Depuis
le début de la transition, le Burkina Faso a entamé un virage très important
vers le développement de la population. Le Gouvernement de la transition, le Conseil
National de la Transition (CNT) et la Commission Electorale nationale Indépendante
(CENI) ont bien compris ce que veut le peuple et ont tous contribué, chacun en
jouant bien son rôle, au bon déroulement les élections présidentielles et législatives.
Le développement n’est possible que si chaque Burkinabè se sent acteur, concerné,
bénéficiaire. Cela demande une organisation. La formule d’organisation prévue
par la constitution au Burkina Faso, c’est la décentralisation. C’est dans cette
optique que les élections municipales sont prévues.
Dans
l’histoire du Burkina Faso, je me rappelle de deux formes de décentralisations :
celle de la révolution qui était illustrée par l’élection des CDR dont le côté positif
était de permettre à la population de prendre en main sa destiné en choisissant
ses dirigeants locaux. Quant à son côté négatif, la population n’avait pas
souvent su choisir les hommes qu’il faut. Il est donc arrivé que l’effet
contraire se produise ; c’est-à-dire que certains des élus ne travaillaient
pas dans l’intérêt général de la population. Après cette révolution, nous nous
sommes retrouvés dans une nouvelle forme de décentralisation avec des élections
municipales. Mais plus de 15 ans après la pratique de cette nouvelle forme, le
constat est que les résultats entendus par tous sont restés mitigés. Il y’a eu
bien sûr des réussites par endroit mais pour moi l’échec est majoritaire et
pire dans le milieu rural.
A
titre d’exemple, je connais une commune rurale qui se situe à près de 500
kilomètres de Ouagadougou. Cette commune a eu un Maire qui habitait à Ouagadougou
et qui pouvait faire souvent plus d’un mois sans aller dans sa commune. Quand une
ONG voulait aider la commune en termes d’investissements, le Maire qui devait signer
la convention exigeait que l’ONG paye ses frais de déplacement aller-retour (Ouaga-comnune-Ouaga).
Cette ONG était dans sa commune et lui à Ouagadougou. La décentralisation exige
des initiatives internes et volontaires. Or l’initiative interne nécessite une
connaissance de la localité, une présence effective et permanente, une
connaissance des mentalités de la population et une crédibilité. Pour cette crédibilité,
le choix des Conseillers doit être bien réfléchi en tirant leçon du passé sans
complaisance.
En
souvenir, le Président Barack OBAMA disait que l’Afrique n’a pas besoin
d’ « Hommes forts »
mais d’institutions fortes. Après ce message, parmi les commentaires que j’ai
entendus, certains disaient que sans « Homme
fort » l’Afrique ne peut pas se développer. À mon avis, ces personnes
ont confondu leader et « Homme
fort ». Pour un « Homme
fort », c’est lui seul qui doit émerger ; les autres sous ses
ordres. Il veut que les autres agissent strictement dans le sens qu’il veut. Au
Burkina Faso, on appelle celui-ci « un
mogo puissant ». Quant au leader,
c’est un serviteur ; un éclaireur
qui a une certaine longueur d’avance sur les autres et qui œuvre pour que tout
le monde comprenne car malgré son intelligence, sa détermination, tout seul il ne
fera pas avancer la société alors que c’est de cela qu’il s’agit. Dans tous les
villages et les communes du Burkina Faso, des leaders existent.
Un
ressortissant fonctionnaire qui souhaiterait accompagner sa localité en se
faisant élire comme Conseiller doit se rassurer qu’il passe plus de temps dans
la localité. Être Maire ne doit plus être un poste où un ressortissant cherche
à abuser de la population et des ressources de la commune. Pour les ressortissants
qui sont loin de leur commune d’origine, ils peuvent aider leur commune sans forcément
prendre la place de ceux qui peuvent être sur place. Je prends pour cela
l’exemple de la Bretagne en France. J’ai appris que c’est les ressortissants
cadres qui travaillent ailleurs qui se sont donnés la main et ensemble ils ont
soutenu ceux qui sont sur place. C’est ce qui fait que la Bretagne est devenue
une région exemplaire en matière de développement locale en France. La majorité
des industries selon mon information sur la Bretagne sont la propriété des
communautés et emploient directement les jeunes.
Je
souhaite désormais que les ressortissants fonctionnaires sachent que ce n’est pas
seulement quand on veut un poste politique qu’on doit s’intéresser au
village ; je ne dis pas aussi d’aller
au village pour partager de l’argent à la population mais partager des idées
pour la cohésion du village. Je souhaite donc que les élections municipales
prochaines soient bien réfléchies pour que la cohésion règne dans les villages
et les communes. Cette cohésion est le passage obligatoire pour le développement
tant attendue.
En
tant que Président d’honneur du syndicat des agriculteurs du Burkina (SYNA-B)
Ouagadougou,
le 11 décembre 2015
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16
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BURKINA FASO
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