samedi 18 juillet 2015

Ce que je pense de la politique agricole au Burkina Faso

Le mercredi 15 juillet 2015 le Conseil des ministres a examiné un projet de loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale, Halieutique et Faunique au Burkina Faso (OASPHF). Il a marqué son accord pour sa transmission au Conseil National de la Transition (CNT). Avec toute la confiance que je fais au CNT, j’ose espérer qu’il analysera profondément cette loi d’orientation pour qu’elle puisse répondre effacement aux défis actuels et futurs du métier agricole. Car, j’ai l’impression qu’il y’a plus du papier dans notre agriculture que d’actions ou que la plupart des actions sont menées à moitié. Or ce peuple laborieux à 86% doit se développer à partir de l’Agriculture. Le constat est que la plupart de ces ruraux ne mangent pas à leur faim à plus forte raison s’enrichir.

Le vendredi 17 juillet 2015, je suivais une chaîne de télévision française où des agriculteurs français se plaignaient. Ils disaient que s’ils ne sont pas aidés, ils iront en faillite. Pourtant, ces derniers sont des Agriculteurs modernes qui font de la surproduction, qui n’ont pas faim, qui ont accès au crédit et qui intègrent agriculture et élevage. C’est le ministre de l’Agriculture français qui demandait un soutien pour ces agro-pasteurs. Cette revendication était portée par la branche syndicale de la FNECIA. Ce que j’ai compris dans leur développement était grave. La viande bovine vendue par l’agro-pasteur à moins de 2 euro le kg, est  revendue entre 10 à 15 euro le kg au consommateur final. Les intermédiaires gagnaient plus que le producteur. Les agro-pasteurs trouvent cela inconcevable et je les soutiens fortement dans leur lutte. Heureusement qu’ils ont leur ministre de l’Agriculture avec eux.

            Si je reviens sur l’Agriculture au Burkina, le gouvernement défunt, de 2010 à 2014 avait un ministre de l’agriculture différent du ministre de l’eau et ces deux devraient tous travailler avec les Agriculteurs. Ils ont passé tout le temps à se faire du kung-fu au détriment de l’accompagnement de l’Agriculteur. On entendait le ministre de l’agriculture parler d’irrigation de complément dans les champs en cas d’insuffisance de pluies pendant que ça ne va pas entre lui et son collègue en charge des questions hydrauliques. Le ministre de l’élevage s’efforçait pour apporter des innovations dans son département pendant ce temps les agriculteurs et les éleveurs étaient permanemment en conflits sur le terrain avec souvent morts d’hommes. Au même moment, le gouvernement parlait de modernisation de l’agriculture.

Je ne vois pas comment peut-on développer cette agriculture sans une complémentarité entre l’agriculture, l’élevage et l’eau d’une part et d’autre part, sans un accompagnement conséquent des acteurs sur le terrain. Ça doit donc être surprenant quand un agriculteur burkinabè voit sur une chaîne de télévision française, des agriculteurs français parler de leurs difficultés pendant qu’on présente un élevage moderne. Et c’est le ministre de l’Agriculture qui les soutient. Il nous arrive de dire que nos politiques sont souvent calquées sur celles de la France. En revanche, dans les faits rien ne se ressemble pourtant la majorité de nos cadres y ont fait leurs études. Je pense que pendant cette période de transition où tout le monde souhaite le changement, nous devons mettre de la vision et mener des actions fortes pour aboutir à ce changement. L’Agriculteur burkinabé peut et doit s’enrichir mais cela avec moins de papiers et plus d’actions.

En tant que Président d'honneur du Syndicat National des Agriculteurs du Burkina (SYNA-B) 

Ouagadougou, le 18 juillet 2015

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
 (+226) 70 95 34 45
 (+226) 78 50 16 25

 BURKINA FASO

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