeurés par le  pouvoir en place. Ils ne savaient pas que c’est le pouvoir qui leur doit et pensaient que c’est eux qui devaient se soumettre au pouvoir pour assurer leur survie. Le peu de services qu’ils recevaient était perçu comme un cadeau du régime et non un devoir. Pour moi, le président Blaise COMPAORÉ est parti mais l’essentiel demeure. Celui de gouverner pour l’intérêt du peuple.
Ouagadougou, le 05 novembre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
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dimanche 19 octobre 2014

Ce que je pense du dialogue politique initié par le président Blaise COMPAORÉ entre le parti au pouvoir et l’opposition

Le Burkina Faso vit actuellement une crise politique dont une des conséquences directes est la fragilisation des liens sociaux. Le respect de la constitution, comme condition primordiale à la préservation de la paix, ne fait plus l’unanimité. Face à cette crise politique qui oppose le parti au pouvoir (CDP)  et l’opposition, le président du Faso a initié un dialogue politique national entre les deux. Le président Blaise COMPAORÉ est du CDP. Un des sujets qui oppose les deux parties, est la révision de l’article 37 de la constitution. Pourtant, la révision de cet article n’est que pour permettre au président Blaise COMPAORÉ de se représenter. Ce dialogue a pris fin de façon prématurée.

Selon l’opposition dont je fais partie, le sujet de l’article 37 n’est pas discutable. Il doit rester intact. Pour le CDP,  s’il n’y a pas consensus, on s’en remet à la décision du président du Faso. Si l’opposition acceptait la proposition du CDP, cela signifierait que c’est les deux parties qui offrent l’article 37 à Blaise COMPAORÉ. En adoptant cette position, l’opposition allait perdre la confiance du peuple burkinabé à la base. Toutefois, nous constatons que Blaise et son parti le CDP, tiennent à sa candidature à la présidentielle de 2015.

En rappel, le septennat a été discuté par la classe politique burkinabè. Mais en 2005, nous sommes revenus au quinquennat. Après 1987, à chaque réaménagement de statut du Burkina Faso, le président Blaise COMPAORÉ a toujours eu ce qu’il veut. Lors de la journée du pardon, il a également eu le pardon qu’il voulait. À la fin de son deuxième mandat de quinquennat, l’intégrité qui caractérise le Burkinabè, m’oblige à dire que nous devons respecter ce que nous avons dit dans la constitution.

Dans l’histoire de notre intégrité, le respect de la parole donnée a toujours été le fondement de nos valeurs. Mon père me disait ceci : « quand un homme donne sa parole et qu’il ne la respecte pas, c’est comme s’il a craché à terre et a ensuite avalé le crachat récupéré du sol ». Dans notre contexte, la révision de l’article 37 ne concerne que Blaise COMPAORÉ. Même si certains membres du parti au pouvoir veulent la révision de l’article 37, l’intégrité de Blaise COMPAORÉ doit le pousser à respecter son engagement de défendre et de respecter  la constitution, pris lors de son installation en 2005.

Depuis que le président Blaise COMPAORÉ est au pouvoir, beaucoup de manifestations de mécontentement de la population ont eu lieu. Son système de gouvernance a pu « maîtriser » ces manifestations du peuple burkinabé. Mais depuis 2011, nous observons une révolte  de la population qu’il n’arrive pas à contrôler. Ce qui se dit aujourd’hui en mal contre le président Blaise COMPAORÉ dans la société civile, dans les medias nationaux et même dans certains medias internationaux, n’était pas imaginable il y’a quelques années. Le seul cadeau qu’il peut offrir dans de telles circonstances, c’est de dire qu’il ne va pas se présenter en 2015. Il aura ainsi permis au peuple burkinabé de gagner dans sa revendication cette fois-ci, car c’est aussi cela la démocratie.

Le Burkina Faso n’a pas besoin de violence et Blaise COMPAORÉ qui est au pouvoir a la responsabilité de prendre des initiatives pour épargner le pays de ce catastrophe purement humain. Jusqu’à nos jours, l’opposition a pu faire tous ses meetings et marches sans violence. Comme l’opposition n’a pas créé quelque chose de nouveau, elle demande seulement à ce qu’on respecte ce que tous les Burkinabè ont écrit. Elle ne mérite pas d’être violentée pour ça. Je lance un appel à tous nos partenaires africains, occidentaux et asiatiques, à encourager le président Blaise COMPAORÉ à se retirer du palais de Kosyam tout dignement en 2015.

Ouagadougou, le 19 octobre 2014

TRAORÉ B. François,
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vendredi 17 octobre 2014

Ce que je pense de la 8ème conférence de CmiA/COMPACI

Invité par l’Aid by Trade Foundation, la DEG et la GIZ, j’ai participé, en tant que représentant de l’Association des Producteurs de Coton Africains (AProCA), à la 8ème conférence des parties prenantes de Cotton made in Africa (CmiA) et de la Competitive African Cotton Initiative (COMPACI) qui s’est tenue à Cologne (Allemagne) du 24 au 26 septembre 2014. Plusieurs professionnels du monde de la transformation, des affaires, des sphères politiques et des organisations paysannes ont pris part à cette cession.
Le premier jour de la conférence, les participants ont d’abord été informés du déroulement du programme à la « mi-temps » de la seconde phase de COMPACI. Une partie de la journée a été consacrée au développement de CmiA, ainsi qu’à ses marchés de vente en Europe et en Amérique du Nord. Une présentation des chaînes de valeur textile intégrées en Afrique subsaharienne et un panel de discussion entre les détaillants de textile internationaux et les producteurs de coton africains ont également eu lieu.
La question de l’expansion du coton en tant qu’instrument permettant de promouvoir la production de culture vivrière, ainsi que celle de savoir comment réduire l’utilisation des pesticides dangereux dans la production cotonnière ont fait partie des principaux points abordés le 25 septembre (deuxième jour).
En tant que producteur, j’ai retenu que les différentes initiatives de CmiA/COMPACI ont permis de remonter le niveau de professionnalisme des agriculteurs qui ont été touchés, en termes de productivité, de préservation de l’écosystème et ont abouti à l’augmentation de leurs revenus. Pour la sécurité alimentaire, il a été reconnu que les rotations coton-céréales ou céréales-coton étaient nécessaires pour optimiser la productivité du cotonnier d’une part, et indispensable d’autres part, en termes d’alimentation et de diversification des sources de revenus pour le producteur qui devra approvisionner les zones déficitaires en céréales (maïs). Il a été donc clairement accepté que la production du coton et celle du maïs ne sont pas opposables, elles sont complémentaires pour le développement du milieu rural.
Pour ce qui est de la protection phytosanitaire, le système BCI, le système Cotton made in Africa et le système GIPD ainsi que la lutte biologique montrent que l’utilisation des produits phytosanitaires dans la lutte contre les déprédateurs des cultures peut être réduite afin de limiter davantage les risques sur la santé de l’utilisateur, du consommateur et de préserver l’environnement, tout en maintenant la productivité des cultures.

Pour le représentant de BAYER, l’Afrique n’est pas un grand utilisateur de pesticides de nos jours. Car de nos jours, une grande partie des aliments comme le riz, le blé (pain) et même le maïs sont importés par les pays africains. Ces aliments sont produits en utilisant des grandes quantités d’engrais et de pesticides en Occident. À titre d’exemple, selon certains statisticiens, il y’a près de soixante (60) fois la superficie de la France dans l’Afrique,  mais la France à elle seule utilise six (6) fois plus de pesticides que toute l’Afrique. Pourtant le surplus de la production de ces pays occidentaux est importé en Afrique sans qu’une question de condition de production ne soit imposée à ces fournisseurs.
Pour ce qui est de la transformation, les premiers partenaires des agriculteurs étant les égreneurs, une bonne collaboration entre les agriculteurs et ces derniers, chacun jouant parfaitement son rôle, peut permettre non seulement le fonctionnement d’un bon système de traçabilité mais aussi de préserver de la qualité du coton. Le système BCI et le système Made in Africa ont été pris comme exemples qui ont permis une ouverture de marché et qui ont contribué à la crédibilité du coton africain vis-à-vis du monde du textile.

Les transformateurs du coton en textiles sont les derniers maillons de la transformation. Il est reconnu que plus de 90% du coton africain est vendu et transformé à l’extérieur. Vlisco, un partenaire de CmiA, fait partie des transformateurs de coton qui sont bien connus par les consommateurs africains. Selon cette société, près de 90% de leur textile est vendu en Afrique. C’est ce que les africains appellent « Wax hollandais ». Ces transformateurs du coton en textiles, parmi lesquelles figure Vlisco, trouvaient que ce n’est pas normal que le coton africain ne soit pas transformé en Afrique. Non seulement il est possible de le faire et on doit le faire. Ils se sont donc installés en Éthiopie, en Ouganda, au Cameroun… Selon eux, les pays de l’Afrique de l’Est offrent des conditions favorables à la transformation du coton africain. Cela leur permet de former et d’employer des jeunes africains, car ils ne trouvent pas normale que les africains produisent le coton et que sa transformation ne procure pas des emplois pour la jeunesse africaine. Certains de ces transformateurs locaux du coton africain ont même dit qu’une partie de leur bonheur est comblé chaque fois qu’ils voient que leurs employés africains font vivre correctement leur familles à travers l’emploie dans la transformation du coton.

Selon Vlisco,  c’est la qualité du coton (caractéristiques de la fibre) qui est l’élément le plus important dans la chaine de transformation. À propos des systèmes de production  qui ont été cités, Vlisco trouve que ses consommateurs finaux ne se préoccupent pas de comment leur coton a été produit. Cela m’oblige à dire que les systèmes de production ne doivent pas empêcher l’augmentation de la quantité du coton africain car de nos jours, c’est en Afrique qu’il y’a de la place pour cela. L’Inde et la Chine commencent à être limitées dans la production du coton par la pression démographique et le fait qu’ils doivent réserver une grande partie de leurs terres pour la production céréalière. C’est donc le Brésil et l’Afrique qui peuvent augmenter leur quantité de production cotonnière. Tout le monde sait que le Brésil  est dans la haute technologie pour une bonne productivité du cotonnier (rendement de plus de 4t/ha). Personne ne peut leur donner des leçons de système de production.

Par ailleurs, je viens d’apprendre que la plainte déposée par le brésil contre la subvention cotonnière contre les Américains, vient de trouver un dénouement. Le Brésil va être dédommagé par l’Amérique. Les producteurs africains que nous sommes, avions lancé l’appel contre les subventions américaines et européennes. Après plusieurs rounds de négociations à l’OMC, on n’est pas arrivé à donner raison à l’Afrique. L’Afrique ne doit pas rester ce grand continent passif dans le commerce mondial. Quelqu’un m’a dit que si l’Afrique augmente sa part dans le commerce mondiale de 1%, cela dépasse toute l’aide qu’on l’offre. Je suis pour l’aide mais l’aide ne doit pas remplacer le commerce.
Ouagadougou, le 06 octobre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype: dadilotbf52
Facebook : dadilotbf52
 (+226) 70 95 34 45
 (+226) 78 50 16 25

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lundi 6 octobre 2014

Ce que je pense de la position de l’Église catholique dans les politiques africaines

Ces derniers temps, l’Église catholique burkinabè a donné une position tranchée contre la modification de l’article 37 au Burkina Faso. Au Congo démocratique (RDC) comme au Togo, l’Église catholique a eu la même réaction sur le tripatouillage de la constitution pour permettre aux présidents en place de se représenter en fin de mandat. J’ai suivi quelques réactions de la société civile. Certains trouvent cela normale mais d’autres non, en disant que ce n’est pas le travail de l’Église catholique. Quant à moi, je pense que l’Église catholique ne fait que son devoir.
Dans l’histoire du développement dans le monde, l’Église catholique à un moment donné, a joué un grand rôle lié au fait qu’elle a des missionnaires partout et qui vivent avec toutes les couches sociales. À titre d’exemple, en France et au Canada,  ces missionnaires ont été à l’origine de la création des associations pour le développement dans les milieux ruraux à travers une conscientisation. En effet, les missionnaires catholiques disaient à ces ruraux que c’est dans la cohésion et le partage d’expériences qu’ils peuvent se développer.
Dans l’histoire de l’Afrique avant et après les premières heures des indépendances, la position de l’Église catholique a été souvent considérée comme mitigée, comme complice ou passive. Mais, ayant fait une partie de mon enfance à l’internat d’une mission catholique, je reconnais l’œuvre de charité que ces missionnaires ont mené. La preuve est qu’au Burkina Faso, la majorité des premières écoles et des centres de santé primaires ont été l’œuvre de ces missionnaires de l’Église catholique.
Je constate également que depuis l’avènement de la démocratie, que l’Église catholique a été chaque fois celle qui subit la société civile en détresse. Une preuve est qu’à l’avènement de la Côte-d’Ivoire, mon oncle qui est un musulman et qui vivant à Dokoué, a été obligé de se refugié dans une mission catholique. Il a été protégé par celle-ci et a été sauvé. Chaque fois qu’il y’a une crise dans un pays, les Églises sont envahies par les populations qui se sauvent. Nous avons vu tout récemment la situation en Centrafrique. L’Église catholique a été chaque fois donc obligée de supporter et d’entretenir les femmes et les enfants qui ont fuient leurs maisons sans savoir de quoi il s’agit. En Afrique du sud, au moment de la lutte contre l’apartheid, la position de l’archevêque Desmond TUTU a été un grand apport pour l’unité des sud-africains contre le racisme.
Selon les fidèles catholiques, la religion catholique, est le chemin par lequel on peut arriver chez Dieu après sa mort. Mais les actions pour y arriver, sont basées sur comment l’humain s’est comporté vis-à-vis de ses prochains durant sa vie terrestre. Donc, je pense que religieusement et socialement, l’Église catholique est dans son devoir de prévenir pour réduire l’ampleur d’une crise sociale afin d’éviter de subir que les malheureux qui sont souvent innocents. L’Église catholique ne peut exercer convenablement sa mission chrétienne que dans une société paisible où les droits et les devoirs des uns et des autres sont respectés. À ma compréhension, la position de l’Église catholique n’a pas pour but de chercher un pouvoir. Elle souhaite plutôt qu’il ait une société pacifique pour mieux exercer son travail de religieux surtout que la société est déjà en guerre contre la pauvreté.
Ouagadougou, le 06 octobre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype: dadilotbf52
Facebook: dadilotbf52
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mardi 26 août 2014

Ce que je pense de la société civile africaine en politique

Dans la société civile africaine, nous avons deux groupes d’acteurs. Ceux qui ont pu allez à l’école et ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’y aller. Ceux qui n’ont pas pu aller à l’école ont eu leur formation idéologique soit au village à travers la tradition, ou soit dans la société. Car, il y a cent ans de cela, un villageois pouvait naître, grandir et vieillir sans avoir quitté son village ou sa région. De nos jours, ce n’est plus le cas. Sur cent personnes, près de la moitié a déjà connu une autre région ou un autre pays. La collaboration qui se limitait entre famille ou entre villageois s’est étendue à ceux qui sont ni de la famille et ni du village. L’intérêt du villageois s’est donc élargit à d’autres. Cela a tendance à créer une philosophie de développement que j’appelle  politique.
Après les indépendances, ceux qui ont pris le pouvoir administratif étaient ceux qui étaient allés à l’école. Jusqu’à nos jours, à l’heure de la démocratie, ce sont les mêmes qui gouvernent. Les ressources naturelles africaines sont entrain d’être exploitées. Toutes les évaluations de l’exploitation de cette richesse  montrent que la société civile ne bénéficie pas assez des résultats de cette exploitation. L’Afrique est le continent où les jeunes sont majoritaires. L’exploitation de cette richesse ne permet pas d’employer toute cette jeunesse. La jeunesse africaine, au lieu d’être un avantage, est devenue un inconvénient. La démocratie est aussi devenue un outil de campagne politique mais pas un outil de développement. Tout cela est géré par une partie de ceux qui ont été à l’école.
 L’analyse de ces deux situations m’oblige à donner mon avis par rapport à la politique pour le développement. Traditionnellement en Afrique, la parole donnée d’un homme dans sa société était irrévocable. C’est la crédibilité de l’engagement, la combativité qui était la fierté de notre société. L’instruction et la modernité devraient être un plus pour cette crédibilité. Malheureusement, c’est le contraire qui est souvent constaté. Le fait d’être instruit donne l’opportunité à certains dirigeants  de rendre plus obscurs les citoyens. Comme dans la société civile africaine, certains citoyens sont  instruits, d’autres, sans être instruits, sont  éveillés parce qu’ils se sont déplacés ou parce qu’ils sont informés par les medias, la corruption est  utilisée pour faire la politique. 
Pour moi, il y a corruption que lorsqu’on  veut avoir quelque chose qu’on ne mérite pas, ou soit, on veut s’engager sur quelque chose qu’on ne va pas respecter. Cette façon de faire de l’homme politique moderne a détruit toute la confiance dans les villages. La réalité est que dans les villages, la politique se fait en distribuant des billets de banque. Comme cette façon de faire du politique n’est pas souvent en lien avec les activités des ruraux, après les élections, ce sont les citoyens qui vont vers l’administration pour bénéficier de ses services tout en payant. Pendant cette période post-électorale, le citoyen ne sait pas que c’est l’argent qu’il avait reçu lors des campagnes électorales, qu’il rembourse. En effet, le citoyen  se rend compte que les engagements d’investissement ne sont pas tenus sans comprendre que c’est l’argent de cet investissement qu’on lui partageait.
Pour que tous ces faits changent, il faudrait que  les citoyens africains comprennent qu’ils sont tous des acteurs économiques. L’instruction et la politique doivent être au service de leurs activités. Cela ne contredit pas la tradition, ce ne sont que des outils que nous pouvons utiliser dans le bon sens pour aller plus rapidement au développement. Avec la décentralisation, les habitants d’une localité doivent savoir que c’est dans la cohésion qu’ils peuvent se développer. Les qualités qu’ils doivent puiser dans la tradition pour faciliter la décentralisation sont la crédibilité et le respect de la parole donnée. C’est en cela qu’ils ne vont pas se faire tromper par les hommes politiques mal intentionnés. La technologie a permis à ce qu’il ait des outils de communications modernes. Si ces outils sont bien utilisés pour la conscientisation du citoyen, l’Afrique peut prendre un raccourci pour arriver au développement. Nous avons les moyens pour ça.
Ouagadougou, le 25 août 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
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