jeudi 10 juillet 2014

Ce que je pense de la crise politique au Burkina Faso

Le samedi 31 mai 2014 a eu lieu le meeting du CFOP au stade du 04 août à Ouagadougou. L’objectif était de sensibiliser et de conscientiser les militants  des partis de l’opposition politique burkinabé sur son refus à la modification de l’article 37, à la mise en place du sénat et le refus d’aller au referendum. Malgré un certain nombre de montages pour démobiliser les militants qui venaient au terrain, nous avons rempli le stade du 04 août.  Les artistes qui ont intervenus ce jour sur le terrain du 04 août étaient des artistes burkinabè engagés pour la même cause.

Les différents représentants des partis politiques ont tour à tour intervenu. Pendant leurs interventions, l’adhésion des militants à cette cause se faisant sentir par des bruits assourdissants. L’engouement des militants à la contribution financière demandée par le président du CFOP m’a également surpris positivement ; contrairement aux habitudes du CDP qui partage l’argent à ses militants pour mobiliser la population.

Le 21 juin 2014 un  autre meeting a été organisé sur le même terrain ; mais cette fois-ci par le CDP. Nous avons vu des paysans qui ont été transportés depuis les villages. Des grosses sommes ont été surement débloquées pour cela. Des artistes  des pays voisins ont été invités, surement sur contrat, pour animer ce jour au stade du 04 août. Nous savons que l’invitation des artistes étrangers visait à  attirer la jeunesse curieuse de les découvrir. Selon les villageois, le discours des dirigeants du CDP était : « nous allons modifier l’article 37, nous allons mettre en place le sénat et pour cela nous allons faire le referendum. Toute personne qui s’opposerait à cela verra les conséquences ».

À entendre les villageois, ils pensaient qu’on les appelait pour les expliquer comment résoudre les problèmes qu’ils vivent au village. Étant à l’orée de la campagne agricole, certains ont cru qu’on parlera de comment leur trouver de l’engrais. Malheureusement ce meeting censé sensibiliser la population était plutôt un meeting de  menaces. Comme les militants sont venus par localités, ils ont donc commencé à se retirer par groupes. Les jeunes qui étaient également présents pour voir ces artistes n’étaient pas également intéressés par ce discours. Cet écart d’objectifs entre les jeunes dans le stade et le parti au pouvoir s’est manifesté par un stade de 04 août à moitié vide pendant le discours du secrétaire générale du CDP.

Je pense donc que si les deux groupes devraient faire des démonstrations de force, le CDP devrait tirer une bonne leçon sur le fait que la population n’est pas d’accord avec elle dans sa vision. Cela n’est pas nouveau. Nous l’avons constaté lors du CCRP où c’était le pouvoir qui s’était déplacé vers les populations dans leurs localités. Les résultats étaient que le peuple burkinabè s’était opposé à ces aspects. L’idée que je me fais en analysant ces deux meetings, est que le président Blaise  COMPAORÉ qui  s’était engagé à mettre de côté tout ce que la population n’a pas accepté au CCRP, qui a toujours prôné le respect de ses engagements, doit savoir se réserver et se fier à ce que le peuple burkinabè veut. S’engager à se retirer du pouvoir en 2015 ne lui fera que des honneurs. Laisser la liberté aux burkinabè de choisir librement leurs dirigeants n’est qu’un devoir pour lui.

Le 24 mai 2014, nous avons appris la mort du juge Salif NÉBIÉ.  Les premières informations que nous avons eues nous faisaient dire qu’il a été purement et simplement assassiné. Par la suite un médecin légiste à été dépêché de la France pour faire l’autopsie. Nous ne savons pas les closes officielles ou officieuses des accords avec ce médecin mais tout porte à savoir que le médecin  français connaissait à l’avance les résultats auxquels il est parvenu à l’issue de l’autopsie avant de venir au Burkina Faso.

Quand je vais dans les villages, les villageois me posent les questions « comment ont-ils fait encore pour tuer ? Qu’est-ce qu’il a fait ce juge? Ces questionnements sous-entendent que même au village, les gens se disent qu’il a été assassiné. Cela me fait penser au proverbe du camarade Roc Marc Christian KABORÉ  le 06 avril 2014 lors du meeting du congrès du MPP  qui dit: « tu n’as qu’à beau habiller un cheval, ses testicules restent dehors ». J’ai donc peur de la confiance du peuple burkinabè à ses dirigeants qui se dégrade de jour en jour.

Je souhaite que le président Blaise COMPAORÉ sache que la situation est dangereusement floue. Médiateur qu’il est, je ne l’apprends rien en lui disant que pour qu’une bonne médiation réussisse, il faut qu’il ait un premier qui offre quelque chose. Au Burkina Faso, je pense que ce que le peuple demande, c’est une transition pacifique à travers laquelle le président Blaise COMPAORÉ remerciera le peuple burkinabè de l’avoir accompagné pendant son règne.

Ouagadougou, le 10 juillet 2014
           
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
Skype:dadilotbf52   
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