dimanche 3 novembre 2019

CE QUE JE PENSE DU FORUM SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL DES SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES AGRICOLES (F-COOP)



J’ai été invité par l’entreprise MONT HOREB en partenariat avec l’UFR-Science Économique et Gestion de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody pour participer à la 1ère édition du forum scientifique international des sociétés coopératives agricoles (F-COOP), tenue à Abidjan du 29 au 30 octobre 2019. La méthode était que des invités étaient appeler à partager chacun une expérience réussie de coopérative agricole. Nous avons dans un premier temps écouté les expériences réussies par pays représenté. Ces expériences ont édifié toute l’assistance. Nous avions donc la preuve que les coopératives sont l’outil par excellence de développement de nos communautés et surtout dans des pays où la majorité de la population est rurale. À titre d’exemple au Maroc, une coopérative laitière a commencé avec 39 personnes et se retrouve avec plus de 4000 membres aujourd’hui, avec près de 900 véhicules de distribution et dont le chiffre d’affaire se compte à plusieurs millions de dina. Elle transforme et exporte ses produits. Cela a fortement lutté contre la pauvreté dans ces localités et a créé de l’emploie. Nous avons également senti que quand les acteurs s’organisent bien et se battent, cela facilite l’intervention de l’État et des partenaires au développement. Car il est difficile pour eux de suivre individuellement dans notre contexte, des ruraux. Nous avons également compris que les coopératives peuvent susciter la cohésion sociale. Elles peuvent même catalyser la protection de l’environnement pour les générations futures par le professionnalisme qui permet aux coopérants de réfléchir à court terme et à long terme.





Par la suite, nous avons fait un diagnostic général des coopératives dans la sous-région. Unanimement, il est ressorti que celles qui ont réussi étaient vraiment minoritaires. Malgré l’existence de loi OHADA relative aux sociétés coopératives qui oblige tout le monde à se conformer aux principes coopératives, la réalité est toute autre. Toute coopérative créée doit pouvoir résoudre les problèmes communs de ses membres. La première préoccupation d’une coopérative qui doit être l’augmentation des rendements, de la qualité des produits et des revenus du producteur, n’est pas toujours une réalité. C’est une des raisons fondamentales de la persistance de la pauvreté et de l’exode rurale. Ce constat nous a pousser à énumérer les différents problèmes récurrents qui minent ces coopératives agricoles : la mauvaise constitution de la coopérative dès le départ en mettant de côté les principes coopératives (racisme, religion, genre…), la mauvaise gouvernance qui est souvent due au mauvais choix des dirigeants, le non-respect des principes de l’économie qui prennent en compte les intérêts de tout le monde, le non-respect des principes sociaux qui mettent l’humain en valeur dans la société, l’accaparement des décisions par certains individus qui dirigent plusieurs années la coopérative au mépris des principes coopératives, l’influence négative de certains hommes politiques et partenaires, l’improvisation de certains partenaires au développement  qui suscitent la création de coopératives sans que les membres n’aient bien compris (cela pose souvent plus tard, le problème de l’appropriation), une mauvaise vision de l’avenir par une coopérative qui ne prépare pas la relève, l’insuffisance et la mauvaise orientation des appuis des États, le faible accès au crédit à taux réduit à court et à long terme, la problématique foncière. La liste n’est pas exhaustive. Nous devions donc faire des propositions d’amélioration de l’avenir de ces coopératives agricoles. À l’unanimité, nous avions tous la conviction que la porte de sorti du développement, c’est des coopératives bien gérées. Cela demande une réflexion et un accompagnement. L’engagement a été donc pris par les scientifiques et les professionnels, de continuer la réflexion et le partage d’expériences. Nous n’avons pas occulté que dans tous les pays et institutions africaines, il y’a toujours eu des initiatives. Mais la réalité est que la pauvreté persiste. Pour nous, la place existe pour les scientifiques et les professionnels que nous sommes, pour aider à influencer positivement ces coopératives agricoles. C’est l’occasion pour moi de remercier ceux qui ont réfléchis à initier et à organiser ce forum. Je remercie également les scientifiques qui se sont mis au même niveau que les professionnels sans tabou. Mes remerciements s’adressent également au ministère en charge de l’agriculture de la Côte-d’Ivoire qui s’est engagé à soutenir cette réflexion et a grandement ouvert la porte pour des échanges qui permettraient à l’Afrique de s’en sortir.

Ouagadougou, le 03 Novembre 2019

En tant que vétéran agricole

TRAORE François

Agriculteur burkinabé

Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux

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