mercredi 29 juillet 2015

Ce que je pense du civisme au Burkina Faso

Le 18 juillet 2015 vers 22 heures, en accompagnant à la porte un ami qui était venu me rendre visite, nous avons trouvé un enfant de 7 mois que sa maman a déposé devant ma porte.  L’enfant dormait et un faux pas suffisait pour qu’on mette le pied sur lui. Un panier plein des habits du nourrisson était déposé à côté.Grand était notre étonnement. J’ai tout de suite avisé tous mes voisins pour qu’ils viennent faire le constat avec nous. Après ce constat,  j’ai pris la décision d’amener l’enfant à la police. Et c’est au commissariat de Tampouy que nous nous sommes rendus. J’étais accompagné par mon ami et un de mes voisins. Ceux-ci tenaient l’enfant et ses vêtements ; moi je conduisais. Il s’était réveillé de son sommeil et a beaucoup pleuré pendant le parcours ; chose qui est normale pour un nourrisson qui à son réveille, ne se retrouve pas dans les mains de sa mère.

            Au commissariat de Tampouy, nous avons trouvé les policiers en action. Comme la fête du Ramadan se poursuivait, ils interpellaient tous ceux qui n’avaient pas d’immatriculation sur leur moto et tous ceux qui ne respectaient pas les règles de la circulation routière. La plupart des usagers que la police arrêtait étaient des jeunes filles et garçons. Leurs âges était compris entre 16 et 18 ans.Ils étaient dans des habillements peu recommandés ; nous nous sommes tout de suite dit que toutes ces filles pouvaient tomber facilement en grossesse d’un garçon de 18 ans dont la situation financière et/ou sociale ne permet pas de s’occuper d’un enfant.C’est dans cette lutte que le commissaire nous a reçus. Après explication des faits, il a fait prendre mon identité et a délégué deux de ses agents pour nous accompagner à HOME KISITO, un centre catholique qui héberge des enfants abandonnés ou orphelins.

Accompagnés des deux policiers dont un connaissait là ou se trouve ce centre d’accueil, nous nous sommes alors dirigés vers le centre de la ville. Arrivé sur le site du Centre, nous avons constaté qu’ils avaient déménagé et le policier ne connaissait plus ce nouveau lieu. Nous nous sommes approchés d’un petit groupe de jeunes qui était assis devant leur maison et qui échangeaient entre eux. Nous les avons demandés s’ils connaissaient l’endroit où le HOME KISITO avait déménagé.  Il était minuit passé. Deux jeunes ont accepté nous accompagner abandonnant leur loisir pour nous rendre service. Nous sommes donc allés à HOME KISITO dans son nouveau local. Nous y sommes arrivés après une heure du matin. Nous avons été bien accueillis. Après explication, ils ont pris l’enfant et ses vêtements. Ce fut un grand soulagement pour nous et pour l’enfant qui venait d’entrer dans de bonnes mains. Heureusement pour nous et l’enfant que ce centre catholique existe.

La leçon que je tire dans cette histoire, est que dans une société, quand l’éducation a des failles, les conséquences peuvent être subites par des personnes qui ne s’y attendent pas. Deux jours après, la jeune fille mère qui était venue « jeter l’enfant » devant ma porte, accompagné du jeune à qui appartient l’enfant et de la grande mère maternelle de l’enfant « jeté »,  sont venus nous voir et nous dire que quand ils n’ont pas vu l’enfant avec la jeune mère, ils ont mis la pression sur elle. C’est ainsi qu’elle a fini par venir montrer où elle a déposé le nourrisson. Nous les avons accompagnés à la police. La  police a préféré garder la fille mère pour un bout de temps. Suite à cela, ils ont été autorisés à aller retirer l’enfant au Centre HOME KISITO. Pour le reste de cette histoire, je laisse les lecteurs débattre des responsabilités de la fille mère, de sa famille et de celle du garçon qui l’a enceinté et sa famille. A chacun de tirer la leçon qui s’impose.

En observant le commissaire et ses agents, j’ai remarqué qu’il y’a toujours des patriotes qui veulent s’assumer pour être utile à leur nation. Au Burkina Faso, l’incivisme suscite des débats et moi je pense que pour combattre cet incivisme, il faut diffuser de bons exemples de civisme. Ce commissaire et son groupe sont des exemples en la matière. De 22heures à 2heures du matin (heure à laquelle nous nous sommes quittés),le commissaire téléphonait tous les 30 mn à ses agents qui nous avaient accompagnés, pour savoir où ils sont et comment la mission se passe. C’est cela le professionnalisme qui rime avec le patriotisme. Ce commissaire et son groupe n’ont certainement pas fêté et je suis sûr qu’ils n’ont pas terminé toutes leurs prières.Quand j’ai dit cela à quelqu’un, la personne m’a dit qu’être patriote, aimer son prochain ou être utile, font parti des meilleures façons de prier. Les deux garçons qui nous ont accompagnés pour retrouver le Centre d’accueil sont à féliciter. Ils nous ont aidés à sauver l’enfant.Cela veut dire qu’il existe des jeunes burkinabé qui ont bien suivi l’éducation de leurs parents et qui veulent être utile. En conclusion, je dis que malgré tout, il y a toujours des hommes et des femmes intègres sur lesquels le Burkina peut compter pour son développement. Il suffit tout simplement d’avoir des dirigeants serviteurs. Pour que la société avance, il faut que le mérite soit reconnu.

Le 05 juillet 2015, le MPP a investi Rock Marc Christian KABORE comme son candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2015. J’ai retenu dans son programme qu’il va mettre un accent particulier au mérite pour tous les burkinabé sans distinction. Le connaissant comme un homme pacifique, il est l’homme de la situation. Hormis le fait que je sois militant MPP, je ne doute pas que tous les burkinabé sachent qu’il est un homme de paix. Nous sommes nombreux à souhaiter la paix au Burkina par Rock Marc Christian KABORE au pouvoir.

Citoyen Burkinabé

Ouagadougou, le 29 juillet 2015

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
 (+226) 70 95 34 45
 (+226) 78 50 16 25

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samedi 18 juillet 2015

Ce que je pense de la politique agricole au Burkina Faso

Le mercredi 15 juillet 2015 le Conseil des ministres a examiné un projet de loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale, Halieutique et Faunique au Burkina Faso (OASPHF). Il a marqué son accord pour sa transmission au Conseil National de la Transition (CNT). Avec toute la confiance que je fais au CNT, j’ose espérer qu’il analysera profondément cette loi d’orientation pour qu’elle puisse répondre effacement aux défis actuels et futurs du métier agricole. Car, j’ai l’impression qu’il y’a plus du papier dans notre agriculture que d’actions ou que la plupart des actions sont menées à moitié. Or ce peuple laborieux à 86% doit se développer à partir de l’Agriculture. Le constat est que la plupart de ces ruraux ne mangent pas à leur faim à plus forte raison s’enrichir.

Le vendredi 17 juillet 2015, je suivais une chaîne de télévision française où des agriculteurs français se plaignaient. Ils disaient que s’ils ne sont pas aidés, ils iront en faillite. Pourtant, ces derniers sont des Agriculteurs modernes qui font de la surproduction, qui n’ont pas faim, qui ont accès au crédit et qui intègrent agriculture et élevage. C’est le ministre de l’Agriculture français qui demandait un soutien pour ces agro-pasteurs. Cette revendication était portée par la branche syndicale de la FNECIA. Ce que j’ai compris dans leur développement était grave. La viande bovine vendue par l’agro-pasteur à moins de 2 euro le kg, est  revendue entre 10 à 15 euro le kg au consommateur final. Les intermédiaires gagnaient plus que le producteur. Les agro-pasteurs trouvent cela inconcevable et je les soutiens fortement dans leur lutte. Heureusement qu’ils ont leur ministre de l’Agriculture avec eux.

            Si je reviens sur l’Agriculture au Burkina, le gouvernement défunt, de 2010 à 2014 avait un ministre de l’agriculture différent du ministre de l’eau et ces deux devraient tous travailler avec les Agriculteurs. Ils ont passé tout le temps à se faire du kung-fu au détriment de l’accompagnement de l’Agriculteur. On entendait le ministre de l’agriculture parler d’irrigation de complément dans les champs en cas d’insuffisance de pluies pendant que ça ne va pas entre lui et son collègue en charge des questions hydrauliques. Le ministre de l’élevage s’efforçait pour apporter des innovations dans son département pendant ce temps les agriculteurs et les éleveurs étaient permanemment en conflits sur le terrain avec souvent morts d’hommes. Au même moment, le gouvernement parlait de modernisation de l’agriculture.

Je ne vois pas comment peut-on développer cette agriculture sans une complémentarité entre l’agriculture, l’élevage et l’eau d’une part et d’autre part, sans un accompagnement conséquent des acteurs sur le terrain. Ça doit donc être surprenant quand un agriculteur burkinabè voit sur une chaîne de télévision française, des agriculteurs français parler de leurs difficultés pendant qu’on présente un élevage moderne. Et c’est le ministre de l’Agriculture qui les soutient. Il nous arrive de dire que nos politiques sont souvent calquées sur celles de la France. En revanche, dans les faits rien ne se ressemble pourtant la majorité de nos cadres y ont fait leurs études. Je pense que pendant cette période de transition où tout le monde souhaite le changement, nous devons mettre de la vision et mener des actions fortes pour aboutir à ce changement. L’Agriculteur burkinabé peut et doit s’enrichir mais cela avec moins de papiers et plus d’actions.

En tant que Président d'honneur du Syndicat National des Agriculteurs du Burkina (SYNA-B) 

Ouagadougou, le 18 juillet 2015

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
 (+226) 70 95 34 45
 (+226) 78 50 16 25

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mardi 7 juillet 2015

Ce que je pense du changement climatique

Ce que j’ai compris des recherches scientifiques est que notre monde est le résultat d’un phénomène qui a évolué pendant des millions d’années et qui nous a donné quelque chose que nous appelons  nature. De  cette nature, est sorti l’Homme. L’évolution de l’intelligence de cet homme, lui a permis de comprendre la nature et s’en servir.  Pendant que le phénomène de l’évolution de la nature continuait, l’action de l’Homme a créé un deuxième phénomène. En observant cette nature, son intelligence s’est développée. Ce qui l’a amené à créer la philosophie. En ne voulant pas que l’évolution de la nature le surprenne, il a découvert la logique de cette évolution, l’a comprise, s’y est adapté et a créé des idées philosophiques pour vivre mieux. La logique de l’évolution de la nature alimente donc la philosophie de l’homme et lui permet de choisir ce qu’il veut.  

            De la philosophie de l’Homme est sortie l’idéologie. Cette idéologie a été le socle de la constitution de la société par l’Homme. Mais, elle  n’est pas toujours basée sur une logique ; elle est fréquemment basée sur l’objectif qu’on veut atteindre. C’est là, l’origine du bien et du mal. C’est ainsi que l’idéologie a façonné la société : d’un village à l’autre, cette métamorphose pouvait être différente de même d’une communauté à une autre. Les idéologies vont créer ainsi les guerres entre les villages, les tribus et les pays. Malgré cette situation, l’idéologie n’a pas pu détruire la société sauf que la philosophie après l’idéologie, ne prenait plus sa source que dans la nature, mais aussi dans le résultat des idéologies. Ce fait  a manipulé la philosophie en plusieurs formes de logiques. En revanche, comme le caractère de la philosophie est généralement positif, il arrive que la philosophie recadre les idéologies.

            Le phénomène de l’évolution dans lequel est sortie une philosophie qui a souvent orienté l’idéologie, a abouti à notre monde moderne. Pour éclaircir ce que je dis, je cite le capitalisme et le communisme comme exemples. Ils sont nés de l’idéologie influencée par une philosophie ; seulement cette philosophie n’a pas été influencée que par la nature. De nos jours, le communisme s’est plus ou moins effondré pour laisser sa place au capitalisme, au libéralisme et au socialisme parce qu’il avait des limites. Dans le capitalisme, l’Homme le plus riche a le droit sur toute la nature et même sur les autres Hommes. C’est ainsi que les noirs ont été déportés en Europe, aux États-Unis et en Moyen Orient. L’énergie des hommes et des femmes noirs utilisée au maximum,  a contribué à enrichir l’homme capitaliste. Voilà, d’où vient la force du début de l’industrialisation. Après cette industrialisation, il y a eu la colonisation de l’Afrique qui donnait droit aux capitalistes d’utiliser l’Homme et la nature comme ils veulent. Et cela a conduit au déséquilibre prononcé dans la recherche du bien-être ; les uns très riches et les autres très pauvres.

C’est ce qui fait qu’aujourd’hui avec le déséquilibre du capitalisme, les Africains ont continué à se nourrir essentiellement par les dons de la nature.  C’est ainsi que l’essentiel de l’agriculture est pluvial ; les animaux d’élevage continuent d’être alimentés principalement par la nature. Alors que les différentes manipulations de la nature par l’Homme et en particulier le capitaliste, ont porté un coup dur au phénomène positif de la nature. La nature n’arrivant plus à satisfaire ses hommes et ses animaux, la jeunesse fer de lance est obligée à l’exode.

Par ailleurs, pendant que le phénomène de l’évolution normale et initiale continue son cycle, nous avons commencé à sentir ce qu’on appelle aujourd’hui le changement climatique. En Afrique de l’Ouest, ce changement est caractérisé par des stress climatiques tels que les sécheresses (rareté des pluies) et les inondations.   Au pôle Nord, c’est la fonte des glaciers dans l’Océan. Ailleurs, ce sont des  vents violents souvent accompagnés de pluies torrentielles avec de nombreuses pertes en vies humaines. Le réchauffement de notre planète, dû essentiellement aux actions anthropiques, surtout celles des pays développés (centrales énergétiques, processus industriels démesurés, etc.), est la principale cause du changement climatique. En Afrique, la destruction galopante des forets (exportation abusive du bois, …) contribue également à l’expression du phénomène de changement climatique. Mais le constat actuel est que riches comme pauvres, chacun est menacé. Selon les experts du climat, la température moyenne globale de la terre a augmenté et augmenterait d’au moins  1,5 °C d’ici 2100 même si des mesures idoines sont  prises.

Tout cela m’amène à dire que si les idéologies nous ont amené à des comportements qui nous rendent la vie difficile et incertaine aujourd’hui, ce qui nous reste, c’est de sortir une philosophie permettant à l’Homme d’atténuer les risques climatiques et de s’y adapter. Le principe de l’atténuation est « d’éviter l’ingérable » surtout pour les générations futures. Nous pouvons influencer positivement le cycle normal de la nature. Le savoir et la richesse de ce monde suffisent pour arriver à nous préserver et réduire significativement les effets néfastes du changement climatique. In fine, il convient de prendre conscience que chaque idée déséquilibrée crée des problèmes à l’humanité.

Ouagadougou, le 07 juillet 2015

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
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