dimanche 2 mars 2014

Ce que je pense de la médiation entre le parti au pouvoir et l’opposition burkinabè



Face à la crise politique qui sévit au Burkina Faso, l’ancien président Jean Baptiste OUÉDRAOGO et quelques personnes du collège des sages ont décidé de faire une médiation entre les deux courants politiques.  La marche du 18 janvier 2014 de l’opposition a mobilisé une grande foule dans beaucoup de villes burkinabè. Ce qui témoigne qu’une grande partie de la population est avec l’opposition dans sa démarche.

Ces médiateurs ont été critiqués. Les critiques portent sur le fait qu’ils se sont autosaisis, d’autres pensent même qu’ils ont été suscités par le président du Faso. Quant à moi, je trouve tout simplement que la médiation est une bonne chose dans la société africaine. L’homme, à un certain âge, en face d’une situation de ce genre autour de lui, doit pouvoir se poser la question « quelle doit être sa contribution pour apaiser cette situation délicate ? ».

Après quelques rencontres des médiateurs avec les deux tendances, l’opposition burkinabè a demandé au parti au pouvoir (CDP) d’avoir l’aval du président du Faso pour qu’elle soit sûre que le président est prêt à appliquer toute recommandation s’ils venaient à s’accorder. Mais pour le moment le parti au pouvoir refuge l’aval du président du Faso ; l’opposition suivie de la population ne va également pas accepter qu’on parle de deux ans  de transition après 2015. Nous avons également entendu des rumeurs que le président COMPAORÉ demanderait deux ans de transition après 2015 pour achever ses chantiers. Ces deux positions montrent la complexité de la démarche des médiateurs. 

Dans mon article précèdent, vu les difficultés que nous avons vécu depuis début 2011, à savoir mutineries, grèves, marches, explications, négociations, j’avais fait la proposition que 2014 et 2015 soient des années de transition dirigées par quelqu’un d’autre proposé en commun accord avec les deux partis. Cela permettrait d’une part, au président COMPAORÉ de se retirer tranquillement et d’aller se reposer et d’autre part, aux partis politiques de se préparer pour que la politique ne soit plus des achats de conscience et des intimidations mais qu’elle soit un vrai travail de conscientisation de la population. 

Chacun doit savoir que s’il doit avoir de l’argent, il doit le mériter par sa sueur et que s’il doit voter, c’est  parce que l’intérêt de la bonne marche de son métier est pris en compte par un parti. Seul un bon travail bien reconnu doit être bien rémunérer. Or dans la forme actuelle de la politique, ce comportement est devenu rare. Selon le langage de rue au Burkina Faso, si quelqu’un est branché au parti au pouvoir, il peut se permettre tout. Même s’il fait reculer une boîte dans laquelle il est responsable, il peut être décoré.

Dans la démocratie actuelle, avec le système d’information internationale, la population est permanemment informée sur la façon dont les choses se passent dans les pays qui sont souvent cités comme exemple. Le président SARKOZY en France n’a fait qu’un mandat et cela n’a pas empêché qu’il y ait des critiques de gestion après lui. Le président OBAMA aux États-Unis est à son deuxième mandat. Malgré cela, il y a certains de ses engagements qu’il n’arrive pas à réaliser. Mais personne ne peut le tromper à chercher un troisième mandat.

Très souvent l’argument utilisé en Afrique pour rester au pouvoir, c’est de dire qu’il y a plusieurs chantiers que le président a commencé et que lui seul peut  achever. Dans ce monde moderne, cet argument ne tient pas. En France, j’ai vu des maisons qui ont été construites pendant plus de cinq cent (500) ans. L’analyse de cette manière de construire montre que dans la tête de celui qui a entamé cette construction, il a prévu que d’autres personnes puissent faire le bâtiment dans les règles de l’art après lui. Comme j’ai eu la chance d’aller à l’école, je sais que quand le maître donne des cours, c’est à plusieurs élèves. Dans un pays, les mêmes cours sont donnés par plusieurs enseignants dans des classes équivalentes dans l’ensemble du pays. Ce qui veut dire que ce l’on sait, beaucoup de gens le savent. C’est l’avantage d’être des humains. Ce que l’on comprend, d’autres personnes peuvent également le comprendre et même faire mieux.

Jésus et Mohamed ont tous travaillé que dans un pays, eux avec qui Dieu a parlé. Par la suite, leurs disciples ont pu faire rayonner de part le monde la parole que Dieu les avait confiés. Cette flamme allumée ne s’éteindra plus. Le temps que le président COMPAORÉ à fait au pouvoir de 1983 à nos jours, est presque l’équivalent de la durée de vie de chacun de ces saints. 

Je pense donc que la chose la plus facile pour les médiateurs, c’est de dire à Blaise COMPAORÉ d’aller se reposer et aux partis politiques d’être responsables car on peut tout falsifier sauf l’histoire. Ce qu’on n’arrive pas à dire face-à-face à quelqu’un aujourd’hui, va être creusé et exposé après dans l’histoire. Aucun chef de famille ne souhaiterait que sa progéniture soit mal à l’aise face à certaines révélations qui ne pouvaient pas se dire le « jour J ». J’ai toujours dit que la paix est le résultat du passé et du présent. Les bonnes décisions du  présent peuvent aider à oublier le passé. C’est ce qui doit être l’objectif principal de la médiation.
Je souhaite bonne chance aux médiateurs et au Burkina Faso.

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabè,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
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