lundi 28 octobre 2019

CE QUE JE PENSE DE MA VISITE AVEC SAPHYTO DANS LE CHAMP DE COTON DE JACQUES A BONDOKUI



Le vendredi 25 Octobre 2019, j’ai été invité par le Directeur général de la SAPHYTO, monsieur Jonas BAYOULOU que j’ai connu il y’a longtemps dans la filière coton. C’est un monsieur qui a toujours été considéré comme un génie, qui, il y’a quelques années, est devenu DG de la SAPHYTO. L’objet était d’effectuer une mission pour aller voir l’expérimentation de deux produits qu’ils ont proposés au Président de l’union départementale des producteurs de coton de Bodonkui, Jacques SABOUE. Arrivé dans le champ, j’avais de la peine à saluer Jacques car ma vue du coton m’avait déjà troublé la tête. Du coton semé en juillet 2019, qui a grandi jusqu’à ma taille et qui a donné des capsules jusqu’à cette taille. Sur un poquet, nous avons compté 160 capsules et il était difficile de traverser le champ de coton car pour quelqu’un qui connait le coton, à cette taille, s’il produit bien, il va forcément se coucher. Les capsules s’entrecroisent et on ne peut pas traverser.  Le coton venait à peine de commencer à éclater et le cotonnier garde toujours ses capsules et ses feuilles. J’étais donc obliger de me retourner vers Jacques pour lui demander ce qu’il a fait. Il faut dire que Jacques est un professionnelle, BEPC à la poche, qui a décidé de devenir agriculteur. Il m’a donc dit que ce n’est pas un secret. Il a appliqué toute l’itinéraire technique qu’il appliquait d’habitude. En plus de cela, il a utilisé deux produits que la SAPHYTO lui a proposé. Lui en tant que leader paysan, il doit toujours être leader dans les innovations pour donner l’exemple aux autres. C’est donc un paysan heureux que j’ai rencontré, content de son exploitation et content d’être une lumière pour éclairer les autres. Je me suis par la suite, tournée vers SAPHYTO en leur posant la question « quel est ce grand secret que vous ne dévoilez pas à tout le monde ? ». Selon Jonas BAYOULOU et ses collaborateurs, ils ont longtemps réfléchi en se disant qu’ils ne doivent pas être que des commerciaux. Ils doivent être aussi des développeurs. Parmi plus d’une soixantaine de produits qui étaient à leur portée, ils ont choisi ces deux produits pour le Burkina que sont CODAMIN BMo et KARA. Ils m’ont par la suite fait la description de l’action de ces produits. CODAMIN BMo est biostimulant riche en Bore, Molybdène et en acides aminés. Son rôle est de favoriser la floraison, la fructification, la fixation des fleurs et des fruits, le maintien du plant en favorisant la résistance à la sécheresse. Il est utilisable sur toutes cultures qui fleurit. Pour ce qui est du KARA, c’est un engrais foliaire complet riche en (N, P, K), oligo-éléments (Bore, fer, zinc) et en biostimulant. Son principal rôle est de favoriser le grossissement de tout ce qui est fruit et des donc des capsules de coton.  Il améliore le nombre de grains de coton et la longueur de la fibre. Il facilite l’absorption des nutritifs.




En regardant ce champ de coton, je me garde de faire une proposition de rendement. Mais ce qui est au moins sûr, Jacques va doubler sa production. Cette technologie m’a fait comprendre pourquoi les grands pays comme les États-Unis et le Brésil peuvent faire 4 à 6 tonnes à l’hectare de coton. Selon BAYOULOU et son groupe et le Président Jacques, c’est des rendements qu’on peut atteindre au Burkina Faso. Jacques me dit qu’il a commencé la sensibilisation dans sa commune et au-delà. Pour terminer, SAPHYTO me dit que cette expérimentation a été faite chez plusieurs producteurs au Burkina qui ont eu toujours la même réaction. Dans leur vision, si les autres technologies comme le téléphone portable, WhatsApp, les véhicules, les motos sont utilisées, eux ils ne peuvent pas admettre que le producteur n’augmente pas ses rendements avec ces potentialités qui existent. J’ai été aussi rassuré que SAPHYTO a du personnel technique qui s’y connait. Ce que moi j’ai vu, éclaire l’avenir de la filière cotonnière au Burkina Faso.

En tant que vétéran agricole

Ouagadougou, le 27 Octobre 2019

TRAORE François                                       

Agriculteur burkinabé

Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux
www.francoistraore.blogspot.com

dimanche 27 octobre 2019

CE QUE JE PENSE DE L’ASSEMBLÉE DE LA CHAMBRE NATIONALE D’AGRICULTURE DU BURKINA FASO



J’ai été invité par le Président de la Chambre Nationale d’Agriculture (CNA) en tant qu’ancien dirigeant du mouvement paysan pour participer à leur assemblée ténue du 23 au 25 Octobre 2019 à Bobo Dioulasso. Cette assemblée était placée sous le haut patronage de son excellence Alassane Bala SAKANDE, Président de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso. Je me permets de vous relater ce que j’ai pu retenir pendant cette session à ma manière. Dans le discours du président de la CNA, un beau garçon très gentil, c’est surtout sa vision qui a attiré mon attention. Pour lui, la CNA ne peut pas avec lui faire du surplace. Il souhaite que le recensement de tous les ruraux soit diligenté pour qu’ils détiennent tous une carte pour les identifier. Il souhaite aussi une cordiale attente entre les producteurs dans une sincérité. L’approvisionnement en instants agricoles et en matériel sont réellement ses soucis qui l’empêche de dormir. Il est donc engagé avec son bureau à faire leur part de travail et souhaite l’accompagnement du Gouvernement.

Le représentant du Ministre en charge de l’agriculture qui était le Directeur régional de l’agriculture et des aménagements hydro-agricoles des Hauts-Bassins, a d’abord dit que le Ministre souhaiterait bien être là, mais pour des raisons indépendantes de sa volonté, lui en tant que Directeur régional, a été chargé de rassurer tous les producteurs que le combat quotidien du ministère, c’est l’épanouissement du monde rural. Il a ajouté que le ministère sera toujours aux côtés de la CNA pour l’exécution des actions du ministère qui prennent en compte les préoccupations des producteurs.

Ce que j’ai retenu dans le discours d’ouverture de son excellence Alassane Bala SAKANDE, c’est que les ruraux sont des patriotes. Grace à eux, tout le monde mange. Les ruraux, c’est un groupe de la population qui veut toujours être utile pour la nation. Pour eux, travailler, c’est être utile. Arrêté de travailler en milieu rural est difficile à expliquer. Quand vous ne travaillez pas, vous serez obligé d’attendre douze mois pour reprendre le travail car c’est des campagnes agricoles. Pour lui, personne ne peut mesurer les conséquences d’un d’arrêt de travail de ces ruraux qui représente près de 80% de la population burkinabé. Le Président de l’Assemblée Nationale est conscient que leur préoccupation, ce n’est pas d’arrêter de travailler. Il est également conscient que beaucoup de choses manquent à ces ruraux qui pourraient faciliter leur travail et augmenter leurs revenues. Il sait que si ces conditions sont réunies pour les ruraux, on n’aura pas besoins d’importer des aliments. C’est dans ce sens que le « consommons burkinabé » est encouragé par le Président du Faso en donnant l’exemple sur le port du FASO DAN FANI. Bala SAKANDE souhaite qu’on consomme burkinabé dans toutes les cantines scolaires. Il est même revenu sur l’initiation au métier rural depuis l’école en reprenant les jardins maraichers dans les écoles. Pour terminer, le Président de l’Assemblée Nationale à proposer que le CNA prennent attache avec la commission du développement rural à l’Assemblée Nationale. Ce qui permettra d’éclairer la lanterne des parlementaires sur les besoins du moment des producteurs. Il s’est engagé à interpeller le Gouvernement chaque fois que c’est nécessaire, pour la satisfaction de ce monde rural.










Pour la suite de l’assemblée, le bureau de la CNA a fait le bilan de ses activités. Parmi lesquelles, il y’ a l’approvisionnent en intrants agricoles dans lequel ils ont eu des soucis. En plus de ça, les quantités n’étaient pas suffisantes. Du matériel agricole (tracteur) a été également mis à la disposition de certains groupes de producteurs au niveau des régions. Là aussi les producteurs ont soulevé quelques difficultés et insuffisances qui nécessitent que cette opération soit vraiment adaptée pour être utile. Moi je me rappelle que pendant les années de la révolution, le Président SANKARA dans son esprit volontariste a mis des tracteurs par province et comme c’était la toute première fois pour une initiative de ce genre au Burkina, cela ne s’est pas fait sans difficultés. C’est ainsi que plusieurs agriculteurs participants ont cité plusieurs exemples qui demandent que cette opération soit améliorée. Car si nous avons le bon bout, ça peut être continuel. Le système des Coopératives d’Utilisation du Matériel Agricole (CUMA) envisagé a été fortement encouragé et recommandé ; car avec les petits producteurs que nous sommes, un tracteur pour un petit groupe serait la bonne manière. Mais cela nécessite dans ce groupe une gestion professionnelle. Certains pensent même que les CUMA font partie des secrets de productivité au Benin.
En conclusion, j’ai retenu que c’est un Président de la CNA, qui avec son bureau, veulent vraiment mieux faire. Pour moi, le recensement des agriculteurs peut faciliter l’organisation par filière. A partir du moment où il y’ aurait des coopératives par filière, ces filières pourraient discuter directement avec des commerciaux et des transformateurs. Ces coopératives autonomes dans les filières doivent travailler à avoir un produit de qualité homogène ; car seules la qualité et la quantité sont leur argument de négociation. En plus, nous sommes tous des consommateurs. Tout le monde veut consommer un produit de qualité ; ce qui veut dire alors que c’est le consommateur final qui impose la qualité et la quantité. Cette rigueur dans la qualité est aussi valable pour les produits consommés au Burkina que ceux exportés comme le coton, l’anacarde, le beurre de karité, la manque, etc. Pour moi, les agriculteurs burkinabés sont de bons travailleurs. Avec une bonne organisation et un bon accompagnement, nous pouvons être les meilleurs dans tous les domaines. Que Dieu accompagne les agriculteurs du Burkina Faso.



En tant que vétéran agricole



Ouagadougou, le 26 Octobre 2019



TRAORE B. François                                       

Agriculteur burkinabé

Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux

dimanche 20 octobre 2019

CE QUE JE PENSE DE MA RENCONTRE AVEC LES FINANCIERS DE LA SOUS-RÉGION AFRICAINE QUI TRAVAILLENT AVEC LE MONDE RURAL


J'ai été invité par une grande dame que j'ai connue à la caisse populaire, Madame Aoua Sawadogo, en collaboration sa collègue américaine, à partager mon expérience dans le milieu rural sur l'apport des politiques publiques et des institutions financières dans le financement agricole. Les participants venaient des institutions financières des pays de la sous-région qui œuvrent tous dans le domaine agricole. Pour avoir pratiqué l'agriculture dans quelques pays de la sous-région Ouest africaine, en plus du fait que j'ai assumé plusieurs responsabilités dans le mouvement paysan au Burkina et en Afrique, mon constat est que chaque politique africain a investi de sa façon dans le milieu rural. C'est ainsi qu'un peu partout le matériel rudimentaire traditionnel a changé chez plusieurs producteurs. L'utilisation des intrants agricoles s’est aussi accrue, chose qui a forcément changé les rendements de certains producteurs. Et cela s'est toujours fait avec la contribution des institutions financières qui œuvrent dans le domaine agricole. Néanmoins, le constat est que c'est dans le milieu rural que la pauvreté et la famine persistent, ce qui engendre l'exode rural de la jeunesse. Dans la sous-région ouest africaine, dans chaque pays, il y a entre 70 et 80% de la population qui est rurale, tandis que les États-Unis sont à 2%. Mais nous continuons à importer des produits alimentaires.

Pourtant au niveau international, ils disent que c'est en Afrique qu'il y’ a le plus d'espace.
La solution que j'ai proposée après ce constat, c'est la réorganisation du monde paysan en coopératives crédibles pour leur permettre d'être en contact avec le marché, c'est une tâche des politiques publiques. Les institutions financières peuvent aussi contribuer à cette réorganisation. Cela nécessite une vraie organisation par filière, chose qui doit permettre d'avoir des produits homogènes de qualité appréciable. Ce qui va mettre ces structures en contact avec les commerciaux et les transformateurs, le décideur final étant le consommateur qui veut toujours acheter du produit de bonne qualité homogène. La collaboration de plus en plus rassurante avec le marché peut permettre aux structures paysannes d'aller vers les structures financières. Et l'assurance du marché rassure également le banquier à octroyer du crédit aux producteurs. Le banquier gère l'argent de quelqu'un, ce qui fait qu'il doit se rassurer que quand il donne du crédit, ce sera remboursé. À titre d'exemple, un paysan américain qui produit du maïs à lui seul peut ravitailler une région en Afrique. Il a aussi un niveau d'instruction élevé et l'État américain a contribué à cela. Ce qui lui facilite la collaboration avec toutes les institutions publiques et privées. Chaque année, il est sûr de fournir un produit de qualité recommandé. En Afrique, nous avons de petites exploitations avec près de 70 à 80% de la population qui est rurale. Ce serait très difficile à l'État et aux structures financières d'avoir affaire à chaque individu. Alors que dans une coopérative de 20 personnes, dès que vous avez 4 à 5 personnes bien éveillées dans le groupe, la formation peut permettre de stimuler la conscientisation dans ce groupe. C'est aussi vrai que nous avons eu des coopératives très mal gérées. C'est pour cela que la politique publique doit redoubler d'effort et changer de méthode car nous avons vu des accompagnateurs qui ont été complices des mauvaises gestions de ces coopératives. Tandis qu'au Canada, par exemple, ce sont les coopératives qui ont stimulé l'agriculture dans la modernisation. En conclusion, je dis qu'avec un financement et un accompagnement adapté à notre contexte, bien réfléchi, l'agriculture de la sous-région peut prendre son envol. Ce qui va lutter nécessairement contre la pauvreté et la famine. Et les politiques publiques doivent être conscients de cela.

Ouagadougou, le 20 Octobre 2019

En tant que vétéran agricole