vendredi 24 juin 2016

Ce que je pense de l’augmentation des rendements agricoles en Afrique



Le 14 Juin 2016, j’ai assisté à une conférence tenue à Ouagadougou sur le thème « science, innovation et entreprenariat pour le développement ». Organisée par l’Institut Internationale d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2IE), le conférencier était le français Arthur RIEDACKER, Directeur de recherche honoraire (INERA), Président de l’Institut Oïkos pour le Développement Soutenable. Le professeur RIEDACKER a axé son intervention sur les résultats du COP21 qui s’est tenu à Paris sur le changement climatique. Selon lui, les pays se sont engagés à réduire l’échauffement du climat. Pour ce qui est du domaine de l’agriculture, l’Afrique pourrait augmenter les rendements de ses différentes cultures en utilisant au maximum les intrants adaptés (Semence, engrais…) aux conditions agro-climatiques. Il est connu que l’Afrique est le continent qui est en retard dans ce domaine. Pendant que certains agriculteurs dans le monde utilisent 600 kilogrammes à 1tonne d’engrais pour récolter plus de 10 tonnes de produit à l’hectare, plus de la moitié des agriculteurs africains n’ont pas accès à ces intrants. Ce qui fait que le rendement moyen par hectare est entre 01 à 02 tonnes et souvent moins d’une (01) tonne. Plus la population africaine va augmenter, plus les défriches de nouveaux champs vont augmenter et cela va jouer sur les forêts et par ricochet le climat.

Pour ce qui concerne l’utilisation de ces intrants à bonne dose, l’Afrique pourrait monnayer cela en demandant aux pays développés de l’appuyer pour l’obtention maximum de ces intrants qui permettent d’augmenter le rendement. Si en utilisant les intrants adaptés, on peut produire 05 à 10 tonnes de céréales à l’hectare, avec le rendement actuel « sans intrants » en Afrique, pour produire 10 tonnes de céréales, il faut défricher 05 à 10 ha de forêt. Si l’humanité veut que l’Afrique préserve une partie de ses forêts, il faut qu’elle accepte accompagner les agriculteurs africains financièrement et techniquement pour qu’ils puissent  nourrir sa population et se développer.
Le Professeur recommande pour la suite des négociations du COP21, que l’Afrique face participer des ingénieurs agronomes qui maitrisent très bien le domaine de production pour mieux défendre la cause des agriculteurs africains. Pour lui certains ONG flattent les agriculteurs africains en les orientant vers la production biologique ; un système de production où l’utilisation des engrais chimiques est proscrite. Or avec la production biologique, l’Afrique ne peut plus atteindre sa souveraineté alimentaire. C’est pour cette raison que j’ai toujours dit que l’origine  de l’Agriculture, c’est de pouvoir se nourrir et l’Afrique est un des rares continents qui importent une grande partie de sa nourriture. Par exemple, de grandes quantités de riz, de blé, d’huile…, sont importées chaque année pour compenser le déficit alimentaire et nutritionnel. Les cultures de rentes comme le coton et le cacao sont cultivées pour avoir de l’argent. 

            Je me rappelle de quelques questions qui ont été posé au professeur notamment : est-ce que l’Afrique doit continuer à produire le coton, le cacao, le café qui sont des produits de l’exportation ? Est-ce qu’en production pluvial on peut augmenter les rendements comme on veut ? Sa réponse est que ces productions nous apportent des devises qui nous permettent d’acheter des produits manufacturés et si on arrêtait de les produire on aura rien à vendre à l’extérieur pourtant on voudra acheter beaucoup de produits manufacturés à l’extérieur (les habits). Mon avis par rapport à ces questions posées au professeur par des burkinabés, c’est que l’agriculture est basée sur le besoin de l’homme. Non seulement notre climat est adapté à ces cultures citées précédemment mais elles font partie du besoin de l’homme. À titre d’exemple on me dit que l’origine du café est de l’Éthiopie. À mon avis non seulement je souhaite qu’on augmente les rendements pour pouvoir se nourrir mais aussi augmenté le rendement des produits à l’exportation qui nous permet d’avoir des devises à l’extérieur. Il suffit tout simplement que la commercialisation de ces produits-là soit faite dans les règles de l’art, qu’il n’y ait pas de l’exploitation de l’homme par l’homme, ces produits doivent être même transformés avant d’être exporté.

Pour ce qui est de la question sur les cultures pluviales on peut belle et bien augmenter les rendements en utilisant la bonne semence adapté à notre pluviométrie actuelle et la bonne dose d’engrais. Beaucoup de pays développés continuent à produire par la pluie. La preuve est que souvent on  attend parler de sécheresse qui a ravagé les plantes en occident. À mon avis il faut effectivement l’irrigation en Afrique ce qui n’exclut pas qu’on puisse augmenter nos rendement même en pluvial. Je termine en félicitant l’université 2ié pour avoir invité le professeur et je remercie le professeur pour ses analyses dont nous devons nous approprié pour pouvoir exister et non figurer.

En tant que Président d’honneur du syndicat des Agriculteurs du Burkina

Ouagadougou, le 24 juin 2016

François B. TRAORE
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com   

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