mardi 2 août 2016

CE QUE JE PENSE DU SERVICE QUE PEUT RENDRE NOS UNIVERSITÉS À LA POPULATION



Chaque homme nait avec une dose d’intelligence. Au fur et à mesure qu’il grandit, c’est son éducation et sa formation qui nourrissent et qui orientent cette intelligence. Nos ancêtres avaient compris cela et la première formation d’un homme était donnée par ses parents. Après cet encadrement des parents, il y avait les initiations. Ces initiations étaient un lieu de formation des jeunes en groupes. Les formateurs de ces initiations étaient les personnes les plus âgées qui, non seulement étaient formées dans le village, avaient également l’expérience dans la vie. Ils avaient des méthodes objectives pour repérer les futurs leaders. Selon que ces leaders se comportaient bien, ils avaient le soutien de toutes les générations. C’est pour cela que chaque village avait un moment de prospérité.

Dans notre monde moderne d’aujourd’hui, l’école est restée le principal lieu de transfert du savoir. Ceux qui arrivent à l’Université font partie de ceux qui ont la dose d’intelligence forte. L’expérience que j’ai eue à travers mes multiples voyages est que les universitaires sont en contact direct avec les acteurs de toute la société. J’ai suivi tout récemment une émission sur une chaîne internationale où une université dressait des chiens pour qu’ils soient de véritables guides aux malvoyants. Ces chiens devaient maîtriser certaines technologies pour faciliter la tâche à ces malvoyants. Cela veut dire qu’à ce niveau, nos universitaires doivent savoir cibler nos problèmes de la vie courante et orienter les étudiants à choisir des thèmes pratiques qui peuvent solutionner nos problèmes. On m’a dit que pour avoir le doctorat, il faut avoir trouvé quelque chose que quelqu’un n’a jamais fait. En Afrique nous avons des doctorats dans tous les domaines mais la pauvreté persiste toujours dans nos pays. Si une université peut travailler à dresser un chien pour qu’il soit utile pour un malvoyant, je pense qu’il serait plus facile de travailler à éclairer ceux qui voient et entendent bien pour les libérer du joug de la pauvreté. La coopération Suisse a mené une étude sur la vie des organisations paysannes au Burkina Faso. Les résultats ont montré pourquoi celles-ci n’ont pas toujours été utiles au monde paysan. 

Tout en reconnaissant le travail abattu par nos universités dans le travail qu’elles font, je les interpelle sur ces sujets: qu’est-ce qui empêche les organisations paysannes d’être professionnelles dans l’économie et dans le social ? Le monde paysan n’a pas accès au crédit pour développer le métier rural. La décentralisation fait partie des outils choisis par le Burkina pour faire le développement. Comment cela peut réellement réussir ? Quelles sont les véritables blocus à la transformation des produits agricoles ? Sans être exhaustif, voilà les domaines dans lesquelles moi en tant que paysan, je souhaiterais que les universités nous éclaircissent. On pourra surement me dire que ces différentes études existent ; alors dans ce cas, qu’on me dise pourquoi on est resté pauvre. Il y a des villages où plus de la moitié de la population est restée très pauvre. Pour une paix sociale et un développement économique durable de nos pays, il faut que le milieu rural prospère.
      
En tant que Président d’honneur du syndicat des Agriculteurs du Burkina

Ouagadougou, le 02 août 2016

TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com   

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