dimanche 18 novembre 2018

CE QUE JE PENSE DES DIFFICULTES QUE TRAVERSE LA FILIERE COTON AU BURKINA FASO


La filière coton du Burkina Faso a perdu sa place de premier producteur de coton africain à l’issue de la campagne 2017-2018. La raison avancée officiellement par l’Association Interprofessionnelle du Coton du Burkina (AICB) était la mauvaise pluviométrie alors que nous savons qu’elle a été pareille dans les pays voisins dont certains nous ont dépassé. Pour cette campagne 2018-2019, le constat et l’information que j’ai, est que la production va encore baisser. Alors qu’en observant les bons résultats pour les cultures céréalières et autres cultures au Burkina, on ne peut plus attribuer cela à la pluviométrie qui a presqu’été abondante et assez bien repartie dans le temps et dans l’espace. En tant qu’ancien responsable de cette filière cotonnière, je me trouve dans l’obligation de donner ma version pour contribuer à freiner cette descente. Un des atouts de la relance cotonnière des années 90 était qu’on avait réussi à faire la part des choses entre les deux entités société cotonnière et producteurs de coton. Cela avait permis des rencontres entre les deux où on se disait la vérité. Depuis quelques années, j’aperçois une ingérence de la société cotonnière dans la structuration et la gestion de l’UNPCB avec même la bénédiction de la direction des services d’accompagnement des coopératives du ministère de l’agriculture. Cela a eu un impact non appréciable sur la cohésion au sein de cette structure si bien que beaucoup de producteurs ont drastiquement réduit leur superficie de coton. Dans les grandes zones de production cotonnière, beaucoup de cotonculteurs ont même préféré suspendre la production du coton en attendant le retour d’un environnement saint dans la chaine de valeur. Pendant ce temps, les produits commandés par la société cotonnière pour la production du coton font l’objet de doutes en termes de qualité d’années en années. La vision donc de perfection que nous avions pour les deux entités pendant les années de la relance s’effrite. La place du coton dans l’économie du Burkina Faso ne nous permet pas de laisser cette filière sombrer. Le nombre d’emplois que le développement de cette filière a créé dans le milieu rural, ceux créés dans l’industrialisation dans les sociétés et dans leur administration, est très important pour la lutte contre la pauvreté. En tant que patriote, j’ai désormais du mal à venter la qualité de la collaboration et la synergie d’action qui faisaient le succès du coton au Burkina Faso. La filière donnait également un exemple de structuration dans laquelle les autres filières tiraient des leçons. Je souhaite des actions stratégiques et tactiques pour ne pas rater le virage de la bonne préparation de la campagne 2019/2020 car à mon avis, il n’y a pas de problème sans solution, pourvu qu’on accepte de le regarder en face au bon moment.