Après la colonisation, il y a eu les indépendances en
Afrique. Cela a donné un pouvoir central qui a gouverné nos pays alors que dans
la tradition africaine les pouvoirs centraux n’étaient pas basés sur les pays,
mais basé sur un rayon qui pouvait s’élargir. Ces pouvoirs centraux
étaient réservés aux chefs, aux rois ou aux chefs de guerre. Il y a
même des régions qui n’avaient pas de pouvoir central. Mais le pouvoir par
localité existait partout. Il pouvait être exercé par des chefs de village ou
des chefs de clans.
Les dirigeants étaient choisis soit par consensus,
soit par désignation selon les sages ou par héritage. Des règles existaient et
dans l’organisation on faisait de telle sorte que tout le monde maîtrise ces
règles. Pour cela, les initiations étaient faites pour former les gens par
générations. La violation de ces règles par un individu pouvait le
conduire à des sanctions comme le paiement d’une amende, le bannissement ou
la mort. Cette pratique s’apparentait à une grande rigueur pourtant comprise à l’époque par tout
le monde.
Les erreurs étaient des grands événements pour la
famille de celui qui a commis l’erreur et c’est toute la famille qui était
déçue. Chaque membre de la communauté devait avoir le patriotisme dans ses
actions. Il y avait des cérémonies pour rendre gloire à ceux qui avaient fait
de grandes innovations pour l’avancée de leur communauté. Les griots qui
étaient les communicateurs devaient le proclamer en public. Ces gloires
étaient toujours chantées à la descendance de ces personnes
leaders.
Il y a eu donc une rupture après les indépendances qui
n’a pas permis de moderniser cette discipline. Nos sociétés étaient donc
déboussolées. C’est dans ce contexte que naît le vent de décentralisation. Je pense qu’il y
a une grande dissemblance entre ce qui était le pouvoir dans les
localités et ce qu’on appelle la décentralisation aujourd’hui. Dans cette
décentralisation, on doit se faire élire dans sa localité en étant membre d’un
parti politique. C’est le parti
qui vient expliquer sa philosophie au village. Du coup la localité peut penser
que sa destinée n’est que dans la main du parti.
Alors que dans ma compréhension de la
décentralisation, votre destinée est dans vos mains. L’ayant vu par
exemple dans la région de la Bretagne en France, où ce sont les ressortissants de la
Bretagne travaillant hors de la Bretagne et ceux qui y vivent qui se sont
donnés la main pour développer leur région. Ce qui a
permis de créer une forte cohésion pour lutter contre la pauvreté et pour le
développement. Or en Afrique, nous avons souvent vu dans cette décentralisation que
l’opposition entre les partis crée de la mésentente au sien les populations dans la localité.
Il arrive que cette mésentente soit entre des gens issus d’un même parti dans
la localité.On me dira que c’est ça la démocratie. Mais cette
démocratie, c’est pour quoi faire ? S’il y avait toujours les sanctions de
nos ancêtres, est-ce que certains allaient finir leur mandat?
Au Burkina Faso, en 2012, il y a eu des élections dans
l’esprit de la décentralisation. En tant qu’agriculteurs, nous nos problèmes
sont les mêmes : changement climatique, mauvaise pluviométrie, problèmes
d’intrants et commercialisation. Notre développement n’est possible que dans
l’esprit coopératif.
Hors les bonnes coopératives ne peuvent pas être
créées et être fonctionnelles si des tensions existent dans notre
environnement. Je lance un appel à tous les hommes politiques pour leur dire
qu’ils ont un devoir vis à vis des populations à la base. Ils doivent développer des idées allant dans le
sens de la consolidation de la cohésion. Cela veut dire « vouloir le
pouvoir pour l’intérêt et l’épanouissement de ta localité ».
Ouagadougou, le 31 mars 2013
TRAORE
B. François,
www.francoistraore.blogspot.com
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur
honoris causa.
(+226)
70 95 34 45
(+226)
78 50 16 25
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire