Chaque
homme nait avec une dose d’intelligence. Au fur et à mesure qu’il grandit,
c’est son éducation et sa formation qui nourrissent et qui orientent cette
intelligence. Nos ancêtres avaient compris cela et la première formation d’un
homme était donnée par ses parents. Après cet encadrement des parents, il y
avait les initiations. Ces initiations étaient un lieu de formation des jeunes
en groupes. Les formateurs de ces initiations étaient les personnes les plus âgées
qui, non seulement étaient formées dans le village, avaient également l’expérience
dans la vie. Ils avaient des méthodes objectives pour repérer les futurs
leaders. Selon que ces leaders se comportaient bien, ils avaient le soutien de
toutes les générations. C’est pour cela que chaque village avait un moment de prospérité.
Dans
notre monde moderne d’aujourd’hui, l’école est restée le principal lieu de
transfert du savoir. Ceux qui arrivent à l’Université font partie de ceux qui
ont la dose d’intelligence forte. L’expérience que j’ai eue à travers mes
multiples voyages est que les universitaires sont en contact direct avec les
acteurs de toute la société. J’ai suivi tout récemment une émission sur une
chaîne internationale où une université dressait des chiens pour qu’ils soient
de véritables guides aux malvoyants. Ces chiens devaient maîtriser certaines
technologies pour faciliter la tâche à ces malvoyants. Cela veut dire qu’à ce
niveau, nos universitaires doivent savoir cibler nos problèmes de la vie
courante et orienter les étudiants à choisir des thèmes pratiques qui peuvent
solutionner nos problèmes. On m’a dit que pour avoir le doctorat, il faut avoir
trouvé quelque chose que quelqu’un n’a jamais fait. En Afrique nous avons des doctorats
dans tous les domaines mais la pauvreté persiste toujours dans nos pays. Si une université peut travailler à dresser
un chien pour qu’il soit utile pour un malvoyant, je pense qu’il serait plus
facile de travailler à éclairer ceux qui voient et entendent bien pour les libérer
du joug de la pauvreté. La coopération Suisse a mené une étude sur la vie
des organisations paysannes au Burkina Faso. Les résultats ont montré pourquoi
celles-ci n’ont pas toujours été utiles au monde paysan.
Tout
en reconnaissant le travail abattu par nos universités dans le travail qu’elles
font, je les interpelle sur ces sujets: qu’est-ce
qui empêche les organisations paysannes d’être professionnelles dans l’économie
et dans le social ? Le monde paysan n’a pas accès au crédit pour développer
le métier rural. La décentralisation fait partie des outils choisis par le
Burkina pour faire le développement. Comment
cela peut réellement réussir ? Quelles
sont les véritables blocus à la transformation des produits agricoles ?
Sans être exhaustif, voilà les domaines dans lesquelles moi en tant que paysan,
je souhaiterais que les universités nous éclaircissent. On pourra surement me
dire que ces différentes études existent ; alors dans ce cas, qu’on me
dise pourquoi on est resté pauvre. Il y a des villages où plus de la moitié de
la population est restée très pauvre. Pour une paix sociale et un développement
économique durable de nos pays, il faut que le milieu rural prospère.
En
tant que Président d’honneur du syndicat des Agriculteurs du Burkina
Ouagadougou, le 02 août 2016
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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