jeudi 10 mai 2018
CE QUE JE PENSE DE L’INSECURITE ALIMENTAIRE AU BURKINA FASO
En septembre j’avais fait le bilan de la campagne et ce bilan faisait
ressortir un certain nombre de difficultés. Pour ce qui est des céréales, les
difficultés étaient l’irrégularité des pluies et l’apparition des chenilles
légionnaires. Les conséquences sont que le maïs a pris un grand coup, ainsi que
les autres céréales. Ce sont ces conséquences qui aujourd’hui amènent
l’insécurité alimentaire dans plusieurs familles burkinabè. J’encourage donc le
gouvernement burkinabé pour ses initiatives en faveur de ces familles. En tant
qu’agriculteur, cette situation m’amène à une réflexion professionnelle pour
qu’un pays à plus de 80% agriculteur en finisse définitivement avec ce problème
d’insécurité alimentaire. Dans les normes pour nourrir un homme pendant 365
jours il faut moins de 300 kg de céréales mais je ferai le calcul avec 300 kg. Au
Burkina Faso, on dit qu’il y a 16 millions d’habitants, il faut donc environ 4 800 000
tonnes pour nourrir les 16 millions. Au Burkina, hors mis le coton, les autres
cultures sont à plus de 4 000 000 d’hectares. Si nous prenons le maïs
et que nous le produisons sur 1 million d’hectares, avec un rendement de 4
tonnes à l’hectare (à titre d’information, au Canada, ils ont plus de 10 tonnes
par hectares et souvent ils vont à 14) nous serons à 4 millions de tonnes de
maïs. Il reste toujours 3 millions d’hectares sur lesquels il y aura du riz,
mil, du sorgho, des légumineuses etc. Nous savons aussi que rendement du riz
est élevé. En améliorant les rendements de ceux-ci tout le monde sait qu’on
peut y produire plus de 800 000 tonnes. Le Burkina peut donc être en
excédent à chaque année et arrêter définitivement l’importation du riz, du maïs
et autres produits alimentaires. Au Canada le maïs est produit pour l’élevage,
ils ne peuvent pas comprendre qu’on puisse manquer de céréales pour nourrir les
hommes. La différence entre eux et nous c’est l’utilisation de la technologie
qui est aujourd’hui à la portée de tout le monde car nous avons aussi des
chercheurs. Je me contente de citer quelques technologies qui peuvent faire
changer l’agriculture au Burkina. Je commence par la vraie semence améliorée
pour tout le monde et je sais de quoi je parle, des vrais fertilisants de
qualité (engrais), des pesticides adaptés, de la fumure organique, continuer
l’amélioration du matériel agricole. Il faut aussi mettre en place des
coopératives crédibles. Tout cela bien respecté, le Burkina ne peut être
qu’excédentaire. J’ai toujours été pour l’importation de la technologie et son adaptation
et je serai toujours contre l’importation des excédents des autres qui nous
envoient souvent ce qu’ils ne veulent pas. Je conclus en disant que nous devons
tirer la leçon de cette année pour dire plus jamais l’insécurité alimentaire au
Burkina. Les aléas ont toujours existé et continuent à exister mais l’humain
est assez intelligent pour réagir, s’adapter et même prévo
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