mercredi 21 juin 2017

CE QUE JE PENSE DE LA RENCONTRE ORGANISEE PAR L’ABBE SYLLA MATHIAS OUEDRAOGO AVEC 600 JEUNES VENANT DU DIOCESE DE KOUDOUGOU



Selon l’abbé Mathias OUEDRAOGO, religion et éducation pour le développement vont ensemble. Et il pense que pendant la période d’adolescence, si l’adolescent n’est pas bien informé et orienté dans le bon sens il peut mal appréhender la vie sociale et professionnelle, pour cela les adultes ont une responsabilité et un rôle à jouer dans cette orientation. Du 15 au 17 juin 2017, ensemble avec ses collègues, ils ont regroupé 600 jeunes, filles et garçons, élèves, étudiants et paysans, pour échanger avec eux sur la vie, écouter leurs préoccupations et leur donner des conseils. L’abbé Mathias OUEDRAOGO avait également repéré des hommes dont l’expérience pouvait éclairer les jeunes et leur permettre de poser des questions pour tirer leçon de cette expérience. Le ministre de la jeunesse, ayant été informé de cette initiative, a tenu à être personnellement présent et partager avec les jeunes la vision du gouvernement pour la jeunesse. Pour lui, il n’y a pas de développement sans une bonne éducation et formation des jeunes. Il a salué l’initiative et encouragé les jeunes à évoluer avec courage et discipline. En tant qu’agriculteur, j’ai été invité pour partager avec les jeunes sur mon expérience professionnelle et sociale. Moi qui ai été chef de famille à l’âge de 15 ans lorsque mon père avait perdu la vue, je sais bien ce que vaut l’expérience des adultes. J’aurais pu demander à mon père pourquoi il était devenu aveugle et pourquoi notre famille était pauvre. J’ai compris avec les conseils que toutes ces plaintes et ces revendications ne servaient à rien, on m’a plutôt encouragé à me battre en me disant que s’occuper de ses parents apportait des bénédictions à un jeune et que cette combativité, avec les bénédictions, pouvait m’ouvrir des portes à l’avenir. Je sais également qu’à cet âge, quand l’énergie déborde, la maitrise de soi pour l’écoute n’est pas facile. C’est donc très volontiers que j’ai échangé sur mon expérience avec ces jeunes tout en me rappelant que puisqu’on m’en a donné je dois également donner.

Mon intervention devait se baser sur le statut du jeune après l’insurrection. Pour moi, l’insurrection est venue du « ras le bol » de la population après 27 ans de mal gouvernance pendant lesquels la jeunesse était manipulée soit par la « carotte » ou par le « bâton ». Dans la fonction publique, la logique était de faire ce que la famille au pouvoir voulait. Le bon comportement et la qualité de l’œuvre d’un travailleur ne pouvaient plus le faire apprécier, un jeune qui n’était pas branché au réseau du régime était laissé pour compte. Quant au paysans, ils étaient flattés par des actions de forclore qui ne leur permettaient pas de bien valoriser leur énergie pour augmenter leurs revenus, il y avait plutôt des conflits permanents entre ces acteurs, souvent même créés par la politique. Cela a fait perdre l’espoir à toute la population et particulièrement à la jeunesse. C’est seulement l’insurrection qui était le passage obligatoire pour mettre fin à cette dérive et j’ai appelé cela la solution extrême. Après cette insurrection, il y a eu des élections et un nouveau gouvernement a été installé. A mon avis, le peuple burkinabé et sa jeunesse doivent se remettre des séquelles de la mauvaise gouvernance passée. Le patriotisme qui nous a conduit à nous révolter contre un régime qui nous emmenait vers la dérive doit aussi faire de nous des hommes intègres, aimant le travail et surtout celui bien fait dans une discipline sociale en tout temps et en tout lieu pour faire démarrer la machine du développement. Ce que nous constatons ce sont les grèves, l’incivisme, et souvent même l’indiscipline dans les familles, dans la rue, dans les écoles. A mon avis, cela ne nous emmènera pas au développement. Je suis conscient qu’il y a des choses à corriger dans la gouvernance pour que le tort subit par cette population ne revienne plus lui faire encore en subir. Et pour corriger ses séquelles, les mauvaises actions d’éclat ne sont pas la solution. Un peuple en voie de développement doit travailler à rattraper les autres qui se sont développés et pour les rattraper il faut plutôt des sauts qualitatifs, ceux-ci ne réussissent que quand nous les faisons tous ensemble dans la cohésion. Le Burkina a tout pour réussir car sa population est majoritairement jeune et c’est en ce sens que je trouve l’œuvre de l’abbé Mathias OUEDRAOGO salutaire car il veut que les adultes soient responsables pour aider les jeunes à être conscients au bon moment. Une jeunesse consciente qui utilise bien son énergie intellectuelle et physique, c’est avec elle que le Burkina peut se développer et je suis sûr qu’au Burkina il y aura le développement car ce n’est pas le courage qui manque au peuple burkinabé.
En tant que vétéran agricole Burkinabé
Ouagadougou, le 21 juin 2017

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com




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