Face
à la crise politique qui sévit au Burkina Faso, l’ancien président Jean Baptiste
OUÉDRAOGO et quelques personnes du collège des sages ont décidé de faire une médiation
entre les deux courants politiques. La
marche du 18 janvier 2014 de l’opposition a mobilisé une grande foule dans
beaucoup de villes burkinabè. Ce qui témoigne qu’une grande partie de la
population est avec l’opposition dans sa démarche.
Ces
médiateurs ont été critiqués. Les critiques portent sur le fait qu’ils se sont autosaisis,
d’autres pensent même qu’ils ont été suscités par le président du Faso. Quant à
moi, je trouve tout simplement que la médiation est une bonne chose dans la
société africaine. L’homme, à un certain âge, en face d’une situation de ce
genre autour de lui, doit pouvoir se poser la question « quelle doit être
sa contribution pour apaiser cette situation délicate ? ».
Après
quelques rencontres des médiateurs avec les deux tendances, l’opposition burkinabè
a demandé au parti au pouvoir (CDP) d’avoir l’aval du président du Faso pour qu’elle
soit sûre que le président est prêt à
appliquer toute recommandation s’ils venaient à s’accorder. Mais pour le
moment le parti au pouvoir refuge l’aval du président du Faso ;
l’opposition suivie de la population ne va également pas accepter qu’on parle
de deux ans de transition après 2015.
Nous avons également entendu des rumeurs que le président COMPAORÉ demanderait
deux ans de transition après 2015 pour achever ses chantiers. Ces deux
positions montrent la complexité de la démarche des médiateurs.
Dans
mon article précèdent, vu les difficultés que nous avons vécu depuis début
2011, à savoir mutineries, grèves, marches, explications, négociations, j’avais
fait la proposition que 2014 et 2015 soient des années de transition dirigées
par quelqu’un d’autre proposé en commun accord avec les deux partis. Cela
permettrait d’une part, au président COMPAORÉ de se retirer tranquillement et
d’aller se reposer et d’autre part, aux partis politiques de se préparer pour
que la politique ne soit plus des achats de conscience et des intimidations
mais qu’elle soit un vrai travail de conscientisation de la population.
Chacun
doit savoir que s’il doit avoir de l’argent, il doit le mériter par sa sueur et
que s’il doit voter, c’est parce que l’intérêt
de la bonne marche de son métier est pris en compte par un parti. Seul un bon
travail bien reconnu doit être bien rémunérer. Or dans la forme actuelle de la
politique, ce comportement est devenu rare. Selon le langage de rue au Burkina
Faso, si quelqu’un est branché au parti au pouvoir, il peut se permettre tout.
Même s’il fait reculer une boîte dans laquelle il est responsable, il peut être
décoré.
Dans
la démocratie actuelle, avec le système d’information internationale, la
population est permanemment informée sur la façon dont les choses se passent
dans les pays qui sont souvent cités comme exemple. Le président SARKOZY en
France n’a fait qu’un mandat et cela n’a pas empêché qu’il y ait des critiques
de gestion après lui. Le président OBAMA aux États-Unis est à son deuxième
mandat. Malgré cela, il y a certains de ses engagements qu’il n’arrive pas à
réaliser. Mais personne ne peut le tromper à chercher un troisième mandat.
Très
souvent l’argument utilisé en Afrique pour rester au pouvoir, c’est de dire
qu’il y a plusieurs chantiers que le président a commencé et que lui seul
peut achever. Dans ce monde moderne, cet
argument ne tient pas. En France, j’ai vu des maisons qui ont été construites
pendant plus de cinq cent (500) ans. L’analyse de cette manière de construire
montre que dans la tête de celui qui a entamé cette construction, il a prévu
que d’autres personnes puissent faire le bâtiment dans les règles de l’art après
lui. Comme j’ai eu la chance d’aller à l’école, je sais que quand le maître
donne des cours, c’est à plusieurs élèves. Dans un pays, les mêmes cours sont
donnés par plusieurs enseignants dans des classes équivalentes dans l’ensemble
du pays. Ce qui veut dire que ce l’on sait, beaucoup de gens le savent. C’est l’avantage
d’être des humains. Ce que l’on comprend, d’autres personnes peuvent également
le comprendre et même faire mieux.
Jésus
et Mohamed ont tous travaillé que dans un pays, eux avec qui Dieu a parlé. Par la
suite, leurs disciples ont pu faire rayonner de part le monde la parole que Dieu
les avait confiés. Cette flamme allumée ne s’éteindra plus. Le temps que le président
COMPAORÉ à fait au pouvoir de 1983 à nos jours, est presque l’équivalent de la
durée de vie de chacun de ces saints.
Je
pense donc que la chose la plus facile pour les médiateurs, c’est de dire à Blaise
COMPAORÉ d’aller se reposer et aux partis politiques d’être responsables car on
peut tout falsifier sauf l’histoire. Ce qu’on n’arrive pas à dire face-à-face à
quelqu’un aujourd’hui, va être creusé et exposé après dans l’histoire. Aucun
chef de famille ne souhaiterait que sa progéniture soit mal à l’aise face à
certaines révélations qui ne pouvaient pas se dire le « jour J ». J’ai
toujours dit que la paix est le résultat du passé et du présent. Les bonnes
décisions du présent peuvent aider à
oublier le passé. C’est ce qui doit être l’objectif principal de la médiation.
Je
souhaite bonne chance aux médiateurs et au Burkina Faso.
TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabè,
Docteur honoris causa
de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr
Skype:dadilotbf52
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16
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BURKINA FASO
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