dimanche 27 mars 2011

Ce que je pense des organisations et des associations dans le milieu rural en Afrique

L’Agriculture est le premier métier au monde. En Afrique ce métier s’est pratiqué dans les familles. Ces familles pouvaient aller de 5 à 30 personnes et elles étaient gérées généralement par le patriarche le plus âgé assisté souvent de certains de ses frères où des fils ainés (adultes). Cet organigramme obligeait tout le monde à la tâche des travaux champêtre. Lorsqu’un membre de la famille devait la représenter dans une commission dans le village ou en dehors du village, il devrait le faire dignement pour que la famille soit respectée. Et quand il le faisait mal cela se répercutait sur la famille. Selon certaines ethnies, une tâche mal accomplie pouvait amener au bannissement ou à la mort selon les coutumes. Dans ces familles tant qu’il y avait à manger, on faisait de telle sorte que tout le monde mange à sa faim. Le Problème d’un membre de la famille était le problème de toute la famille. C’est dans ce contexte que les organisations et  les associations paysannes ont été créées. Celles-ci ont utilisé les règles universelles d’organisation qui demandaient de choisir quelques personnes à la tête soutenues par les autres membres et de définir un objectif commun. Une logique que j’apprécie beaucoup. Mon expérience dans les organisations paysannes m’a montré que cette logique n’a pas toujours été respectée. Ces règles universelles n’ont pas souvent été comprises pour être appliquées par l’organisation professionnelle qui ne regroupe pas seulement que les membres de la famille. Donc, le choix des responsables de cette organisation professionnelle et le fait que cela doit être fondé sur le leadership à tirer le groupe de l’avant n’ont pas été aussi très bien compris. L’esprit de complémentarité entre la famille et l’organisation professionnelle qui doit permettre une augmentation du revenu de la famille à souvent fait défaut également ; parce que si la famille produit déjà, la raison d’être de l’organisation devrait être de faire ce que la famille voulait faire et qu’elle ne peut pas faire toute seule. Cela a son origine dans l’histoire des organisations paysannes impulsées soit par l’administration soit par des partenaires ; ce qui n’était pas forcement mauvais. Les objectifs de ces structures qui ont influencé les organisations paysannes n’ont pas souvent été bien réfléchis pour s’adapter  aux réalités des familles. C’est pourquoi, l’organisation n’arrive pas à intégrer les difficultés que la famille n’a pas pu résoudre.  C’est ce qui a conduit ces familles non seulement à se morceler mais aussi à l’exode rural. Cette jeunesse qui représente les bras valides, qui a souvent la chance d’aller à l’école ne voit pas une cohérence entre la vie familiale et l’influence positive des activités des organisations paysannes. De nos jours, beaucoup d’organisations et d’associations paysannes existent dans le monde rural en Afrique. Les financements des Etats et des partenaires existent mais l’influence que ces financements devraient avoir sur la vie quotidienne des producteurs ne donne pas selon moi les résultats attendus. C’est ce qui fait qu’on est souvent obligé de présenter de grandes images d’éclat pour justifier ce qu’on fait. Alors que si le financement est bien orienté et reçu par les acteurs bien organisés, on n’a pas besoin d’action d’éclat qui nous coûte très cher d’ailleurs. J’ai vu que dans les pays émergents comme le Brésil et l’Inde, ils font l’influence avec la quantité et la qualité de certaines productions. Par exemple au Brésil, j’ai été dans une zone de production de coton, de soja et de fruits où les camions roulent 24H/24 pour le transport de leurs produits et quand ils vont à des rencontres internationales, ils défendent les produits sur lesquels ils sont forts. L’exemple du coton nous a montré que quand un pays est bien organisé comme le Brésil, il peut bien lutter. Si la lutte aboutit, ça permet de faire gagner les acteurs. En Afrique, nous avons eu à lutter pour le dossier du coton. Certains partenaires nous disaient que même si les prix changeaient, que c’était l’Inde, la Chine et le Brésil qui allaient en bénéficier. Cette année 2011, le prix du coton fibre est à plus de 2 000F CFA contre environ 600 F en 2007 sur le marché mondial. C’est une bonne occasion pour l’Afrique. Le souhait serait que ces 2 000 F puissent impulser la production en Afrique sinon nous allons donner raison à ceux qui disaient que les paysans africains n’allaient pas gagner même si on supprimait toutes les subventions. L’Afrique est également un des rares continents qui importe une grande partie de son alimentation. Alors que tous les producteurs africains cultivent des céréales ou des produits alimentaires pour leur alimentation. Pourquoi  toujours cette importation ? Sur toute l’Afrique on fait de l’élevage mais c’est le continent où on amène de la viande congelée, où on importe du lait. L’Afrique qui tenait tête en café et cacao, commence à perdre sa place au niveau international. Les revenus d’arachide du producteur africain n’arrivent pas aussi à subvenir à ses besoins. La famille continue de produire, mais avec la naissance des organisations paysannes, on ne constate pas de changement significatif. Je voudrais alors qu’on réponde aux questions suivantes : Est-ce que les activités menées par les organisations paysannes ont eu l’effet attendu sur la famille ? Est-ce que les financements que nous avons sont bien orientés ? Quel doit être l’influence des organisations paysannes pour le changement du quotidien de la famille ?, Est-ce que nous ne faisons pas plus de bruits que d’actions ?
                                               Ouagadougou, le 25 mars 2011
                                               TRAORE B. François
                                               Docteur honoris causa

jeudi 17 mars 2011

Ce que je pense de la raison du retard de l’agriculture africaine.

 Comme je l’ai dit dans le premier texte du blog,  tous les peuples ont leur agriculture dans l’histoire. La formation en Afrique et précisément au Burkina, était basée sur l’expérience des anciens qui formaient les jeunes qui avaient suffisamment l’énergie. L’évolution de cette formation à amener la généralisation de certaines cultures adaptées à la région et selon le besoin d’alimentation par région. L’agriculture étant une activité physique et pénible, l’endurance faisait partie de la formation de la jeunesse. Cette formation d’endurance commençait depuis le bas âge. L’endurance consistait parfois  à mettre les jeunes en compétition dans le champ toute la journée sans repos dans certaines sociétés. Dans certaines ethnies, ces jeunes ne devaient jamais apercevoir le soleil avant d’être au champ ni renter au village avant la tombée de la nuit.  Cette formation  était en même temps l’école à travers l’initiation dispensée par les aînés. A environ 10 ans, ils savaient adapter l’apprentissage aux apprenants. L’agriculture et l’élevage étaient souvent deux activités qui se menaient ensemble. C’est ainsi que certains jeunes commençaient par le pâturage des chèvres et des moutons, d’autres chassaient les singes et les oiseaux dévastateurs des champs. Le jeune le faisait par nécessité et par amour. Les aînés  leurs inculquaient très tôt la fière de bien pratiquer le métier de leurs parents. Un éleveur traditionnel peul m’a dit qu’à l’âge de 10 ans, son oncle paternel au décès de son père a fait la répartition des bœufs. Dans la répartition il leur a donné les animaux de mauvaise qualité. Il a alors décidé d’aller rester dans la brousse avec ces animaux où il se nourrissait rien que du lait des vaches. Il y a passé10ans coupé de tout le monde pour permettre aux bœufs d’être bien nourris car, à l’époque, il y avait moins de champ. Seul son grand frère qui était resté au village venait quelques fois lui rendre visite. Pendant les dix ans le troupeau s’est multiplié par dix. Moi, je l’ai connu quand il avait 50 ans lors que ce troupeau était devenu la fierté de toute la famille.
La formation moderne dans l’encadrement des agriculteurs en Afrique a commencé un peu avant l’indépendance. Des centres de recherche ont été créés. L’essentiel était basé sur les cultures de rente comme l’arachide, le coton, le café le cacao. A l’époque, les agriculteurs ont utilisé deux systèmes de formation : le système traditionnel basé sur l’endurance et celui de l’encadrement technique moderne. Cela a fait prospérer un certain nombre  de cultures en Afrique, a également montrer aux agriculteurs qu’ils peuvent gagner à manger et avoir des revenus. Par la suite, la recherche s’est intéressée aux autres produits et cela n’a pas eu le même effet parce que la commercialisation des cultures de rente était organisée suite à leur développement grâce aux nouvelles techniques pratiquées, tandis que l’organisation des autres cultures n’était pas suffisante. Cela m’amène à penser que les formations traditionnelles basées sur l’endurance et l’amour du travail et la formation technique basée sur la manière de faire mieux et vite n’ont pas été bien utilisées en Afrique, c’est pourquoi cela n’a pas pu donner une vision du développement de l’agriculture africaine. A l’UGCPA où nos avions un partenariat avec les canadiens, nous avons envoyé un jeune en formation pratique dans des fermes canadiennes pendant une campagne agricole. La remarque particulière qu’il nous a apportée, malgré que les canadiens travaillaient tous avec du matériel moderne, est que par exemple au moment des semis et les récoltes, ils pouvaient passer plusieurs jours à travailler 24h/24h. Les moments où ils ne travaillaient pas les nuits, étaient occupés à faire le secrétariat, la comptabilité. Cela veut dire que modernisme et endurance vont ensemble si l’on veut des résultats.
J’ai été parrain de plusieurs centres de formations où le temps de travail des jeunes ne valait pas celui d’un vrai agriculteur burkinabè qui veut réussir. Je sais aussi que dans un camp de formation militaire, la formation équivaut à une guerre, sinon le jour de la guerre les soldats ne tiendront pas. Je pense que l’Afrique étant le continent le plus pauvre, nous devons revoir le contenu de formation pour mieux évaluer l’endurance et la formation technique pour faire décoller l’agriculture africaine. Les personnes formées dans les centres de formation devaient être plus endurant et entreprenant en les faisant profiter le maximum de temps possible et en leur apprenant à travailler plus dur que ceux qui sont sur le terrain.
                                               Ouagadougou, le 15 mars 2011
                                                           TRAORE B. François,
                                                             Docteur honoris causa


dimanche 6 mars 2011

Ce que je pense du lancement de formation en conseil de gestion à l’exploitation aux entrepreneurs agricoles à Matourkou.

J’ai été invité dans le centre agricole polyvalent de Matourkou (Bobo-Dioulasso) dans la province du Houet par le ministère de l’agriculture de l’hydraulique et des ressources halieutiques au lancement de formation en conseil de gestion à l’exploitation aux entrepreneurs agricoles. Une centaine de producteurs entrepreneurs agricoles était représente. La représentante du maire de BOBO a été la première à prendre la parole. Pour elle, la province du Houet est heureuse d’accueillir cette formation pour accompagner les producteurs vers la modernisation de leurs exploitations. Pour que le potentiel de la région soit bien valorisé par les agriculteurs, il faut qu’ils soient bien formés. Elle a souhaité que cette formation prenne en compte toutes les activités de l’agriculture.
 Le ministre de l’agriculture de l’hydraulique et des ressources halieutiques monsieur Laurent SEDGO était le président de la séance. Pour le ministre, sa vision de l’agriculture passe par les entrepreneurs agricoles. Il poursuit en disant que l’agriculture que nous avons héritée de nos parents sur la petite daba doit changer, car nos besoins ont augmenté. Nous voulons aujourd’hui envoyer nos enfants à l’école, dormir dans des maisons acceptables et chacun de nous veut avoir plusieurs habits. Nous voulons varier nos repas et nous soigner dans les dispensaires. Nous avons un métier qui est l’agriculture qui peut le faire. Pour que l’agriculture le fasse, il faut un changement de comportement. Ce comportement consiste à ce qu’après les récoltes nous ne passions plus le temps à l’ombre et à le suivre lorsqu’il bouge nous bougeons. Il demande également que nous n’attendions plus que la pluie tombe pour savoir ce que nous voulions semer et où le semer ? Toujours pour le ministre, l’entrepreneur agricole, c’est quelqu’un qui gère une terre, des hommes, des moyens pour un objectif et cela mérite une méthode appropriée. Avec cette entreprise où il y a des moyens, l’agriculteur doit savoir programmer. Ce n’est pas avec le résultat du travail de 4 mois mal orienté que l’agriculteur pourra avoir tous les besoins cités plus haut. Aussi pour l’exploitation elle-même, l’agriculteur doit savoir ce qu’il faut faire et pourquoi ? Un entrepreneur agricole doit avoir des bœufs de trait avant de s’acheter une moto Sanili. Les déchets de ces bœufs de trait peuvent l’aider à constituer sa fumure organique pour le champ. Cela suppose qu’il ait une capacité d’analyse. Sur sa surface cultivable, et selon l’adaptation de cette surface, s’interroger avec quoi veut-il nourrir sa famille ? Avec quelle proportion de surface dont il dispose, peut-il faire une production dont le rendement lui permet de nourrir sa famille et qui s’adapte à son terrain. Et comme il a d’autres besoins, se questionner sur ce qu’il doit cultiver sur le reste de sa surface pour qu’elle lui procure de l’argent afin de satisfaire ses besoins multiples et nécessaires. Selon le ministre, la femme du producteur doit paraître bien habillée lors du « Djandjoba ». Donc, ce qu’il appelle entrepreneur agricole, c’est celui qui est fière d’être agriculteur, qui s’assume en se disant qu’il est comme tous les autres même les salariés des autres métiers. Sa famille doit être bien à l’aise et cela est possible. C’est pour cela qu’il a voulu qu’il ait une méthode d’accompagnement à la gestion de l’exploitation. Pour le ministre, ces entrepreneurs agricoles doivent être la lumière et le sel du milieu rural. Ils doivent démontrer aux autres agriculteurs que l’agriculture n’est pas le métier  où quand tu n’as rien à faire tu viens faire. Si l’exploitation et ses revenus sont bien gérer, l’agriculteur peut se suffire comme tout le monde. Il veut qu’on bannisse le misérabilisme de l’agriculture. Il veut que ces entrepreneurs soient le pilier du professionnalisme, de la productivité et de la rentabilité. Selon l’information que le directeur régional lui à donné, les entrepreneurs agricoles repérés du Houet valent un millier pour le moment. Il dit, admettons que tout ce millier d’entrepreneurs choisissent de faire du maïs parce qu’il est rentable. A eux seuls à 5 ha de maïs, si chacun à une productivité de 5t/ha, leur production peut démontrer déjà que l’autosuffisance alimentaire peut être atteinte même par un groupe restreint de producteurs. Cela veut dire que le producteur doit choisir sa production selon la rentabilité qualitative, quantitative et par rapport au marché. Avec un tel rythme, sa préoccupation ne peut plus être que gagner juste à manger parce qu’il n’a plus besoin de grande surface pour nourrir sa famille. Avec 5t/ha pour une famille où chacun n’a besoin que de 200kg/an pour se nourrir, c’est très facile de satisfaire la famille en alimentation, en faire une spéculation et choisir d’autres productions parmi les autres qui lui semblent économiquement rentables. Par exemple, si tu sais que ta terre s’adapte au sésame, après s’être rassuré d’avoir de quoi manger sur ton ha, tu fais ton sésame. Dans le cas où c’est le coton qui s’adapte et qui est rentable, tu fais ton choix. Selon lui désormais voilà le genre d’agriculteur qu’il veut qu’il propulse l’agriculture Burkinabè.
Il voudrait que le gouvernement burkinabè qui soutient l’agriculture, puisse voir les résultats de ce qu’il lui à donné. Alors, il faudra qu’il présente au premier ministre des paysans à qui il s’adresse et qui sont capables avec une méthode qu’ils ont apprise, de démontrer leurs entreprises, de montrer les résultats de soutien. C’est ce qui va ouvrir la porte à d’autres soutiens pour d’autres agriculteurs. Cette influence positive donnera aux agriculteurs Burkinabè, une capacité de satisfaire le marché national, régional et international. Parce que dans un pays si vous attendez qu’on vienne vendre chez vous, et que vous vous ne vendez rien à l’extérieur, cela veut dire que vous faites sortir de l’argent pour les autres agriculteurs et vous vous ne faites rien rentrer. Les pays producteurs de riz qui font rentrer le riz au Burkina Faso, chaque année, eux ils continuent à prendre l’argent du Burkina au détriment des producteurs Burkinabè pourtant nombreux près de 80% pendant qu’il y a beaucoup de plaines favorables à la culture du riz au Burkina Faso. Le ministre pense qu’il manque un professionnalisme c’est-à-dire une capacité d’analyse et d’action. Il a terminé en encourageant les entrepreneurs agricoles et leurs formateurs à profiter de cette occasion pour propulser l’agriculture burkinabè. Il sait que s’il est aidé par les actions positives des agriculteurs qui démontrent la fiabilité de l’action gouvernementale vis-à vis des agriculteurs, en tant que ministre, il sera toujours écouté par ce gouvernement et les accompagnements vont continuer.
Après le ministre, c’est le directeur de l’économie rurale qui a présenté la démarche des différents formateurs qui n’attendaient que ces opportunités pour démontrer leurs capacités.
Par la suite, le porte des entrepreneurs agricoles en formation, profitant de la présence du ministre  à fait quelques suggestions. Parmi ces suggestions, il y a la poursuite des formations pour d’autres producteurs, l’accompagnement des producteurs dans l’approvisionnement en intrants (engrais, pesticide, semence) et en matériel agricole (tracteurs, motopompes). Le ministre les a écoutés avec attention. Dans sa réponse, il dit que la vision du gouvernement, c’est de continuer dans ce sens. Il y a un fond des intrants qui est créé pour accompagner toutes les filières (coton, maïs et d’autres cultures). Il est prévu également l’installation d’une usine de montage de tracteurs pour moderniser l’agriculture Burkinabè. Mais selon lui, il va falloir que ces entrepreneurs agricoles s’organisent dans les filières pour être crédibles. Il a ajouté que la première opération des tracteurs à démontrer que cette crédibilité est possible. Il a cité comme exemple l’UNPCB qui dans sa capacité à pu avoir beaucoup de tracteurs pour ses membres. Pour lui, ce qu’un producteur ne peut pas faire tout seul, il doit savoir qu’en se mettant ensemble dans les groupements, les unions, les chambres d’agricultures, ils peuvent le faire tout en se mettant dans les conditions dans lesquelles les banquiers et d’autres partenaires dont l’Etat peuvent leurs faire confiance. Les banquiers ne vendent que de l’argent, mais avec la simple parole et le simple visage, ils ne vont pas donner leur argent. Donc, il demande une fois de plus à ces entrepreneurs d’être le sel dans ces différentes organisations pour donner une crédibilité professionnelle à ce métier ; que là où un salarié peut avoir un crédit, que les agriculteurs organisés puissent y avoir le crédit et même en avoir plus. Il pense qu’un professionnel en matière d’intrants n’attend pas forcement que des cadeaux car sa première préoccupation, c’est la qualité et la disponibilité des intrants. S’il y a de l’aide pour amoindrir le coût, ce serait le souhait du professionnel. Mais, celui-ci ne veut pas être retardé parce qu’il ne sait pas où trouver des intrants ou être endommager par des intrants de qualité douteuses. A ce sujet, les professionnels bien organisés peuvent chaque fois susciter ces grandes préoccupations et ils seront toujours écoutés.
Après ces différentes interventions, nous avons visité quelques parcelles de démonstration en chou de maraîchage où est appliquée la méthode GIPD face aux habitudes des agriculteurs. La méthode GIPD c’est avec des intrants naturels et l’application d’une formation. La méthode classique des agriculteurs utilise les intrants chimiques. La différence était nette, la méthode GIPD était la meilleure. Nous avons par la suite visité des agents d’encadrement en formation. Dans cette formation, les cours que nous avons vus portaient sur le comportement des agents dans les villages.  Un agent dans un milieu doit savoir que son premier objectif, c’est de se faire accepter par le milieu. Très souvent certains comportements inadaptés aux réalités de certaines localités peuvent dévier la mission parce que la population ne se retrouve pas en lui. Un agent ne doit pas avoir comme objectif, j’ai du boulot, je suis payé par mois, je peux faire ce que je veux. Alors que ce que tu veux, devait être l’application de ce que tu as appris en t’adaptant à leur réalité pour faire le changement positif. Ton mérite doit être expliqué par les paysans que tu conseilles parce qu’ils t’ont bien compris. C’est là où tu mérites ton salaire mais, ce n’est pas en menant des activités qui vont contre leur nature. 
Nous avons terminer les visites en faisant le tour du centre de formation de Matourkou qui a été un grand investissement qui valait le coût parce que c’est un centre où il est prévu de donner du savoir et du savoir faire à la population la plus nombreuse, les agriculteurs. L’état de certains outils et de certains locaux demande à ce que ce centre soit  réfectionné. Pour moi, Matourkou est le passage obligatoire pour les entrepreneurs agricoles et leurs techniciens si on veut la modernisation de l’agriculture.
Moi en tant que ancien responsable de plusieurs organisations, je pense que la vision de choisir des entrepreneurs agricoles et de les former est une bonne chose. Mais, j’espère bien que le choix de ces entrepreneurs a été fait sur des critères bien précis pour que l’on ne se trompe pas de cible. Chaque entrepreneur doit être exemplaire dans la production dans son milieu. Sa capacité d’entrepreneur ne doit pas souffrir de doute parce que pour moi la formation n’est qu’un outil pour leur facilité la tâche. Si quelqu’un a été choisi par son agent parce qu’il est seulement un ami, cet encadreur passera tout son temps à expliquer à son patron pourquoi ça n’a pas marché chez ce producteur. Alors que si le producteur est bien choisi,  c’est lui qui doit expliquer pourquoi ça marché chez lui. Au Burkina, nous avons tous été heureux de recevoir les étalons cadets avec la coupe venant du Rwanda. Je ne pense pas que ce soit au Rwanda qu’ils ont fabriqué leur victoire, cette victoire a été tout une démarche : le choix des joueurs, du gardien, de l’entraineur et des moyens. En 90 mn le jour de la finale, les résultats sont sortis. Cela a été le résultat de la conjugaison de tous les efforts. Il suffisait de se tromper de gardien, d’entraineur, de joueurs ou de moyens pour qu’on ait la défaite au Rwanda et revenir la tête baissée avec beaucoup d’explications. Mais là au retour des étalons cadets, on n’avait pas besoins d’expliquer. C’est avec des cris de joie qu’ils ont été accueillis ; tous les Burkinabè savaient qu’ils sont revenus. Le Burkinabè, moi je pense que c’est ça. Il faut des hommes de qualité pour tirer tout le Burkina vers la prospérité. Pour moi choisir les hommes de qualité veut dire les mettre en action au service des autres et les soutenir parce que leur réussite montre aux autres que c’est possible. Un producteur entrepreneur bien formé, dans son quotidien forme plusieurs producteurs. C’est ainsi que se construit la société africaine. Les grands accompagnent ou forment les petits ; ce n’est pas l’inverse. Un jour, je suivais sur une chaîne de télévision régionale « Africable » basée à Bamako un entrepreneur sénégalais de grand moulin qui expliquait sa réussite, qui démontrait que l’Africain est capable. Mais il faut avoir la volonté et les outils. Chez nous dans le langage courant, un entrepreneur, c’est quelqu’un qui fait des bâtiments. Le ministre de l’agriculture du Burkina a démontré qu’un entrepreneur, c’est quelqu’un qui gère des hommes et des biens, travaille pour atteindre sa prospérité. Donc, pour moi désormais, mon souhait serait qu’avec ces entrepreneurs agricoles, qu’on sache que dans tous les métiers on peut et on doit être entrepreneur et être uni. Le développement passe par là.                                                                                                                 


                                               Ouagadougou, le 04 mars 2011
                                                           TRAORE B. François,
                                                             Docteur honoris causa


mardi 1 mars 2011

Ce que je pense de Xavier BEULIN, nouveau président de la FNSEA

FARM a été un des partenaires de l’AProCA dès sa naissance. Les premières formations que les membres de l’AProCA ont reçues, ont été financées par cette structure. Xavier BEULIN est membre fondateur de la structure FARM. La collaboration entre FARM et l’AProCA a continué jusqu’aux premières formations de l’Université coton financée par cette structure. Dans toutes ces formations, Xavier BEULIN, fondateur de FARM, a toujours participé en donnant son expérience en tant que agriculteur et entrepreneur. Il était non seulement membre de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) mais aussi fondateur de la SOFI PROTEOL,  une structure de production et de transformation des oléagineux.
Durant ces formations, les paysans de l’AProCA ont toujours été impressionnés par son professionnalisme et son esprit d’entreprise. Les paysans ont été attentifs de la capacité  de cette structure à produire et à transformer les oléagineux qui faisaient défaut en France. Lors de plusieurs grandes conférences dans lesquelles j’ai participé avec lui, son ouverture vis-à-vis des autres agriculteurs dans le monde a toujours été une vision d’ensemble du métier agricole. J’ai eu l’occasion d’aller dans sa zone agricole lors d’une fête qu’ils organisent sur le blé dans cette zone ; j’ai vu un panneau à coté d’un champ de blé et sur le panneau il y avait un pain et un croissant et c’était écrit sur le panneau : « Ici pousse le pain ». Cela, c’était pour montrer aux touristes citadins que le pain ne pousse pas dans un super marché mais dans un champ cultivé par un homme. Cette vision doit être universelle. C’est l’agriculture qui continue à nourrir le monde mais les agriculteurs ne sont pas les plus riches dans le monde. Toutes les richesses qui existent c’est parce que les hommes mangent. Pour moi en tant que président d’honneur de l’AProCA, je ne peux que croire à une collaboration fraternelle avec cette structure française, la FNECA et les agriculteurs africains avec à la tête Xavier BEULIN.
Des organisations existent en Afrique, les agriculteurs sont environ 80%, en France ils sont environ 3% ; mais avec le soutien de leur Etat dans le professionnalisme, la France fait de la surproduction aujourd’hui. Cela n’a pas toujours été le cas il y a 60 ans. Nos organisations paysannes en Afrique ont intérêt à avoir une vision professionnelle : produire, se nourrir, vendre et même transformer. Cela demande un fort soutient de nos Etats et nos structures africaines et c’est l’occasion pour moi de féliciter l’UEMOA et la CEDEAO pour leur programme filière mais cela ne doit pas trop attendre, cela doit être effectif sur le terrain sinon, c’est une filière charbon et bois qui est entrain de naître partout dans nos pays parce que les paysans, à défaut d’avoir de quoi vendre pour survenir à leurs besoins, se rabattent sur la nature pour vivre quotidiennement. Cela détruit l’agriculture et l’environnement. La France a eu raison d’avoir lancé fortement l’agriculture après la guerre 1939-1945. Je souhaite bon vent à Xavier BEULIN à la tête de la FNECA et je souhaite que pendant son mandat avec les autres agriculteurs du monde, que nous faisons écouter les agriculteurs pour continuer à nourrir le monde, à l’habiller et à entretenir l’environnement. Et pour cela nous devons être soutenues par la mondialisation.
                                                                                                                  

TRAORE B François
Président d’honneur de l’AProCA
            Docteur honoris causa