mercredi 6 août 2014

Ce que je pense de l’incivisme au Burkina Faso

La population du Burkina Faso est composée de plusieurs ethnies et chacune de ces ethnies avaient des coutumes (traditions). Ces coutumes contenaient des initiations obligatoires pour assurer une transmission fidèle des règles de conduite. L’arrivée des religions a eu des impacts sur la tradition. Si on réalise une étude dans chacune  des coutumes et des religions, on se rendra compte que les règles fondamentales d’une société étaient respectées. Parmi ces valeurs, on peut citer le caractère  sacré de l’être humain, le respect de la hiérarchie entre père et fils, l’amour entre les uns et les autres au sein d’une famille d’une part, et d’autre part, avec les autres familles,  la cohésion dans le village et le bon voisinage entre villages voisins. La parenté à plaisanterie a été adoptée pour aplanir les conflits entre villages voisins ou entre ethnies différentes.

Il y avait quand même des individus qui malgré l’éducation et leur initiation, violaient ces règles communautaires. Pour cela, des sanctions  étaient prévues. Ces sanctions pouvaient être par exemple d’ordre matériel (un poulet, une chèvre, du dolo), pour certaines religions ça pouvait être une suspension de la communauté. La sanction extrême de toutes ces entités étaient le bannissement. L’ensemble de ces sanctions étaient valables pour toutes les catégories de personnes vivantes dans la société.

L’analyse de la situation sociale actuelle au Burkina Faso me fait dire que la transition entre la tradition et la modernité n’a pas été bien faite ; nous devrions retenir les bonnes règles traditionnelles et les améliorer par rapport à l’évolution de notre civilisation.

La période de la modernisation de notre population que je peux citer a commencé avec la colonisation. À cette époque, des jeunes ont été choisis par le colon pour être des soldats sous le regard impuissant de leurs parents; ces jeunes ont été formés pour aller en guerre. Après cette phase de formation militaire des jeunes africains, il y a eu l’arrivée de l’école de « l’homme blanc ». Ces écoles étaient soit initiées par les colons, soit par les religieux. La plus part des soldats et des élèves burkinabés étaient initiés aux traditions avant de partir. Cette double expérience vécue par ces jeunes a forcément fait d’eux, une autre catégorie d’Hommes. Car ils sont à cheval entre la tradition et la modernité ; les règles de discipline nouvelles étant venues s’ajouter. Ces nouvelles règles étaient ignorées par l’autre couche de la population qui n’a eu accès à l’école.

Après l’indépendance, nous avons eu des régimes qui s’inspiraient de ces deux réalités pour créer une philosophie du développement de la nation burkinabé, et ce, jusqu'à l’avènement du 15 octobre 1987. Un avènement sur lequel, la population n’a pas eu la même compréhension et il fallait pourtant gouverner et la faire adhérer au processus. Selon le public cible, différentes méthodes ont été utilisées pour convaincre la population. Ce qui l’a poussé à adhérer. À partir de ce moment, une philosophie d’éducation de la population devait être mise en place pour mettre en confiance la population, encourager une bonne éducation, la sociabilité, l’intégrité, le patriotisme etc. Malheureusement, les stratégies utilisées telles que la violence, la corruption, les détournements des biens publics, la gabegie, le népotisme, le clientélisme, l’intimidation, l’installation de la psychose de la peur pour faire adhérer le peuple burkinabè au système n’ont pas facilement  permis de cultiver ces valeurs sociales du Burkina Faso d’autrefois et d’améliorer significativement la qualité de l’éducation.

Le résultat de ce système est l’incivisme croissant dans le pays. On a assisté à des détournements et à des crimes impunis par certains responsables. La justice est taxée de complice ou d’impuissante dans cette situation. Le phénomène récurent, c’est de se faire justice soit même. En effet, lorsqu’un accident causé par un véhicule survient, le véhicule est immédiatement brûlé. Dans les conflits agriculteurs/ éleveurs, on constate des pertes de vies humaines et de bien matériels. Les évènements de 2008 contre la vie chère, ceux de 2011 sont aussi illustratifs : feux tricolores cassés, véhicules et bâtiments incendiés etc.  

Depuis 1987, certaines personnalités burkinabés comme Joseph KI-ZERBO, Laurent BADO, Bénéwendé SANKARA, Etienne TRAORÉ, Hama Arba DIALLO, Norbert TIENDÉBRÉOGO… ont refusé de suivre le navire. D’autres tels que Zéphirin DIABRÉ, Ablassé OUÉDRAOGO… ont adhéré croyant influé à un moment donné positivement le système. Ils ont été débarqués ou ont quitté. Les plus patients qui ont résisté pensant toujours à un changement positif et qui finalement n’avaient plus d’espoir, ont fini par quitter. Ils se retrouvent aujourd’hui dans le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP).

Mon cri de cœur ! Hommes politiques, religieux et de la société civile, vous êtes sollicités à créer une philosophie nouvelle qui permet de conscientiser le peuple en commençant par les dirigeants pour que l’intégrité dont nous nous réclamons, soit une réalité. Nos ancêtres ne comprendrons pas qu’à leur temps, ils l’ont défendu et qu’à notre tour, femmes et hommes civilisés, nous n’y arrivons pas.

Lors du passage du président américain Barak OBAMA au Ghana, il a dit que l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes. Ceux qu’il appelle à mon avis, hommes forts ne sont pas à confondre aux leaders. MOBUTU était un homme fort mais Nelson MANDELA, Martin Luther KING, Mahatma GANDHI étaient des leaders. Ce sont eux qui créent les institutions fortes. Ce type de leaders, nous en avons besoin au pays des Hommes intègres. Ils ont l’habitude de créer des institutions fortes et éclairent tout le monde afin que chacun soit à un niveau de compréhension pour la cause commune. Pour MANDELA, le bonheur est pour tout le monde, mais le malheur est à combattre si possible pacifiquement.

Ouagadougou, le 04 août 2014

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
Skype:dadilotbf52                                                                                   
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vendredi 18 juillet 2014

Ce que je pense de la 19e réunion du COS-Coton

J’ai participé en tant que représentant de l’AProCA à la 19e réunion du COS-Coton qui s’est ténue à Bruxelles du 02 au 03 juillet 2014. Il s’agissait essentiellement de faire le bilan des dix ans de partenariat entre l’Union européenne et les pays ACP, et d’examiner l’état des lieux de la mise en œuvre du Programme de consolidation du cadre d’action pour le partenariat UE-Afrique sur le coton. Ce programme vise à contribuer à l’amélioration durable de la compétitivité, de la valeur ajoutée, et de la viabilité des filières cotonnières africaines, de manière à optimiser l’impact sur le revenu des producteurs. Dans ce sens, les principales activités des organisations professionnelles régionales (AProCA, ACA, ACTIF, MoZaZiMa) ont fait l’objet de communications par leurs représentants respectifs. Au cours de la présente réunion du COS-Coton, la question des négociations commerciales sur le coton à l’OMC a été également abordée. Unanimement, l’assemblée a souhaité que ces négociations se poursuivent.

Dans l’agenda de la 19e réunion du COS-Coton, figurait également  la tenue de la 2e réunion du Comité de Pilotage du Programme d’appui à la consolidation du cadre d’action pour le partenariat UE-Afrique sur le coton. L’examen de l’évolution des indicateurs de résultats  (IOV) du Programme a révélé qu’ils sont dans un état de progression satisfaisant dans l’ensemble à la date du 30 juin 2014. En effet, les stratégies régionales coton sont opérationnelles au niveau national et coordonnées en approche panafricaine. Le renforcement des  capacités des associations professionnelles cotonnières en termes de planification et de suivi de mise en œuvre des stratégies est dans une bonne perspective.  En revanche beaucoup d’efforts restent à faire quant à la compétitivité interne et à la viabilité des filières cotonnières africaines. L’amélioration de la productivité, de la qualité du coton et l’accroissement de la valeur ajoutée par l’augmentation de la transformation sur place sont des réceptacles solides pour atteindre ces objectifs.

En tant que représentant de l’AProCA, j’ai suivi avec intérêt les débats sur la transformation du coton. Pour le représentant de la CEDEAO, l’Afrique ne doit pas continuer à produire le coton et à l’exporter.  Le coton africain doit être transformé en Afrique.
En tant que producteur, j’ai également soulevé le problème des intrants agricoles, essentiellement celui de l’engrais. On m’a toujours dit que le problème de la transformation est le travail des sociétés privées. Pourtant, pour moi, l’Afrique est le seul continent dont je sais qu’il a la matière première pour fabriquer l’engrais sur place, mais qui continue à l’importer. La majeure partie de ces matières premières sont exportées vers l’occident pour être transformées, pour, ensuite, revenir en Afrique. C’est l’exemple du phosphate au Togo. J’ai assisté à une rencontre de l’Union africaine à Banjul pendant que  Alpha Omar KONARÉ était à la tête de l’Union. Au cours de ladite réunion, il avait rappelé les chefs d’États africains sur leur engagement, datant depuis 1981, à fabriquer l’engrais pour les producteurs.

Par rapport à cet engrais made in Africa et à la transformation du coton africain, le président du COS-Coton a proposé  de regrouper les acteurs africains en Afrique pour faire une réflexion sur ces deux sujets. Un des participants, tout en étant d’accord avec cette proposition, a dit que pour la transformation du coton africain, il y avait des exemples de pays qui le faisaient déjà (Éthiopie, Ouganda, Afrique du sud,...). Par ailleurs, il pense que la concrétisation de la transformation  du coton africain en Afrique n’est qu’une question  de volonté du politique de chaque pays africain. L’intervention de ce dernier m’a fait penser à  la Tunisie quand j’y étais de passage en 2012. De l’aéroport à l’hôtel, j’ai discuté avec le taximan. Je lui ai posé la question « qu’est-ce qui avait suscité les mouvements ?». Il m’a dit que les raisons principales du soulèvement étaient que l’économie du pays était dans la main de la famille présidentielle. Chaque société privée qui envisageait s’installée dans le pays devait donner 50% de son capital à la famille présidentielle sans qu’elle ne paie un sou.  Cela veut dire que 50% du bénéfice des sociétés privées lui reviennent automatiquement. Voilà un exemple qui existe un peu partout en Afrique et qui empêche le privé de s’installer pour la transformation des produits agricoles africains.

Dans chaque pays africain, un privé qu’il vienne de l’extérieur ou de l’intérieur du pays, s’il veut s’installer, est obligé de faire de la particularité en faveurs des gouvernants. Cela démunie la rentabilité du privé. Souvent les privés ne sont même pas libres dans le recrutement de leur personnel. Ils doivent parfois favoriser les proches des gouvernants alors que, pour être rentable, une société  professionnelle privée  doit avoir une bonne gouvernance en s’appuyant sur de la compétence capable de faire le boulot et d’être rentable. On me dira que dans beaucoup de pays développés ou en voie de développement, il y a aussi des « soudoiements ».  Mais il est évident que si ces pays se développent, c’est que la proportion d’ingérence du politique dans la mise en place et le fonctionnement des entreprises privées est faible. De même, si  dans la transformation des produits agricoles africaines, les gouvernants veulent se remplir les poches individuellement, la population demeurera pauvre et sans emploi. Or, il  y a de la place pour l’installation d’entreprises professionnelles capables de résorber le problème d’emploi des jeunes en Afrique.

Je souhaite que les chefs d’États africains se démarquent de cette façon de faire, pour permettre la promotion et le développement des entreprises privées compétitives et capables de valoriser  qualitativement et durablement les produits agricoles et les ressources naturelles.

Ouagadougou, le 10 juillet 2014

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
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jeudi 10 juillet 2014

Ce que je pense de la crise politique au Burkina Faso

Le samedi 31 mai 2014 a eu lieu le meeting du CFOP au stade du 04 août à Ouagadougou. L’objectif était de sensibiliser et de conscientiser les militants  des partis de l’opposition politique burkinabé sur son refus à la modification de l’article 37, à la mise en place du sénat et le refus d’aller au referendum. Malgré un certain nombre de montages pour démobiliser les militants qui venaient au terrain, nous avons rempli le stade du 04 août.  Les artistes qui ont intervenus ce jour sur le terrain du 04 août étaient des artistes burkinabè engagés pour la même cause.

Les différents représentants des partis politiques ont tour à tour intervenu. Pendant leurs interventions, l’adhésion des militants à cette cause se faisant sentir par des bruits assourdissants. L’engouement des militants à la contribution financière demandée par le président du CFOP m’a également surpris positivement ; contrairement aux habitudes du CDP qui partage l’argent à ses militants pour mobiliser la population.

Le 21 juin 2014 un  autre meeting a été organisé sur le même terrain ; mais cette fois-ci par le CDP. Nous avons vu des paysans qui ont été transportés depuis les villages. Des grosses sommes ont été surement débloquées pour cela. Des artistes  des pays voisins ont été invités, surement sur contrat, pour animer ce jour au stade du 04 août. Nous savons que l’invitation des artistes étrangers visait à  attirer la jeunesse curieuse de les découvrir. Selon les villageois, le discours des dirigeants du CDP était : « nous allons modifier l’article 37, nous allons mettre en place le sénat et pour cela nous allons faire le referendum. Toute personne qui s’opposerait à cela verra les conséquences ».

À entendre les villageois, ils pensaient qu’on les appelait pour les expliquer comment résoudre les problèmes qu’ils vivent au village. Étant à l’orée de la campagne agricole, certains ont cru qu’on parlera de comment leur trouver de l’engrais. Malheureusement ce meeting censé sensibiliser la population était plutôt un meeting de  menaces. Comme les militants sont venus par localités, ils ont donc commencé à se retirer par groupes. Les jeunes qui étaient également présents pour voir ces artistes n’étaient pas également intéressés par ce discours. Cet écart d’objectifs entre les jeunes dans le stade et le parti au pouvoir s’est manifesté par un stade de 04 août à moitié vide pendant le discours du secrétaire générale du CDP.

Je pense donc que si les deux groupes devraient faire des démonstrations de force, le CDP devrait tirer une bonne leçon sur le fait que la population n’est pas d’accord avec elle dans sa vision. Cela n’est pas nouveau. Nous l’avons constaté lors du CCRP où c’était le pouvoir qui s’était déplacé vers les populations dans leurs localités. Les résultats étaient que le peuple burkinabè s’était opposé à ces aspects. L’idée que je me fais en analysant ces deux meetings, est que le président Blaise  COMPAORÉ qui  s’était engagé à mettre de côté tout ce que la population n’a pas accepté au CCRP, qui a toujours prôné le respect de ses engagements, doit savoir se réserver et se fier à ce que le peuple burkinabè veut. S’engager à se retirer du pouvoir en 2015 ne lui fera que des honneurs. Laisser la liberté aux burkinabè de choisir librement leurs dirigeants n’est qu’un devoir pour lui.

Le 24 mai 2014, nous avons appris la mort du juge Salif NÉBIÉ.  Les premières informations que nous avons eues nous faisaient dire qu’il a été purement et simplement assassiné. Par la suite un médecin légiste à été dépêché de la France pour faire l’autopsie. Nous ne savons pas les closes officielles ou officieuses des accords avec ce médecin mais tout porte à savoir que le médecin  français connaissait à l’avance les résultats auxquels il est parvenu à l’issue de l’autopsie avant de venir au Burkina Faso.

Quand je vais dans les villages, les villageois me posent les questions « comment ont-ils fait encore pour tuer ? Qu’est-ce qu’il a fait ce juge? Ces questionnements sous-entendent que même au village, les gens se disent qu’il a été assassiné. Cela me fait penser au proverbe du camarade Roc Marc Christian KABORÉ  le 06 avril 2014 lors du meeting du congrès du MPP  qui dit: « tu n’as qu’à beau habiller un cheval, ses testicules restent dehors ». J’ai donc peur de la confiance du peuple burkinabè à ses dirigeants qui se dégrade de jour en jour.

Je souhaite que le président Blaise COMPAORÉ sache que la situation est dangereusement floue. Médiateur qu’il est, je ne l’apprends rien en lui disant que pour qu’une bonne médiation réussisse, il faut qu’il ait un premier qui offre quelque chose. Au Burkina Faso, je pense que ce que le peuple demande, c’est une transition pacifique à travers laquelle le président Blaise COMPAORÉ remerciera le peuple burkinabè de l’avoir accompagné pendant son règne.

Ouagadougou, le 10 juillet 2014
           
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
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vendredi 27 juin 2014

Ce que je pense de l’invitation prévue en début août 2014 des chefs d’États africains par le président Barack OBAMA aux États-Unis.

Lorsque le président Barack OBAMA a été élu le 04 novembre 2008, cela avait suscité la réaction de beaucoup d’africains, croyant que le fait qu’il a une origine africaine, qu’il allait aider l’Afrique pour qu’un certain nombre de situations changent en faveur de la population. À l’époque, l’Amérique était dans une situation économique et sociale  difficile. Le premier mandat de OBAMA a permis aux américains de comprendre qu’il est l’homme de la situation. Les américains l’on offert un second mandat.

Lors du décès du président Nelson MANDELA, OBAMA dans son discours a montré que Nelson MANDELA était son idole. Cela veut dire qu’un chef d’État 100% africain peut également mener de bonnes actions. Dans ses discours, OBAMA est allé plus loin. Selon ma  compréhension, il avait dit qu’il ne peut pas comprendre que Nelson MANDELA soit apprécié par les chefs d’États africains et que cela n’ait pas un effet sur le  comportement  de tous ces chefs d’États.

Je souhaite que tous les chefs d’États invités fassent le déplacement. Je connais déjà 50% du discours que OBAMA tiendra devant eux. Si moi, je le sais en tant que paysan, c’est que la majorité des chefs d’États africains qui iront au rendez-vous le savent. Je souhaite que les chefs d’États africains aient le courage du changement avant de partir. Cela est nécessaire pour  mieux comprendre le discours de OBAMA. Je sais que si le président OBAMA leur promet  des milliards, aucun chef d’État africain n’oubliera cette promesse. Comme il a démontré sa capacité à transformer un pays dans une situation difficile en une situation favorable dans un grand pays comme les États-Unis, nos chefs d’États doivent lui prêter l’oreille par rapport à son expérience de gestion.

Au Burkina Faso, nous avons bénéficié de l’appui des États-Unis par le biais du Millenium Challenge. Toute la population burkinabè a vu et apprécié positivement la rigueur avec laquelle les américains ont voulu que les travaux soient exécutés. Cela veut dire que la doctrine du peuple américain a toujours été la rigueur et la perfection.

Parallèlement à l’invitation  des chefs d’États africains, la société civile est également invitée. Je trouve que la prise en compte de la société civile dans ce grand événement est une bonne initiative car aux États-Unis le pouvoir est orienté par la population. Il faut que la société civile africaine apprenne également à orienter les décideurs africains vers une rigueur dans la gestion.

À la fin de son dernier mandat, le président Barack OBAMA sera un ancien chef d’État américain. Je suis convaincu que l’expérience du président OBAMA sera un trésor pour le monde entier. Cela lui permettra d’entamer une autre carrière. Même si sa tête commence à blanchir, il restera jeune par rapport à certains chefs d’États. Cette jeunesse lui donnera plus de temps que Nelson MANDELA pour être utile au monde entier.

Ouagadougou, le 27 juin 2014
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabè,
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dimanche 22 juin 2014

Ce que je pense de la mise en œuvre de la stratégie coton-textile dans l’UEMOA

Les 11, 12, 13 juin 2014, j’ai participé en tant que représentant de l’AProCA, à la quatrième réunion du Comité de Suivi de la mise en œuvre de la stratégie coton-textile dans l’UEMOA.  Chaque  pays membre de l’UEMOA était représenté y compris les partenaires techniques et financiers. Cette rencontre organisée par la Commission de l’UEMOA à Koudougou avait essentiellement pour objectif de soumettre à la validation, la version actualisée du document de la stratégie pour la compétitivité de la filière coton-textile dans l’UEMOA, de faire au Comité de Suivi, le point de la mise en œuvre des recommandations de la troisième réunion et des activités prévues au titre du 1er trimestre  2014.

Dans la nouvelle stratégie adoptée, la vision des participants est de transformer annuellement 25% de la fibre produite dans l’Union à l’horizon 2025. Parmi les recommandations faites pour atteindre cet objectif, figure  la création d’un Fonds d’Investissement coton-textile (Fonds COTEX). Ce fonds apportera un appui financier aux PME et PMI  tout en prenant en charge la mise en place des conditions assouplies d’accès au crédit des acteurs de la filière coton-textile par la BOAD. Selon les participants, la promotion de l’artisanat dans l’espace UEMOA est une condition sine qua non pour la concrétisation de la transformation.  

En tant que représentant  de l’AProCA qui a participé aux différents débats sur le coton depuis 2003, je n’arrive pas à comprendre que nos États s’engagent en 2003 pour transformer annuellement 25% de la fibre à l’horizon  2010 et que le constat aujourd’hui en 2014, est que la transformation a même baissé puisque les usines textiles continuent à se fermer. Je me suis poser la question « C’est sur la base de quelle analyse ils avaient pris la décision »  car c’était à une période où on demandait aux autres de faire des efforts. C’est dans ce sens qu’il y a eu l’initiative de Paris où plusieurs partenaires se sont engagés à accompagner la filière cotonnière africaine.

Outre la cherté de l’énergie en Afrique, la formation de la main d’œuvre qualifiée, le problème de la vente des friperies en Afrique a été également cité comme difficulté. Alors que je pense que l’achat de la friperie par la population n’est que lié à la pauvreté. Tant que le nombre de pauvres va augmenter dans nos pays, les friperies seront toujours achetées au détriment du textile africain. Je sais qu’au village lorsque les gens ont l’argent, chacun veut se rendre chez le tailleur pour coudre un habit ou acheter un prêt-à-porter.

Tant que les engagements comme la lutte contre la pauvreté, le désenclavement en infrastructures et en énergie seront un effet de mode pour endormir la population, on va toujours continuer à pousser les années et nos politiques continueront à régner pendant que la population croupie dans la pauvreté. Depuis plusieurs années, j’ai fait cette interpellation sur l’énergie qui devrait être la chose la plus facile à acquérir en Afrique car les fleuves, le soleil et le vent qui peuvent produire de l’énergie propre et moins cher, sont monnaie courante sur le continent.

De nos jours l’Afrique compte environ un milliard de personnes. Les transformateurs du textile dans les autres continents savent que c’est un grand marché. Tant que la transformation du coton fibre africain ne sera pas une vraie volonté politique des dirigeants africains, l’Afrique continuera à être nourri, habillé et véhiculé par l’extérieur. Pourtant c’est en Afrique qu’il y a les ressources convoitées par le monde.

Dans les grands pays producteurs de coton comme les États-Unis, l’Inde et la Chine,  la raison principale de transformer le coton était d’abord d’habiller leur population. C’est lorsque cet objectif a été atteint qu’ils ont commencé à exporter. Grâce au fonctionnement des usines qui transforment les produits agricoles,  le problème de l’emploi a été  largement résolu dans ces pays. Il faut donc que nos dirigeants arrêtent de parler de création d’emplois pendant qu’ils ferment des usines. La question de l’emploi en Afrique ne pourrait être résolue durablement qu’avec l’installation d’industries compétitives sur le continent. La seule manière pour changer les choses en Afrique, est que désormais les populations doivent interpeller les dirigeants au lieu que les dirigeants prennent des engagements pour les flatter.

Ouagadougou, le 22 juin 2014
TRAORÉ B. François,
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mardi 17 juin 2014

Ce que je pense des héros Burkinabè

J’ai effectué une mission de l’AProCA du 14 au 20 mai 2014 à Paris. Après les séances de travaux, j’ai eu une promenade qui m’a amené devant l’hôtel de ville de Paris. Mon premier constat et ma stupéfaction fut l’édifice construite. Je me suis alors demandé combien de temps a été mis pour réaliser cette œuvre. Un parisien m’a dit que ce qui est important à savoir, c’est de connaître que c’est une œuvre commune des savants qui se sont succédés pour  obtenir ce résultat. J’ai bien observé l’édifice et j’ai vu que tous les héros qui se sont battus pour la souveraineté et le développement de la France ont leur monument érigé en leur mémoire sur le mur de l’hôtel de ville (de Paris). Pour un africain comme moi, ces sculptures sont très importantes, car dans nos traditions les enfants étaient éduqués à partir des réussites de nos ancêtres ; ce qui leur donnait plus du courage pour affronter la vie.

Des photos de la mairie de Paris  présentant quelques héros de la France

C’est autour des années 60 que les pays africains ont commencé à accéder à leur indépendance. Or depuis lors, l’Afrique a eu des Hommes qui se sont battus pour la liberté, l’épanouissement de l’africain et pour son développement. Mais très souvent, selon les différents changements de pouvoir ces hommes sont mis dans des oubliettes forcées. En Guinée Bissau, j’ai découvert un exemple palpable, le monument du héros Amilcar Lopes CABRAL a été confectionné par un pays ami, mais le chef de l’Etat l’a caché et c’est après sa mort que son successeur l’a exposé. Ce monument est aujourd’hui une grande référence pour la jeunesse du pays. Il constitue un élément important qui attire les touristes.

Au Burkina Faso, nous pouvons citer l’exemple de Daniel Ouezzin COULIBALY et de Thomas SANKARA pour ne citer que ceux-ci. Ce sont des citoyens dont nous entendons tous parler et louer à l’extérieur. Ceux qui ont édifiés les monuments des héros sur l’hôtel de ville de Paris ne devraient pas comprendre que ces Héros burkinabè n’aient pas leurs monuments dans les lieux importants du pays des Hommes intègres. Je demande pourquoi ne valorisons-nous pas nos héros pour galvaniser nos enfants ? L’effort est plutôt fait pour qu’on les oublie. 

Tout récemment le tribunal burkinabé s’est déclaré incompétent pour exhumer la tombe du président Thomas SANKARA pour une autopsie ; ce qui pourrait faire la lumière sur l’authenticité de sa tombe et compléter son histoire. Cela me pousse à ne pas comprendre quelques mots dans la juridiction burkinabé: incompétent, non-lieu, irrecevable. Tous ces faits ne permettent pas à ce que l’histoire soit bien utilisée. Si le capitaine SANOGO du Mali était un burkinabè, on aurait trouvé les mots pour l’acquitter.

Au Burkina Faso, c’est le refus de reconnaître l’effort fourni, la qualité des Hommes, qui a abouti à la création du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP). Le Burkina Faso doit reconnaître ses héros et valoriser les compétences.

Ouagadougou, le 17 juin 2014
TRAORÉ B. François,
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lundi 2 juin 2014

Ce que je pense de la mission de l’AProCA en France pour rencontrer ses partenaires du coton bio équitable et équitable.

Délégué par le président de l’Association des Producteurs de Coton africains (AProCA), j’ai été membre d’une équipe qui s’est rendue en France du 14 au 20 mai 2014. Cette équipe  était constituée de monsieur Louka CISSÉ président de MOBIOM, monsieur Siaka DOUMBIA de HELVETAS et de moi-même président d’honneur de l’AProCA. L’objectif de la mission était de rencontrer les partenaires du coton bio équitable et équitable.  Nous avons été reçus par la structure MAX HAVELAAR, notre partenaire de longue date en matière d’accompagnement à la commercialisation du coton bio équitable et équitable.

Le 15 mai 2014 nous avons participé à des rencontres à travers lesquelles nous avons compris que beaucoup de structures françaises  ont le désir de tisser un partenariat avec les acteurs de ce système de production en Afrique. Des campagnes de sensibilisation et de conscientisation sont organisées en France pour faire comprendre à l’opinion nationale et internationale la nécessité de consommer responsable. Pour ces structures rencontrées, consommé responsable veut dire penser à soutenir celui qui produit. En effet, elles estiment que le producteur doit non seulement vivre de sa production tout en nourrissant toute la société mais aussi préserver l’environnement grâce à l’accompagnement dans la promotion d’un système de production durable.

Après cette première journée, plusieurs rencontres ont eu lieu avec MAX HAVELAAR. Ce partenaire de longue date a reconnu  qu’il y a eu des difficultés  dans sa mission d’accompagnement à la commercialisation. C’est pourquoi dans le souci de donner un nouvel dynamisme à cette activité, MAX HAVELAAR, a mis en place une nouvelle équipe   qui s’est donnée comme mission d’aider réellement à écouler toutes les productions des cotonculteurs africains dans ce système. Cet engagement de ce partenaire nous a donné une satisfaction morale car nous nous souvenons que dans  le passé la mévente du coton bio équitable et équitable avait découragé beaucoup de producteurs africains de ce système, entrainé  des conflits dans des familles et avait aggravé l’exode rural.

Nos partenaires de MAX HAVELAAR nous ont  rassuré que c’est un nouveau partenariat qui vient de naître entre eux  et les producteurs de coton africains dans ce système. Aucun grain de coton ne doit plus rester dans la main du producteur et ils souhaiteraient que la sueur du producteur soit compensée par ses revenus en lui payant le prix annoncé au début de la campagne et au bon moment. En tant que représentant des producteurs de coton africains, j’ai réaffirmé notre engagement à produire le bon coton bio équitable et équitable.

En résumé, cette mission a eu le bénéfice de permettre aux producteurs de coton africains et à MAX HAVELAAR de reconstituer la confiance pour permettre un bon partenariat. Au nom des producteurs de coton africains, je remercie tout le personnel de MAX HAVELAAR  et j’encourage leur engagement à  soutenir les cotonculteurs africains. Je remercie également l’Agence Française de Développement (AFD) qui nous accompagne financièrement dans ce système de production et les rassure que nous sommes parties pour du bon. Vive le coton bio équitable et équitable !

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
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 BURKINA FASO