dimanche 7 octobre 2012

Ce que je pense du centre Songhaï au Bénin


             
Du 17 au 22 septembre 2012,  j’étais à un atelier organisé par l’AProCA à Cotonou. J’ai profité du dernier jour pour me rendre dans un centre de formation appelé « centre Songhaï ». Le centre Songhaï à Porto-Novo, selon mon guide de la visite, est l’initiative d’un religieux nigérian qui a fait ses études aux Etats-Unis et qui est rentré diplômer en électronique.  Il a commencé par enseigner à l’université. Mais, pour quelqu’un qui a vécu aux Etats-Unis où le maïs est cultivé pour nourrir les animaux, il ne pouvait pas comprendre que malgré la fertilité des terres en Afrique, nombreux sont les  Africains meurent de faim. Il a donc décidé de faire l’agriculture en 1985. Les autorités béninoises ont accepté lui donner une surface à cultiver. Selon le même guide il a rencontré des difficultés à ses débuts. Aujourd’hui, le centre de Porto-Novo a évolué de cinq hectares de vingt deux. Il combine l’agriculture et l’élevage.

                                           Le tableau recto verso de présentation des activités du centre Shanghai

La modernité de ce centre et sa réussite ne peuvent pas être décrites dans ce document. Il faut le voir soi-même. De la production en passant par la transformation jusqu’à la commercialisation, tout se fait dans ce centre. Par exemple, le maïs et le soja sont cultivés pour l’élevage. Les bœufs et la volaille sont bien nourris par les céréales et leurs résidus. Il élève  également des poissons. Les déchets d’animaux sont également utilisés pour enrichir le champ à travers le compostage. Les poissons élevés  sont réutilisés comme aliment bétail. L’eau qu’il utilise pour faire cette pisciculture est tout simplement l’eau qu’il a canalisée jusqu'à l’endroit le plus bas du champ où elle est stockée. Il a juste une manière d’entretenir l’eau pour qu’elle soit favorable aux poissons.
Les machines servant aux différentes transformations des produits agricoles sont toutes fabriquées sur place et adaptées aux besoins. C’est vraiment un centre qui démontre que l’agriculture et l’élevage sont liés. La transformation après la production est essentielle pour mieux valoriser l’agriculture. Sur les 22 ha, il emploie près de 100 personnes. La rentabilité des 22 ha permet de couvrir les salaires des travailleurs selon le guide. Le centre Songhaï  me renforce dans mon projet de création d’un centre de formation qui a commencé par l’implantation d’une ferme agricole à Marabagasso dans le Houet au Burkina Faso. J’ai vu un exemple qui m’a vraiment épaté ; j’ai aussi compris que c’est la volonté et la détermination qui a fait cette réussite. Le guide m’a dit que deux autres centres sont ouverts au Bénin après celui de Porto-Novo et couvrent une superficie d’environ 500 ha.
Etant originaire du Nigeria, il vient d’avoir 1000 ha dans son pays pour ouvrir un centre parce qu’il a fait ses preuves au Bénin. Aujourd’hui, le centre de Porto-Novo reçoit les stagiaires de tous les pays voisins. Un professeur en électronique qui fait réussir l’un des centres agricoles les plus performants en Afrique, montre que son patriotisme qui a permis la mobilité de métier, a prouvé que ses parents africains peuvent se nourrir eux-mêmes, est un pari réussi. Si je constate que nous avons en Afrique des ingénieurs agronomes, des ingénieurs en élevage,  la question que je me pose est la suivante « qu’est-ce  qui manque à ces diplômés du domaine »?  Sur  ce centre, il y a de la production 365 jours/365 et l’Afrique est un des rares continents où on peut faire cela pare ce que nous n’avons pas de neige comme les Pays-Bas et le Canada. La neige empêche ces pays à un moment donné de l’année de produire.
Quand je sortais du centre Songhaï, je ne pouvais pas expliquer pourquoi l’Afrique importe à manger. Ce religieux africain a des promotionnaires hommes comme femmes en Afrique.  Mais leur grande différence est que l’œuvre du fondateur de Songhaï lui permet de se faire connaître et permet d’améliorer les conditions de vie d’autres personnes. Je me rends compte aussi que quand on va dans les conférences et que les gens se présentent en citant leurs diplômes, c’est peut être parce qu’ils n’ont pas d’œuvres en référence. Si ce monsieur veut se présenter lors  d’une conférence, il suffit qu’il dise qu’il est le fondateur du centre Songhaï. En effet, ce centre constitue une référence de grande réussite dans la sous région. Il a démontré que des hommes africains qui peuvent faire réussir l’agriculture existent. Pourquoi les politiciens ne s’entourent-ils pas de ces personnes?
                                             Ouagadougou, le 04 octobre 2012
                                              TRAORE B. François,
                                              www.francoistraore.blogspot.com                            
                                              Président d’honneur de l’AProCA,
      Docteur honoris causa.
       (+226) 70 95 34 45/ (+226) 78 50 16 25