Le 14 Juin 2016, j’ai assisté à une
conférence tenue à Ouagadougou sur le thème « science, innovation et entreprenariat pour le développement ».
Organisée par l’Institut Internationale d’Ingénierie de l’Eau et de
l’Environnement (2IE), le conférencier était le français Arthur RIEDACKER,
Directeur de recherche honoraire (INERA), Président de l’Institut Oïkos pour le
Développement Soutenable. Le professeur RIEDACKER a axé son intervention sur
les résultats du COP21 qui s’est tenu à Paris sur le changement climatique.
Selon lui, les pays se sont engagés à réduire l’échauffement du climat. Pour ce
qui est du domaine de l’agriculture, l’Afrique pourrait augmenter les rendements
de ses différentes cultures en utilisant au maximum les intrants adaptés (Semence,
engrais…) aux conditions agro-climatiques. Il est connu que l’Afrique est le
continent qui est en retard dans ce domaine. Pendant que certains agriculteurs
dans le monde utilisent 600 kilogrammes à 1tonne d’engrais pour récolter plus
de 10 tonnes de produit à l’hectare, plus de la moitié des agriculteurs
africains n’ont pas accès à ces intrants. Ce qui fait que le rendement moyen
par hectare est entre 01 à 02 tonnes et souvent moins d’une (01) tonne. Plus la
population africaine va augmenter, plus les défriches de nouveaux champs vont
augmenter et cela va jouer sur les forêts et par ricochet le climat.
Pour ce qui concerne l’utilisation de ces
intrants à bonne dose, l’Afrique pourrait monnayer cela en demandant aux pays développés
de l’appuyer pour l’obtention maximum de ces intrants qui permettent
d’augmenter le rendement. Si en utilisant les intrants adaptés, on peut
produire 05 à 10 tonnes de céréales à l’hectare, avec le rendement actuel « sans
intrants » en Afrique, pour produire 10 tonnes de céréales, il faut défricher
05 à 10 ha de forêt. Si l’humanité veut que l’Afrique préserve une partie de
ses forêts, il faut qu’elle accepte accompagner les agriculteurs africains financièrement
et techniquement pour qu’ils puissent nourrir
sa population et se développer.
Le Professeur recommande pour la suite des négociations
du COP21, que l’Afrique face participer des ingénieurs agronomes qui maitrisent
très bien le domaine de production pour mieux défendre la cause des
agriculteurs africains. Pour lui certains ONG flattent les agriculteurs
africains en les orientant vers la production biologique ; un système de
production où l’utilisation des engrais chimiques est proscrite. Or avec la
production biologique, l’Afrique ne peut plus atteindre sa souveraineté
alimentaire. C’est pour cette raison que j’ai toujours dit que l’origine de l’Agriculture, c’est de pouvoir se nourrir
et l’Afrique est un des rares continents qui importent une grande partie de sa
nourriture. Par exemple, de grandes quantités de riz, de blé, d’huile…, sont
importées chaque année pour compenser le déficit alimentaire et nutritionnel. Les
cultures de rentes comme le coton et le cacao sont cultivées pour avoir de
l’argent.
Je
me rappelle de quelques questions qui ont été posé au professeur
notamment : est-ce que l’Afrique doit continuer à produire le coton, le
cacao, le café qui sont des produits de l’exportation ? Est-ce qu’en
production pluvial on peut augmenter les rendements comme on veut ? Sa réponse
est que ces productions nous apportent des devises qui nous permettent
d’acheter des produits manufacturés et si on arrêtait de les produire on aura
rien à vendre à l’extérieur pourtant on voudra acheter beaucoup de produits
manufacturés à l’extérieur (les habits). Mon avis par rapport à ces questions
posées au professeur par des burkinabés, c’est que l’agriculture est basée sur
le besoin de l’homme. Non seulement notre climat est adapté à ces cultures citées
précédemment mais elles font partie du besoin de l’homme. À titre d’exemple on
me dit que l’origine du café est de l’Éthiopie. À mon avis non seulement je
souhaite qu’on augmente les rendements pour pouvoir se nourrir mais aussi
augmenté le rendement des produits à l’exportation qui nous permet d’avoir des
devises à l’extérieur. Il suffit tout simplement que la commercialisation de
ces produits-là soit faite dans les règles de l’art, qu’il n’y ait pas de
l’exploitation de l’homme par l’homme, ces produits doivent être même transformés
avant d’être exporté.
Pour ce qui est de la question sur les
cultures pluviales on peut belle et bien augmenter les rendements en utilisant
la bonne semence adapté à notre pluviométrie actuelle et la bonne dose
d’engrais. Beaucoup de pays développés continuent à produire par la pluie. La
preuve est que souvent on attend parler
de sécheresse qui a ravagé les plantes en occident. À mon avis il faut
effectivement l’irrigation en Afrique ce qui n’exclut pas qu’on puisse
augmenter nos rendement même en pluvial. Je termine en félicitant l’université
2ié pour avoir invité le professeur et je remercie le professeur pour ses
analyses dont nous devons nous approprié pour pouvoir exister et non figurer.
En tant que
Président d’honneur du syndicat des Agriculteurs du Burkina
Ouagadougou, le 24 juin 2016
François B. TRAORE
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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