Le
vendredi 31 août 2018, invité par OFAB Burkina, j’ai assisté à l’installation
d’un groupe parlementaire sur la biotechnologie. La cérémonie était présidée
par l’Honorable vice-président de l’Assemblée Nationale. Il s’agit d’un groupe
volontairement constitué par des députés et l’objectif que j’ai compris est de
chercher à mieux comprendre cette technologie pour désormais décider en
connaissance de cause. Tous les échelons de la recherche burkinabè au niveau
national et international étaient représentés ; des représentants de la
société civile étaient également présents. Dans l’histoire du Burkina et dans
le secteur coton, la biotechnologie a un moment, été utilisée et appréciée par
les producteurs de coton que nous sommes. Les chercheurs présents à la
cérémonie ont tour à tour fait la récapitulation de différentes expériences
dans la recherche et dans l’utilisation de la biotechnologie. Après quelques
années d’utilisation de la biotechnologie dans le secteur coton, une décision
de l’interprofession de la filière coton (AICB) y a mis fin. La raison avancée
était que la fibre du coton était devenue courte. Moi, je pense que cela
pouvait être corrigé par nos chercheurs avec le temps. A titre d’information,
près de 70% du coton produit dans le monde provient de l’utilisation de la
biotechnologie. Personnellement, le souvenir que j’ai gardé de cette
technologie est que la majorité des producteurs de coton, y compris moi-même,
regrettent son retrait. De nos jours, nous continuons à avoir des difficultés
avec les chenilles dans le coton, dans le maïs et même dans d’autres céréales.
Non seulement nous prenons une grande peine dans les traitements avec les
pesticides qui prennent beaucoup de temps et peuvent causer des problèmes de
santé, mais en plus les chenilles prennent très souvent le dessus et détruisent
nos plants, on parle même de résistance de certaines chenilles contre certains
produits. Dans la description du directeur de l’Institut de l’Environnement et
de Recherches Agricoles (INERA) du Burkina Faso, l’innovation dans la semence
est incontournable pour le développement de l’agriculture en Afrique. Le
Burkina a toujours été innovateur, mais ne persévère pas, alors que c’est chez
nous que les gens voient les bons débuts et ils s’en vont mieux faire mieux que
nous. Selon lui, il y a plus de cent (100) variétés au Burkina Faso créés par
les chercheurs et seulement 17% sont utilisés.
En
tant qu’agriculteur, je trouve que cela est du gâchis pour un pays en voie de
développement. A mon avis tout cela est une question d’organisation et de
responsabilité. Dans le secteur coton la bonne organisation des producteurs
avait permis que ça aille vite et comme nous n’avons pas l’art de persévérer
dans nos bonnes initiatives, nous préférons à chaque fois nous arrêter, profiter
des résultats obtenus, même nous chamailler et souvent tout détruire avant de
recommencer. Je salue donc personnellement la création de cette structure par
nos représentants nationaux qui savent que plus de 80% de ceux qui les ont élus
sont des ruraux. Le souhait des parlementaires qui est de légiférer en
connaissance de cause n’est qu’une logique. Ma mère avait l’habitude de me dire : « Si
tu es responsable et que tu n’es pas parvenu à changer quelque chose, après tu
ne ferras que mentir ; alors que si des gens bénéficient de ton pouvoir,
ce sont eux qui parleront pour toi ». Que Dieu éclaire donc nos
parlementaires et nos chercheurs pour que ce soit les burkinabé qui décident de
leur chemin à suivre pour le développement ; car la science est universelle.
En tant que vétéran agricole
Ouagadougou,
le 01 Septembre 2018
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
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