samedi 25 février 2012

Ce que je pense de la 5ème réunion du Comité d’Orientation et de suivi (COS) du Programme Régional de Biosécurité de l’UEMOA (PRB/UEMOA)

Du 01 au 03 février 2012, j’ai participé en tant que représentant de l’AProCA, à la 5ème réunion du Comité d’Orientation et de suivi (COS) du Programme Régional de Biosécurité de l’UEMOA (PRB/UEMOA) à Ouagadougou. La mise en œuvre de ce programme régional a été adoptée par le conseil des Ministres de l’UEMOA le 6 avril 2007.

Ce programme vise à protéger la biodiversité régionale contre les risques potentiels associés à l’introduction des Organismes Vivants Modifiés (OVM) et des produits dérivés dans l’espace UEMOA. L’objectif de développement est d’élaborer et de mettre en place un cadre juridique communautaire de biosécurité en vue de permettre aux Etats membres de l’UEMOA, de faire face à leurs obligations vis-à-vis du Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques, relatif à la Convention sur la Diversité Biologique.

Un Comité d’Orientation et de suivi (COS) a été mis sur place afin de veiller à une bonne exécution du Programme à travers des suivis réguliers de ses activités. La présente rencontre de ce comité avait pour objectifs de : faire le bilan de l’exécution des recommandations de la 4e réunion, présenter le rapport d’activité 2011, présenter le programme de travail et de budget 2012, puis formuler des recommandations en vue d’améliorer les performances du programme.

Cette réunion a réuni les représentants des organisations régionales de la société civile (COPAGEN, ROPPA, RECAO, AProCA), les représentants d’institutions UICN,) en plus des experts de la commission de l’UEMOA. De façon globale, il ressort que le taux d’exécution des recommandations de la 4e réunion du COS est acceptable car les activités prévues ont été réalisées à plus de 50%.

Le représentant de la Commission de l'UEMOA a, au cours de cette rencontre, rappelé la vision 2020 prônée par les Chefs d'Etats de l'UEMOA qui est de «transformer l'Afrique de l'Ouest en un espace sans frontière où les citoyens pourront bénéficier d'opportunités et exploiter de manière durable, les énormes ressources de la région ». Il est prévu la construction d’un centre national à caractère régional de biosécurité au Burkina Faso qui doit soutenir les différents centres nationaux de la sous région.

Au Burkina Faso, la filière coton est déjà engagée dans la biotechnologie. Moi particulièrement, cela fait quatre (4) ans que je cultive le coton génétiquement modifié. Dans mon champ, c’est un succès. Le coton génétiquement modifié semé même en retard, arrive à boucler son cycle parce qu’il est préservé dès sa levée. Il n’est pas surpris par une attaque parasitaire jusqu’aux deux traitements de fin de cycle. La graine de ce coton est consommée depuis qu’on le cultive au Burkina et ne suffit même pas.

La dernière assemblée générale de l’AProCA qui s’est tenue le 06 décembre 2011 à Banjul, a donné la position de l’AProCA sur la biotechnologie qui consiste à rester ouverte à cette technologie et à laisser la liberté à chaque structure membre avec son gouvernement de s’y engager. En effet, plusieurs pays de la sous région se préparent pour s’y engager. Le centre national à caractère régional de biosécurité du Burkina doit servir à éclairer les autres centres de la sous région et rassurer les producteurs dans l’évolution de la biotechnologie. J’ai eu l’occasion d’aller en Inde en 2009. Son coton est à 70% OGM. J’ai également constaté qu’elle a une capacité de suivi extraordinaire de cette technologie. Je pense donc que la sous région africaine a besoin de cette capacité parce que les changements climatiques nous obligent à des alternatives.

J’encourage les institutions africaines à se donner la main pour accompagner tout ce qui peut aider l’Afrique à se développer. Le monde ne nous attend pas alors que monsieur la pauvreté et madame la famine, sa femme veulent s’installer en Afrique et la gouverner. Nous ne devons pas le leur permettre.

Ouagadougou, le 25 février 2012

TRAOE B. François,

www.francoistraore.blogspot.com

Président d’honneur de l’AProCA,

Docteur honoris causa de l’université

de GEMBLOUX.

(+226) 70 95 34 45

(+226) 78 50 16 25



lundi 6 février 2012

Ce que je pense du séminaire final du projet CFC/ICAC/33

Du 18 au 19 janvier 2012, j’ai participé au séminaire final du projet CFC/ICAC/33 à Arusha en Tanzanie en tant que représentant de l’AProCA. Il s’agit d’un projet d’une durée de 4 ans (2007 à 2011) exécuté par Faseintitut Bremene E.V. (FIBRE) avec le cofinancement de l’Union européenne (UE) et le Fond Commun pour les matières Premières (CFC). Les partenaires ayant participé à l’exécution de ce projet sont FIBRE, CIRAD (France), CERTITEX (Mali), SOFITEX (Burkina Faso), TBS (Tanzanie) et TCB (Tanzanie). L’ICAC, acteur du coton de tous les jours était représenté par son président. Des négociants du coton et d’autres partenaires étaient également présents. Les bénéficiaires de ce projet qui sont les acteurs du coton africain dont les sociétés cotonnières, les chercheurs et les producteurs y étaient représentés.

L’objectif du projet CFC/ICAC/33 est d’installer deux centres techniques régionaux au Mali et en Tanzanie dotés de machines (chaine HVI) qui permettent de déterminer la qualité du coton africain à sa juste valeur. Pendant les 4 ans, plusieurs rencontres et formations ont eu lieu. Aujourd’hui les deux centres sont installés.

Selon un représentant américain participant à la rencontre, cette technologie a été initiée par les fermiers américains. Ces fermiers américains ont à un moment décidé de se doter de machines qui mesurent la qualité de leur coton : la longueur de la fibre, la ténacité et le « micronaire » pour que chaque fois qu’un acheteur de coton voit leur coton, qu’il reconnaisse sa qualité. C’est ce qui fait que la qualité du coton américain a longtemps été la référence standard mondiale. Selon les américains, pour avoir une qualité homogène de coton, il faut la sélection d’une bonne variété adaptée, puis l’utilisation d’une même bonne technique culturale y compris la maîtrise de l’eau. A cela il faut ajouter une bonne utilisation du matériel d’égrenage de qualité. C’est tout cela qu’ils appellent le paquet technologique pour avoir un coton homogène. Les chercheurs et les agriculteurs américains ont beaucoup travaillé dans ce sens pour maîtriser toutes ces étapes.

Ce sont ces efforts que les Américains ont voulu qualifier en créant la chaine HVI qui permet de mesurer la qualité du coton. Par la suite, le système de la chaine HVI a été utilisé par les acteurs du coton chinois, indiens et brésiliens.

En Afrique, toutes les sociétés cotonnières ont commencé à déterminer la qualité du coton par la mesure faite à la main. Quelques sociétés cotonnières ont commencé à se doter des machines (HVI). L’installation des deux centres techniques (chaine HVI) devrait venir compléter tout cela. Les participants veulent qu’en dépit des mesures qui existent dans chaque zone c’est-à dire la mesure à la main ou à la machine, que chaque société relevant d’une zone accepte envoyer ses échantillons dans ces centres techniques. C’est par ce biais qu’on pourra un jour parler de standard coton africain.

Le coton africain a l’avantage d’être récolté à la main ce qui est important pour la qualité de la fibre. Mais, l’Afrique devra travailler à la recherche de bonnes variétés adaptées à chaque zone pour combler la petitesse des exploitations et à améliorer le paquet technologique à travers des conseils aux agriculteurs afin d’élever le rendement de la production. C’est par ce biais que l’Afrique peut aussi faire son standard de coton.

Les pays producteurs de coton africain étant dans leur grande majorité en culture pluviale doivent également penser à la maîtrise de l’eau. En Afrique de l’ouest les agriculteurs qui ont une facilité d’accès aux intrants ont un rendement moyen de 900kg à 1200kg/ha, tandis que ceux de l’Est dont la majorité a des difficultés d’accès aux intrants ont un rendement moyen de 500 à 800kg/ha. Pendant ce temps, certains producteurs de grands pays producteurs de coton atteignent 4000kg/ha. Cependant chez les fermiers américains, la taille moyenne d’une exploitation est de 1000 ha à plus de 10 000 ha et possèdent tous des usines d’égrainage.

Dans l’égrenage du coton, il existe deux formes : le système de scies et celui du rouleau. L’avantage du système rouleau est qu’il compresse la graine et fatigue moins la fibre.

Tous ces aspects maîtrisés peuvent permettre à l’Afrique d’avoir en effet un coton de qualité homogène qui se vend facilement et souvent très bien ; or c’est quand on vend bien qu’on a de bons revenus. La bonne répartition des revenus de cette bonne vente aux acteurs (sociétés cotonnières et agriculteurs) augmentera non seulement la quantité du coton africain mais réduira aussi la pauvreté surtout en milieu rural. La quantité du coton fibre africain est estimée à 1 400 000 tonnes en 2011 pendant que la production mondiale était de 24 872 000 tonnes et la consommation mondiale de 24 459 000 tonnes. L’Afrique avec 1 400 000 tonnes a baissé de production et c’est l’Inde et la Chine qui augmentent leur production et récupèrent notre part de marché. Il faut aussi se dire que l’Inde et la chine transforment presque la totalité de leur coton. Cela veut dire qu’il est plus facile pour eux d’adapter la qualité de leur coton aux exigences de leurs transformateurs tandis que le peu de coton produit en Afrique est exporté à plus de 90% au marché qui dicte sa loi. Donc, c’est seulement par une bonne qualité que le coton africain peut attirer les négociants. Cette qualité doit être prouvée par la chaine HVI.

Le voyage que j’ai effectué en Afrique orientale m’a encore conforté du faite qu’il y existe toujours de la place en Afrique pour cultiver le coton. Il n’est pas rare de parcourir 1000 km sans voir un village. Il y a des moments où je me suis senti au Texas; seulement ce n’était pas des champs mais de la terre. Connaissant aussi les potentialités en terre cultivable en Afrique de l’ouest, je suis sûr que l’Afrique a de l’avenir dans l’agriculture et particulièrement dans le coton.

A la fin de ce séminaire qui coïncide avec la fin de ce projet, nous nous sommes tous engager à nous approprier de cette technologie (chaine HVI). Nous souhaitons toujours l’accompagnement de nos partenaires pour cette appropriation.





                                                Dimanche, le 05 février 2012

                                                TRAORE B. François,

                                               http://www.francoistraore.blogspot.com/

                                               Président d’honneur de l’AProCA,

                                               Docteur honoris causa.

                                               (+226) 70 95 34 45

                                              (+226) 78 50 16 25