jeudi 27 décembre 2018

Ce que je pense de la gouvernance au RWANDA avec le Président PAUL KAGAME


Le Rwanda est un pays qui vient de loin. C’est un pays qui a traversé des situations qui peuvent chacune, anéantir un pays. Pays enclavé de l’Afrique de l’Est, le Rwanda est un pays qui a plusieurs ethnies, qui a été colonisé et qui a aussi vécu la pression des colonisateurs. Le Rwanda a vécu une guerre sanglante à l’issue de laquelle il a perdu des milliers de rwandais. Pour un petit pays en termes de superficie comme le Rwanda, tout était ficeler pour que la seule porte de sortie pour la population soit l’exode. Leur chance a donc été un certain Paul KAGAME, un nationaliste hors pair, un africain intègre. Les histoires vécues par le Rwanda l’ont obligé avec ce grand leader qu’est Paul KAGAME, à faire face à de nombreux obstacles à travers tous les secteurs. Aujourd’hui, le retard est rattrapé entre autre grâce aux investissements conséquents qui ont été faits dans l’éducation, l’entreprenariat, la santé et la reconstruction citoyenne. Dans le domaine des nouvelles technologies, l’économie a également été digitalisée pour lutter contre une corruption endémique, un projet encore une fois mené par KAGAME. 
Moi, en tant que leader paysan, je comprends à travers cette histoire du Rwanda que la bonne gouvernance est possible en Afrique. J’ai particulièrement vécu avec le monde rural, une expérience qui m’a montré que cela est possible partout en Afrique. Dans les années 98, j’ai été responsabilisé par les paysans pour être le président de l’Union Nationale des Producteurs de Coton Burkinabé (UNPCB). Nous avons à l’époque mis en place un partenariat avec l’Etat à travers lequel nous avons forgé un professionnalisme qui, à l’époque, a créé la confiance entre les agriculteurs dans leurs groupements et aussi avec les autres partenaires. Cela faisait donc de cette union, une porte d’entrée pour les partenaires pour atteindre les producteurs. Résultat : dans le secteur coton, nous sommes passés d’une production de 116 000 tonnes à plus de 700 000 tonnes de coton-graine. Pour pouvoir égrainer cette quantité, nos partenaires sociétés cotonnières étaient obligés d’augmenter le nombre d’usines qui sont parties de 6 usines à 24 usines dans lesquelles de l’emploi a été créé pour des diplômés et pour la main d’œuvre. Vous comprendrez donc qu’avec plus de 700 000 tonnes de coton produit, le nombre de producteurs bénéficiaires avait également augmenté et leurs revenus aussi. Cela a également mis un frein à l’exode rural. Comme il était techniquement recommandé de faire la rotation entre la production de coton et celle des céréales, la production céréalière a aussi augmenté. Cela résolvait le problème de sécurité alimentaire. Dans ce système cotonnier, nous vivons aujourd’hui des difficultés mais la persévérance des rwandais nous montre que nous pouvons tout surmonter. Avec la volonté et la prise de conscience du politique et de la population, on peut arriver à se faire une feuille de route qui bannit la corruption pour aboutir à une bonne gouvernance. Le Rwanda nous montre que cela est possible, cela fait des années maintenant que ce pays est cité comme un bon exemple. C’est l’occasion pour moi d’interpeller les dirigeants africains à gouverner pour le bien-être de leurs populations comme les autres continents l’ont fait. Les problèmes existeront toujours mais les hommes unis et conscients pourront toujours les surmonter. 
Ouagadougou, le 27 décembre 2018
En tant que homme politique burkinabé
TRAORE B François
Agriculteur Burkinabé
Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux


dimanche 23 décembre 2018

CE QUE JE PENSE DE LA BONNE GOUVERNANCE


Dans nos sociétés africaines, toutes les entités avaient des règles qui leur facilitaient le bon vivre ensemble. Ces règles étaient très souvent encadrées par des rites qui étaient façonnés par les populations elles-mêmes selon l’intérêt de la société. Toute personne qui allait à l’encontre de ces règles, était sanctionnée et la sanction pouvait souvent être fatale. C’est pourquoi pour certaines entités, il y avait des initiations à travers lesquelles on formait la jeunesse pour qu’il y ait la continuité dans ce bon vivre ensemble. Par la suite, il y a eu les religions (islamique, chrétienne…). Dans celles-ci, il y a également des règles qui permettent aux Hommes de faire une différence entre eux et les autres êtres vivants. Le bon vivre ensemble a toujours été encadré d’une manière ou d’une autre, pour rendre la société heureuse. Dans ce monde moderne, la bonne gouvernance est très souvent abordée mais en Afrique, malgré toutes les ressources que nous avons, en plus des atouts de la société précédemment citée, nous avons de la peine à rendre notre société heureuse. Cela m’amène à me poser la question suivante : avons-nous la même façon de voir la bonne gouvernance ? Pour certains hommes d’affaire, ils ont leurs propres règles. Eux, ils doivent toujours gagner donc ils veulent des règles qui ne permettent pas aux autres de gagner comme eux. Dans le milieu intellectuel, leur contribution devait permettre d’éclairer la population pour que chacun connaisse son rôle à jouer pour l’épanouissement de la société. Alors qu’on sent souvent que beaucoup d’intellectuels pensent que le droit au privilège pour eux est la bonne gouvernance. La politique est l’outil par lequel tout cela devait être régulé et si l’Afrique peine à arriver au développement malgré la multitude des partis politiques, cela veut dire que la bonne gouvernance qui crée et instaure les conditions de l’épanouissement de tous les Hommes, n’est pas visée par tout le monde. Moi, je suis pour que tous les Hommes travaillent dur et sincèrement pour permettre à la société de rendre l’humain heureux. Cela nécessite qu’il y ait un minimum de cadrage de notre vision de la gouvernance et je suis convaincu qu’il  y’a une forme de bonne gouvernance qui privilégie l’humain pour le rendre heureux pourvu qu’on comprenne que tous les hommes sont égaux et ont droit à l’épanouissement.
Ouagadougou, le 23 décembre 2018

jeudi 13 décembre 2018

Ce que je pense du salon de l’élevage (SABEL) du Burkina Faso



Du 27 novembre au 01 décembre 2018, s’est déroulé le salon international de l’élevage du Burkina Faso avec une forte implication de la chambre d’agriculture. Chose que je trouve normale car la chambre d’agriculture est représentée dans tous les villages. Avec son implication, on a la chance que l’information soit bien véhiculée dans le milieu rural. Au Burkina Faso, environ 86% de la population est rurale. L’occupation principale de ces ruraux, c’est l’agriculture et l’élevage. Ce qui est paradoxale, est qu’on ne finit pas avec le conflit agriculteur/éleveur. Cette foire à montré le contraire. On voit plutôt une complémentarité entre les deux sous-secteurs. Dans le vieux temps, c’est la nature qui nourrissait les animaux. Il suffisait tout simplement de chasser les animaux mettre dans la brousse et ils se nourrissaient. L’accroissement de la population a augmenté la surface des champs. Comme les résidus des champs sont plus nourrissants, les éleveurs cherchent souvent à se servir eux même dans les champs. Les interventions des agents de l’agriculture et des l’élevage n’ont pas pu résoudre le problème.
 

Pendant ce salon, j’ai été heureux de constater plusieurs efforts par-ci, par-là, de valorisation des résidus. Les chercheurs ont démontré une autre façon d’élevage en l’occurrence l’élevage moderne dans plusieurs domaines. L’élevage, ce n’est pas une chance, c’est une maîtrise. Les artisans ont montré leur capacité d’adaptation dans la fabrication des outils utiles pour l’élevage. C’est l’occasion pour moi de féliciter mon ami, son excellence le naaba Tigré de Saponé pour l’invention de sa broyeuse KATO et surtout qu’il a commencé à valoriser l’énergie solaire sur ses machines. Ce qui montre que le Sahel a des avantages dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage. Au Canada, pendant près de trois mois, les éleveurs sont obligés de mettre les animaux dans les maisons parce qu’il neige. Pendant tout ce temps, les animaux sont nourris par du foin et des graines. Un agriculteur canadien nous dira qu’on est plus avantageux que lui. Pourtant, c’est à partir de l’Occident que le lait, les œufs et certaines viandes sont importées en Afrique. Dans ces pays occidentaux, la population rurale n’excède pas 5%. Chez nous aussi, la modernisation et l’organisation des acteurs du secteur rural pourrait donner du métier décent à la jeunesse dans le milieu rural. Je souhait également que l’implication de la chambre d’agriculture soit un canal par lequel, la sensibilisation passe pour réduire les feux de brousse. A ce niveau, agriculteurs et éleveurs, ont intérêt.


En tant que vétéran agricole

Ouagadougou, le 13 décembre 2018

TRAORE B. François
Agriculteur Burkinabé
Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux
www.francoistraore.blogspot.com


dimanche 2 décembre 2018

CE QUE JE PENSE DE LA 5ème EDITION DU SALON INTERNATIONAL DU TEXTILE AFRICAIN


Du 28 au 30 novembre 2018 s’est tenue à Ouagadougou, la 5ème édition du Salon International du Textile Africain (SITA). En plus du représentant de l’Union Africaine, il y a eu la participation des représentants de plusieurs pays africains à ce salon. Plusieurs ONG et associations ont également pris part à cette rencontre. J’ai été invité en tant qu’agriculteur et ancien président de l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB). Je remercie donc les organisateurs qui ont maintenu le cap depuis la 1ère édition.
J’ai été fier de ce salon après ma participation à un panel de discussion dans lequel j’ai beaucoup appris. J’ai aussi eu l’occasion de livrer mes impressions en tant qu’acteur. Je me permets donc de donner quelques impressions et préoccupations qui m’ont marquées sur les sujets débattus. Un des sujets débattus était les enjeux de la production et de la transformation, leurs effets socio-économiques et leurs effets sur la santé humaine et sur l’environnement. Dans l’histoire, nos parents ont cultivé le coton sans intrants importés. Ils l’ont transformé pour s’habiller et dans cette transformation, la teinture était locale. Pour eux, c’était une nécessité de travailler, se nourrir et s’habiller. L’histoire nous dit que nos parents exportaient même la cotonnade dans les pays voisins. Je sais que dans des années 60, la population du Burkina ne dépassait pas 5 millions. Aujourd’hui, nous sommes plus de 18 millions qu’il faut nourrir et habiller. Dans la recherche du développement, plus de 5 millions de burkinabés sont à l’extérieur. Nous agriculteurs burkinabés, nous avons comme vision de nourrir les 18 millions et faire du développement ; c’est ce qui nous a amené à un moment à produire jusqu’à plus de 700 000 tonnes de coton. Plusieurs pays africains produisent également le coton et tout ce coton africain est essentiellement exporté. Le constat est qu’en Afrique, la production traine les pieds. Même si tout le coton africain produit actuellement devait être transformé en Afrique, il ne suffirait pas pour habiller la population africaine. Dans cette production actuelle, nous avons été obligés d’utiliser des intrants importés et le peu de transformation qui est fait sur le coton se fait également souvent avec des produits importés. Certains de ces produits ont été trouvés nocifs à la santé humaine et à l’environnement. En tant qu’acteurs, nous avons donc été interpellés pour cette pollution. Ma réponse a été que nous utilisons ce qu’on nous propose comme intrants et si nous avions le choix entre des intrants qui polluent et ceux qui ne polluent pas, nous choisirions aisément d’utiliser ceux qui ne polluent pas et qui nous permettent d’augmenter notre production. Nous attendons tout matériel utile qui peut nous permettre d’augmenter notre production et d’augmenter nos revenus en préservant notre santé et notre environnement. C’est plutôt les intellectuels africains qui sont interpellés sur ces sujets, nous les avons mis à l’école pour nous éclairer. Moi, malgré que ma limite à l’école était le primaire, quand je faisais une erreur, ma mère me disait : « Pourtant on t’a mis à l’école ». Aujourd’hui nous en avons qui y ont fait plus de 20 ans avec tous les grands diplômes que l’on peut avoir ailleurs. S’ils fuient leur responsabilité, de grâce, qu’ils ne mettent pas le tort sur leurs parents qui les ont mis à l’école. Être utile pour ses parents fait partie de la tradition africaine.
Il y a eu également un sujet sur les souffrances de la femme africaine. Pour certains, c’est elle qui nourrit ses enfants toute seule et c’est elle qui paye la scolarité de ses enfants pendant qu’elle ne dispose pas de terres. Moi en tant qu’acteur, je n’étais pas d’accord avec cela. Je n’aime pas qu’on tienne des langages pour faire plaisir à certains partenaires. A mon avis, si un homme et une femme vivent ensemble, c’est parce qu’ils s’aiment et qu’ils aiment tous leurs enfants. Dans notre contexte, la femme quitte sa famille pour rejoindre celle de l’homme. Disons tout simplement qu’il y a eu une désorganisation de la famille africaine où elle est très souvent réduite à la famille nucléaire c’est-à-dire à l’homme, sa femme et leurs propres enfants, ce qui oblige tout le monde à la tâche dans leur exploitation. C’est là également qu’il faut dire que nos intellectuels et les religions n’ont pas bien joué leurs rôles. Nos ancêtres avaient une sociologie qui trouvait des solutions aux problèmes. Mon père m’a dit par exemple que la parenté à plaisanterie était très souvent développée suite à des conflits entre deux entités à la fin desquels on signait un pacte pour qu’il n’y ait plus de bagarre. Dans la zone cotonnière au Burkina Faso, les hommes avec leurs revenus ont construit de belles maisons dans lesquelles ils habitent avec leurs femmes. En plus de cela, je fais partie de ceux qui ont acheté des moulins pour leurs femmes. Je préfère donc que nous positivons le débat par de bons exemples. Si au Canada ou en France, les hommes sont dans leur exploitation avec leurs femmes et leurs enfants, nous travaillons également à faire la même chose ici. Dans certains pays, les hommes se marient entre eux, nous agriculteurs africains, nous ne sommes pas à ce niveau et nous ne le rêvons même pas. Dans certaines traditions africaines, on vous dira même que cela peut empêcher la pluie de tomber.
Le dernier sujet qui m’a préoccupé, c’est celui du rôle de nos institutions africaines et de nos Etats. Partout en Afrique, près de 80% de la population est rurale. L’espoir du développement reste la production et la transformation. Et cela est conditionné par une production de qualité et de quantité. Nous n’allons pas inventer la roue, tous les continents sont passés par là. Dans certains pays développés, les ruraux ne dépassent pas 5%. Je préfère que l’on créé de l’emplois par la production et la transformation pour la jeunesse que de la laisser partir mourir dans la mer ou être utilisé dans des rébellions. Certaines statistiques disent que 60% des terres cultivables restantes dans le monde sont en Afrique. Je ne souhaite pas que ces terres soient un jour vendues à des étrangers comme c’est le cas pour l’or, le diamant, le pétrole etc. Dans ces cas, les yeux sont fermés sur la pollution et la destruction de l’environnement, et c’est encore nous les ruraux qui en souffrons le plus, mais on appelle cela partenariat. Ces mêmes partenaires refoulent notre jeunesse dans leurs frontières. Il ne faut surtout pas que nos institutions et nos politiques se disciplinent devant leurs partenaires en oubliant leurs populations et de n’aller vers eux que lors des élections. Il existe des exemples de pays dans le monde qui ne se sont pas laissés faire pour atteindre leur développement et ce sont eux qui ont la vraie considération de tous les partenaires. A bon entendeur, salut.
En tant que vétéran agricole
Ouagadougou, le 02 Décembre 2018
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de l’Université de Gembloux,