mercredi 1 novembre 2017

CE QUE JE PENSE DES KOUDOUS DU FASO ORGANISÉS PAR OXFAM



Du 27 au 29 octobre Oxfam a organisé la quatrième édition des koudous du Faso. Lors de ces koudous du Faso, les denrées alimentaires produits au Burkina Faso et transformés au Burkina Faso sont exposés par des transformatrices et transformateurs pour montrer la qualité de nos produits agricoles quand ils sont bien transformés. Oxfam et ses partenaires sont à féliciter car nous les paysans, nous savons que Oxfam a toujours été de notre côté pour mieux valoriser l’agriculture et nos produits. Sur place, j’ai été vraiment édifié par l’esprit de créativité de nos braves dames et hommes. La qualité de ces produits à la consommation n’avait rien à envier aux produits alimentaires importés. Ce qui veut dire que cette initiative est vraiment la porte de sortie de l’agriculture et de l’élevage. La garantie d’une bonne nutrition adaptée, de la création d’emploi et du développement endogène ne peuvent que passer par là.
Dans l’histoire de l’agriculture dans le monde, depuis son invention, c’est la transformation des produits qui a contribué à créer la différence entre l’homme et l’animal. Je peux même dire qu’elle est à l’origine de l’industrialisation. La femme a particulièrement joué un grand rôle dans cette transformation. Cependant, en Afrique et au Burkina en particulier, nous avons été devancés par les pays qui ont su modernisés cette transformation et comme nos politiques n’ont souvent pas eu cette idée comme outil de développement, nous avons été au fur et à mesure des consommateurs de produits importés souvent en nous disant que c’est des produits civilisés propres et irréprochables. Mais ce qui est vrai est que le Burkina se nourrissait et s’habillaient avant la colonisation et la majorité des personnes adultes d’aujourd’hui ont été nourris par ces produits locaux. Les produits importés que nous pensons propres ne sont pas forcément adaptés à notre habitude alimentaire. Ces produits pour leur conservation, ils sont souvent mélangés à des choses qui ne sont pas bonnes pour la santé de l’homme. Ce qui fait que la majorité des cinquantenaires trainent aujourd’hui des maladies dont ils ne savent pas la cause exacte. Mon père me disait qu’un homme digne doit pouvoir se nourrir de ce qu’il produit, la fierté au village était que le panier de ta femme ne soit jamais devant le grenier de quelqu’un d’autre pour chercher des céréales et se nourrir.
Ce koudou est donc l’occasion pour moi d’interpeler nos politiques sur la transformation et la consommation des produits locaux. Autant nous agriculteurs, nous devons libérer notre génie créateur et cela nécessite bien sûr un accompagnement si nous voulons aller vite ; autant le politique doit persévérer dans son patriotisme alimentaire pour que les burkinabés nourrissent les burkinabès. Avec plus de 80 % de la population burkinabé qui est rural, cela n’est pas extraordinaire. Au Burkina, nous avons eu la révolution du 4 août 1983 qui a montré le chemin. C’est l’occasion pour moi de féliciter nos autorités actuelles qui sans bruis, ont adopté le port du Faso Danfani comme philosophie et nous savons que c’est des burkinabés qui gagnent des revenus à travers cela. A une époque donnée, pour une cérémonie, certains ministres commandaient des costumes très chers à l’extérieur du pays pour paraitre ministres. Je ne suis pas scientifique mais je sais que le soleil que nous avons pour nos aliments est un atout pour leurs qualités. Oxfam dans l’accompagnement de ces braves dames et hommes est entrain de démontrer cette qualité. Merci donc à Oxfam et ses partenaires. Mon souhait est donc que le Burkinabè se nourrit de produits Burkinabès transformés par des Burkinabés.
En tant que Agriculteur Burkinabé
Ouagadougou, le 01 Novembre 2017

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com

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