lundi 30 décembre 2013

Ce que je pense de la 2e réunion du Comité Consultatif Régional des Filières Agricoles au sein de l’espace UEMOA



Délégué par le président, j’ai représenté l’AProCA du 19 au 20 décembre 2013 à la 2e réunion du Comité Consultatif Régional des Filières Agricoles au sein de l’espace UEMOA à Ouagadougou. Depuis quelques années, l’UEMOA et ses pays membres ont choisi un certain nombre de filières (Mais, Coton, Riz, Aviculture, Bétail-viande) en vu d’accompagner les producteurs dans la production et la commercialisation pour améliorer leurs revenus. Cette rencontre a permis de faire le bilan de ce qui a pu être fait.

En matière d’organisation, la filière coton a été citée comme la mieux structurée même si à ce niveau il y a toujours des efforts à faire pour l’amélioration des rendements et l’augmentation des revenus des producteurs. Les autres filières ont quelques débuts de structuration ; tantôt c’est à partir des producteurs à la base que ça commence, tantôt c’est à partir de certaines grandes structures paysannes au niveau régional que ça commence pour descendre aux producteurs.  Les États membres de l’UEMOA reconnaissent cet état de fait tout en démontrant quelques efforts dans leur programme d’activité, dans la fourniture de semences améliorées, engrais et matériel agricole aux producteurs.

A mon avis, le choix de ces filières a été une évolution parce qu’en matière de commerce, pour que l’Afrique ait sa place dans cette mondialisation et dans l’Agriculture, il faut qu’elle puisse produire et vendre à l’intérieur et au-delà du continent. Malheureusement depuis le choix de ces filières, il n’y a pas eu suffisamment de progrès qui a amélioré la commercialisation des produits agricoles. J’ai l’impression que les pays de l’UEMOA pensent avoir le temps alors que moins on est organisé dans les filières, plus on constitue le marché d’autres producteurs.

Pour moi, la meilleure organisation d’une filière commence par la maîtrise de la bonne semence, la mise en place d’un bon circuit d’approvisionnement en intrants (semence, engrais, pesticides...) et en matériel agricole. Pour mieux vulgariser ces bonnes semences, il faut avoir nécessairement une bonne structuration des acteurs à la base. Cette bonne structuration facilite l’accompagnement technique et la commercialisation.

Pour la réussite de cela, il faut que l’agriculteur à la base soit bien conscientisé pour son intérêt à s’organiser et à une discipline de collaboration entre agriculteurs pour respecter les règles. Cette discipline est également valable entre les agriculteurs et leurs partenaires.
Les États doivent jouer pleinement leur rôle d’accompagnement à cette structuration et éviter la politisation de ces organisations de producteurs parce que les régimes peuvent passés et les organisations restent. Quant  à l’UEMOA, elle doit accompagner les initiatives nationales d’organisation des filières et accorder une attention particulière aux structures régionales de producteurs issues de ces  organisations nationales.

Aussi, l’UEMOA doit conscientiser ses États membres sur le fait qu’aucun pays africain ne pourra développer l‘Agriculture sans avoir une statistique fiable de ses agriculteurs. Si vous posez la question sur le nombre d’agriculteurs dans une filière donnée à un ministère de l’Agriculture dans nos pays, il ne pourra pas vous répondre.  C’est cela qui fait que c’est les projets qui manipulent les plans d’action dans nos pays.

Nous participons ainsi à des modifications perpétuelles des orientations de l’Agriculture et cela nous fait faire du surplace. Les progrès que les pays de l’UEMOA veulent atteindre en Agriculture en choisissant d’accompagner ces filières ne se sentiront que quand cela va augmenter le revenu du producteur à la base. D’ailleurs pour maintenir la jeunesse dans le milieu rural, pour un vrai développement régionale, il faut que le milieu rural s’enrichisse et que ces populations rurales vivent décemment de leur travail.

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail:dadilotbf52@yahoo.fr                                                                                         
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 BURKINA FASO

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