vendredi 21 juillet 2017

CE QUE JE PENSE DU 29ème SOMMET DE L’UNION AFRICAINE



            Du 03 au 04 juillet 2017, les chefs d’Etats africains se sont réunis pour discuter sur la vision à donner à l’union africaine. Une de leurs décisions qui a retenu mon attention est leur engagement pour l’autofinancement de cette union. Dans la tradition africaine, et même dans nos coutumes, la fierté a toujours été que son développement dépende de soi-même. C’est pour cela qu’avant que l’école ne soit, la combativité pour la dignité était enseignée dans toutes les familles. Le fait de taxer les produits importés, à mon avis, est aussi une bonne décision. Car l’Afrique est devenue un marché mondial de consommation et d’écoulement de toutes les surproductions manufacturées comme alimentaires. Dans cette compétition, cette taxe ne fera reculer aucun vendeur pour ce marché juteux. J’ai entendu des gens dire que cela pourrait faire augmenter les prix des produits en Afrique. Personnellement, je ne crois pas à cette analyse. Pour moi, c’est plutôt ceux qui n’accepteront pas cette taxe qui vont perdre leur marché au profit d’autres vendeurs.

            Après cette rencontre des chefs d’Etat africains, j’ai suivi un débat sur la Radio France Internationale (RFI) où des citoyens africains s’inquiétaient sur la question de gestion efficiente et sans couloir de ces fonds issus des taxes. Effectivement, le problème de la gouvernance est un grand handicap pour le développement en Afrique. Et moi je plante le décor en disant que plusieurs hommes politiques ne savent pas ce que signifie la bonne gouvernance. A mon avis, la bonne gouvernance n’est pas seulement financière, elle se trouve aussi dans la vision et le comportement. Quand un homme politique a une vision pour que sa nation se développe, il a automatiquement un comportement par lequel il s’assume avec des risques. Et l’exemple de Thomas SANKARA au Burkina Faso est typique pour illustrer mon argument. Thomas SANKARA savait que pour le développement, il fallait que nous travaillions dur en étant unis. Pour lui, il fallait bannir la corruption et les détournements ; seul le bon comportement de l’humain devait être sa valeur et non le copinage dans la malversation. Il savait aussi le risque qu’il prenait en ayant une telle vision. Cependant il a toujours dit à qui voulait l’entendre, qu’il était prêt à payer le prix pour sa nation et il l’a payé en perdant sa vie. L’autre fait également, est que Thomas SANKARA n’a pas été surpris par son sort. Par contre son successeur qui avait une vision contraire à la sienne s’est fait surprendre par le peuple après 27 ans de règne et se pose aujourd’hui la question à savoir « qu’est-ce qui est arrivé ? ». J’ai toujours dit qu’il y a une différence entre un homme intelligent et un homme malin. L’homme intelligent est celui qui sait que les sorts des humains sont liés, il sait bien que le malheur de quelqu’un peut être un jour le sien. L’homme malin est celui qui sait contourner les logiques, quand une chose est noire, celui-ci est capable de vous démontrez qu’elle est blanche, il dit ce qu’il ne fait pas et fait ce qu’il ne dit pas. Et le jour que les hommes se rendront compte qu’ils ont toujours été bernés, ils se révolteront contre lui. Aucun homme malin n’est à l’abri de cela.

            Il y a eu suffisamment de grands hommes dans le monde qui ont contribué à instaurer dans l’humanité cet équilibre qu’il vit aujourd’hui. En France, il y a eu le général DE GAULLES, aux États-Unis, il y a eu Martin Luther KING, en Inde il y a eu Mahatma GANDHI. En Afrique il y en a également eu ; mais certains africains n’ont pas du tout été compris : c’est le cas de Patrice LOMUNBA, Thomas SANKARA et Hamilcar CABRAL. Seul Nelson MANDELA, qui a beaucoup souffert, a fini par être compris et a démontré que les hommes sont égaux et doivent pouvoir vivre ensemble dans une symbiose afin que le développement soit pour tout le monde.

            J’attire donc l’attention de nos chefs d’États car je me donne l’espoir qu’ils peuvent faire le développement en évitant certains comportements. J’ai été particulièrement déçu du procès du vice-président de la Guinée Equatoriale pour ses biens en France. Avec tout le développement en Guinée Equatoriale dont parlent souvent certains médias, je pense qu’il n’avait pas besoin de tout cet investissement en France. S’il avait, à la rigueur, fait cet investissement dans un autre pays africain, il aurait créé de l’emploi pour la jeunesse africaine. L’ancien président américain Barack OBAMA vient de s’acheter une maison à Washington pour mieux suivre l’éducation et les études de ses filles et cela se comprend très bien. L’autre comportement que je ne comprends pas non plus est celui des anciens chefs d’États africains qui après le pouvoir s’installent en Europe. Être le Président d’un pays traduit logiquement l’amour qu’on porte à ce pays et après le pouvoir, on doit pouvoir s’y reposer paisiblement parce qu’on a bien travaillé pour son développement. Un griot malien dit qu’un homme de valeur doit avoir un comportement qui permet à tout le monde de savoir ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. Tous ces développements que je viens de faire font partie des réflexions à prendre en compte pour une bonne gouvernance. Les ressources naturelles de l’Afrique et la capacité intellectuelle qui y existe de nos jours doivent conditionner la bonne gouvernance pour le développement en Afrique.

En tant que citoyen Burkinabé
Ouagadougou, le 21 juillet 2017

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com

Aucun commentaire: