mercredi 11 février 2015

Ce que je pense de la situation politique au Burkina Faso trois mois après l’insurrection populaire

Les 30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabé a montré son mécontentement contre la façon dont il était gouverné. L’une des majeures manières de manifester ce mécontentement a été d’attaquer et de brûler le siège de l’Assemblée nationale. Les députés, censés défendre les  intérêts du peuple, ont été chassés dans leur lieu de travail lorsqu’ils s’apprêtaient à prendre une décision en faveur d’un individu qui était le président  Blaise COMPAORÉ et contre le peuple. La destruction du siège de l’Assemblée nationale et les pertes en vies humaines ont obligé le Président Blaise COMPAORÉ à démissionner.

Suite à cette démission, des institutions de transition ont été mises en place en ayant comme mot d’ordre « plus rien ne sera comme avant ». Le dernier organe qui est en voie d’être mis en place est un comité de réconciliation. Depuis la mise en place du gouvernement de transition, nous assistons à des revendications de la population par rapport au changement positif de la gouvernance pour lequel elle s’est battue. Je cite comme exemple la révolte dans les sites d’orpaillage et celle des producteurs de coton vis-à-vis de leur dirigeant.

Selon les producteurs de coton qui ont fait la dénonciation, l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPC-B) est gérée exactement comme le système Blaise COMPAORÉ où la bonne gouvernance est complètement exclue avec la complicité de certains partenaires de l’administration afin d’avoir une couverture.  Dans mon article intitulé « Ce que je pense du soulèvement populaire après lequel Blaise Compaoré a quitté le pouvoir » du 05 novembre 2014, j’avais dit que le Président Blaise COMPAORÉ était parti mais que les acteurs qui ont contribué à la mauvaise gestion de la gouvernance étaient toujours là. Malgré cette interpellation, rien n’a été fait pour arrêter le système.

Dans le système COMPAORÉ, tous les domaines de l’économie du Burkina Faso étaient contrôlés par « ses  hommes » et très souvent contre l’intérêt du peuple. Jusqu’à ce jour, le peuple burkinabé continue toujours à subir. Et comme le système COMPAORÉ a appauvri une grande partie de la population, nous assistons à un retour massif de ses anciens dignitaires qui soutenaient Blaise COMPAORÉ dans sa démarche. Le récent soulèvement du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) en dit beaucoup. Hors, nous savons que ces anciens dignitaires ne comptent que sur leur argent.

Dans la tradition africaine, la réconciliation fait partie des outils très souvent utilisés pour garder l’unicité de la société. Mais elle n’a lieu qu’après vérité et sanction. Dans l’insurrection, il y a eu des martyrs. Ils sont morts laissés leur famille, se sont sacrifiés pour que la situation de leur famille et de leur peuple change positivement après eux. La réconciliation que ces morts peuvent accepter dans leur tombe, n’est que celle qui interviendra après une bonne gouvernance qui permet à leur famille et au peuple de s’épanouir. Ces martyrs sont morts enterrés mais leurs yeux restent ouverts, tous ceux qui sont responsables doivent savoir que ces morts ont le regard sur eux.

Le peuple burkinabé reconnu travailleur, aspire au changement. Il veut tout simplement la bonne gouvernance pour se développer. Il n’y aura pas de bonne gouvernance sans mise en cause du mauvais système enraciné depuis plus d’un quart de siècle. Je m’attends donc à des réflexions qui décèleront toutes ces mauvaises façons de faire. S’il le faut, que certains acteurs soient disqualifiés pour montrer l’exemple. Un peuple qui avance, c’est un peuple qui sait mettre des bonnes règles adaptées à son développement et qui sait les appliquées.

Ouagadougou, le 11 février 2015

TRAORÉ B. François,
Agriculteur Burkinabé,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr  
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 BURKINA FASO

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