mercredi 19 octobre 2016

CE QUE JE PENSE DE LA CONSTITUTION EN COURS D’ÉLABORATION AU BURKINA FASO



Sur ordre des 1ères autorités du pays, le Burkina Faso a entamé l’élaboration d’une nouvelle constitution afin de passer à la 5ème république. À cet effet, une commission constituée de représentants de la majorité au pouvoir, de l’opposition politique, de la société civile, de juristes et de constitutionnalistes, a été mise en place. Nous pouvons nous féliciter de la composition de cette commission car une nation, pour prospérer, a besoin d’une constitution adaptée. Nous souhaitons donc une bonne collaboration et complémentarité entre ces acteurs.
Au village, un de mes grands-pères, a proposé un jour en conseil de famille, d’immoler « sur les ancêtres », des porcs à la place des chèvres. En effet pour lui, le porc a plus de viande ; ce qui permettrait à toute la famille d’être bien servie. Un de ses conseillés a demandé si les ancêtres allaient accepter le sang du porc. Mon grand-père dans sa réponse a dit que c’est la cohésion entre eux les descendants que les ancêtres appréciaient ; que si eux qui étaient vivants s’accordaient tous sincèrement pour remplacer le porc par la chèvre, les ancêtres accepteraient leur offrande. Des images de cohésion de ce genre existent dans toutes les religions. C’est donc valable pour le développement et la paix sociale de tout un peuple.
Dans la perspective d’une paix sociale durable, une commission de réconciliation avait déjà été mise en place par la transition. Je trouve que l’initiative était très bonne; je souhaite également plein succès à cette commission. En effet, elle veut nous réconcilier sur le passé mais la constitution nous prépare pour le futur en tirant leçon du passé. Au Burkina Faso, nous avons déjà eu une journée nationale de pardon. La majorité de nos notables étaient habillés entièrement en blanc; des pigeons blancs ont été lâchés pendant cette journée décrétée en faveur du pardon entre fils et filles du Burkina. Mais en 2011, après les mutineries de l’armée, il y a eu un massacre inégalé des jeunes revendicateurs à Bobo Dioulasso. Ce sang a entaché les boubous blancs portés lors de la journée nationale du pardon passée ; les pigeons blancs ont disparu. Ces massacres ont continué jusqu’en 2014 et tout le monde connait la suite des faits.
Pour qu’une nation avance, il faut des règles pour tous et leur respect par tout le monde. La nouvelle constitution doit pouvoir mettre fin à l’hypocrisie. Par ailleurs, l’insurrection et les élections ont montré que le pouvoir est donné par le peuple; il doit désormais être exercé pour l’intérêt de l’ensemble du peuple burkinabé et non pour un « noyau ».
En tant que citoyen burkinabé
Ouagadougou, le 20 octobre 2016

François B. TRAORE
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com   

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