dimanche 9 avril 2017

CE QUE JE PENSE DE L’ATELIER TENU A DORI AU BURKINA FASO AU TOUR DE LA GOUVERNANCE DANS LA SECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE AU LIPTAKO-GOURMAN



Du 5 au 6 avril, j’ai participé à un atelier des dynamiques multi- acteurs autour de la gouvernance dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Liptako-Gourman. Des participants venaient du Mali, du Burkina et du Niger. Toutes les couches sensibles de la société préoccupées par cette dynamique était représentées (hommes politiques, organisations professionnelles des agriculteurs et éleveurs, des ONG et associations). Invité en tant qu’agriculteur, j’ai trouvé utile une telle réflexion qui n’est pas nouvelle et l’homme moderne doit le savoir. Dans l’histoire de l’humanité, tous les peuples à un moment donné ont su prélever dans la nature des denrées alimentaires qu’ils ont entretenues pour se sécuriser et ne plus vivre que de cueillette et de chasse. Et c’est cela l’histoire de l’agriculture et de l’élevage. A ce niveau les peuples s’équivalent. Chaque groupe cible a su le faire et a adapté son alimentation à ce qu’il peut produire. Et c’est la disponibilité de part et d’autre qui a suscité les échanges et c’est comme cela qu’est né le commerce. Le commerce a également suscité l’éveil car il fallait se déplacer souvent d’une localité à une autre. Cela a eu des avantages sur la conscience de l’homme et des inconvénients. Pour citer un inconvénient, les premières guerres ont été souvent suscitées par les refus du partage des ressources ou par la volonté de domination pour posséder un bien. La nature dans son évolution a favorisé certaines activités et a également rendu d’autres difficiles. C’est ainsi qu’il y a eu la neige dans certaines localités et le désert dans d’autres. Mais la capacité et l’intelligence de l’homme lui ont permis et lui permettent toujours aujourd’hui de réfléchir et de les surmonter, pourvu que les humains sachent que leurs intérêts et leurs sorts sont liés.
Le Liptako-Gourman situé entre les trois pays ci-dessus cité, est une  zone essentiellement désertique mais avec quand même des potentialités en agriculture et en élevage, et a également des ressources souterraines et énergétiques. Ces activités sont aujourd’hui fortement handicapées par la rareté des pluies et l’insécurité grandissante dans cette zone. Les raisons de ces difficultés sont suffisamment discutées par ci par là mais cette fois ci, c’était pour voir comment entre les différentes couches de la société, ouvrir un dialogue permanent pour résoudre nos problèmes et rendre possible la vie dans la convivialité dans ces localités et c’est seulement dans ces conditions qu’on peut sécuriser les déplacements des hommes qui facilite la sécurisation alimentaire et nutritionnelle. Unanimement, les participants se sont accordés  que dans un dialogue permanent, où la considération des uns et des autres est bien acceptée la complémentarité entre les acteurs est la solution qu’il faut pour venir à bout de toutes ces difficultés. A titre d’exemple, les conflits agriculteurs éleveurs sont très courants dans cette zone, pourtant à écouter certaines structures professionnelles des projets d’usine de transformation d’aliment bétail sont envisageables et envisagées alors qu’à mon avis pour faire de l’aliment bétail il faut des produits végétaux venant de l’agriculture,  produits professionnellement pour bien ravitailler ces usines et c’est cela qui peut rendre fonctionnelle et permanente cette usine de transformation aliment bétail. La disponibilité de l’aliment bétail peut aider à la modernisation de l’élevage pour faire de l’élevage une activité rentable et surtout que les mêmes structures parlent également de laiterie alors qu’a mon avis l’animal qui n’est nourrit que par la nature ne peut pas approvisionner continuellement une usine de laiterie alors on voit tout de suite donc la complémentarité entre l’usine d’aliment bétail et la laiterie. Voilà donc deux activités, l’agriculture et l’élevage qui si elles sont bien organisées donnent de l’emploi à la jeunesse et rentabilisent également le Liptako-Gourman.  
           Tout cela ne peut être possible que quand il y a la bonne gouvernance. L’homme politique doit avoir la volonté de travailler pour le développement et pour cela il doit être à l’écoute de la population sans la diviser. Nous constatons souvent qu’avec la multitude de parti, certains représentants politiques au moment  des campagnes promettent des choses qu’ils n’accomplissent pas. Ils doivent arrêter d’utiliser la misère de la population, de la diviser pour avoir leur pouvoir. Pour certains hommes politiques, l’idéologie du développement c’est par rapport à leur propre personne et  leur entourage. Les hommes politiques doivent travailler à rendre complémentaires les zones excédentaires en produits céréaliers avec le Liptako-Gourman et faciliter cette transaction en réduisant fortement les tracasseries. Cette bonne gouvernance doit également être prise en compte par les structures professionnelles des acteurs, les associations et même certaines ONG. Les difficultés dans le sahel ne sont pas une fatalité, car l’humain conscient est capable de surmonter les difficultés. Il y a plusieurs années, dans certains pays de l’occident, la neige tuait les humains et la famine aussi. Aujourd’hui cela est une vielle histoire. Nous pouvons également rentabiliser les potentialités du désert. Les ressources énergétiques et naturelles existent et leur exploitation en prenant en compte l’intérêt de la population peut contribuer fortement à l’acquisition d’emplois et de revenus. Je sais que le monde moderne a besoin de tout cela. Un monde sans faim est bien possible. Je remercie Madame Awa CISSE, la coordinatrice du projet sur le Liptako-Gourman basé au Mali, son partenaire basé au Burkina monsieur Alidou BANCE et la fondation Konrad- Adenauer- Stiftung qui a toujours lutté pour qu’il y ait un monde sans faim. J’ai une reconnaissance particulière à tous les participants de cet atelier qui ont tous contribué sincèrement pour la réussite de cet atelier et qui ont donné une vision possible de la collaboration, et je souhaite que cet engagement ne soit pas un feu de paille mais une détermination à faire le changement dans le Liptako-Gourman.
En tant que citoyen burkinabé
Ouagadougou, le 09 Avril 2017

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,

www.francoistraore.blogspot.com


dimanche 2 avril 2017

CE QUE JE PENSE DE LA SESSION DU 29 MARS 2017 TENUE PAR LE CONSEIL REGIONAL DE LA BOUCLE DU MOUHOUN A DEDOUGOU

J’ai été choisi par le président du conseil régional Aboubacar Sanou qui, selon lui, a obtenu l’accord du conseil pour que je sois désormais un conseillé au président. Ainsi, on m’autorise à participer aux différentes sessions du conseil régional. Le 29 mars 2017, j’ai donc assisté à un conseil régional dont l’ordre du jour était :

-Examen et adoption du procès-verbal de la 4ème session 2016 ;
-Présentation du rapport spécial du Président du Conseil Régional ;
-Adoption de délibérations sur des activités prévues ou à prévoir ;
-Divers.

Ce que j’ai d’abord apprécié était que toutes les couches de la société étaient représentées dans ce conseil : les paysans, les retraités et les fonctionnaires. Tout en sachant qu’il y a plusieurs partis politiques qui étaient représentés dans ce conseil je n’ai pas du tout senti de divergences politiques dans le débat. Chaque conseillé mettait à profit sa capacité dans son domaine pour éclairer le débat. On sentait également la liberté dans la prise de parole et dans l’argumentation.

Pour ce qui est de la présentation du rapport du président, deux sujets ont attiré mon attention. Le premier était par rapport à sa mission au Maroc. Invité au COP22 au Maroc, il a pu lier un partenariat avec une région marocaine qui souhaitait également un partenariat avec la région de la Boucle du Mouhoun. Selon lui, cette région a une détermination pour le développement locale si bien que de nos jours dans leurs productions, ils exportent  beaucoup de choses en Europe. Ils ont mis l’accent sur la productivité et la qualité de leurs produits. Il a été surtout surpris que ce soit environ le tiers de la pluviométrie que nous avons ici au Burkina Faso qu’ils ont. Si malgré cela ils produisent bien, cela veut dire qu’ils ont mieux valorisé la recherche en mettant en valeur la gestion de l’eau, la semence et la technologie moderne. Le président attend donc beaucoup de cette collaboration ou il est prévu des missions de part et d’autre pour que l’expérience des marocain soit utile pour la Boucle du Mouhoun et au Burkina. Le compte rendu de cette mission a suscité quelques questions des conseillers pour mieux comprendre et c’est dans l’unanimité que les conseillés acceptent et attendent cette collaboration.

Le deuxième sujet est par rapport aux lenteurs administratives de services financiers au niveau national. Selon le président, à titre d’exemple, une ambulance avait été prévue dans le budget passé et c’est à cause de la lenteur administrative qu’on n’a pas pu acquérir l’ambulance. Et si cela ne change pas, vous pouvez avoir par le biais de l’état une promesse d’argent que vous n’arrivez pas à consommer et c’est la population qui va en pâtir. Il y a donc eu un long débat autour de ce sujet. Les paysans eux ne peuvent pas comprendre qu’on leur donne de l’argent et que c’est à cause de la procédure qu’ils n’arrivent pas à le consommer. Certains conseillers fonctionnaires ont contribué sur la maîtrise des procédures donc ils reconnaissent la lourdeur. Mon avis par rapport à cela est que je suis pour la bonne gestion des hommes et des finances mais l’intellectualisme d’un homme ou d’un service se mesure par les services rendus et plus ce service met du temps face à un problème, plus le problème s’aggrave. Nous avions des retraités parmi les conseillers, ce qui veut dire que ces financiers pourront également se retrouver parmi nous en tant citoyens. Les problèmes créés par la lenteur administrative, ils viendront les subir avec nous. Et l’exemple type de l’ambulance, pour un retraité qui est souvent maladif doit être une leçon. Nous les agriculteurs, quand la pluie commence à tomber, nous ne pouvons pas avoir de la lenteur. Il faut aussitôt semer et si tu ne sème pas à la bonne date tu ne vas pas bien récolter et si cela se répète par plusieurs paysans cela peut entraîner la famine. Je souhaite donc que les financiers revoient leurs procédures pour ne pas être la source de notre malheur.
En tant que citoyen burkinabé
Ouagadougou, le 02 Avril 2017

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,

www.francoistraore.blogspot.com