vendredi 17 octobre 2014

Ce que je pense de la 8ème conférence de CmiA/COMPACI

Invité par l’Aid by Trade Foundation, la DEG et la GIZ, j’ai participé, en tant que représentant de l’Association des Producteurs de Coton Africains (AProCA), à la 8ème conférence des parties prenantes de Cotton made in Africa (CmiA) et de la Competitive African Cotton Initiative (COMPACI) qui s’est tenue à Cologne (Allemagne) du 24 au 26 septembre 2014. Plusieurs professionnels du monde de la transformation, des affaires, des sphères politiques et des organisations paysannes ont pris part à cette cession.
Le premier jour de la conférence, les participants ont d’abord été informés du déroulement du programme à la « mi-temps » de la seconde phase de COMPACI. Une partie de la journée a été consacrée au développement de CmiA, ainsi qu’à ses marchés de vente en Europe et en Amérique du Nord. Une présentation des chaînes de valeur textile intégrées en Afrique subsaharienne et un panel de discussion entre les détaillants de textile internationaux et les producteurs de coton africains ont également eu lieu.
La question de l’expansion du coton en tant qu’instrument permettant de promouvoir la production de culture vivrière, ainsi que celle de savoir comment réduire l’utilisation des pesticides dangereux dans la production cotonnière ont fait partie des principaux points abordés le 25 septembre (deuxième jour).
En tant que producteur, j’ai retenu que les différentes initiatives de CmiA/COMPACI ont permis de remonter le niveau de professionnalisme des agriculteurs qui ont été touchés, en termes de productivité, de préservation de l’écosystème et ont abouti à l’augmentation de leurs revenus. Pour la sécurité alimentaire, il a été reconnu que les rotations coton-céréales ou céréales-coton étaient nécessaires pour optimiser la productivité du cotonnier d’une part, et indispensable d’autres part, en termes d’alimentation et de diversification des sources de revenus pour le producteur qui devra approvisionner les zones déficitaires en céréales (maïs). Il a été donc clairement accepté que la production du coton et celle du maïs ne sont pas opposables, elles sont complémentaires pour le développement du milieu rural.
Pour ce qui est de la protection phytosanitaire, le système BCI, le système Cotton made in Africa et le système GIPD ainsi que la lutte biologique montrent que l’utilisation des produits phytosanitaires dans la lutte contre les déprédateurs des cultures peut être réduite afin de limiter davantage les risques sur la santé de l’utilisateur, du consommateur et de préserver l’environnement, tout en maintenant la productivité des cultures.

Pour le représentant de BAYER, l’Afrique n’est pas un grand utilisateur de pesticides de nos jours. Car de nos jours, une grande partie des aliments comme le riz, le blé (pain) et même le maïs sont importés par les pays africains. Ces aliments sont produits en utilisant des grandes quantités d’engrais et de pesticides en Occident. À titre d’exemple, selon certains statisticiens, il y’a près de soixante (60) fois la superficie de la France dans l’Afrique,  mais la France à elle seule utilise six (6) fois plus de pesticides que toute l’Afrique. Pourtant le surplus de la production de ces pays occidentaux est importé en Afrique sans qu’une question de condition de production ne soit imposée à ces fournisseurs.
Pour ce qui est de la transformation, les premiers partenaires des agriculteurs étant les égreneurs, une bonne collaboration entre les agriculteurs et ces derniers, chacun jouant parfaitement son rôle, peut permettre non seulement le fonctionnement d’un bon système de traçabilité mais aussi de préserver de la qualité du coton. Le système BCI et le système Made in Africa ont été pris comme exemples qui ont permis une ouverture de marché et qui ont contribué à la crédibilité du coton africain vis-à-vis du monde du textile.

Les transformateurs du coton en textiles sont les derniers maillons de la transformation. Il est reconnu que plus de 90% du coton africain est vendu et transformé à l’extérieur. Vlisco, un partenaire de CmiA, fait partie des transformateurs de coton qui sont bien connus par les consommateurs africains. Selon cette société, près de 90% de leur textile est vendu en Afrique. C’est ce que les africains appellent « Wax hollandais ». Ces transformateurs du coton en textiles, parmi lesquelles figure Vlisco, trouvaient que ce n’est pas normal que le coton africain ne soit pas transformé en Afrique. Non seulement il est possible de le faire et on doit le faire. Ils se sont donc installés en Éthiopie, en Ouganda, au Cameroun… Selon eux, les pays de l’Afrique de l’Est offrent des conditions favorables à la transformation du coton africain. Cela leur permet de former et d’employer des jeunes africains, car ils ne trouvent pas normale que les africains produisent le coton et que sa transformation ne procure pas des emplois pour la jeunesse africaine. Certains de ces transformateurs locaux du coton africain ont même dit qu’une partie de leur bonheur est comblé chaque fois qu’ils voient que leurs employés africains font vivre correctement leur familles à travers l’emploie dans la transformation du coton.

Selon Vlisco,  c’est la qualité du coton (caractéristiques de la fibre) qui est l’élément le plus important dans la chaine de transformation. À propos des systèmes de production  qui ont été cités, Vlisco trouve que ses consommateurs finaux ne se préoccupent pas de comment leur coton a été produit. Cela m’oblige à dire que les systèmes de production ne doivent pas empêcher l’augmentation de la quantité du coton africain car de nos jours, c’est en Afrique qu’il y’a de la place pour cela. L’Inde et la Chine commencent à être limitées dans la production du coton par la pression démographique et le fait qu’ils doivent réserver une grande partie de leurs terres pour la production céréalière. C’est donc le Brésil et l’Afrique qui peuvent augmenter leur quantité de production cotonnière. Tout le monde sait que le Brésil  est dans la haute technologie pour une bonne productivité du cotonnier (rendement de plus de 4t/ha). Personne ne peut leur donner des leçons de système de production.

Par ailleurs, je viens d’apprendre que la plainte déposée par le brésil contre la subvention cotonnière contre les Américains, vient de trouver un dénouement. Le Brésil va être dédommagé par l’Amérique. Les producteurs africains que nous sommes, avions lancé l’appel contre les subventions américaines et européennes. Après plusieurs rounds de négociations à l’OMC, on n’est pas arrivé à donner raison à l’Afrique. L’Afrique ne doit pas rester ce grand continent passif dans le commerce mondial. Quelqu’un m’a dit que si l’Afrique augmente sa part dans le commerce mondiale de 1%, cela dépasse toute l’aide qu’on l’offre. Je suis pour l’aide mais l’aide ne doit pas remplacer le commerce.
Ouagadougou, le 06 octobre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
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 BURKINA FASO

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