lundi 6 février 2012

Ce que je pense du séminaire final du projet CFC/ICAC/33

Du 18 au 19 janvier 2012, j’ai participé au séminaire final du projet CFC/ICAC/33 à Arusha en Tanzanie en tant que représentant de l’AProCA. Il s’agit d’un projet d’une durée de 4 ans (2007 à 2011) exécuté par Faseintitut Bremene E.V. (FIBRE) avec le cofinancement de l’Union européenne (UE) et le Fond Commun pour les matières Premières (CFC). Les partenaires ayant participé à l’exécution de ce projet sont FIBRE, CIRAD (France), CERTITEX (Mali), SOFITEX (Burkina Faso), TBS (Tanzanie) et TCB (Tanzanie). L’ICAC, acteur du coton de tous les jours était représenté par son président. Des négociants du coton et d’autres partenaires étaient également présents. Les bénéficiaires de ce projet qui sont les acteurs du coton africain dont les sociétés cotonnières, les chercheurs et les producteurs y étaient représentés.

L’objectif du projet CFC/ICAC/33 est d’installer deux centres techniques régionaux au Mali et en Tanzanie dotés de machines (chaine HVI) qui permettent de déterminer la qualité du coton africain à sa juste valeur. Pendant les 4 ans, plusieurs rencontres et formations ont eu lieu. Aujourd’hui les deux centres sont installés.

Selon un représentant américain participant à la rencontre, cette technologie a été initiée par les fermiers américains. Ces fermiers américains ont à un moment décidé de se doter de machines qui mesurent la qualité de leur coton : la longueur de la fibre, la ténacité et le « micronaire » pour que chaque fois qu’un acheteur de coton voit leur coton, qu’il reconnaisse sa qualité. C’est ce qui fait que la qualité du coton américain a longtemps été la référence standard mondiale. Selon les américains, pour avoir une qualité homogène de coton, il faut la sélection d’une bonne variété adaptée, puis l’utilisation d’une même bonne technique culturale y compris la maîtrise de l’eau. A cela il faut ajouter une bonne utilisation du matériel d’égrenage de qualité. C’est tout cela qu’ils appellent le paquet technologique pour avoir un coton homogène. Les chercheurs et les agriculteurs américains ont beaucoup travaillé dans ce sens pour maîtriser toutes ces étapes.

Ce sont ces efforts que les Américains ont voulu qualifier en créant la chaine HVI qui permet de mesurer la qualité du coton. Par la suite, le système de la chaine HVI a été utilisé par les acteurs du coton chinois, indiens et brésiliens.

En Afrique, toutes les sociétés cotonnières ont commencé à déterminer la qualité du coton par la mesure faite à la main. Quelques sociétés cotonnières ont commencé à se doter des machines (HVI). L’installation des deux centres techniques (chaine HVI) devrait venir compléter tout cela. Les participants veulent qu’en dépit des mesures qui existent dans chaque zone c’est-à dire la mesure à la main ou à la machine, que chaque société relevant d’une zone accepte envoyer ses échantillons dans ces centres techniques. C’est par ce biais qu’on pourra un jour parler de standard coton africain.

Le coton africain a l’avantage d’être récolté à la main ce qui est important pour la qualité de la fibre. Mais, l’Afrique devra travailler à la recherche de bonnes variétés adaptées à chaque zone pour combler la petitesse des exploitations et à améliorer le paquet technologique à travers des conseils aux agriculteurs afin d’élever le rendement de la production. C’est par ce biais que l’Afrique peut aussi faire son standard de coton.

Les pays producteurs de coton africain étant dans leur grande majorité en culture pluviale doivent également penser à la maîtrise de l’eau. En Afrique de l’ouest les agriculteurs qui ont une facilité d’accès aux intrants ont un rendement moyen de 900kg à 1200kg/ha, tandis que ceux de l’Est dont la majorité a des difficultés d’accès aux intrants ont un rendement moyen de 500 à 800kg/ha. Pendant ce temps, certains producteurs de grands pays producteurs de coton atteignent 4000kg/ha. Cependant chez les fermiers américains, la taille moyenne d’une exploitation est de 1000 ha à plus de 10 000 ha et possèdent tous des usines d’égrainage.

Dans l’égrenage du coton, il existe deux formes : le système de scies et celui du rouleau. L’avantage du système rouleau est qu’il compresse la graine et fatigue moins la fibre.

Tous ces aspects maîtrisés peuvent permettre à l’Afrique d’avoir en effet un coton de qualité homogène qui se vend facilement et souvent très bien ; or c’est quand on vend bien qu’on a de bons revenus. La bonne répartition des revenus de cette bonne vente aux acteurs (sociétés cotonnières et agriculteurs) augmentera non seulement la quantité du coton africain mais réduira aussi la pauvreté surtout en milieu rural. La quantité du coton fibre africain est estimée à 1 400 000 tonnes en 2011 pendant que la production mondiale était de 24 872 000 tonnes et la consommation mondiale de 24 459 000 tonnes. L’Afrique avec 1 400 000 tonnes a baissé de production et c’est l’Inde et la Chine qui augmentent leur production et récupèrent notre part de marché. Il faut aussi se dire que l’Inde et la chine transforment presque la totalité de leur coton. Cela veut dire qu’il est plus facile pour eux d’adapter la qualité de leur coton aux exigences de leurs transformateurs tandis que le peu de coton produit en Afrique est exporté à plus de 90% au marché qui dicte sa loi. Donc, c’est seulement par une bonne qualité que le coton africain peut attirer les négociants. Cette qualité doit être prouvée par la chaine HVI.

Le voyage que j’ai effectué en Afrique orientale m’a encore conforté du faite qu’il y existe toujours de la place en Afrique pour cultiver le coton. Il n’est pas rare de parcourir 1000 km sans voir un village. Il y a des moments où je me suis senti au Texas; seulement ce n’était pas des champs mais de la terre. Connaissant aussi les potentialités en terre cultivable en Afrique de l’ouest, je suis sûr que l’Afrique a de l’avenir dans l’agriculture et particulièrement dans le coton.

A la fin de ce séminaire qui coïncide avec la fin de ce projet, nous nous sommes tous engager à nous approprier de cette technologie (chaine HVI). Nous souhaitons toujours l’accompagnement de nos partenaires pour cette appropriation.





                                                Dimanche, le 05 février 2012

                                                TRAORE B. François,

                                               http://www.francoistraore.blogspot.com/

                                               Président d’honneur de l’AProCA,

                                               Docteur honoris causa.

                                               (+226) 70 95 34 45

                                              (+226) 78 50 16 25

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