dimanche 21 avril 2019




CE QUE JE PENSE DE LA RELANCE DE LA FILIERE COTON AU BURKINA FASO
Le mardi 16 avril 2019, sur invitation du Ministre du commerce, de l’industrie et de l’artisanat, les dirigeants actuels de la filière coton, les anciens et sympathisants se sont retrouvés au ministère du commerce. Pour Monsieur le Ministre en charge du commerce, l’objectif de cette initiative est de demander la contribution de tout un chacun dans une réflexion qui pourrait amener cette filière coton à reprendre son dynamisme pour l’intérêt des agriculteurs et de la nation toute entière. Selon lui, cette filière, à un moment donné, faisait la fierté du Burkina Faso avec une production de plus de 700 000 tonnes. Cela permettait non seulement aux agriculteurs de gagner de l’argent en étant dans les villages et créait aussi de l’emploi dans les secteurs d’accompagnement de la filière et dans l’industrie. Nous avons tous trouvé l’idée salutaire car aucun nationaliste ne serait fier de voir cette filière tomber. C’est ainsi que tout le monde s’est engagé à collaborer, un comité de sages qui regroupe tous les anciens a donc été mis en place. Le Ministre de son côté était aussi heureux de la volonté de tout le monde à contribuer.
Après cette étape, nous avons soulevé quelques préoccupations des producteurs que nous avons sur le terrain. Il y a d’abord le doute que les producteurs avaient concernant la qualité des intrants et particulièrement les pesticides. La réaction du Ministre et celle des dirigeants actuels de la filière était qu’il a été confié à la recherche de vérifier tous les pesticides et même les autres intrants (semences coton et engrais) pour s’assurer de leur efficacité et rassurer les paysans. C’est donc un engagement du Ministre et des responsables de la filière qu’il n’y aura plus de doute sur les intrants, selon le ministre cette relance de la filière coton a un coût sur lequel le gouvernement s’est engagé et les sociétés cotonnières doivent faire un sacrifice pour qu’il y ait la confiance. On nous a ensuite demandé de donner les noms de pesticides incriminés sur le terrain. J’ai donc par la suite appelé quelques producteurs par zone et trouvé un échantillon de produits que je me permets de vous présenter.

COMMUNE
PRODUITS

01
Péni
Pyrnex, Quick424 ec

02
Doumbala (Kossi)
Thunder, Avaunt

03
Tansila (Banwa)
Nomax et Thunder indoxan

04
Gnankoloko
Talis 56 et AG

05
Bobo
Prinex Quick 424 ec

06
Sidéradougou
Thunder, Advantage, Ace ro

07
Solenzo
Nomax

08
Gnorognoro
K-optimal et EMABA

09
Sami
Nomax 150 sc

10
Satiri
Lamdacal


Ce que j’ai trouvé curieux est que sur un échantillon de 10 localités, il y a près de 10 produits insecticides différents. Et si j’augmentais l’échantillon, je suis sûr que j’aurais plus de noms de produits incriminés. Je me suis demandé comment on peut faire un tel appel d’offre. J’ai commencé à produire le coton en 1979, on m’avait donné un seul produit pour les 6 traitements. Sur 2 hectares et demi, j’ai produit 6 tonnes 360 kilogrammes, ce qui fait un rendement de plus de 2 tonnes à l’hectare. Pour la campagne de 2018/2019, nous sommes à 600 kilogrammes à l’hectare. Cela veut dire que la réflexion doit effectivement continuer à être menée, que tout le monde joue correctement son rôle pour que l’on se comprenne et que tout le monde gagne.
Pour ce qui est du prix du coton premier choix pour la campagne 2019-2020, il est fixé à 265 francs CFA. Le système de fixation du prix au Burkina est qu’il y a un prix fixé au début de la campagne agricole, après cette campagne agricole et commerciale, si la vente du coton sur le marché mondial donne du bénéfice, une partie est retournée aux producteurs pour chaque kilogramme de coton produit. C’est dans ce sens que 10 francs seront retournés aux producteurs pour la campagne 2018-2019 qui vient de s’achever. Selon le Ministre, ce système de fixation du prix du coton pourrait être revu et il compte sur les différentes contributions pour qu’on ait un système que tout le monde comprend. Pour lui, tous les secteurs pourraient être revus pour une adaptation à la compréhension et à l’intérêt des producteurs. Il a cité comme exemple le projet d’irrigation à travers les bassins de collecte des eaux de ruissellement qui est actuellement vulgarisé et que plusieurs producteurs rejettent. Moi particulièrement, je l’ai refusé. Dans mon champ, avec mes garçons, nous avons investi sur un puits à grand diamètre qui a beaucoup d’eau. Ce puits nous sert pour fabriquer la fumure organique pendant la saison sèche. Et si la campagne se déroule bien, nous continuerons à investir pour l’irrigation. Je conclus en disant que le paysan burkinabé est un grand travailleur, nous souhaitons seulement une collaboration sincère pour montrer de quoi nous sommes capables. Que DIEU nous accompagne.
Ouagadougou, le 20 avril 2019
En tant que vétéran de la filière cotonnière
TRAORE B. François
Agriculteur burkinabé
Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux

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