mercredi 20 décembre 2017

CE QUE JE PENSE DE MON ENGAGEMENT EN POLITIQUE

Plusieurs fois, des sympathisants m’ont posé la question de savoir pourquoi mon engagement affiché en politique, surtout en tant qu’agriculteur. Pour répondre à cette question, je vais relater quelques passages de ma vie qui m’ont façonné. Je suis un fils d’Agriculteurs qui ont migré au Mali et au Sénégal pour cultiver l’arachide. Ce père et cette mère courageux, ont pris le soin de m’inscrire à l’école tout en n’oubliant pas de m’inculquer leur courage au travail, leur sincérité et leur sociabilité. En plus de tout cela, mon passage dans ces différentes sociétés m’a également instruit, surtout dans le lien entre les hommes. De retour au Burkina en 1973, je n’avais pas plus de 20 ans ; donc mon esprit se construisait toujours. Comme j’ai opté pour l’Agriculture, ces différentes expériences ont été pour moi un apport très important. A travers ces expériences, j’ai appris et compris que j’ai besoin des autres et les autres ont également besoin de moi.
Dans ma carrière professionnelle en tant qu’Agriculteur, j’ai été membre de plusieurs organisations professionnelles dont j’ai souvent été le dirigeant. L’apport de ces organisations dans le développement de leurs membres, à mes yeux, a été très important. Dans ces organisations, j’ai appris que les différences des idées, quand elles sont bien capitalisées, sont très enrichissantes et c’est ce qui peut permettre l’appropriation de l’organisation par ses membres. Le partage d’expériences entre les acteurs permet de mieux conscientiser dans la pratique agricole. Mais au fur et à mesure que l’organisation grandissait, ces logiques basiques devenaient de plus en plus difficiles. C’est à ce moment que j’ai perçu personnellement que dans le développement humain moderne, il faut forcément un lien entre la politique et le développement. Pendant les 04 ans de révolution de 1983 à 1987 avec Thomas SANKARA, nous avons senti un intérêt particulier dans la philosophie que ce régime avait pour la population et particulièrement les ruraux. Cela m’a convaincu que le lien entre la politique et le développement est possible et obligatoire. Je suis donc resté nostalgique de cette philosophie qui ne donnait aucune place à l’hypocrisie.
En 2014, dès le début de l’insurrection populaire, je me suis engagé pour contribuer à un changement au Burkina Faso, surtout quand j’ai compris que plusieurs burkinabè n’hésitaient pas à se rappeler de la révolution. En plus du slogan « La patrie ou la mort, nous vaincrons » qui était à chaque fois répété, un autre s’est ajouté : « plus rien ne sera comme avant  ». Les 27 ans après la révolution avaient marqué négativement la majorité de la population. L’engagement collégial de ce peuple devait être assumé et les élections présidentielles de 2015 l’ont démontré. Après toutes les élections post insurrectionnelles, chacun de nous devait jouer un rôle qui est le sien. C’est ainsi que j’ai décidé  de contribuer à ma manière. Pour moi, tout homme moralement équilibré doit se sentir redevable à la société. Comme mon centre d’intérêt principal c’est l’Agriculture, je me suis battu pour le développement de l’Agriculture africaine partout dans le monde où j’ai pu aller. Dans ce sens, j’ai été honoré du titre de Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux en 2006. En 2012, j’ai été également choisi comme ambassadeur des coopératives agricoles en Afrique par le système des Nations Unies. C’est dans ce domaine agricole que je continuerai à contribuer. Je ne peux pas faire de la politique du genre « manges et tais-toi ». Je fais donc la politique pour faire entendre les préoccupations des ruraux en termes de difficultés et de vision. C’est vrai que certaines de mes interventions peuvent être mal perçues mais c’est aussi cela la politique. Quand nous sommes de domaines différents, nous ne pouvons pas avoir les mêmes analyses des choses mais je suis obligé de persister à chaque fois que je suis convaincu que c’est dans l’intérêt des ruraux que je parle car l’esprit de l’insurrection c’est prendre en compte l’intérêt de tous. Je pense donc que je me suis fait comprendre pour ce qui est de la raison de mon engagement politique.
En cette fin d’année 2017, je souhaite une bonne et heureuse année 2018 à tous mes lecteurs, à toute la population du Burkina et à tous les êtres humains. Que la paix soit sur tous les Hommes et leur environnement.
        En tant qu’homme politique burkinabé
Ouagadougou, le 20 décembre 2017
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com