La société civile Allemande a manifesté ses
inquiétudes par rapport au libre-échange en négociation entre l’Union
européenne et les États-Unis d’Amérique. L’Allemagne est l’une des plus grandes
puissances économiques dans l’Union européenne ; sa puissance agricole et
industrielle n’est plus à démontrer et tout cela est dû à la discipline du
citoyen allemand dans le travail. L’entreprise pharmaceutique allemande BAYER
vient d’acheter MONSANTO la multinationale américaine, une des poids lourds de
l’agrochimie dans le monde. Plusieurs pays de l’Union européenne font partie du
G20, le groupe des 20 pays les plus industrialisés dans le monde. Pourquoi
alors la société allemande s’inquiéterait-elle du libre-échange ?
Les négociations
entre l’Union européenne et l’Afrique sur les APE semblent irréversibles malgré
les différentes manifestations de la société civile africaine. Je suis amené
souvent à me demander si les APE ne sont pas une pression au lieu d’une
négociation. Qu’à cela ne tienne, malgré tout, nous y sommes. L’Union
européenne a plusieurs engagements d’accompagnement des pays africains par
rapport à des limites qui ne leur permettent pas de gagner dans ces échanges. Les
domaines dans lesquels l’Afrique a urgemment besoin d’accompagnement, c’est le désenclavement,
la modernisation de l’agriculture et la résolution du problème de l’énergie.
Pour le désenclavement, l’Union européenne ne peut pas prétendre commercialiser
jusqu’aux villages et ne pas contribuer au désenclavement pour que son produit circule.
Pour ce qui est de l’agriculture, elle emploie près de 70 à 80% de la population.
Avec 65% des terres arables dans le monde sur le continent africain, la modernisation
de l’agriculture permettrait aux paysans d’augmenter leurs revenus et
d’améliorer leur niveau de vie. Quant à l’énergie, c’est un des outils
incontournables dans l’industrialisation et c’est en Afrique que l’énergie
propre est abondante : le soleil (entre 35 et 50 degrés à l’ombre), les
multiples fleuves qui existent, les grands vents qui soufflent comme l’harmatan
pourraient servir aux éoliennes... Dans les villages, plus de la moitié des
paysans ne savent pas que ces engagements avec l’Union européenne existent. Pour
ce qui est des villageois, ils voient plutôt de l’amitié entre les autorités africaines
et européenne. Je ne vois pas comment l’Union européenne peut faire fructifier
son commerce avec des pauvres. Au nom de la population africaine et au nom des
vielles relations entre l’Union européenne et l’Afrique, je souhaite une vraie
amélioration dans ce partenariat car la tendance actuelle ne nous fait pas
honneur. L’Afrique dit qu’elle est exploitée et l’Europe dit qu’elle est
envahie par des migrants économiques africains ; cela ne peut plus durer.
En tant que
citoyen burkinabé
Ouagadougou, le 21 Septembre 2016
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur
honoris causa de l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com