vendredi 11 octobre 2013

Ce que je pense de l’atelier national de réflexion pour l’harmonisation des textes des organisations coopératives au Burkina Faso


Du 03 au 04 octobre 2013, j’ai participé à Ouagadougou, à l’atelier national de réflexion pour l’harmonisation des textes des organisations coopératives organisé par le Ministère de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire. Pour mémoire, dans le souci de corriger les insuffisances de la Zatu AN VII-0035 du 18 Mai 1990 et d’intégrer les organisations coopératives dans les dynamiques de développement économique et social, le gouvernement burkinabè a doté le mouvement coopératif de la loi 014/99/AN portant règlementation des sociétés coopératives et groupements au Burkina Faso. Cependant plus de dix ans après sa promulgation, l’analyse laisse percevoir des difficultés réelles d’application sur le terrain et une bactérie d’insuffisances. Les problèmes organisationnels et l’insuffisance dans les services rendus aux membres font l’unanimité majeure au plan national en  termes d’insuffisances.

Devant ce constat, le gouvernement burkinabè avait initié du 18 au 28 décembre 2012, des ateliers régionaux de réflexion sur la législation coopérative au Burkina Faso dans lesquels toutes les régions administratives ont participé à travers les représentants des différents acteurs nationaux. Il s’agissait de diagnostiquer les textes législatifs et de faire de nouvelles propositions de solutions en phase avec les dispositions de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives. Cet Acte est la nouvelle norme en vigueur (adopté le 15 décembre 2010 à Lomé) dans les dix sept (17) pays africains signataires du traité de l’OHADA.

Le présent atelier national avait pour objectif général de fixer les orientations pour une application effective de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives de l’OHADA au Burkina Faso. De façon spécifique, il s’agissait pour les participants de s’imprégner de la synthèse  des ateliers régionaux, connaitre les exigences de l’Acte uniforme de l’OHADA, définir les rôles et responsabilités des acteurs dans sa mise en application, définir les dispositions réglementaires permettant à l’Etat de jouer son rôle régalien envers les organisations à caractère coopératif, déterminer les mesures d’accompagnement pour son application effective et de fixer l’agenda de sa mise en application.

Pour une large information et surtout une bonne explication de ce que c’est qu’une coopérative dans un esprit entrepreneurial, je pense que l’Etat doit travailler à ce que tous ses agents maîtrisent très bien ces textes. Que ce soit les agents d’accompagnement techniques, ou le pouvoir des collectivités locales, l’Etat  doit travailler pour que ceux-ci comprennent et maîtrisent parfaitement cette loi.

Tant que ces acteurs de soutien du monde rural ne prendront pas conscience individuellement et collectivement que les coopératives constituent un passage sine qua non au développement rural, le bilan de leur carrière restera pratiquement théorique. Aussi, au vu de mes expériences, cette nouvelle forme de coopérative  qui n’est pas celle traditionnelle doit permettre aux agriculteurs de se mettre ensemble parce qu’ils se font confiance et faciliter l’approvisionnement en intrants agricoles et la commercialisation des produits. Ils doivent également être conscients des types de dirigeants que cela exige. L’Etat doit donc œuvrer à bannir le laisser-aller dans la formation et le fonctionnement des structures au profit de la rigueur à tous les niveaux. C’est en cela qu’on reconnaîtra le rôle régalien de l’Etat dans ce processus.

Concernant les structures déjà existantes et qui doivent se conformer à l’Acte de l’OHADA, elles doivent opérer un changement profond de comportement surtout dans la gestion et la bonne gouvernance afin d’être crédibles et utiles à ses membres. En effet, sans cette crédibilité une structure ne pourra jamais  avoir du crédit avec une banque ou signer un contrat avec un partenaire. La coopérative ne doit pas être un outil d’escroquerie ; elle est un  outil de développement économique. En Occident les agriculteurs se mettent en coopératives parce que leurs intérêts peuvent y être préservés et amplifiés.

Dans la tradition en milieu rural,  les gens vivaient ensemble, il y avait donc des associations. Ils accordaient de l’importance à comment mieux diriger car l’indiscipline d’un membre du groupe ou une mauvaise décision de l’équipe dirigeante était fatale. Cela se payait par une exclusion et souvent même par le décès d’un membre. Aujourd’hui on a tendance à ne pas bien mesurer les conséquences de l’indiscipline ou les fautes des dirigeants ; pourtant les mêmes conséquences demeurent lorsqu’il y a mauvaise gestion.

 Quand une structure, quelque soit sa taille, est mal construite, les conséquences seront non seulement l’absence de développement, mais aussi la difficulté des membres qui ont participés à ce regroupement et qui ont été déçus à se mettre ensemble avec d’autres personnes. Si dans le milieu rural nous n’avons souvent que des structures de façade qui ne sont pas crédibles, nous ne demeurerons que des consommateurs au profit de ceux qui veulent se développer surtout dans le contexte actuel de mondialisation.

Pour moi l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives est une des rares atouts au développement et son application effective constitue un virage important à ne pas rater au Burkina Faso.


TRAORE B. François,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
Président d’honneur de l’AProCA,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr                                                                                         
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