vendredi 29 mars 2019

CE QUE JE PENSE DE LA NOUVELLE BANQUE AGRICOLE BADF INAUGUREE LE 29 MARS 2019 AU BURKINA FASO


C’est avec intérêt que j’ai participé ce jour 29 mars 2019, à l’inauguration de la banque agricole BADF à Ouagadougou. Sur demande des agriculteurs burkinabés, le gouvernement dans sa volonté d’accompagner la population dans ses initiatives, s’est investi sans réserve pour que cette banque voit le jour. En effet, dans l’histoire des agriculteurs burkinabés, il y a toujours eu de la combattivité, pas que pour la subsistance mais aussi pour s’épanouir. C’est dans ce sens que l’agriculture et l’élevage sont pratiqués dans presque toutes les zones. Egalement de nombreux burkinabés ont émigré en Côte d’Ivoire à la recherche de revenus à travers la culture du café, cacao…D’autres sont également allés vers le Sénégal pour la culture de l’arachide. Moi je fais partie d’une famille qui a migré vers le Sénégal. Après l’école primaire, j’ai relayé mon père qui était dans une situation difficile dans l’agriculture. C’est depuis 1970 que j’ai bénéficié d’un crédit semence d’arachide et engrais qui un an après, m’a lancé dans mon métier agricole. La deuxième étape qui m’a marquée en matière de crédit, c’est quand j’ai commencé la culture du coton en 1979. J’ai bénéficié d’intrants agricoles que je ne pouvais pas acheter au comptant pour produire le coton et cela a été très bénéfique pour moi et ma famille. En 1986, par le biais de la Banque Agricole et Commerciale du Burkina (BACB), j’ai également bénéficié à crédit, d’un tracteur qui a modernisé notre exploitation. Vous comprendrez donc ma joie d’assister à l’installation d’une banque dans laquelle les agriculteurs sont actionnaires dont la mission principale est le financement du monde rural pour son épanouissement. 



C’est l’occasion pour moi de remercier le gouvernement burkinabé et tous les partenaires qui sont venus au secours du monde rural dans la création de cette banque. Je sais que dans ce milieu rural tous les acteurs aussi petits qu’ils soient ont besoin de crédit pour accomplir leur rêve de développement. Le blocage du financement rural a toujours été les conditions souvent inadaptées à ce métier. Tout mon souhait est donc qu’en plus de la bonne volonté des acteurs, qu’il y ait toujours un travail d’adaptation au système de production et de commercialisation. C’est vrai qu’une banque a besoin d’être rassurée qu’elle sera remboursée mais on ne peut pas demander une garantie à un agriculteur comme celle qu’on demanderait à un salarié ou aux grandes entreprises. Les agriculteurs que nous sommes avons également besoin de mieux nous organiser. J’ai eu l’occasion de rendre visite à plusieurs agriculteurs dans le monde, je citerai comme exemple les agriculteurs québécois et français. Dans ces pays, les agriculteurs sont fiers de leur métier car ils ont le même niveau de vie, souvent même meilleur que celui de certains acteurs. Le secret se trouve dans l’organisation, le respect des principes, le respect des engagements et la crédibilité. Je terminerai en disant que cette banque peut et va développer le monde rural, pourvu qu’on n’arrête pas de réfléchir et de chaque fois réadapter par rapport à notre évolution.
En tant que vétéran agricole
Ouagadougou, le 29 Mars 2019
TRAORE B. François
Agriculteur burkinabé
Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux

samedi 2 mars 2019

Ce que je pense de l’entreprise privée MOABLAOU de Monsieur Abou OUATTARA


Le vendredi 1er mars 2019, j’ai eu le privilège sur la bonne volonté de M. Abou OUATTARA de visiter son entreprise de production d’œufs MOABLAOU. Selon lui, étant ex employé de l’administration de laquelle il a démissionné depuis 1987, il a créé cette entreprise en ayant à l’époque comme première associée son épouse. Il a démarré cette entreprise avec environ 500 poules pondeuses, aujourd’hui il est à plus de 200 000 poules pondeuses. L’entreprise pèse plus de 2 milliards de frs CFA. Ce qui m’a le plus impressionné c’est l’explication qu’il donne par rapport à l’évolution. La principale qualité qu’il a donnée dès le départ à cette société c’est la rigueur et il me dit qu’une partie de cette rigueur est venue du métier car une poule pondeuse a des exigences pour mieux produire. Si l’on fait par exemple un retard au travail ou une erreur, peu importe que l’on se donne raison, la poule ne connait pas cela. Tout ce qui n’est pas respecté les conséquences sont immédiates. Lui-même qui est initiateur s’est donné une rigueur qui sert d’exemple à tous ses employés. A titre d’exemple, nous avons commencé notre visite vers 8h, elle s’est terminée vers 14h et lui-même Abou OUATTARA était le chauffeur. A son niveau, certains se ferraient conduire. J’ai aussi apprécié la modernisation de cette entreprise qui n’a rien à envier à ce que l’on voit en occident. Malgré que toutes les machines soient achetées en Europe, M. OUATTARA insiste pour qu’elles soient adaptées à ce qu’il veut selon son contexte, ce qui augmente forcément sa rentabilité. Dans cette entreprise, il emploie aujourd’hui directement plus de 100 personnes et il donne indirectement du travail à plus de 1000 personnes. Il a aussi réussi à créer une collaboration avec des agriculteurs qui lui fournissent le maïs car l’exigence fait qu’il ne veut que du maïs jaune d’une qualité homogène. Cela veut dire qu’il donne de l’assurance à ces producteurs pour la vente de leurs produits et en même temps il les pousse à la rigueur de produire chaque année un produit de même qualité. Cette rigueur a donné comme résultat une qualité exceptionnelle aux œufs produits par MOABLAOU, ce qui lui facilite l’écoulement. MOABLAOU vend ses œufs sur contrat et sur commande. Moi en tant que leader paysan, une telle société ne peut que me réjouir, elle montre que si on aime la rigueur et qu’on l’applique nous pouvons être rentables. En Afrique nous avons de la place pour tout faire. Je suis d’accord pour qu’on importe la technologie mais la pratique qui permet de réussir dépend de nous.