lundi 28 octobre 2013

Ce que je pense de la conférence de presse organisée par OXFAM sur la sécurité alimentaire



J’ai assisté à une conférence de presse organisée par OXFAM le 05 octobre 2013 à Ouagadougou dont le thème était « où sont partis les 10%  du budget national que les chefs d’États africains s’étaient engagés à Maputo pour développer l’Agriculture ? ». Cette conférence était Co-animée par un représentant de l’administration, un député, des représentants d’organisations paysannes et de la société civile Burkinabè.

Dans son introduction, le représentant de l’administration a dit que le gouvernement Burkinabè a alloué jusqu’à 14% de son budget national à l’Agriculture pour appuyer la production animale et végétale. Dans ce sens, il a été appuyé par le député. Selon ce dernier, les parlementaires sont témoins de cet investissement et font de leur tâche quotidienne la vérification réelle de l’utilisation de ces fonds dans l’Agriculture. 

Quant aux représentants des Agriculteurs, l’utilisation de ces 14% ne  se fait pas sentir dans l’amélioration de leur production et de leurs revenus. Ils pensent que ces fonds sont consommés en majorité par l’administration et non dans les investissements au niveau des Agriculteurs. Quant à la ligue des consommateurs, ces investissements n’ont pas toujours permis la disponibilité et la qualité de l’alimentation car nous assistons toujours à l’importation de certains produits douteux que le consommateur dans la recherche de survie, achète et consomme malgré lui. L’exemple de la bonne huile de coton Burkinabè qui connait une mévente à cause des huiles importées malheureusement très souvent de mauvaise qualité, a été cité.

Je pense que le  droit à l’alimentation pour tous est un droit universel. Cette alimentation doit se baser sur des produits adaptés aux réalités de chaque terroir ; ce qui donne le droit à tout peuple de se nourrir. Dans l’histoire de l’humanité, l’homme se nourrissait de fruits, de plantes ou de viande qui se trouvaient autour de lui. C’est à partir de cela qu’il a développé son ingéniosité dans l’Agriculture. C’est ce qui a également fait que tous les peuples des pays modernes ont fait de leur priorité la production de  la nourriture pour leur peuple.

Par rapport à l’engagement des chefs d’État africains d’allouer 10% de leurs budgets nationaux à l’Agriculture, j’ai l’impression qu’ils se justifiaient et que ce n’était pas une priorité pour eux. Dans ma compréhension, les 10%  étaient  censés être le minimum de fond à accorder à l’Agriculture parce qu’avant cela il n’y avait pas grand-chose. Pour un pays qui veut atteindre une souveraineté alimentaire, il faut des investissements à court terme. Je pense que le minimum de 10% devait concerner que le court terme. Les investissements en infrastructures hydriques, énergétique, de désenclavement (routes) et en matériel agricole doivent occuper une grande proportion des budgets nationaux comme les américains et les européens  l’on fait pour faire décoller leur Agriculture. 

Dans ce contexte, la tâche des parlementaires est très importante. Ils sont censés être les représentants du peuple et qui écoutent la population avant d’être députés. Les députés  ne doivent pas se limiter à contrôler l’action du gouvernement que sur du papier mais en revenant vers  ce peuple pour voir le changement et la satisfaction réelle de cette population. Ces députés ne doivent pas non plus justifier que l’action de l’État mais la préoccupation quotidienne  de la population. C’est cela qui peut aider un gouvernement. Ce n’est que dans cette façon de travailler des députés qu’on saura la vraie mesure des investissements sur le terrain. Un peuple qui à faim ne peut pas faire de l’économie n’en parlons pas de développement.

C’est l’occasion pour moi de me réjouir de la dernière rencontre de l’UEMOA au Sénégal qui a mis l’accent sur le rôle des parlementaires dans la dénonciation de la corruption et dans le suivi de la bonne gestion. En tant personne ayant participé à plusieurs débats internationaux, j’ai toujours eu honte de parler d’un continent dont près de 80% de la population est rurale, qui a l’espace cultivable et qui n’arrive pas à se nourrir. Les chaines d’alimentation et les boutiques sont bourrées de nourritures importées. 

L’Afrique devrait plutôt s’engager à refuser de la nourriture importée. Pourtant, il est possible de refuser la nourriture venant de l’extérieure en investissant suffisamment là il le faut pour augmenter la production nationale dans chaque pays africain. La preuve est que tous les pays développés veulent acquérir de la terre en Afrique parce qu’il y a de la place et de la facilité en Agriculture sur ce continent. Je ne souhaite pas que les agriculteurs africains soient de simples consommateurs et de simples ouvriers un jour. Les choses doivent changer en faveur de la population et des Agriculteurs africains pour espérer aller au développement.
                                                     
TRAORE B. François,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
E-mail:dadilotbf52@yahoo.fr                                                                                         
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mardi 22 octobre 2013

Ce que je pense de l’atelier d’appropriation de la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle par la société civile



Le 17 octobre 2013, j’ai été représenté à Ouagadougou, l’Union des Groupements de Commercialisation des Produits Agricoles (UGCPA/Dédougou) à une réunion convoquée par la Confédération Paysanne du Faso (CPF) pour donner sa contribution dans l’élaboration de la Politique Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNSAN) au Burkina Faso. Cette politique se justifie par la vision du gouvernement Burkinabè d’assurer à tout Burkinabè à l’horizon 2025, une alimentation suffisante et saine. 

Il s’agissait pour cet atelier d’appropriation de la PNSAN par la société civile, de consulter également tous ces acteurs non-étatiques (organisations professionnelles agricoles, organisations de la société civile, secteur privé) pour améliorer le contenu de cette politique. 

Pour atteindre la sécurité alimentaire, je pense qu’avec les 86% de la population Burkinabè vivant de l’agriculture, elle ne peut qu’être basée que sur la production nationale. Cela parce que les statistiques disent que c’est dans le milieu rural qu’il y a plus de ménages en insécurité alimentaire. Selon l’enquête nationale sur la sécurité alimentaire (ENIAM, 2008), elle est de 37% en milieu rural contre 31% en milieu urbain. C’est également dans ce milieu qu’on rencontre les populations les plus pauvres. La souveraineté alimentaire pourra résoudre ces  fléaux. Si les gens sont pauvres, c’est parce qu’ils n’ont pas suffisamment de revenus. S’ils sont affamés, c’est parce que leur production ne suffit pas pour les nourrir et pour les soigner. 

Pour éviter que toute cette population ne se retrouve dans les villes et les rendre ingérables, il faudrait forcement que l’État investisse  dans le milieu rural pour la maintenir dans son milieu de vie. La maitrise réelle de l’eau superficielle et souterraine, un bon système d’approvisionnement en intrants pour les 86% de la population en fonction de leur production et le désenclavement des zones agricoles tout en résolvant le problème foncier sont des facteurs intournables pour faciliter le travail de ces acteurs ruraux.

L’État doit également œuvrer à faciliter la commercialisation et la transformation. La transformation peut employer une bonne partie de la franche jeune. Parce que l’augmentation de la productivité bien commercialisée lutte contre la pauvreté et rend disponible et suffisamment l’alimentation. L’augmentation de la production par des agriculteurs  bien organisés rassure également les transformateurs pour permettre d’avoir de l’alimentation de qualité. Si tout cela est fait  de façon consensuelle et professionnelle, on peut arriver à la souveraineté alimentaire avant 2025 car les agriculteurs Burkinabè ont démontré leur capacité dans la sous région dans leur ardeur au travail. Je souhaite que cette politique ne soit pas un document de plus car le temps presse.

TRAORE B. François,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
Président d’honneur de l’AProCA,
E-mail: dadilotbf52@yahoo.fr                                                                                         
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vendredi 11 octobre 2013

Ce que je pense de l’atelier national de réflexion pour l’harmonisation des textes des organisations coopératives au Burkina Faso


Du 03 au 04 octobre 2013, j’ai participé à Ouagadougou, à l’atelier national de réflexion pour l’harmonisation des textes des organisations coopératives organisé par le Ministère de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire. Pour mémoire, dans le souci de corriger les insuffisances de la Zatu AN VII-0035 du 18 Mai 1990 et d’intégrer les organisations coopératives dans les dynamiques de développement économique et social, le gouvernement burkinabè a doté le mouvement coopératif de la loi 014/99/AN portant règlementation des sociétés coopératives et groupements au Burkina Faso. Cependant plus de dix ans après sa promulgation, l’analyse laisse percevoir des difficultés réelles d’application sur le terrain et une bactérie d’insuffisances. Les problèmes organisationnels et l’insuffisance dans les services rendus aux membres font l’unanimité majeure au plan national en  termes d’insuffisances.

Devant ce constat, le gouvernement burkinabè avait initié du 18 au 28 décembre 2012, des ateliers régionaux de réflexion sur la législation coopérative au Burkina Faso dans lesquels toutes les régions administratives ont participé à travers les représentants des différents acteurs nationaux. Il s’agissait de diagnostiquer les textes législatifs et de faire de nouvelles propositions de solutions en phase avec les dispositions de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives. Cet Acte est la nouvelle norme en vigueur (adopté le 15 décembre 2010 à Lomé) dans les dix sept (17) pays africains signataires du traité de l’OHADA.

Le présent atelier national avait pour objectif général de fixer les orientations pour une application effective de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives de l’OHADA au Burkina Faso. De façon spécifique, il s’agissait pour les participants de s’imprégner de la synthèse  des ateliers régionaux, connaitre les exigences de l’Acte uniforme de l’OHADA, définir les rôles et responsabilités des acteurs dans sa mise en application, définir les dispositions réglementaires permettant à l’Etat de jouer son rôle régalien envers les organisations à caractère coopératif, déterminer les mesures d’accompagnement pour son application effective et de fixer l’agenda de sa mise en application.

Pour une large information et surtout une bonne explication de ce que c’est qu’une coopérative dans un esprit entrepreneurial, je pense que l’Etat doit travailler à ce que tous ses agents maîtrisent très bien ces textes. Que ce soit les agents d’accompagnement techniques, ou le pouvoir des collectivités locales, l’Etat  doit travailler pour que ceux-ci comprennent et maîtrisent parfaitement cette loi.

Tant que ces acteurs de soutien du monde rural ne prendront pas conscience individuellement et collectivement que les coopératives constituent un passage sine qua non au développement rural, le bilan de leur carrière restera pratiquement théorique. Aussi, au vu de mes expériences, cette nouvelle forme de coopérative  qui n’est pas celle traditionnelle doit permettre aux agriculteurs de se mettre ensemble parce qu’ils se font confiance et faciliter l’approvisionnement en intrants agricoles et la commercialisation des produits. Ils doivent également être conscients des types de dirigeants que cela exige. L’Etat doit donc œuvrer à bannir le laisser-aller dans la formation et le fonctionnement des structures au profit de la rigueur à tous les niveaux. C’est en cela qu’on reconnaîtra le rôle régalien de l’Etat dans ce processus.

Concernant les structures déjà existantes et qui doivent se conformer à l’Acte de l’OHADA, elles doivent opérer un changement profond de comportement surtout dans la gestion et la bonne gouvernance afin d’être crédibles et utiles à ses membres. En effet, sans cette crédibilité une structure ne pourra jamais  avoir du crédit avec une banque ou signer un contrat avec un partenaire. La coopérative ne doit pas être un outil d’escroquerie ; elle est un  outil de développement économique. En Occident les agriculteurs se mettent en coopératives parce que leurs intérêts peuvent y être préservés et amplifiés.

Dans la tradition en milieu rural,  les gens vivaient ensemble, il y avait donc des associations. Ils accordaient de l’importance à comment mieux diriger car l’indiscipline d’un membre du groupe ou une mauvaise décision de l’équipe dirigeante était fatale. Cela se payait par une exclusion et souvent même par le décès d’un membre. Aujourd’hui on a tendance à ne pas bien mesurer les conséquences de l’indiscipline ou les fautes des dirigeants ; pourtant les mêmes conséquences demeurent lorsqu’il y a mauvaise gestion.

 Quand une structure, quelque soit sa taille, est mal construite, les conséquences seront non seulement l’absence de développement, mais aussi la difficulté des membres qui ont participés à ce regroupement et qui ont été déçus à se mettre ensemble avec d’autres personnes. Si dans le milieu rural nous n’avons souvent que des structures de façade qui ne sont pas crédibles, nous ne demeurerons que des consommateurs au profit de ceux qui veulent se développer surtout dans le contexte actuel de mondialisation.

Pour moi l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives est une des rares atouts au développement et son application effective constitue un virage important à ne pas rater au Burkina Faso.


TRAORE B. François,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
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mercredi 2 octobre 2013

Ce que je pense du rôle des religions et de la politique dans le maintien de la paix


L’Homme est l’être le plus intelligent de la nature. Cette  intelligence l’a amené à créer sa société. Pour sauvegarder cette société, il a cherché à dompter la nature. C’est depuis lors qu’il a commencé à imaginer des pouvoirs suprêmes pour l’aider à le faire. Avec ces pouvoirs suprêmes l’Homme est passé de dompteur à adorateur. Dans certains continents, c’était des idoles ; en Afrique, il adorait des fétiches. 

C’est dans cette évolution, qu’il y a eu les religions notamment le christianisme, la religion musulmane, le bouddhisme… Selon toutes ces religions, les promoteurs ont été des messagers de Dieu, donc des saints.  Dieu est unique, aime tous les hommes et  souhaite la paix pour l’Homme. Il a fait également de l’Homme le maître de la nature mais en lui recommandant de la préserver. Ces religions ont permis à beaucoup de sociétés de se regrouper et d’adorer qu’un seul dieu. Pour moi,  c’est à partir de là qu’est née la philosophie de la politique. Depuis lors, chercher le bonheur de l’Homme est devenu le sens universel de la politique. Donc à mon avis, les religions et la politique ne sont que positives.

Je ne comprends pas alors qu’au 21e siècle, que la religion soit utilisée pour détruire les Hommes. Nous constatons que dans les pays arabes et au moyen orient aujourd’hui, l’origine des religions (musulmane et chrétiennes), qu’à cause du même Dieu, des frères se déchirent souvent. Cette division entre frères s’est exportée en Afrique. Mais la particularité de l’Afrique, c’est que toutes les religions s’y retrouvent (christianisme et la religion musulmane). La pauvreté et l’ignorance des africains sont entrain d’accentuer cette opposition entre les frères africains. 

Dans la plus part des pays occidentaux, les Hommes sont arrivés à séparer la politique et la religion. Pourtant les religions ont été les propulseurs de la civilisation en Occident. Dans le cas de l’Afrique, je me pose la question si souvent le politique n’utilise pas les religions pour diviser. Ce n’est pas que le politique africain seulement qui fait cela en Afrique. Ceux qui ont également besoins des ressources naturelles africaines créent souvent ces discordes quand ils ne trouvent pas leur compte.

Pour moi, nous avons trahi Dieu en pratiquant la religion de cette manière parce que Dieu veut toute sa créature. Il a donné du pouvoir à Homme pour qu’il puisse préserver la vie de son prochain et des autres créatures. Quant aux politiques, je crois que c’est le chemin le plus court qu’il cherche en utilisant les religions pour opposer des clans. Ce n’est pas le bon chemin. Le problème de la crise financière mondiale ne pourra pas être résolu tant qu’on ne permettra pas aux africains de bénéficier de leurs ressources naturelles et d’avoir une capacité économique pour être des consommateurs. C’est le chemin le plus long mais le plus sûr. Je souhaite que l’humanité en prenne conscience. L’humanité a la capacité de positiver la politique et la religion pour la cause de l’homme.

TRAORE B. François,
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,
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