samedi 17 mars 2012

Ce que je pense de la formation des cadres dirigeants et salariés des sociétés cotonnières.

  Du 27 Février au 1er Mars 2012, en tant que membre initiateur de l’université du coton, j’ai été désigné par le président de l’AProCA pour suivre la session de formation des cadres dirigeants et salariés des sociétés cotonnières à Cotonou, organisée par l’AProCA et l’ACA. Il s’agissait de renforcer leurs capacités opérationnelles en matière de gestion des ressources naturelles, de fertilité des sols, de gestions des conflits et de réfléchir sur pourquoi toutes les itinéraires techniques ne sont pas appliquées. Cette session n’est pas classique. Il s’agissait surtout de partages d’expériences sur les pratiques sur le terrain et de faire le lien avec la théorie.

D’une façon générale en Afrique, le coton est cultivé en industriel il y a près de 50 ans. Au départ, les terres étaient naturellement fertiles mais, le niveau de technicité des producteurs était limité. Les producteurs de coton ont été formés pour les semis en ligne et l’entretien du cotonnier. 50 ans après, les terres se sont appauvries, se sont dégradées, les rendements ont baissé entraînant la baisse des revenus des producteurs. Le coton qui a montré sa place dans la lutte contre la pauvreté et son influence dans la sécurité alimentaire se voie prendre un coût. Entre temps, cela nous a même poussés dans les années 2000 à revendiquer l’arrêt des subventions nocives à la règle du marché libre. Cette lutte continue toujours à l’OMC mais, le problème de rendement demeure. Dans ce monde en mutation, l’obligation est faite à ceux qui veulent exister et émerger d’avoir le courage de faire leur auto-diagnostique et de se faire une pression de changement positif.

Un technicien qui suit les producteurs de nos jours, qui n’arrive pas à influencer leur rendement, doit pouvoir se poser la question : est-ce qu’il a la méthode ? Lui en tant que technicien, qu’est-ce qui fait son image ? Est-ce le nombre de diplômes ? Est-ce sa capacité et sa compétence à aider le producteur à augmenter son rendement et ses revenus ? A mon
avis, comme la culture du coton est du business, il faut vendre beaucoup pour gagner beaucoup ; donc une société cotonnière doit se dire : Je ne suis pas seule dans la production cotonnière, si je veux exister, il faut que j’aie beaucoup de coton. Pour avoir beaucoup de coton, il faut que le producteur gagne dans le coton. Pour gagner dans le coton, l’augmentation du rendement est incontournable. C’est pour cela qu’à la fin de la formation, la dernière étape était l’engagement personnel de chaque cadre ou technicien formé et l’engagement collectif de chaque société représentée pour résoudre toutes ces difficultés.


L’un des challenges de l’Afrique actuelle est de lutter contre la pauvreté, d’atteindre l’autosuffisance alimentaire dans la mesure où la croissance de la population africaine dépasse de loin celle de la production agricole. La pression démographique et la mauvaise gestion des ressources naturelles sont la source de la dégradation des sols et des forêts. Selon ce que j’ai compris des formateurs (professeurs de l’Université Polytechnique de Bobo-dioulasso : UPB), l’accroissement du niveau de productivité nécessite une gestion intégrée de la fertilité des sols qui favorise le maintien des ressources naturelles fondamentales ; ils conseillent également la pratique de l’agroforesterie où l’agriculture rend service à l’environnement. Selon nous les agriculteurs africains, les terres se raréfient et ne sont plus fertiles ; pendant que si je prends l’exemple de l’Inde, en 2009, quelqu’un m’a dit que la densité de sa population était de 350 personnes au km2. Malgré cette forte densité, tout le monde sait que l’Inde est citée parmi les grands pays émergents. On m’a également dit que le Japon est un des pays qui n’ont pas de terre mais le japon envoie le riz en Afrique. En Israël, on m’a dit qu’il pleut moins ou presque pas certaines années, qu’il y manque de terre mais, il est l’un des meilleurs producteurs au monde; par exemple dans le coton, ils peuvent faire 6 tonnes/ha contre 1,100 tonne en Afrique de l’ouest. Donc, tout ce que nous trouvons en tant que agriculteurs en Afrique comme difficultés, a été vécu ailleurs et des solutions ont été trouvées. Tant que nous n’allons pas croire que c’est possible également chez nous en acceptant le changement positif de comportement, la pression de la mondialisation va nous avaler.

Selon The Global Assessment of Soil Degradation (GLASOD), 65% des sols agricoles en Afrique subsaharienne sont dégradées (soit 494 millions d’ha). Cela ne s’explique pas seulement par l’activité agricole et animale mais surtout par le faible niveau de l’utilisation des itinéraires techniques par les agriculteurs. Dans ce sens, l’amélioration du niveau technique des producteurs s’avère obligatoire. Mais, le respect de l’itinéraire technique
suppose une bonne perception de la notion de profitabilité par les producteurs. Dans tous les cas, selon les formateurs, « Il faut arriver à concilier la forte demande en terre cultivable et en terre de pâturage pour l’élevage et l’accélération de la dégradation des sols ». Je pense que cela doit être un engagement politique et national. Il m’arrive de suivre certains programmes et projets en Afrique qui, à la fin, sont exécutés à 70%. On pense que le projet s’est bien exécuté parce qu’on est satisfait des résultats. Alors que pour émerger, le taux d’exécution d’un projet ou d’un programme bien ficelé d’un pays ou d’une entreprise doit nécessairement atteindre 100% à 120%. Tous les pays qui ont émergé, sont passés par cette performance. Mais, quand on fait moins de que ce qu’on a prévu et qu’on pense que ce qu’on a prévu était ce qu’il fallait, si on fait moins de 100%, on a reculé. On doit pouvoir travailler doublement si l’on veut émerger vraiment. 
En ce qui concerne la gestion des conflits, ce que j’ai compris des formateurs, est qu’il convient d’abord de considérer le conflit comme un aspect du changement positif. Le conflit peut être source d’innovation, de savoir et de créativité s’il est bien géré. Selon l’un des formateurs, le conflit un est début de solution. Moi, je pense que dans le business, la solution qui permet à un conflit d’avancer, c’est celle issue d’un consensus entre les deux parties. Cela a pour avantage de garder un lien de partenariat entre les deux parties. L’intervention du médiateur est le moindre mal qu’on puisse se faire dans la gestion d’un conflit. C’est pour cela qu’on peut faire appel à un médiateur. Mais celui-ci doit afficher sa neutralité, son impartialité et avoir des compétences.

Entre deux partenaires, à défaut de s’accorder à deux, ou qu’un médiateur vous permettent de vous accorder, la solution extrême reste la solution juridique. La solution juridique vient d’un pouvoir. Et une juridiction dans les normes, est faite pour le bien de tout le monde. Cependant l’idéal, c’est de prévenir les conflits par une communication de qualité entre les différents acteurs et par leur formation aux fonctionnements humains d’où l’intérêt de la présente session de formation.


                                                Ouagadougou, le 17 mars 2012
                                                   TRAORE B. François,
                                                  www.francoistraore.blogspot.com                        
                                                   Président d’honneur de l’AProCA,
                                                   Docteur honoris causa de l’université
                                                   de GEMBLOUX.
                                                    (+226) 70 95 34 45
                                                   (+226) 78 50 16 25  

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