lundi 27 janvier 2014

Ce que je pense de la crise politique au Burkina Faso



Le mercredi 22 janvier 2014, j’ai assisté à la conférence de presse du chef traditionnel Larlé Naaba Victor TIENDRÉBÉOGO. Elle portait sur sa démission le 16 janvier 2014 des institutions politiques. Il s’agit du CDP,  de la FEDAP-BC et de l’Assemblée nationale. Sa démission faisait suite à celle de trois grands ténors qui faisaient partie d’un groupe de soixante quinze (75) personnes qui ont démissionné auparavant du CDP, le parti au pouvoir.

Selon le Larlé Naaba, il ne se retrouvait plus dans ces institutions en tant que chef traditionnel  et homme politique qui doit toujours être du côté du peuple. Hors une grande  partie du  peuple burkinabè est contre la mise en place du sénat et la modification de l’article 37 de la constitution. Le groupe des soixante quinze (75) personnalités avait démissionné  pour défendre la même cause.

Dès la démission de ces soixante quinze (75) personnalités en début janvier 2014, le CDP s’est trouvé menacé car les rumeurs faisaient croire que d’autres députés pourraient suivre. La réaction du CDP à cette situation de crise interne a consisté à faire signer tous ses députés pour qu’ils fassent allégeance au président du Faso. Cela me fait poser une question. Au Burkina Faso, logiquement les députés sont votés sous le couvert un parti politique par le peuple et pour le peuple. Mais, je ne sais pas pourquoi ces députés doivent choisir de servir soit le peuple ou soit le président du Faso une fois qu’ils sont élus.

Il semblerait également que lorsqu’il fallait voter au sein du CDP pour le sénat avant l’appréciation de l’Assemblée nationale, le CDP a refusé de voter à bulletin secret. Les votes ont été faits  à main levée car s’ils devaient se faire à bulletin secret au sein des députés du CDP, c’était presque sûr que la majorité des députés CDP n’allait pas voter en faveur de la mise en place du sénat.

En rappel, après les élections présidentielles de 2010 au Burkina Faso, quelques deux mois après, il y a eu les mutineries des militaires. Dieu seul sait comment cela s’est terminé. Le président du Faso était obligé de rencontrer toutes les couches de la société pour prendre en compte leurs préoccupations. Avait-on donc empêché la population burkinabè de parler de ses préoccupations lors de la campagne présidentielle en 2010 ? Après les mutineries, ces rencontres du gouvernement burkinabè avec les différentes couches de la population ont pris plus d’un an. En fin de compte, le président du Faso s’est vu obligé de devenir le ministre de la défense.

De nos jours, les médias sont utilisés tous les jours pour demander au peuple burkinabé de faire la paix. Nous savons tous que le peuple burkinabè est pacifique et cela ne date pas d’aujourd’hui. Le 15 octobre 1987, le président Thomas SANKARA et ses compagnons ont été assassiné. Par qui ? Nous ne savons pas. Nous avions tous entendu à la radio nationale que la manière de diriger du président Thomas SANKARA était autocratique. Suite à cet événement, le président Blaise COMPAORÉ  s’est engagé à diriger le pays.

Cet assassinat avait fait des remous au sein de la population. Le président COMPAORÉ et ses collaborateurs sont allés vers le peuple pour  expliquer les faits et lui demander de se calmer. D’autres événements non moins douloureux ont suivi. Ces mêmes collaborateurs étaient là également pour calmer la population. Cela a conduit à une grande journée nationale du pardon et le peuple a toujours su se  calmer et se maîtriser.

En janvier 2014, soixante quinze (75) des amis du président du Faso se sont arrêtés en se tournant vers lui en lui disant de ne ni modifier l’article 37, ni mettre en place le sénat. Selon eux, ils sont cette fois-ci au courant que le peuple n’est pas d’accord avant l’action. Avant cette réaction des amis du président COMPAORÉ, le groupe de l’opposition, la société civile, les religieux, les coutumiers, ont tous manifesté leur opposition à ces deux sujets et qu’il faut surseoir à ces projets.

La sensibilité de ce groupe de démissionnaires du CDP à l’opinion du peuple peut se comprendre car face à tous les sujets qui surprenaient le peuple, ils ont souvent été  à côté du président Blaise COMPAORÉ pour calmer la population afin qu’elle  ne s’énerve pas. Quand un sujet ne surprend pas, il n’y a pas de raison de ne pas s’arrêter. C’est pourquoi ces démissionnaires se sont ralliés à l’opposition. Le succès de la grande marche du 18 janvier 2014 était la preuve que l’opposition et les démissionnaires qui l’ont rejoint, en plus du peuple, étaient du même avis. Et une fois de plus le peuple a démontré qu’il est pacifique.

Depuis 2011 donc, le Burkina Faso vit des conflits qui pourraient conduire  le pays vers une grande crise sociale. Les deux années restantes du mandat du président Blaise COMPAORÉ seront durs à vivre et pour le pouvoir et pour la population. C’est l’occasion pour moi de demander au président COMPAORÉ  qui a prôné son patriotisme depuis 1983 et qui a eu l’occasion de montrer de quoi il est capable, de penser à se reposer. C’est vrai qu’à Kosyam le président s’assoit sur un fauteuil. Mais, même si à Ziniaré il s’assiéra sur une chaise en bois, il se reposerait pacifiquement.

Pour cela une transition ne sera pas mauvaise pour permettre aux différents partis d’arrêter la bagarre, de se positionner et d’avoir le temps d’éduquer le peuple. Nous savons tous qu’il y a toujours eu des achats de conscience et des intimidations pendant les différentes élections au Burkina Faso. Cela ne permet pas à un peuple à majorité pauvre de s’exprimer librement. Cette mauvaise manière a même influencé les structures de la société civile. A titre d’exemple, pour les renouvellements des structures paysannes de nos jours au Burkina Faso, il y a des achats de conscience. De cette manière on ne peut jamais avoir des vrais leaders.

J’invite tous les partis politiques  à cultiver tous le patriotisme car le président Laurent GBAGBO avait dit que la présidence, c’est un fauteuil, ce n’est pas un banc. Chacun doit se préparer à accepter cela dans la mesure où tous les partis politiques ne pourront pas être au pouvoir au même moment. En Afrique, la politique doit avoir comme action principale l‘éducation et la conscientisation du peuple pour la prise en charge de sa destinée.

Je demande aux institutions africaines de venir au secours au Burkina avant que la situation ne dépasse cette étape, chose que je ne souhaite pas. J’ai foi que ces institutions défendent la démocratie et cette démocratie doit permettre la stabilité pour le peuple. A l’endroit de  l’opinion internationale, je pense qu’à l’étape actuelle, il est plus facile et moins coûteux d’intervenir pour calmer la situation.

Quand je vois les femmes, les hommes et les enfants centrafricains et soudanais fuir laisser leurs maisons et leurs champs,  j’ai peur que cela ne nous arrive car j’ai plus d’une vingtaine de petits enfants et je ne suis pas seul dans ce cas au Burkina Faso. Nous avons vécu tout proche de nous,  la crise en Côte d’ivoire. Celle du Mali n’est pas non plus terminée.

Selon le Larlé Naaba, quand ça chauffe, certains peuvent amener leur famille à l’extérieur du pays en avion. Lui en tant que chef traditionnel, il ne peut pas fuir ni expatrier sa famille. Ce qui me rassure est que le peuple du Burkina Faso demeure pacifique. Il appartient au président Blaise COMPAORÉ et aux partis politiques de mener des actions qui engendrent la paix. Je sais que pour régner, il faut des Hommes ayant une conscience tranquille. C’est cela qui peut nous faire émerger.
En tant que citoyen burkinabè.

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabè,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
Skype:dadilotbf52                                                                                     
 (+226) 70 95 34 45
 (+226) 78 50 16 25
 BURKINA FASO

mercredi 15 janvier 2014

Ce que je pense de la crise en Centrafrique et au Soudan



Depuis les indépendances, l’idée d’une Afrique unie est née. Je laisse l’analyse aux différents lecteurs de se poser la question pourquoi cette idée n’a pas grandi. Je constate que 50 années  après la naissance de l’idée, on n’est toujours pas arrivé à la concrétiser. On assiste plutôt à la division des grands pays africains. Le soudan en est un exemple. Dans les rumeurs, des gens avaient commencé à parler de la division de la Centrafrique.

Comme si tout cela ne suffisait pas, des divisions entre les religions, entre les ethnies, et la division entre le monde instruit et le monde analphabète se sont installées. Ce que le  monde analphabète africain ne comprend pas, c’est si on lui  dit qu’il ne peut pas aller dans un pays africain sans visa. Voilà ce qui constitue pour moi les ingrédients qui ont fait qu’on n’est jamais arrivé à l’union africaine.

Quand le Soudan du sud a pris son indépendance, les connaisseurs avaient dit que c’était le moindre mal. On se souvient également que le même pétrole qui était à la base de ce conflit d’indépendance, a été sujet de discordes  entre les différentes ethnies. Ce qui me fait mal, c’est le fait que pendant que l’habillement des deux présidents (Soudan du nord et Soudan du sud) n’a pas changé (vestes et cravates), je vois le monde paysan sur les routes abandonnant champs et maisons. Ces producteurs s’en vont sans visa vers la mort parce qu’on n’en a  pas besoin dans ce cas.

En Centrafrique, c’est devenu une fierté nationale pour certains pays africains d’aller chercher ses ressortissants en Bangui. Alors que je pense que  si ces ressortissants ont été en Centrafrique, ils se disaient qu’ils avaient le droit parce qu’ils sont africains. C’est ce droit qu’on leur prive aujourd’hui. Plus grave encore, on a réussi à opposer les musulmans aux chrétiens ; pourtant vous trouverez dans la Bible et dans le Coran des messages qui se répètent. Lors d’une rencontre des différentes religions dans le monde, organisée par le Pape Jean-Paul, j’ai même vu à travers les reportages que toutes les religions se sont reconnues et respectées mutuellement.

Tout cela m’amène à tirer la conclusion que tous nos problèmes en Afrique ont toujours été que politique : la politique interne et celle de l’extérieur. Pourtant l’intelligence et la capacité d’analyse des humains me fait dire que tous ces outils utilisés pour diviser peuvent être utilisés pour unir. Je souhaite donc une vraie analyse de la politique par les africains appuyés par leurs partenaires sensibles pour positiver notre existence.
                                                                                                                                 
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabè,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail:dadilotbf52@yahoo.fr    
Skype:dadilotbf52                                                                                     
 (+226) 70 95 34 45
 (+226) 78 50 16 25
 BURKINA FASO