Dans
l’esprit de l’initiative coton, sur appui de l’Union Européenne, l’Association
des Producteurs de Coton Africains (AProCA) a reçu un financement de l’UEMOA
qui a servi à financer les formations sur l’Université du Coton (UdC). L’AProCA
après sa création, a fait un plan
d’action dont l’essentiel était axé sur la formation continue de tous ceux qui
travaillent dans le secteur coton. L’AProCA avait compris que malgré sa lutte
contre les subventions, que la filière cotonnière avait des efforts à faire
dans l’organisation et dans l’acquisition de capacités professionnelles des
acteurs. C’est ainsi que l’Université Polytechnique de Bobo (l’UPB) a été
choisie comme siège de l’université du coton. En collaboration avec les autres
universités des pays membres de l’AProCA, L’UPB a organisé ces différentes sessions
de formation et pour accompagner les acteurs dans leur vision. Pour certains à
l’époque, cette initiative n’avait pas de sens.
Selon
eux, les producteurs n’avaient pas les connaissances suffisantes pour
comprendre les professeurs d’université ; pour eux les agents des sociétés
cotonnières sont tous passés par les universités avant d’être employés, ils
n’ont donc pas besoins de ces formations. D’autres ne savaient pas non plus le
plus que ces formations pouvaient apporter. Ils ignoraient certes la valeur de
la formation continue et la nourriture du capital humain pour être efficace et
efficient. Alors que les producteurs et les sociétés cotonnières étaient déjà
dans l’action. Dans les universités, on parle des actions passées et des
actions possibles futures. Donc pour nous l’université du coton était belle et
bien bénéfique pour les acteurs sur le terrain et bénéfique pour les
universités africaines parce qu’elles seront en contact direct avec des
acteurs.
Dans
cet esprit une « formation » pour les professeurs de l’université du coton
s’est tenue à Bamako. Quelqu’un nous dira comment nous, nous pouvons imaginer
formez des professeurs ? Cette formation à pourtant permis à ce que les
professeurs harmonisent leurs méthodes de transmission du savoir et d’approches
dans le milieu des acteurs en fonction. Cela a été aussi une occasion pour les
professeurs d’écouter les producteurs dans leur vision de collaboration
souhaitée entre eux et leurs partenaires, les sociétés cotonnières et l’Etat.
Cela a été l’occasion de mesurer la portée de lier la théorie à la pratique et
vice versa.
Par
là, nous nous disons que le développement de l’Afrique passera forcement par le
fait que les penseurs éducateurs
éduquent et enseignent dans le sens de la résolution des problèmes des acteurs
dans leurs métiers. Cette formation a permis également de faciliter les autres
formations. C’est ainsi qu’a eu lieu à Douala au Cameroun la formation des cadres
des sociétés cotonnières à laquelle ont pris part quelques producteurs membres
de l’AProCA pour partager leurs expériences avec ces cadres.
Photo des participants à la
formation de Douala
Ces cadres
sont la plupart chargés dans les différents services des sociétés cotonnières,
de former et d’encadrer les agriculteurs sur les différents itinéraires
techniques de la production cotonnière; de former également dans l’esprit
coopératif et des techniques pour mieux communiquer.
Photo des trois facilitateurs
A
la fin de cette formation de Douala, j’ai compris que, passé le temps pendant
plusieurs années à dire que les producteurs ne respectent pas l’itinéraire
technique, ne nous faisait pas avancé. Il faut revoir la méthode qu’on a
utilisée pendant longtemps, changer le message et les mentalités de part et
d’autres. Le rôle d’un formateur, c’est de changer des habitudes négatives,
d’amener à briser les paradigmes. C’est le plus qu’il peut apporter. Le formateur
n’est utile que lorsqu’il arrive à faire revenir un producteur à la raison.
Une
autre formation s’est tenue à Ouagadougou, elle concernait les dirigeants des
structures des producteurs membres de
l’AProCA et leurs techniciens accompagnateurs. Cette formation s’est basée sur l’organisation,
commercialisation et recherche des marchés, l’esprit coopératif, les
difficultés qui font que les rendements baissent, la gestion des conflits dans
les organisations...
A
la fin de cette formation, ma compréhension pour un dirigeant, c’est d’être
utile, de se préoccuper du bien être de l’agriculteur à travers
l’accompagnement de ses efforts. Pour bien accompagner les efforts de
l’agriculteur, il faut que les agriculteurs soient bien conscients. Donc, un
dirigeant doit être exemplaire, un modèle de producteur. Ainsi, il se fera
respecter par ceux qui l’on élu et se faire écouter par ses partenaires
également.
Une
quatrième formation a concerné les chefs de services formateurs des sociétés
cotonnières et des chefs de services formateurs des structures de producteurs
de coton plus quelques dirigeants producteurs à Cotonou. A cette formation la qualité
de la formation, l’identification des besoins de formation, le management, l'andragogie,
les techniques de communication, les techniques de rédaction des termes de
références et gestion des dossiers d’appel d’offre ont été fortement discutés. En
plus des questions transversales ont été débattues. D'autre part, la prise de
conscience de l’identification des besoins de formation réelles, et celui de
l’itinéraire technique ont été capitales. Il a été reconnu que la composition
de l’engrais préconisé n’est pas souvent adaptée à la terre ; à cause de
la crise de la filière dans les années passées, les sociétés se sont souvent contentées
des compositions standards qui ne permettent pas un amendement cohérent sur
certaines terres. Alors continuer à dire à un producteur qu’il ne respecte pas
les itinéraires techniques, n’est pas forcement le problème.
En
conclusion, ces formations ont démontré qu’une réflexion approfondie dans
chaque filière pour un changement de comportement, de mentalité de chaque
acteur dans les filières est nécessaire. L’UdC, si elle n’existait pas, elle
devrait être créée. Permettre à des acteurs de pays différents et de sociétés
différentes de discuter des mêmes problèmes et d’échanger sur leurs expériences
a été salutaire. Voilà l’intérêt de l’université du coton qui a aussi permis
aux professeurs de ces universités d’avoir l’occasion de mettre leurs savoirs pédagogiques
au service des acteurs et de prendre aussi en compte les savoirs paysans.
Les
débats que ces professeurs d’université ont suscité entre les acteurs leur permettent
désormais d’utiliser ces informations dans les universités. Cela fait que
dorénavant, les professeurs pour certains exemples, ne vont pas amener les
étudiants à se plonger dans les livres ou à n’aller que sur internet ; ils
peuvent désormais mieux orienter leurs étudiants vers les acteurs de terrain.
C’est cette cohérence qui fera faire bouger la machine économique africaine un
jour.
C’est
l’occasion pour moi de dire merci à l’UEMOA et ses partenaires de l’UE; de
leur dire qu’ils ont fait une bonne œuvre dans laquelle je souhaite une
continuité. Je souhaite que d’autres partenaires emboîtent leur pas en entendant
que les différentes filières puissent s’autofinancer pour ces genres de
formations pour un capital humain digne de ce nom.
Ouagadougou, le 13
avril 2013
TRAORE B. François,
www.francoistraore.blogspot.com
Président
d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa.
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16 25
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