jeudi 17 mars 2011

Ce que je pense de la raison du retard de l’agriculture africaine.

 Comme je l’ai dit dans le premier texte du blog,  tous les peuples ont leur agriculture dans l’histoire. La formation en Afrique et précisément au Burkina, était basée sur l’expérience des anciens qui formaient les jeunes qui avaient suffisamment l’énergie. L’évolution de cette formation à amener la généralisation de certaines cultures adaptées à la région et selon le besoin d’alimentation par région. L’agriculture étant une activité physique et pénible, l’endurance faisait partie de la formation de la jeunesse. Cette formation d’endurance commençait depuis le bas âge. L’endurance consistait parfois  à mettre les jeunes en compétition dans le champ toute la journée sans repos dans certaines sociétés. Dans certaines ethnies, ces jeunes ne devaient jamais apercevoir le soleil avant d’être au champ ni renter au village avant la tombée de la nuit.  Cette formation  était en même temps l’école à travers l’initiation dispensée par les aînés. A environ 10 ans, ils savaient adapter l’apprentissage aux apprenants. L’agriculture et l’élevage étaient souvent deux activités qui se menaient ensemble. C’est ainsi que certains jeunes commençaient par le pâturage des chèvres et des moutons, d’autres chassaient les singes et les oiseaux dévastateurs des champs. Le jeune le faisait par nécessité et par amour. Les aînés  leurs inculquaient très tôt la fière de bien pratiquer le métier de leurs parents. Un éleveur traditionnel peul m’a dit qu’à l’âge de 10 ans, son oncle paternel au décès de son père a fait la répartition des bœufs. Dans la répartition il leur a donné les animaux de mauvaise qualité. Il a alors décidé d’aller rester dans la brousse avec ces animaux où il se nourrissait rien que du lait des vaches. Il y a passé10ans coupé de tout le monde pour permettre aux bœufs d’être bien nourris car, à l’époque, il y avait moins de champ. Seul son grand frère qui était resté au village venait quelques fois lui rendre visite. Pendant les dix ans le troupeau s’est multiplié par dix. Moi, je l’ai connu quand il avait 50 ans lors que ce troupeau était devenu la fierté de toute la famille.
La formation moderne dans l’encadrement des agriculteurs en Afrique a commencé un peu avant l’indépendance. Des centres de recherche ont été créés. L’essentiel était basé sur les cultures de rente comme l’arachide, le coton, le café le cacao. A l’époque, les agriculteurs ont utilisé deux systèmes de formation : le système traditionnel basé sur l’endurance et celui de l’encadrement technique moderne. Cela a fait prospérer un certain nombre  de cultures en Afrique, a également montrer aux agriculteurs qu’ils peuvent gagner à manger et avoir des revenus. Par la suite, la recherche s’est intéressée aux autres produits et cela n’a pas eu le même effet parce que la commercialisation des cultures de rente était organisée suite à leur développement grâce aux nouvelles techniques pratiquées, tandis que l’organisation des autres cultures n’était pas suffisante. Cela m’amène à penser que les formations traditionnelles basées sur l’endurance et l’amour du travail et la formation technique basée sur la manière de faire mieux et vite n’ont pas été bien utilisées en Afrique, c’est pourquoi cela n’a pas pu donner une vision du développement de l’agriculture africaine. A l’UGCPA où nos avions un partenariat avec les canadiens, nous avons envoyé un jeune en formation pratique dans des fermes canadiennes pendant une campagne agricole. La remarque particulière qu’il nous a apportée, malgré que les canadiens travaillaient tous avec du matériel moderne, est que par exemple au moment des semis et les récoltes, ils pouvaient passer plusieurs jours à travailler 24h/24h. Les moments où ils ne travaillaient pas les nuits, étaient occupés à faire le secrétariat, la comptabilité. Cela veut dire que modernisme et endurance vont ensemble si l’on veut des résultats.
J’ai été parrain de plusieurs centres de formations où le temps de travail des jeunes ne valait pas celui d’un vrai agriculteur burkinabè qui veut réussir. Je sais aussi que dans un camp de formation militaire, la formation équivaut à une guerre, sinon le jour de la guerre les soldats ne tiendront pas. Je pense que l’Afrique étant le continent le plus pauvre, nous devons revoir le contenu de formation pour mieux évaluer l’endurance et la formation technique pour faire décoller l’agriculture africaine. Les personnes formées dans les centres de formation devaient être plus endurant et entreprenant en les faisant profiter le maximum de temps possible et en leur apprenant à travailler plus dur que ceux qui sont sur le terrain.
                                               Ouagadougou, le 15 mars 2011
                                                           TRAORE B. François,
                                                             Docteur honoris causa


Aucun commentaire: