La filière coton du
Burkina Faso a perdu sa place de premier producteur de coton africain à l’issue
de la campagne 2017-2018. La raison avancée officiellement par l’Association Interprofessionnelle
du Coton du Burkina (AICB) était la mauvaise pluviométrie alors que nous savons
qu’elle a été pareille dans les pays voisins dont certains nous ont dépassé.
Pour cette campagne 2018-2019, le constat et l’information que j’ai, est que la
production va encore baisser. Alors qu’en observant les bons résultats pour les
cultures céréalières et autres cultures au Burkina, on ne peut plus attribuer
cela à la pluviométrie qui a presqu’été abondante et assez bien repartie dans
le temps et dans l’espace. En tant qu’ancien responsable de cette filière
cotonnière, je me trouve dans l’obligation de donner ma version pour contribuer
à freiner cette descente. Un des atouts de la relance cotonnière des années 90
était qu’on avait réussi à faire la part des choses entre les deux entités
société cotonnière et producteurs de coton. Cela avait permis des rencontres
entre les deux où on se disait la vérité. Depuis quelques années, j’aperçois
une ingérence de la société cotonnière dans la structuration et la gestion de
l’UNPCB avec même la bénédiction de la direction des services d’accompagnement
des coopératives du ministère de l’agriculture. Cela a eu un impact non appréciable
sur la cohésion au sein de cette structure si bien que beaucoup de producteurs
ont drastiquement réduit leur superficie de coton. Dans les grandes zones de
production cotonnière, beaucoup de cotonculteurs ont même préféré suspendre la
production du coton en attendant le retour d’un environnement saint dans la
chaine de valeur. Pendant ce temps, les produits commandés par la société cotonnière
pour la production du coton font l’objet de doutes en termes de qualité d’années
en années. La vision donc de perfection que nous avions pour les deux entités
pendant les années de la relance s’effrite. La place du coton dans l’économie
du Burkina Faso ne nous permet pas de laisser cette filière sombrer. Le nombre
d’emplois que le développement de cette filière a créé dans le milieu rural, ceux
créés dans l’industrialisation dans les sociétés et dans leur administration,
est très important pour la lutte contre la pauvreté. En tant que patriote, j’ai
désormais du mal à venter la qualité de la collaboration et la synergie
d’action qui faisaient le succès du coton au Burkina Faso. La filière donnait
également un exemple de structuration dans laquelle les autres filières tiraient
des leçons. Je souhaite des actions stratégiques et tactiques pour ne pas rater
le virage de la bonne préparation de la campagne 2019/2020 car à mon avis, il
n’y a pas de problème sans solution, pourvu qu’on accepte de le regarder en
face au bon moment.