mardi 23 mai 2017

CE QUE JE PENSE DES KOGLWEOGO



Ces derniers temps, les Koglwéogo ont mené une action négative dans laquelle il y a eu mort d’hommes. Auparavant, à l’Est du Burkina, le banditisme a obligé la population à se défendre parce que les enseignants, les infirmiers, l’administration avaient des problèmes à se déplacer et tous les commerçants étaient en danger. Les Koglwéogo ont alors joué un rôle que de nombreuses personnes ont jugé positif car étant de la société civile. Si on sait que les bandits ne peuvent opérer sans se faire apercevoir ou soupçonner par la société civile, c’était compréhensif que celle-ci à travers les Koglwéogo s’implique. En effet, tout homme moralement équilibré doit veiller sur sa sécurité et celle de son entourage. On comprend alors qu’il y ait des groupes d’autodéfense. Ce qui est grave de la part des Koglwéogo et qui a amené à cette dérive, à mon avis est qu’ils se soient fait une structure autonome qui ne dépend pas forcément de chefs de villages, de CVD, de conseillers communaux, de maires ou de préfets. Alors que dans notre tradition, avant l’arrivée des colons, on ne pouvait pas créer un groupe dans un village et faire ce qu’on voulait. Si un groupe quittait son village pour aller mener une action dans un autre village sans le consentement des habitants de ce village, cela représentait une déclaration de guerre et c’est ce qui vient de se passer. Je soutien alors les autorités pour que cette façon de faire ne se répète pas.

            La situation d’insécurité au Burkina Faso a une longue histoire. J’ai dit dans un de mes documents que depuis 1987 les forces de défense, de l’ordre et de sécurité n'ont travaillé que pour le clan présidentiel. Il fallait tout simplement être branché à ce clan pour que tout vous soit permis. Les éléments qui étaient punis, mis au garage, radiés ou même tués parmi ces forces de défense, de l’ordre et de sécurité n’étaient pas forcément mauvais. C’était ceux qui n’étaient pas soumis et qui voulaient réellement faire leur travail. L’exemple restant des soupçons de la police nous démontre les habitudes du passé où les plus petits souffraient pour les plus grands. Nous savons également que les armes circulaient n’importe comment au Burkina Faso. Même des mercenaires, il y en a eu au Burkina. Tout cela a fait que la population était confuse car si vous dénoncez quelqu’un qui est branché et ou qui a une mission à exécuter, c’est vous finalement qui avez des problèmes. Je pense que ça fait partie de l’esprit de la défense des groupes d’autodéfense. Quand la population pense que l’autorité ne fonctionne pas sur la vérité, un mal rentre facilement mais ressort difficilement. cependant il est mieux soigné quand cela passe par la racine. J’encourage donc les autorités à travailler à mettre la population en confiance et demande à ce qu’il y ait une complicité positive entre les forces de l’ordre et la population burkinabé.
       
       En tant qu'Agriculteur burkinabé

Ouagadougou, le 23 Mai 2017

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,

www.francoistraore.blogspot.com

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