samedi 1 septembre 2018

CE QUE JE PENSE DE LA CRÉATION DU RÉSEAU DES PARLEMENTAIRES BURKINABÈ POUR LA BIOTECHNOLOGIE ET LA BIOSÉCURITÉ (REPA-BIOTECH)


      Le vendredi 31 août 2018, invité par OFAB Burkina, j’ai assisté à l’installation d’un groupe parlementaire sur la biotechnologie. La cérémonie était présidée par l’Honorable vice-président de l’Assemblée Nationale. Il s’agit d’un groupe volontairement constitué par des députés et l’objectif que j’ai compris est de chercher à mieux comprendre cette technologie pour désormais décider en connaissance de cause. Tous les échelons de la recherche burkinabè au niveau national et international étaient représentés ; des représentants de la société civile étaient également présents. Dans l’histoire du Burkina et dans le secteur coton, la biotechnologie a un moment, été utilisée et appréciée par les producteurs de coton que nous sommes. Les chercheurs présents à la cérémonie ont tour à tour fait la récapitulation de différentes expériences dans la recherche et dans l’utilisation de la biotechnologie. Après quelques années d’utilisation de la biotechnologie dans le secteur coton, une décision de l’interprofession de la filière coton (AICB) y a mis fin. La raison avancée était que la fibre du coton était devenue courte. Moi, je pense que cela pouvait être corrigé par nos chercheurs avec le temps. A titre d’information, près de 70% du coton produit dans le monde provient de l’utilisation de la biotechnologie. Personnellement, le souvenir que j’ai gardé de cette technologie est que la majorité des producteurs de coton, y compris moi-même, regrettent son retrait. De nos jours, nous continuons à avoir des difficultés avec les chenilles dans le coton, dans le maïs et même dans d’autres céréales. Non seulement nous prenons une grande peine dans les traitements avec les pesticides qui prennent beaucoup de temps et peuvent causer des problèmes de santé, mais en plus les chenilles prennent très souvent le dessus et détruisent nos plants, on parle même de résistance de certaines chenilles contre certains produits. Dans la description du directeur de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) du Burkina Faso, l’innovation dans la semence est incontournable pour le développement de l’agriculture en Afrique. Le Burkina a toujours été innovateur, mais ne persévère pas, alors que c’est chez nous que les gens voient les bons débuts et ils s’en vont mieux faire mieux que nous. Selon lui, il y a plus de cent (100) variétés au Burkina Faso créés par les chercheurs et seulement 17% sont utilisés.
         En tant qu’agriculteur, je trouve que cela est du gâchis pour un pays en voie de développement. A mon avis tout cela est une question d’organisation et de responsabilité. Dans le secteur coton la bonne organisation des producteurs avait permis que ça aille vite et comme nous n’avons pas l’art de persévérer dans nos bonnes initiatives, nous préférons à chaque fois nous arrêter, profiter des résultats obtenus, même nous chamailler et souvent tout détruire avant de recommencer. Je salue donc personnellement la création de cette structure par nos représentants nationaux qui savent que plus de 80% de ceux qui les ont élus sont des ruraux. Le souhait des parlementaires qui est de légiférer en connaissance de cause n’est qu’une logique. Ma mère avait l’habitude de me dire : « Si tu es responsable et que tu n’es pas parvenu à changer quelque chose, après tu ne ferras que mentir ; alors que si des gens bénéficient de ton pouvoir, ce sont eux qui parleront pour toi ». Que Dieu éclaire donc nos parlementaires et nos chercheurs pour que ce soit les burkinabé qui décident de leur chemin à suivre pour le développement ; car la science est universelle.
En tant que vétéran agricole
Ouagadougou, le 01 Septembre 2018

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,

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