lundi 18 novembre 2019

CE QUE JE PENSE DE LA CONTRIBUTION DES COUTUMES, CHEFERIES TRADITIONELLES ET RELIGIONS DANS LA BOUCLE DU MOUHOUN POUR LE VIVRE ENSEMBLE ET LE DEVELOPPEMENT



Du 16 au 17 novembre 2019, j’ai participé au forum régional des autorités coutumières, religieuses et leaders d’opinion sur la consolidation de la cohésion sociale dans la Boucle du Mouhoun, une des 13 régions du Burkina Faso dont je suis originaire. Cela a été l’occasion pour moi d’apprendre beaucoup avec ces illustres représentants de la société qui ne souhaitent tous que de vivre ensemble et en paix et surtout le développement en mettant en valeur toutes les potentialités que la boucle du Mouhoun a pour l’épanouissement de toute la population qui y vit et contribuer au développement du Burkina Faso.
Ici je me contenterai de rappeler tout ce qu’on m’a appris dans ma famille, dans mon village et dans plusieurs villages de cette région. Dans notre village, ce que mon père m’a dit, c’est que chaque famille mettait ses ancêtres comme intermédiaires entre elle et l’être suprême. L’objectif était à chaque fois la santé, la paix, de bonnes récoltes, la procréation et le bon voisinage. Et les hommes d’un certain âge de la famille suivaient cela scrupuleusement. La jeunesse était formée au fur et à mesure sur ces principes.
Après la famille, il y a le village, dans chaque village, il existait un chef de village qui venait souvent de la première famille qui s’y était installée ou était désigné sur un principe déterminé par le village. Au tour de ce chef de village étaient regroupés les représentants de chaque famille. Il y avait donc une collaboration qui permettait de donner une vision d’éducation et d’épanouissement dans ce village. A ce niveau, chaque village avait ses règles, ce qu’on avait le devoir de faire dans le village et ce dont on n’avait pas le droit. La préservation de l’environnement faisait partie de ces règles. Entre les villages, le mariage était un lien qui permettait de lier les villages, certaines coutumes également. C’est dans ce sens qu’il y avait la parenté à plaisanterie d’un village à l’autre ou d’une ethnie à l’autre. C’est ce qui fait que malgré quelques querelles qui existaient ils arrivaient à se faire la paix entre eux.
Il y a aussi eu les chefs de cantons, ceux-ci étaient installés par le colon pour se faire un relais dans la société et il est souvent arrivé que certains des désirs du colon ne soient pas ce que la société voulait. Mais ce qu’il y a de positif dans l’installation des chefs de cantons c’est que cela a regroupé plusieurs villages et au fur et à mesure la sagesse a pris le dessus et ces chefs de cantons sont devenus des repères qui résolvaient beaucoup de problèmes sociaux entre les villages.
Pour ce qui est des religions, musulmane et chrétienne, elles sont arrivées à des époques différentes et chaque communauté a pu constituer des groupes qui dépassaient le village, le canton et a permis d’avoir un lien international dans cette société. Chacune de ces religions prônaient la cohésion, la paix et le vivre ensemble. La particularité à ce niveau était que le mal ou le bien que l’on faisait sur terre, la grande récompense de ces actions se faisait après la mort. Si on fait le bien sur terre, on va au paradis et si on fait le mal, on va en enfer.
Je peux donc dire que la Boucle du Mouhoun a une richesse suffisante dans son passé qu’elle doit utiliser pour le bon vivre ensemble, la paix et le développement. Il y avait des terres et elles étaient fertiles, c’est pour cela qu’elle a été une région très accueillante de populations venant d’autres régions. Des cultures comme le sorgho, le mil, le coton, le maïs, l’arachide, le fonio… et l’élevage également y étaient développées. Ce qui a manqué, c’est la transformation industrielle au niveau local de ces produits, ce qui pourrait donner du travail à une bonne partie de la jeunesse scolarisée. Cela nécessite des coopératives viables pour ne pas que les agriculteurs soient trompés, ce qui faciliterait leur accompagnement. Pour cette transformation, le désenclavement serait également une nécessité   incontournable.
Pour ce qui est de l’environnement, les terres qu’on pensait inépuisables sont finies. Et comme il n’y a plus de place pour faire de nouvelles défriches, nous sommes obligés de rester plusieurs années sur les mêmes terres, ce qui appauvrit les terres. La persistance des feux de brousse contribue aussi à cet appauvrissement. Il y a donc un devoir de réhabilitation de cette fertilité. Et des techniques existent aujourd’hui dans ce sens. Cela nécessite seulement une prise de conscience avant qu’il ne soit trop tard. Si les japonais cultivent sur des montagnes et mettent de la terre sur leurs toits pour faire du maraichage, ils ne peuvent pas comprendre que nous ayons des terres et de l’eau et que nous n’utilisions pas les techniques qui existent pour augmenter nos rendements. On sait que l’augmentation des rendements, c’est l’augmentation des revenus. Je terminerai en disant que dans la Boucle du Mouhoun il y a des potentialités humaines et sociales pour le bon vivre ensemble et nous avons l’obligation de laisser cette région à nos enfants et nos petits-enfants, ce serait honteux que ce soit de la merde qu’on leur laisse. Alors que nos ancêtres selon la tradition, même après la mort se préoccupaient de nous. Les religions aussi nous obligent à éduquer nos enfants et à être utiles pour la société. J’en profite pour féliciter tous ceux ont initié l’organisation du cinquantenaire du décès de Nazi BONI sous le thème « Nazi BONI, héros national : Le défi de la pérennisation de ses œuvres ». Cet homme a montré l’exemple de fils intègre, nationaliste dont les actions ne font pas honte à sa famille. Car cela faisaient partie de notre tradition que ce grand homme exigeait. Bon vent à Boucle du Mouhoun, que Dieu bénisse le Burkina Faso.     

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