Plusieurs
fois, des sympathisants m’ont posé la question de savoir pourquoi mon engagement
affiché en politique, surtout en tant qu’agriculteur. Pour répondre à cette
question, je vais relater quelques passages de ma vie qui m’ont façonné. Je suis
un fils d’Agriculteurs qui ont migré au Mali et au Sénégal pour cultiver
l’arachide. Ce père et cette mère courageux, ont pris le soin de m’inscrire à l’école
tout en n’oubliant pas de m’inculquer leur courage au travail, leur sincérité
et leur sociabilité. En plus de tout cela, mon passage dans ces différentes
sociétés m’a également instruit, surtout dans le lien entre les hommes. De
retour au Burkina en 1973, je n’avais pas plus de 20 ans ; donc mon esprit
se construisait toujours. Comme j’ai opté pour l’Agriculture, ces différentes
expériences ont été pour moi un apport très important. A travers ces
expériences, j’ai appris et compris que j’ai besoin des autres et les autres
ont également besoin de moi.
Dans
ma carrière professionnelle en tant qu’Agriculteur, j’ai été membre de
plusieurs organisations professionnelles dont j’ai souvent été le dirigeant. L’apport
de ces organisations dans le développement de leurs membres, à mes yeux, a été
très important. Dans ces organisations, j’ai appris que les différences des
idées, quand elles sont bien capitalisées, sont très enrichissantes et c’est ce
qui peut permettre l’appropriation de l’organisation par ses membres. Le
partage d’expériences entre les acteurs permet de mieux conscientiser dans la
pratique agricole. Mais au fur et à mesure que l’organisation grandissait, ces
logiques basiques devenaient de plus en plus difficiles. C’est à ce moment que
j’ai perçu personnellement que dans le développement humain moderne, il faut
forcément un lien entre la politique et le développement. Pendant les 04 ans de
révolution de 1983 à 1987 avec Thomas SANKARA, nous avons senti un intérêt
particulier dans la philosophie que ce régime avait pour la population et
particulièrement les ruraux. Cela m’a convaincu que le lien entre la politique
et le développement est possible et obligatoire. Je suis donc resté nostalgique
de cette philosophie qui ne donnait aucune place à l’hypocrisie.
En
2014, dès le début de l’insurrection populaire, je me suis engagé pour
contribuer à un changement au Burkina Faso, surtout quand j’ai compris que plusieurs
burkinabè n’hésitaient pas à se rappeler de la révolution. En plus du slogan
« La patrie ou la mort, nous vaincrons » qui était à chaque fois
répété, un autre s’est ajouté : « plus rien ne sera comme
avant ». Les 27 ans après la révolution avaient marqué négativement
la majorité de la population. L’engagement collégial de ce peuple devait être
assumé et les élections présidentielles de 2015 l’ont démontré. Après toutes
les élections post insurrectionnelles, chacun de nous devait jouer un rôle qui
est le sien. C’est ainsi que j’ai décidé de contribuer à ma manière. Pour moi, tout
homme moralement équilibré doit se sentir redevable à la société. Comme mon centre
d’intérêt principal c’est l’Agriculture, je me suis battu pour le développement
de l’Agriculture africaine partout dans le monde où j’ai pu aller. Dans ce sens,
j’ai été honoré du titre de Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux
en 2006. En 2012, j’ai été également choisi comme ambassadeur des coopératives
agricoles en Afrique par le système des Nations Unies. C’est dans ce domaine
agricole que je continuerai à contribuer. Je ne peux pas faire de la politique
du genre « manges et tais-toi ». Je fais donc la politique pour faire
entendre les préoccupations des ruraux en termes de difficultés et de vision. C’est
vrai que certaines de mes interventions peuvent être mal perçues mais c’est
aussi cela la politique. Quand nous sommes de domaines différents, nous ne
pouvons pas avoir les mêmes analyses des choses mais je suis obligé de
persister à chaque fois que je suis convaincu que c’est dans l’intérêt des
ruraux que je parle car l’esprit de l’insurrection c’est prendre en compte
l’intérêt de tous. Je pense donc que je me suis fait comprendre pour ce qui est
de la raison de mon engagement politique.
En
cette fin d’année 2017, je souhaite une bonne et heureuse année 2018 à tous mes
lecteurs, à toute la population du Burkina et à tous les êtres humains. Que la
paix soit sur tous les Hommes et leur environnement.
En tant qu’homme politique burkinabé
Ouagadougou,
le 20 décembre 2017
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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