lundi 4 avril 2016

Ce que je pense de Bobo-Dioulasso comme capitale économique

Le Dimanche 03 Avril 2016, j’ai suivi une conférence de presse du Président Roch Marc Christian KABORE à Bobo Dioulasso. Une des questions qui a retenu mon attention, c’est la dynamisation du secteur industriel pour booster l’économie et permettre à la ville de Bobo-Dioulasso de reprendre sa place de capitale économique au Burkina. L’analyse que j’ai à ce niveau, m’oblige à reprendre les fondamentaux qui avaient prévalus à l’origine pour qu’on dise que Bobo-Dioulasso est la capitale économique. Bobo-Dioulasso et les régions environnantes ont des grandes terres qui sont parmi les terres les plus fertiles au Burkina, aptes aux activités agro-sylvo-pastorales. Elle est également parmi les zones les mieux arrosées en termes de pluviométrie. Les eaux de surfaces et la nappe phréatique sont également assez suffisantes pour une utilisation agricole. Voilà des raisons parmi tant d’autres qui sont les atouts de cette zone.

Si nous voulons dynamiser les industries de Bobo-Dioulasso, cela doit être basé sur les différents produits qu’on peut produire avec ces atouts. On peut citer le coton, le maïs, le riz, le mil, le sorgho, le sésame, le soja, la tomate, la volaille, les caprins, les bovins, le lait, l’anacarde,… À titre d’exemple si DAFANI (l’usine de production de jus et de nectar) est à Orodara dans la province du Kénédougou, c’est parce qu’il y’a suffisamment de fruits à Orodara et ses alentours. Il a suffi tout simplement un accompagnement à la professionnalisation des acteurs pour qu’ils fournissent permanemment des produits de qualité qui permettent à l’usine de fonctionner sans arrêt. Par contre l’histoire de SAVANA est très illustrative car c’est incompréhensif qu’une usine qui transformait de la tomate s’arrête à Bobo-Dioulasso.

En tant que vétéran agricole, je pense que l’organisation des agro-pasteurs en coopératives crédibles et l’apport de l’État Burkinabé dans la fourniture des intrants de qualités (semences et engrais…), plus un financement adapté (banque agricole) au bon moment sont des actions sur lesquelles il faut rapidement peser pour mettre en confiance les investisseurs qui s’intéresseront à la  transformation de ces produits de la zone de Bobo-Dioulasso. Une usine viable et rentable a besoin de produits de qualité homogène en quantité suffisante, dans une distance raisonnable. En matière d’élevage, la modernisation est incontournable. Nos éleveurs viennent malheureusement de payer le prix à Bouna et certains sont en train de revenir au Burkina avec leurs troupeaux. Alors que c’est par manque de nourriture pour leurs troupeaux qu’ils étaient partis. Ce qui veut dire qu’au retour, cette nourriture manque toujours. J’ai toujours dit que l’animal doit être nourrit par son propriétaire.

En la matière, les agriculteurs Français, Canadiens, Américains nourrissent leurs animaux via l’intégration fonctionnelle agriculture/élevage, alors que dans notre cas, l’agriculture et l’élevage, au lieu d’être complémentaires, sont en conflits.

Dans mon champ, cela fait longtemps que j’ai commencé à produire pour nourrir  mes animaux ; les déchets de ses animaux sont également utilisés pour fertiliser mes terres. Ce qui me manque c’est la race de vache qui produit plus de lait. Et plusieurs autres agro-pasteurs du Burkina sont dans cette situation. Pour qu’il y ait un jour une industrie de lait, il faut nécessairement que l’État fasse de la modernisation de l’élevage, une action prioritaire dans les faits.

La Côte-d’Ivoire, après la crise a repris sa place dans le café après avoir redressé toute la mauvaise gestion qui existait dans cette filière et qui l’inhibait. En effet, les filières café et cacao étaient devenus une vache laitière pour ces mauvais gestionnaires et nous savons ce qu’ils sont devenus. La Côte-d’Ivoire est en ce moment 1er producteur de cacao et d’anacarde. Tout cela lui ouvre grandement la porte de l’industrialisation. Au Rwanda, les informations que j’ai sur ce pays sont très encourageantes. En effet, l’État a conscientisé la population après le génocide pour qu’elle se mette rapidement au travail. Le gouvernement lui-même a pris ses responsabilités dans l’accompagnement de l’agriculture et de l’élevage. Aujourd’hui il y a des produits que le Rwanda transforme et exporte. Je pense que le peuple Burkinabè qui s’est assumé à travers la révolution est également conscient de son effort qu’il doit faire. Il attend des actions concrètes d’accompagnement du gouvernement. L’industrialisation à Bobo-Dioulasso doit être relancée et c’est le Burkina qui va gagner.

En tant que Président d’honneur du syndicat des Agriculteurs du Burkina Faso

Ouagadougou, le 04 avril 2016

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
(+226) 70 95 34 45
 (+226) 78 50 16 25

 BURKINA FASO

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