dimanche 14 avril 2013

Ce que je pense du partenariat entre l’AProCA et l’UEMOA


Dans l’esprit de l’initiative coton, sur appui de l’Union Européenne, l’Association des Producteurs de Coton Africains (AProCA) a reçu un financement de l’UEMOA qui a servi à financer les formations sur l’Université du Coton (UdC). L’AProCA après sa création, a fait  un plan d’action dont l’essentiel était axé sur la formation continue de tous ceux qui travaillent dans le secteur coton. L’AProCA avait compris que malgré sa lutte contre les subventions, que la filière cotonnière avait des efforts à faire dans l’organisation et dans l’acquisition de capacités professionnelles des acteurs. C’est ainsi que l’Université Polytechnique de Bobo (l’UPB) a été choisie comme siège de l’université du coton. En collaboration avec les autres universités des pays membres de l’AProCA, L’UPB a organisé ces différentes sessions de formation et pour accompagner les acteurs dans leur vision. Pour certains à l’époque, cette initiative n’avait pas de sens.
Selon eux, les producteurs n’avaient pas les connaissances suffisantes pour comprendre les professeurs d’université ; pour eux les agents des sociétés cotonnières sont tous passés par les universités avant d’être employés, ils n’ont donc pas besoins de ces formations. D’autres ne savaient pas non plus le plus que ces formations pouvaient apporter. Ils ignoraient certes la valeur de la formation continue et la nourriture du capital humain pour être efficace et efficient. Alors que les producteurs et les sociétés cotonnières étaient déjà dans l’action. Dans les universités, on parle des actions passées et des actions possibles futures. Donc pour nous l’université du coton était belle et bien bénéfique pour les acteurs sur le terrain et bénéfique pour les universités africaines parce qu’elles seront en contact direct avec des acteurs.
Dans cet esprit une « formation » pour les professeurs de l’université du coton s’est tenue à Bamako. Quelqu’un nous dira comment nous, nous pouvons imaginer formez des professeurs ? Cette formation à pourtant permis à ce que les professeurs harmonisent leurs méthodes de transmission du savoir et d’approches dans le milieu des acteurs en fonction. Cela a été aussi une occasion pour les professeurs d’écouter les producteurs dans leur vision de collaboration souhaitée entre eux et leurs partenaires, les sociétés cotonnières et l’Etat. Cela a été l’occasion de mesurer la portée de lier la théorie à la pratique et vice versa.
Par là, nous nous disons que le développement de l’Afrique passera forcement par le fait que  les penseurs éducateurs éduquent et enseignent dans le sens de la résolution des problèmes des acteurs dans leurs métiers. Cette formation a permis également de faciliter les autres formations. C’est ainsi qu’a eu lieu à Douala au Cameroun la formation des cadres des sociétés cotonnières à laquelle ont pris part quelques producteurs membres de l’AProCA pour partager leurs expériences avec ces cadres.
   

  

                                                              Photo des participants à la formation de Douala

Ces cadres sont la plupart chargés dans les différents services des sociétés cotonnières, de former et d’encadrer les agriculteurs sur les différents itinéraires techniques de la production cotonnière; de former également dans l’esprit coopératif et des techniques pour mieux communiquer.

                                                                           Photo des trois facilitateurs 

A la fin de cette formation de Douala, j’ai compris que, passé le temps pendant plusieurs années à dire que les producteurs ne respectent pas l’itinéraire technique, ne nous faisait pas avancé. Il faut revoir la méthode qu’on a utilisée pendant longtemps, changer le message et les mentalités de part et d’autres. Le rôle d’un formateur, c’est de changer des habitudes négatives, d’amener à briser les paradigmes. C’est le plus qu’il peut apporter. Le formateur n’est utile que lorsqu’il arrive à faire revenir un producteur à la raison.
Une autre formation s’est tenue à Ouagadougou, elle concernait les dirigeants des structures  des producteurs membres de l’AProCA et leurs techniciens accompagnateurs. Cette formation s’est basée sur l’organisation, commercialisation et recherche des marchés, l’esprit coopératif, les difficultés qui font que les rendements baissent, la gestion des conflits dans les organisations...
A la fin de cette formation, ma compréhension pour un dirigeant, c’est d’être utile, de se préoccuper du bien être de l’agriculteur à travers l’accompagnement de ses efforts. Pour bien accompagner les efforts de l’agriculteur, il faut que les agriculteurs soient bien conscients. Donc, un dirigeant doit être exemplaire, un modèle de producteur. Ainsi, il se fera respecter par ceux qui l’on élu et se faire écouter par ses partenaires également.
Une quatrième formation a concerné les chefs de services formateurs des sociétés cotonnières et des chefs de services formateurs des structures de producteurs de coton plus quelques dirigeants producteurs à Cotonou. A cette formation la qualité de la formation, l’identification des besoins de formation, le management, l'andragogie, les techniques de communication, les techniques de rédaction des termes de références et gestion des dossiers d’appel d’offre ont été fortement discutés. En plus des questions transversales ont été débattues. D'autre part, la prise de conscience de l’identification des besoins de formation réelles, et celui de l’itinéraire technique ont été capitales. Il a été reconnu que la composition de l’engrais préconisé n’est pas souvent adaptée à la terre ; à cause de la crise de la filière dans les années passées, les sociétés se sont souvent contentées des compositions standards qui ne permettent pas un amendement cohérent sur certaines terres. Alors continuer à dire à un producteur qu’il ne respecte pas les itinéraires techniques, n’est pas forcement le problème.
En conclusion, ces formations ont démontré qu’une réflexion approfondie dans chaque filière pour un changement de comportement, de mentalité de chaque acteur dans les filières est nécessaire. L’UdC, si elle n’existait pas, elle devrait être créée. Permettre à des acteurs de pays différents et de sociétés différentes de discuter des mêmes problèmes et d’échanger sur leurs expériences a été salutaire. Voilà l’intérêt de l’université du coton qui a aussi permis aux professeurs de ces universités d’avoir l’occasion de mettre leurs savoirs pédagogiques au service des acteurs et de prendre aussi en compte les savoirs paysans.
Les débats que ces professeurs d’université ont suscité entre les acteurs leur permettent désormais d’utiliser ces informations dans les universités. Cela fait que dorénavant, les professeurs pour certains exemples, ne vont pas amener les étudiants à se plonger dans les livres ou à n’aller que sur internet ; ils peuvent désormais mieux orienter leurs étudiants vers les acteurs de terrain. C’est cette cohérence qui fera faire bouger la machine économique africaine un jour.
C’est l’occasion pour moi de dire merci à l’UEMOA et ses partenaires de l’UE; de leur dire qu’ils ont fait une bonne œuvre dans laquelle je souhaite une continuité. Je souhaite que d’autres partenaires emboîtent leur pas en entendant que les différentes filières puissent s’autofinancer pour ces genres de formations pour un capital humain digne de ce nom.
Ouagadougou, le 13 avril 2013
TRAORE B. François,
 www.francoistraore.blogspot.com                                                                                            
 Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa.
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16 25



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