dimanche 19 octobre 2014

Ce que je pense du dialogue politique initié par le président Blaise COMPAORÉ entre le parti au pouvoir et l’opposition

Le Burkina Faso vit actuellement une crise politique dont une des conséquences directes est la fragilisation des liens sociaux. Le respect de la constitution, comme condition primordiale à la préservation de la paix, ne fait plus l’unanimité. Face à cette crise politique qui oppose le parti au pouvoir (CDP)  et l’opposition, le président du Faso a initié un dialogue politique national entre les deux. Le président Blaise COMPAORÉ est du CDP. Un des sujets qui oppose les deux parties, est la révision de l’article 37 de la constitution. Pourtant, la révision de cet article n’est que pour permettre au président Blaise COMPAORÉ de se représenter. Ce dialogue a pris fin de façon prématurée.

Selon l’opposition dont je fais partie, le sujet de l’article 37 n’est pas discutable. Il doit rester intact. Pour le CDP,  s’il n’y a pas consensus, on s’en remet à la décision du président du Faso. Si l’opposition acceptait la proposition du CDP, cela signifierait que c’est les deux parties qui offrent l’article 37 à Blaise COMPAORÉ. En adoptant cette position, l’opposition allait perdre la confiance du peuple burkinabé à la base. Toutefois, nous constatons que Blaise et son parti le CDP, tiennent à sa candidature à la présidentielle de 2015.

En rappel, le septennat a été discuté par la classe politique burkinabè. Mais en 2005, nous sommes revenus au quinquennat. Après 1987, à chaque réaménagement de statut du Burkina Faso, le président Blaise COMPAORÉ a toujours eu ce qu’il veut. Lors de la journée du pardon, il a également eu le pardon qu’il voulait. À la fin de son deuxième mandat de quinquennat, l’intégrité qui caractérise le Burkinabè, m’oblige à dire que nous devons respecter ce que nous avons dit dans la constitution.

Dans l’histoire de notre intégrité, le respect de la parole donnée a toujours été le fondement de nos valeurs. Mon père me disait ceci : « quand un homme donne sa parole et qu’il ne la respecte pas, c’est comme s’il a craché à terre et a ensuite avalé le crachat récupéré du sol ». Dans notre contexte, la révision de l’article 37 ne concerne que Blaise COMPAORÉ. Même si certains membres du parti au pouvoir veulent la révision de l’article 37, l’intégrité de Blaise COMPAORÉ doit le pousser à respecter son engagement de défendre et de respecter  la constitution, pris lors de son installation en 2005.

Depuis que le président Blaise COMPAORÉ est au pouvoir, beaucoup de manifestations de mécontentement de la population ont eu lieu. Son système de gouvernance a pu « maîtriser » ces manifestations du peuple burkinabé. Mais depuis 2011, nous observons une révolte  de la population qu’il n’arrive pas à contrôler. Ce qui se dit aujourd’hui en mal contre le président Blaise COMPAORÉ dans la société civile, dans les medias nationaux et même dans certains medias internationaux, n’était pas imaginable il y’a quelques années. Le seul cadeau qu’il peut offrir dans de telles circonstances, c’est de dire qu’il ne va pas se présenter en 2015. Il aura ainsi permis au peuple burkinabé de gagner dans sa revendication cette fois-ci, car c’est aussi cela la démocratie.

Le Burkina Faso n’a pas besoin de violence et Blaise COMPAORÉ qui est au pouvoir a la responsabilité de prendre des initiatives pour épargner le pays de ce catastrophe purement humain. Jusqu’à nos jours, l’opposition a pu faire tous ses meetings et marches sans violence. Comme l’opposition n’a pas créé quelque chose de nouveau, elle demande seulement à ce qu’on respecte ce que tous les Burkinabè ont écrit. Elle ne mérite pas d’être violentée pour ça. Je lance un appel à tous nos partenaires africains, occidentaux et asiatiques, à encourager le président Blaise COMPAORÉ à se retirer du palais de Kosyam tout dignement en 2015.

Ouagadougou, le 19 octobre 2014

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
Skype:dadilotbf52   
 (+226) 70 95 34 45
 (+226) 78 50 16 25
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vendredi 17 octobre 2014

Ce que je pense de la 8ème conférence de CmiA/COMPACI

Invité par l’Aid by Trade Foundation, la DEG et la GIZ, j’ai participé, en tant que représentant de l’Association des Producteurs de Coton Africains (AProCA), à la 8ème conférence des parties prenantes de Cotton made in Africa (CmiA) et de la Competitive African Cotton Initiative (COMPACI) qui s’est tenue à Cologne (Allemagne) du 24 au 26 septembre 2014. Plusieurs professionnels du monde de la transformation, des affaires, des sphères politiques et des organisations paysannes ont pris part à cette cession.
Le premier jour de la conférence, les participants ont d’abord été informés du déroulement du programme à la « mi-temps » de la seconde phase de COMPACI. Une partie de la journée a été consacrée au développement de CmiA, ainsi qu’à ses marchés de vente en Europe et en Amérique du Nord. Une présentation des chaînes de valeur textile intégrées en Afrique subsaharienne et un panel de discussion entre les détaillants de textile internationaux et les producteurs de coton africains ont également eu lieu.
La question de l’expansion du coton en tant qu’instrument permettant de promouvoir la production de culture vivrière, ainsi que celle de savoir comment réduire l’utilisation des pesticides dangereux dans la production cotonnière ont fait partie des principaux points abordés le 25 septembre (deuxième jour).
En tant que producteur, j’ai retenu que les différentes initiatives de CmiA/COMPACI ont permis de remonter le niveau de professionnalisme des agriculteurs qui ont été touchés, en termes de productivité, de préservation de l’écosystème et ont abouti à l’augmentation de leurs revenus. Pour la sécurité alimentaire, il a été reconnu que les rotations coton-céréales ou céréales-coton étaient nécessaires pour optimiser la productivité du cotonnier d’une part, et indispensable d’autres part, en termes d’alimentation et de diversification des sources de revenus pour le producteur qui devra approvisionner les zones déficitaires en céréales (maïs). Il a été donc clairement accepté que la production du coton et celle du maïs ne sont pas opposables, elles sont complémentaires pour le développement du milieu rural.
Pour ce qui est de la protection phytosanitaire, le système BCI, le système Cotton made in Africa et le système GIPD ainsi que la lutte biologique montrent que l’utilisation des produits phytosanitaires dans la lutte contre les déprédateurs des cultures peut être réduite afin de limiter davantage les risques sur la santé de l’utilisateur, du consommateur et de préserver l’environnement, tout en maintenant la productivité des cultures.

Pour le représentant de BAYER, l’Afrique n’est pas un grand utilisateur de pesticides de nos jours. Car de nos jours, une grande partie des aliments comme le riz, le blé (pain) et même le maïs sont importés par les pays africains. Ces aliments sont produits en utilisant des grandes quantités d’engrais et de pesticides en Occident. À titre d’exemple, selon certains statisticiens, il y’a près de soixante (60) fois la superficie de la France dans l’Afrique,  mais la France à elle seule utilise six (6) fois plus de pesticides que toute l’Afrique. Pourtant le surplus de la production de ces pays occidentaux est importé en Afrique sans qu’une question de condition de production ne soit imposée à ces fournisseurs.
Pour ce qui est de la transformation, les premiers partenaires des agriculteurs étant les égreneurs, une bonne collaboration entre les agriculteurs et ces derniers, chacun jouant parfaitement son rôle, peut permettre non seulement le fonctionnement d’un bon système de traçabilité mais aussi de préserver de la qualité du coton. Le système BCI et le système Made in Africa ont été pris comme exemples qui ont permis une ouverture de marché et qui ont contribué à la crédibilité du coton africain vis-à-vis du monde du textile.

Les transformateurs du coton en textiles sont les derniers maillons de la transformation. Il est reconnu que plus de 90% du coton africain est vendu et transformé à l’extérieur. Vlisco, un partenaire de CmiA, fait partie des transformateurs de coton qui sont bien connus par les consommateurs africains. Selon cette société, près de 90% de leur textile est vendu en Afrique. C’est ce que les africains appellent « Wax hollandais ». Ces transformateurs du coton en textiles, parmi lesquelles figure Vlisco, trouvaient que ce n’est pas normal que le coton africain ne soit pas transformé en Afrique. Non seulement il est possible de le faire et on doit le faire. Ils se sont donc installés en Éthiopie, en Ouganda, au Cameroun… Selon eux, les pays de l’Afrique de l’Est offrent des conditions favorables à la transformation du coton africain. Cela leur permet de former et d’employer des jeunes africains, car ils ne trouvent pas normale que les africains produisent le coton et que sa transformation ne procure pas des emplois pour la jeunesse africaine. Certains de ces transformateurs locaux du coton africain ont même dit qu’une partie de leur bonheur est comblé chaque fois qu’ils voient que leurs employés africains font vivre correctement leur familles à travers l’emploie dans la transformation du coton.

Selon Vlisco,  c’est la qualité du coton (caractéristiques de la fibre) qui est l’élément le plus important dans la chaine de transformation. À propos des systèmes de production  qui ont été cités, Vlisco trouve que ses consommateurs finaux ne se préoccupent pas de comment leur coton a été produit. Cela m’oblige à dire que les systèmes de production ne doivent pas empêcher l’augmentation de la quantité du coton africain car de nos jours, c’est en Afrique qu’il y’a de la place pour cela. L’Inde et la Chine commencent à être limitées dans la production du coton par la pression démographique et le fait qu’ils doivent réserver une grande partie de leurs terres pour la production céréalière. C’est donc le Brésil et l’Afrique qui peuvent augmenter leur quantité de production cotonnière. Tout le monde sait que le Brésil  est dans la haute technologie pour une bonne productivité du cotonnier (rendement de plus de 4t/ha). Personne ne peut leur donner des leçons de système de production.

Par ailleurs, je viens d’apprendre que la plainte déposée par le brésil contre la subvention cotonnière contre les Américains, vient de trouver un dénouement. Le Brésil va être dédommagé par l’Amérique. Les producteurs africains que nous sommes, avions lancé l’appel contre les subventions américaines et européennes. Après plusieurs rounds de négociations à l’OMC, on n’est pas arrivé à donner raison à l’Afrique. L’Afrique ne doit pas rester ce grand continent passif dans le commerce mondial. Quelqu’un m’a dit que si l’Afrique augmente sa part dans le commerce mondiale de 1%, cela dépasse toute l’aide qu’on l’offre. Je suis pour l’aide mais l’aide ne doit pas remplacer le commerce.
Ouagadougou, le 06 octobre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype: dadilotbf52
Facebook : dadilotbf52
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lundi 6 octobre 2014

Ce que je pense de la position de l’Église catholique dans les politiques africaines

Ces derniers temps, l’Église catholique burkinabè a donné une position tranchée contre la modification de l’article 37 au Burkina Faso. Au Congo démocratique (RDC) comme au Togo, l’Église catholique a eu la même réaction sur le tripatouillage de la constitution pour permettre aux présidents en place de se représenter en fin de mandat. J’ai suivi quelques réactions de la société civile. Certains trouvent cela normale mais d’autres non, en disant que ce n’est pas le travail de l’Église catholique. Quant à moi, je pense que l’Église catholique ne fait que son devoir.
Dans l’histoire du développement dans le monde, l’Église catholique à un moment donné, a joué un grand rôle lié au fait qu’elle a des missionnaires partout et qui vivent avec toutes les couches sociales. À titre d’exemple, en France et au Canada,  ces missionnaires ont été à l’origine de la création des associations pour le développement dans les milieux ruraux à travers une conscientisation. En effet, les missionnaires catholiques disaient à ces ruraux que c’est dans la cohésion et le partage d’expériences qu’ils peuvent se développer.
Dans l’histoire de l’Afrique avant et après les premières heures des indépendances, la position de l’Église catholique a été souvent considérée comme mitigée, comme complice ou passive. Mais, ayant fait une partie de mon enfance à l’internat d’une mission catholique, je reconnais l’œuvre de charité que ces missionnaires ont mené. La preuve est qu’au Burkina Faso, la majorité des premières écoles et des centres de santé primaires ont été l’œuvre de ces missionnaires de l’Église catholique.
Je constate également que depuis l’avènement de la démocratie, que l’Église catholique a été chaque fois celle qui subit la société civile en détresse. Une preuve est qu’à l’avènement de la Côte-d’Ivoire, mon oncle qui est un musulman et qui vivant à Dokoué, a été obligé de se refugié dans une mission catholique. Il a été protégé par celle-ci et a été sauvé. Chaque fois qu’il y’a une crise dans un pays, les Églises sont envahies par les populations qui se sauvent. Nous avons vu tout récemment la situation en Centrafrique. L’Église catholique a été chaque fois donc obligée de supporter et d’entretenir les femmes et les enfants qui ont fuient leurs maisons sans savoir de quoi il s’agit. En Afrique du sud, au moment de la lutte contre l’apartheid, la position de l’archevêque Desmond TUTU a été un grand apport pour l’unité des sud-africains contre le racisme.
Selon les fidèles catholiques, la religion catholique, est le chemin par lequel on peut arriver chez Dieu après sa mort. Mais les actions pour y arriver, sont basées sur comment l’humain s’est comporté vis-à-vis de ses prochains durant sa vie terrestre. Donc, je pense que religieusement et socialement, l’Église catholique est dans son devoir de prévenir pour réduire l’ampleur d’une crise sociale afin d’éviter de subir que les malheureux qui sont souvent innocents. L’Église catholique ne peut exercer convenablement sa mission chrétienne que dans une société paisible où les droits et les devoirs des uns et des autres sont respectés. À ma compréhension, la position de l’Église catholique n’a pas pour but de chercher un pouvoir. Elle souhaite plutôt qu’il ait une société pacifique pour mieux exercer son travail de religieux surtout que la société est déjà en guerre contre la pauvreté.
Ouagadougou, le 06 octobre 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
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