dimanche 21 avril 2013

Ce que je pense de l’orpaillage clandestin


Ces dernières années, l’orpaillage clandestin a pris de l’ampleur en Afrique de l’ouest. Dans ces sites d’orpaillage, on y trouve des enfants de 7 à 12 ans. La majorité de ces enfants sont des enfants qui ont déserté l’école pour aller dans les sites d’orpaillage. Cela me fait réfléchir parce qu’il nous arrive souvent d’entendre parler de travail des enfants en Afrique. Ce sont les exploitations agricoles qui sont souvent indexées.
En réponse à cette interpellation des agriculteurs, il m’est arrivé de dire que l’agriculture dans une famille, est une école dans laquelle commence une partie de la formation de l’enfant. C’est ce qui fait que même étant allé à l’école, certains jeunes n’ont pas de problèmes à revenir vers la terre parce qu’ils y sont initiés. Mieux ne dit-on pas souvent qu’il y a inadéquation entre le système économique africain et le système éducatif ? Alors que  dans les sites d’orpaillage, rares sont les enfants qui y vont avec le consentement de leurs parents. Si les parents ont consenti, la raison ne peut être que l’extrême pauvreté. C’est pourquoi j’ai toujours dit qu’il est mieux de combattre la pauvreté à sa racine pour que les familles puissent mieux s’occuper de leurs enfants, que de combattre sa conséquence qui est le travail des enfants.
Ces enfants qui sont sur ces sites d’orpaillage, quand on leur pose la question pourquoi ils sont là, l’objectif n’est jamais cadré. Ils ont décidé seuls d’y aller et s’il leur arrive d’avoir de l’argent dans ces sites, ils ne font que ce qu’ils voient faire. Si les gens consomment la drogue ils vont la consommer ; s’ils voient les gens prendre de l’alcool, ils vont en prendre. Hormis les risques d’éboulement possible dans le travail d’orpaillage, ils reviennent majoritairement malades.
La lutte contre la pauvreté ne doit pas être de farce. Elle doit se sentir dans l’éducation, dans la formation et dans la vision. Dans les années 2000 pendant qu’on luttait contre les subventions internationales sur le coton, il m’est arrivé de dire à un journaliste que si le prix du coton restait si bas, qu’il était possible de retrouver des producteurs de coton parmi les terroristes. En 2013, parmi les prisonniers de guerre du Mali, il y a toutes les nationalités de la sous région. Il y a donc la possibilité de trouver des producteurs de coton parmi eux.
Ainsi par effet d’entrainement, les jeunes agriculteurs, quand ils quittent le milieu rural, ils vont dans les villes et prennent la place qu’occupent les jeunes chômeurs de la ville en se faisant payer à moitié prix. Ces jeunes chômeurs des villes se trouvent ainsi obligé d’aller vers l’occident. Dans cette traversée du désert, ils peuvent se faire recrutés par des terroristes et des trafiquants de drogue.
Nous savons tous que le commerce de la drogue et le terrorisme se font par les hommes très riches utilisant les hommes très pauvres. Celui qui détient l’argent manipule comme il veut celui qui est pauvre et qui est dans une situation difficile. Cela finit par être un problème mondial. Je trouve donc que l’Afrique et ses partenaires ont intérêt à combattre réellement la pauvreté dans sa racine.
Ouagadougou, le 21 avril 2013
TRAORE B. François,
 www.francoistraore.blogspot.com                                                                                          
 Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa.
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