dimanche 26 février 2017

CE QUE JE PENSE DE LA 25ème EDITION DU FESPACO





Le FESPACO est devenu une vitrine du Burkina Faso, lors de laquelle le Burkina reçoit des étrangers de plusieurs pays de tous les continents. Des films produits par plusieurs cinéastes sont en compétition. Tout cela a augmenté la visibilité du Burkina Faso et permet également de montrer la simplicité du peuple burkinabé qui est un peuple ouvert à tous les autres peuples du monde. Cette année le pays invité d’honneur est la Côte d’Ivoire, un pays qui est un frère direct. Les populations de ces deux pays sont tellement solidaires que nos habitudes sont devenues complémentaires. C’est cette complémentarité que nos deux gouvernements ont mis en application car dans la société africaine, en toutes circonstances, bonnes ou mauvaises, le frère est prêt à soutenir. Dans cette édition, un prix Thomas SANKARA met en compétition des films et cela, je trouve que c’est une très belle image, Thomas SANKARA a été un nationaliste mais aussi un panafricain, on peut même dire un humaniste car pour Thomas SANKARA, l’homme est une valeur, pour les hommes sont égaux, c’est pour le bonheur de l’humain que tous les dirigeants doivent travailler. Je profite souhaiter la bienvenue à Alpha Blondy qui est venu rehausser cette édition par sa présence.

En marge de la projection des films, des stands ont été dressés sur le site du FESPACO, dans ces stands il y a des produits venant du Burkina et de d’autres pays. Cela permet de mettre nos produits en valeur pour mieux valoriser nos agriculteurs, nos artisans et encourager nos transformateurs. La seule surprise que j’ai eu est que DAFANI dont les produits de base qui sont les fruits et qui viennent des planteurs du Burkina, qui est transformé au Burkina a été interdit sur l’aire d’exposition du site du FESPACO. Je n’arrive pas à comprendre cela. Avant l’installation de cette usine de transformation, ces fruits pourrissaient dans les mains de nos planteurs à Orodara, l’avènement de cette usine a donc été un salut non seulement pour les planteurs mais pour la population en termes d’emplois, en termes de consommation, tous les burkinabé sont fières de consommer DAFANI, DAFANI est même exporté. Moi en tant qu’agriculteur c’est ce je souhaite. En France, le salon de l’agriculture a ouvert ses portes, il m’est arrivé plusieurs fois d’être invité à ce salon. Sur l’aire d’exposition de ce salon, toutes les capacités des ruraux invités sont exposées en produits. Quand j’étais le président de l’association des producteurs de coton africain (APROCA), il nous arrivait d’exposer le coton africain dans le salon de l’agriculture français, et même les autorités françaises venaient nous rendre visite et prenaient le temps d’écouter nos avantages et nos difficultés dans cette production. Vous comprenez pourquoi je ne peux pas comprendre qu’au Burkina, sur le site du FESPACO, DAFANI ne soit pas vendu. Pour me permettre de comprendre je lance un appel à tous ceux qui ont compris la raison de me dire pourquoi.
En tant que Président d’honneur du syndicat des Agriculteurs du Burkina Faso

Ouagadougou, le 26 février 2017

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,


dimanche 19 février 2017

CE QUE JE PENSE DE LA STRUCTURATION EN COURS DE L’UNPCB POUR S’ADAPTER A LA LOI OHADA



Le directeur général du foncier de la formation et de l’organisation du monde rural a été nommé comme administrateur par le ministre de l’agriculture au sein de l’UNPCB pour sauver l’UNPCB en crise de gestion. Sous sa direction en début du mois de février, les renouvellements ont commencé au niveau des Groupements de Producteurs de Coton (GPC). Ces renouvellements ont impliqué les agents de l’agriculture sur le terrain et ceux des sociétés cotonnières. Les producteurs ont passé en 1996 de groupements villageois à groupement de producteurs de coton (GPC), ont  acquis de l’expérience et savent très bien appliquer les principes fondamentaux  d’un bon GPC qui ont été réadaptés pour les coopératives. Parmi  ces principes, on peut citer : pour être élu dirigeant dans un GPC, il faut être bon producteur, être de bonne moralité et être bon gestionnaire. Les informations que j’ai reçues sur ces renouvellements de base m’apprennent que ces renouvellements se sont bien déroulés ; les candidats auxquels  les producteurs ne faisaient pas confiance pour gérer leurs coopératives n’ont pas été élus. Les coopératives étant des structures économiques, les producteurs ont refusé de mettre leur destinée dans la main de personnes douteuses. C’est dans les GPC devenus coopératives que les intrants et les revenus des producteurs sont gérés. La coopérative qui aura fait l’erreur de choisir des dirigeants non crédibles  pour autre raison verra les intrants des producteurs détournées et vendus et leur revenu sera insuffisant pour payer le crédit et ce sera la mort de cette coopérative.
Par la suite, les renouvellements dans les unions départementales ont commencé et ces renouvellements sont présidés par les préfets assistés des agents de l’agriculture et ceux des sociétés cotonnières. Ces renouvellements sont également basés sur les mêmes principes fondamentaux c’est-à-dire être bon producteur, avoir l’expérience, de bonnes gestions et être de bonne moralité. Les informations que j’ai de ces renouvellements sont qu’il y a des communes où ces principes ont été bien pris en compte ; cependant, il y a des communes où cela n’a pas été pris en compte car la crise due à la mauvaise gestion de l’UNPCB a atteint les communes. A titre d’exemple, l’ex-président de Karangasso Sambla, Bakary Traoré vient de sortir de la prison  pour raison de mauvaise gestion des revenus des producteurs.  Des structures d’épargne existaient dans certaines communes de la province de Bobo, créées par les producteurs de coton et lorsque M Bakary Traoré est devenu président, lui et son équipe ont mis la  main sur ces épargnes de paysans et quand les paysans sont venus pour chercher leur argent dans ces caisses d’épargne, ils se sont rendu compte que leur épargne n’y était plus. Ils se sont donc plaints et c’est ce qui a conduit M Bakary en prison et cet argent n’est pas encore remboursé aux agriculteurs. J’ai été donc surpris que ce même M Bakary ait été élu dans le nouveau bureau départemental pourtant tous ceux qui ont supervisé ces élections étaient au courant de cette affaire. Y a-t-il donc eu une manipulation, par qui et pourquoi? On ne peut pas me dire qu’il n’y avait personne d’autre pour occuper cette place à Karangasso Sambla. A Ouarkoy, Karim Traoré, ancien président de l’UNPCB  qui est le cerveau de la mauvaise gestion et de la crise au sein de l’UNPCB qui également a fait la prison pour cette raison et qui a été libéré sous caution. A cause de cette crise, l’Autorité Supérieur de Contre d’Etat et de Lutte contre la Corruption  (ASCE-LC) a fait un audite à l’UNPCB et les résultats de cette audite ont démontré la gravité des malversations faites par M. Karim TRAORE et son groupe. Ce même Karim Traoré a eu le courage de se présenter dans les élections communales à Ouarkoy et il a été battu dans tous les postes clés. Malgré tout, les informations que nous avons reçues montrent toujours qu’il n’est pas conscient de son rejet par les producteurs qui veulent développer leur zone et se développer. Pendant qu’il y avait plus de 150 producteurs dans ces élections, le passé de M.  Karim TRAORE doit l’amener à se calmer et se retenir car il ne fait pas partie de la perle recherchée. Les autorités qui ont supervisé ces élections  savent que M. Karim TRAORE a toujours son dossier en justice et est toujours poursuivi, alors pour la paix sociale, mieux vaut prévenir que guérir et cela vaut également pour toutes les communes où les renouvellements n’ont pas encore eu lieu. Or toutes les autorités de toutes les localités du pays sont au courant des malversations de Karim TRAORE et son groupe. Les brebis galeuses sont bien connues, ne faisons pas l’ignorant.
Après donc les unions communales, il y aura celles des provinces et celles nationales, c’est l’occasion pour moi d’attirer l’attention des superviseurs. Nous sommes à la période où rien ne doit plus être comme avant et en matière de mauvaise gestion c’est tolérance zéro. Au moment de la transition, un ministre a été démis de ses fonctions à cause de ses antécédents aux Etats-Unis et ce n’est pas à la période d’un gouvernement démocratiquement élu pour redresser l’économie et le social au Burkina qu’on doit se permettre ces genres erreurs. Pour avoir été l’un des concepteurs de cette structuration de l’UNPCB, je sais que les structures intermédiaires départementales, provinciales et nationales ont un bon rôle à jouer et cela demande à ces élus une forte crédibilité. Dans le cas contraire, ces structures peuvent être nuisibles à la production et à l’économie du Burkina.
Le coton est tout blanc et il veut être géré dans la clarté si bien que les sociétés cotonnières doivent jouer franc jeu dans ce partenariat avec les producteurs.
  En tant que Agriculteur burkinabé
Ouagadougou, le 19 février  2017

TRAORE B. François,

Agriculteur Burkinabé

lundi 6 février 2017

CE QUE JE PENSE DE LA FIERTE DU PEUPLE BURKINABE FACE A LA PRESTATION DES ETALONS A LA 31e COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS (CAN) AU GABON

L’image de la prestation des Étalons en 2015 avait semé le doute sur l’espoir que les burkinabés avaient lors du départ des Étalons pour le Gabon. Mais pour les connaisseurs du football burkinabé, l’équipe nationale avait été requinquée avec même du sang nouveau. Les managers des Étalons avaient mis en application leur professionnalisme et cela nous l’avons découvert dès les premières prestations des Étalons au Gabon. Quand ils ont franchi le premier tour et atteint les quarts de finale c’est tout le peuple burkinabé qui était mobilisé derrière son équipe. Jusqu’en milieu rural, mêmes les paysans connaissaient les noms des 23 joueurs et ceux de leurs managers. Ce qui montre une fois de plus la véracité d’un adage africain qui dit que « quand un fils est bon il devient l’enfant de tout le monde et quand il est mauvais il appartient seulement à ses parents ». C’est ainsi que nous avons vu que le peuple entier demandait aux Étalons d’aller au maximum de leurs capacités pour nous apporter la Coupe. Nous savons également que la majorité de ces jeunes footballeurs évolue à l’extérieur. En matière de gain, certains gagnent beaucoup plus ce que qu’ils peuvent recevoir en Afrique pendant la CAN. C’est seulement du patriotisme compris et assumé qui peut amener quelqu’un au maximum de son énergie. Les 23 joueurs burkinabés et leur manager viennent de nous donner une leçon « d’intégrité » qui n’est pas resté un mot mais un comportement. Ils ont accepté d’être au four et au moulin pour nous réjouir
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Mon analyse sur cette prestation est que j’ai apprécié le soutien de tout le peuple burkinabé à cette équipe. La CAN a pris fin. Pour sortir de son sous-développement, le Burkina a besoin de cette cohésion. Cela veut dire que chacun dans son rôle doit pouvoir faire ce qu’on a demandé aux Étalons ; aller au maximum de notre capacité même quand les conditions sont difficiles. C’est ce que nous leur avons demandé. J’ai particulièrement apprécié le soutien de nos chefs traditionnels aux Étalons. Dans nos sociétés, ces chefs reflètent la confiance. Ils s’engagent pour renforcer le moral de la population et des acteurs. Le Burkina vient de sortir d’une insurrection où nous avons dénoncé une façon de faire qui n’était pas équitable. Ce qui veut dire que le Burkina est à la recherche de l’équité. L’équité pour moi signifie que chacun doit s’assumer en prenant en compte les intérêts des autres. Nous devons bannir dans notre comportement le fait de tromper les autres pour ne satisfaire que nos seuls intérêts. Il nous arrive souvent de penser que ce sont seulement les dirigeants qui sont en faute. Cela n’est pas toujours vrai car un peuple qui ne s’assume pas ne peut pas être dirigé. Sachons que le Burkina entier est une équipe d’Étalons dans le monde. Notre discipline et notre comportement comptent beaucoup pour encourager nos dirigeants dans le bon sens. Quoi qu’il en soit, c’est la cohésion et la détermination d’un peuple dans le travail qui fait le développement.

Aux Étalons, je vous dis que vous avez la bénédiction de tout le peuple burkinabé. Pour la suite de votre carrière, notre souhait est que vous reflétiez cette image d’intégrité et de combattivité pour continuer à faire connaitre davantage le Burkina dans les quatre coins de la planète terre. D’autres compétitions s’annoncent, nous sommes confiants que vous allez maintenir cette allure que vous avez atteinte pour mériter cette 3ème place. Sachez que c’est par modestie que nous parlons de 3ème place ; sinon tous ceux qui connaissent le football disent que vous avez été la meilleure équipe à cette CAN et cela même en dehors des Burkinabés. Vos managers ont également cette bénédiction. Le bateau est l’appareil qui peut transporter la plus lourde charge qu’un engin puisse transporter mais pour qu’il arrive à bon port, il faut une bonne équipe. Vous, managers, avez été cette équipe pour les Étalons. Un groupe de managers qui s’entendent bien, ce n’est pas toujours évident mais dans votre cas, ce sont les résultats des Étalons qui vous qualifient positivement. Cela est bon pour le moral de tout responsable. Je félicite également nos autorités politiques qui n’ont pas fait trop de bruit autour de cette équipe mais qui ont fait l’essentiel pour que l’équipe et ses supporteurs aillent et reviennent en paix au Burkina. Que Dieu bénisse les Étalons.       
En tant que supporteur des Étalons
Ouagadougou, le 06 Février  2017

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,

www.francoistraore.blogspot.com

jeudi 26 janvier 2017

CE QUE JE PENSE DES COMMUNES RURALES POUR LE DEVELOPPEMENT DANS LE MILIEU RURAL

Le Burkina Faso a près de 80% de sa population qui est rurale. Ces ruraux ont comme métiers : l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et autres. Ils ont besoin d’accompagnement de l’Etat pour devenir des professionnels et être de véritables acteurs économiques. Cet accompagnement de l’Etat ne peut se faire que si on sait qui fait quoi réellement, dans quelles conditions ? Au stade actuel, ce ne sont que les producteurs de coton qui sont connus.  Leurs surfaces cultivées par an individuellement sont connues au niveau des groupements de producteurs de coton (GPC). Ceux qui font les autres cultures ne sont pas du tout répertoriés par acteur dans les villages et dans les communes. Ce qui rend très difficile leur accompagnement. On pourrait me dire que c’est dans les structures professionnelles qu’on devrait savoir qui fait quoi alors que de nos jours, près 50% de ces acteurs ruraux ne sont pas dans des structures professionnelles. Pour ceux qui sont dans les structures, rares parmi celles qui se disent professionnelles, sont capables de donner les surfaces exactes cultivées dans chaque domaine par personne. Les chambres d’agriculture ont été créées mais à mon avis, leur fonctionnement n’est senti qu’au niveau régional. Dans les communes, les représentants de ces chambres se connaissent à peine et ne peuvent donc pas fournir l’état des cultures emblavées dans leurs localités.

La décentralisation qui est une bonne initiative doit avoir comme pilier de développement, les activités qu’exerce la population. Nous sentons un effort de l’Etat à mettre quelques moyens à la disposition des communes. À mon avis, cela est une bonne chose mais pour ce qui est du développement de la population, elle ne peut venir que des activités menées par celle-ci. Nous savons également que dans chaque village, il y a au moins deux (02) conseillés qui ont l’obligation de participer aux sessions communales au moins une fois par mois. Nous savons aussi qu’une commune dont l’économie ne prospère pas ne peut pas faire véritablement des recettes. Tout cela fait que la commune doit être préoccupée par son économie. Dans cette dynamique, je proposerais que la commune réfléchisse à comment recenser ses acteurs afin d’être capable de connaitre la superficie emblavée, les spéculations (mil, maïs, sésame, arachide, etc.) et la production réalisée par chaque producteur au cours de chaque campagne agricole. Pour y arriver, une bonne réflexion dans chaque village peut permettre aux conseillers de conduire ce travail et par la suite une centralisation pourrait se faire dans la commune. Et ce travail pour une première fois peut commencer du mois d’aout à septembre, à cette période, tous les champs sont effectivement emblavés et on aura beaucoup de chance de ne pas se tromper sur les surfaces. Comme ça, nous pouvons avoir la chance de prendre en compte tous les acteurs qui vivent dans un village et savoir ce qu’ils ont produit. Ces vraies statistiques peuvent non seulement faciliter mais aussi renforcer la structuration professionnelle et l’accompagnement des différents acteurs, très souvent, des partenaires ONG ont besoin de ces statistiques mais ils ont du mal à les avoir par commune et par village. De nos jours, l’esprit de développement doit également être basé sur les réalités et les potentialités de chaque région. Une raison de plus pour créer la cohésion du développement dans les villages.

Il n’y a pas de développement sans innovation. C’est la routine qui bloque souvent le développement dans nos pays africains. L’habitude face à une innovation, c’est de dire « on n’a jamais vu cela », « cela va être très difficile » ou alors « cela va nous coûter trop cher »,  se tabler sur la cherté d’une innovation pour ne pas faire face au problème réel, est synonyme d’une vision et d’une réflexion infécondes. Souvent, sous nos cieux, une innovation créée même des conflits.  Par exemple, quand nous avons à l’époque voulu créer les GPC, certains partenaires avaient dit qu’on allait « casser le tissu social » dans les villages. Pourtant au finish, l’histoire nous a donné raison car cette structuration a facilité l’accompagnement et a boosté la filière coton. Je crois donc que pour que toutes les filières se développent, il faut absolument un répertoire de base dans tous les villages qu’on centralisera dans chaque commune. De toutes les façons, je ne connais aucun pays qui ait pu faire le développement sans connaitre ses acteurs et la meilleure façon de connaitre ses acteurs, c’est à partir du village et de la commune. Mon analyse peut être améliorée mais je crois bien en celle-ci.  
  En tant que Agriculteur burkinabé
Ouagadougou, le 26 janvier  2017

TRAORE B. François,

Agriculteur Burkinabé

dimanche 15 janvier 2017

CE QUE JE PENSE DE LA FILIERE COTON AU BURKINA FASO

Dans l’histoire traditionnelle du Burkina Faso, chaque village avait ses règles. Le suivi de la mise en œuvre de ces lois étaient assuré par les sages du village et les promotions des générations dans le but d’assurer le bon-vivre ensemble au village. Celui qui violait la loi était jugé et sanctionné selon la faute qu’il avait commise. Le bon-vivre ensemble dans ces villages dépendait de la bonne application de ces règles. Au Burkina moderne, une loi pour règlementer la circulation dans les villes et sur les routes a été créée. Pour s’assurer que ce code de la route soit bien respecté, l’Etat burkinabé a une brigade et une police routière qui surveillent permanemment son application et cela réduit énormément les accidents de circulation. Dans le domaine du développement rural, les agro-sylvo-pasteurs burkinabé ont également une loi qui les permet de se mettre ensemble en groupements, en coopératives, en unions ou même en associations pour résoudre des questions auxquelles ils ne peuvent pas faire face individuellement (création d’organisation paysannes). Dans cette loi, ils doivent choisir de bons leaders pour les diriger.

            L’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB) créée en avril 1998, fait partie de ces organisations. Le coton est une des rares filières dans laquelle les agriculteurs se sont organisés de la base, (groupement des producteurs de coton (GPC) au niveau village, UDPC dans les départements, UPPC dans les provinces) jusqu’au niveau national. Elle a été soutenue et encouragée par l’Etat et des partenaires dans cette organisation. Cela lui a permis d’être le vrai interlocuteur de son partenaire société cotonnière (SOFITEX) à l’époque dirigée par M. Célestin TIENDREBÉOGO. À sa nomination, il y avait au total six (06) usines d’égrenage du coton. Nous avons donc entamé une collaboration qui n’existait pas. Cette collaboration a porté fruit. En effet, nous sommes partis de 11ème producteur de coton à 1er producteur de coton africain avec une production de 730 000 tonnes. L’augmentation de la production a permis à la société cotonnière d’augmenter le nombre des usines d’égrenage du coton fibre. La société est partie donc de 6 usines à 22 usines, y compris les usines de délintage. Les huileries sont parties de trois (03) usines à plus de la cinquantaine, constituées de petites, de moyennes et de grandes usines car sur 730 000 tonnes de coton-graine égrené, il y a près de 370 000 tonnes de graines ; il faut se dire que les graines constituent un pourcentage d’environ 52% sur le coton après égrenage ; ce qui a créé de la matière première pour les usines d’huilerie qui produisent de l’huile de consommation et des tourteaux  servant d’aliment-bétail.

Dans le milieu paysan, tout le monde sait que la valeur 116 000 tonnes de coton et celle 730 000 tonnes ne sont pas les mêmes. Dans la bonne collaboration avec la SOFITEX, le nombre de producteurs a augmenté ainsi que leur revenu. Plus de 03 millions de personnes vivant dans le milieu rural ont donc vu leurs revenus augmenter. Il faut se dire aussi que toutes les céréales produites au Burkina sont produites à plus de la moitié par les producteurs de coton. Ce sont principalement le maïs et le sorgho. Cela a réellement créé des emplois et contribué fortement à maintenir la jeunesse dans les villages. Les emplois créés qu’ils soient directs ou indirects valent par usine plus de 1000, ce qui dans le cumule peut aller à plus de 20 000 emplois. Les transporteurs du coton et les commerçants ont aussi eu leur part qu’on a du mal à estimer. Le pouvoir d’achat des cotonculteurs ayant évolué, ils s’achètent désormais auprès des commerçants des tôles, du ciment, des motos, … pour ne citer que ceux-ci.

A mon avis, la voie de la création d’emplois n’est que ce cheminement.  Les secrets sont la bonne collaboration et la discipline en appliquant réellement les règles et en bannissant le mensonge car l’Agriculture est un secteur qui expose très rapidement le mensonge : on  récolte ce qu’on a semé. J’ai toujours dit que toutes les filières agricoles au Burkina peuvent et doivent être organisées car le riz importé, la farine de blé pour le pain, le maïs pour la bière, le lait etc. viennent au Burkina parce qu’il y a le besoin de consommation, le marché existe. C’est cette place que les plus de 80% de ruraux burkinabé doivent récupérer pour la création des emplois et pour cela l’Etat burkinabé a un grand rôle d’accompagnement à jouer. Cela ne se fera pas seulement avec les conférenciers « professionnels » qui prétendent « connaitre » mais qui ne peuvent pas citer un exemple de réussi. Les techniciens et les chercheurs doivent plutôt renforcer leur collaboration avec les pratiquants sur le terrain. En tout cas ceux qui nous envoi ces denrées alimentaires, c’est sur le terrain qu’ils ont travaillé pour les produire. Il y a des « savants » qui disent que nous ne devons pas cultiver des produits à exporter comme le coton. Je ne suis pas du tout de leur avis. Je ne suis pas un savant mais je n’ai pas non plus besoin d’être un expert en économie pour savoir que si les camions doivent quitter le Burkina vides pour aller chercher les produits consommables au port et les amener au Burkina, on ne pourra jamais se développer. Je suis pour qu’on produise tout ce qui est adapté à nos terres, les transformer si possible pour nous auto-suffire ne serait-ce que dans le domaine de l’alimentation et avoir de la matière à exporter pour que nos camions ne quittent pas le Burkina en étant vides.

La filière coton au Burkina vit actuellement une crise de management. Je parle en tant qu’ancien Président de l’Union Nationales des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB) d’avril 1998 au 5 janvier 2010, produisant le coton depuis 1970. L’idée de chercher à redevenir Président dans cette structure est loin de moi; ma dignité ne me le permet pas car j’ai démissionné à l’époque. Mais en tant que vétéran de la filière, ayant une grande famille agricultrice et étant nationaliste, je ne peux pas me taire sur ce que je vois et ce que j’entends. Ce serait une trahison de ma part. La mauvaise gestion financière du désormais défunt conseil de gestion de l’UNPCB qui m’avait succédé, a été exposée pendant plus de 02 ans notamment depuis 2014. Même ceux qui ne sont pas de la filière ont eu assez de preuves pour se faire une idée de cette mauvaise gestion sauf ceux qui refusaient de voir. Une des preuves est que la majorité des partenaires de l’UNPCB ont quitté la structure. Certains partenaires ont mêmes eu à retirer le reste de leurs financements. A un moment donné, l’UNPCB avait près de 280 agents pour accompagner les structures (GPC, UDPC, UPPC) dans la bonne gestion. Malheureusement, sur le chenin, le rôle de ces agents a été carrément dévié et c’est le contraire que la plus part de ces agents fait car le défunt conseil n’appréciait que les techniciens qui aidaient à camoufler la mauvaise gestion. De nos jours, la confiance s’est effritée entre les structures faitières et la base. La collaboration entre les sociétés cotonnières et l’UNPCB n’est plus saine et cela est en train de générer des conséquences graves pour la filière coton. Je me contenterai de citer quelques indices.

 Au lancement de la campagne agricole 2016-2017, l’interprofession  cotonnière avait prévu la production de 800 000 tonnes ; les résultats prévisionnels de la campagne  du ministère de l’agriculture indiquent les chiffres de 752 490 hectares pour une production de plus de 900 000 tonnes. Dans le mois d’octobre, le secrétaire de l’interprofession a donné le chiffre de 730 000 hectares ; tout récemment, le Directeur Général (DG) de la SOFITEX vient de constater la production de la SOFITEX à la baisse. Selon lui, la production attendue de SOFITEX sera 555 000 tonnes. Moi, en tant que connaisseur de cette zone cotonnière, selon mes informations, SOFITEX aura moins que cela car les rendements ont baissé drastiquement. Les problèmes cités par les producteurs qui expliquent cette baisse, lors des forums de début de campagne, sont l’arrêt brusque des semences OGM, la mauvaise organisation de la campagne par la société, l’arrivée tardive des pesticides et leur qualité douteuse. Quant au problème de la pluviométrie cité par le DG de la SOFITEX, les producteurs disent que c’est pour cela qu’ils aimaient les OGM car même semé tard, ceux-ci donnaient vite et bien.

Le 13 janvier 2017, j’ai écouté le Ministre de l’agriculture qui disait que le Burkina va avoir 750 000 tonnes de coton à moins que je n’aie pas bien entendu. En écoutant le DG de la SOFITEX qui parlait de 555 000 tonnes, si le Ministre maintien son chiffre 750 000 tonnes, cela veut dire que SOCOMA et FASO COTON vont produire près de 200 000 tonnes pour que le cumule avec SOFITEX fasse 750 000 tonnes. Or dans l’histoire de ces deux sociétés, elles n’ont jamais pu produire cette quantité. Sur le terrain dans toutes les zones cotonnières, rares sont les paysans qui ont atteint leur surface de la campagne passée. On peut donc affirmer avec certitude qu’on produira moins que la campagne passée vues les difficultés mentionnées précédemment et les sociétés cotonnières le savent très bien actuellement. Cette cacophonie dans les chiffres ne rend pas confiants les financiers qui sont aussi à l’écoute du terrain. Il y a même des huileries qui commencent à se plaindre parce que la graine n’est pas au rendez-vous. Cela n’a jamais été ainsi dans les autres années à pareil moment. Par ailleurs, l’endettement dans les GPC va s’aggraver (beaucoup ne pourront pas rembourser leur crédit). Je conclu que la situation est assez grave.

Le lundi 9 janvier 2017, le Gouvernement burkinabé a installé un administrateur au sein de l’UNPCB pour chercher à résoudre le différend entre les dénonciateurs de la mauvaise gestion et l’ancien conseil de gestion, avec la supervision d’un représentant de chacun des 02 camps. J’encourage le Ministère dans ce sens car c’est son devoir policier dans le domaine des organisations paysannes. J’encourage également la vigilance de l’administrateur pour installer dès maintenant l’idée de la bonne gestion car ce n’est pas du jour au lendemain que la mauvaise gestion va se ranger. Je ne souhaite pas que cet administrateur soit badigeonné. Je souhaite qu’il s’en sorte honorablement. Dans le renouvellement de l’UNPCB, mon souhait est qu’il y ait de vrais producteurs crédibles à la tête des structures. Cela va relancer la production cotonnière et peut également servir comme une bonne expérience pour les autres filières. Quant à la gestion de la SOFITEX, je demande au Gouvernement burkinabé d’être très vigilant sinon il ne verra que des surprises dans cette société. Le Gouvernement doit avoir « l’œil sans déchets » sur la filière coton car elle est le nombril de l’économie dans le milieu où il est produit. Que Dieu accompagne le Gouvernement burkinabé pour le développement du milieu rural.    

En tant que vétéran de la filière cotonnière

Ouagadougou, le 15 janvier  2017

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com

vendredi 30 décembre 2016

Voeux de nouvel an



L’année 2016 prend fin. Je souhaite mes vœux de nouvel an 2017. À toutes et à tous, je souhaite une bonne et heureuse année 2017. Je souhaite particulièrement à tous les agriculteurs et agricultrices une bonne campagne agricole 2017/2018. Je souhaite l’entente et la paix à tout le peuple burkinabé et enfin je souhaite la paix dans le monde entier. Que le Dieu tout puissant nous préserve et nous aide à être positifs pour la cause de l’humain.