Ces
dernières années, l’orpaillage clandestin a pris de l’ampleur en Afrique de
l’ouest. Dans ces sites d’orpaillage, on y trouve des enfants de 7 à 12 ans. La
majorité de ces enfants sont des enfants qui ont déserté l’école pour aller
dans les sites d’orpaillage. Cela me fait réfléchir parce qu’il nous arrive
souvent d’entendre parler de travail des enfants en Afrique. Ce sont les
exploitations agricoles qui sont souvent indexées.
En
réponse à cette interpellation des agriculteurs, il m’est arrivé de dire que
l’agriculture dans une famille, est une école dans laquelle commence une partie
de la formation de l’enfant. C’est ce qui fait que même étant allé à l’école,
certains jeunes n’ont pas de problèmes à revenir vers la terre parce qu’ils y
sont initiés. Mieux ne dit-on pas souvent qu’il y a inadéquation entre le
système économique africain et le système éducatif ? Alors que dans les sites d’orpaillage, rares sont les
enfants qui y vont avec le consentement de leurs parents. Si les parents ont consenti,
la raison ne peut être que l’extrême pauvreté. C’est pourquoi j’ai toujours dit
qu’il est mieux de combattre la pauvreté à sa racine pour que les familles
puissent mieux s’occuper de leurs enfants, que de combattre sa conséquence qui
est le travail des enfants.
Ces
enfants qui sont sur ces sites d’orpaillage, quand on leur pose la question
pourquoi ils sont là, l’objectif n’est jamais cadré. Ils ont décidé seuls d’y
aller et s’il leur arrive d’avoir de l’argent dans ces sites, ils ne font que
ce qu’ils voient faire. Si les gens consomment la drogue ils vont la consommer ;
s’ils voient les gens prendre de l’alcool, ils vont en prendre. Hormis les
risques d’éboulement possible dans le travail d’orpaillage, ils reviennent
majoritairement malades.
La
lutte contre la pauvreté ne doit pas être de farce. Elle doit se sentir dans l’éducation,
dans la formation et dans la vision. Dans les années 2000 pendant qu’on luttait
contre les subventions internationales sur le coton, il m’est arrivé de dire à
un journaliste que si le prix du coton restait si bas, qu’il était possible de
retrouver des producteurs de coton parmi les terroristes. En 2013, parmi les
prisonniers de guerre du Mali, il y a toutes les nationalités de la sous région.
Il y a donc la possibilité de trouver des producteurs de coton parmi eux.
Ainsi
par effet d’entrainement, les jeunes agriculteurs, quand ils quittent le milieu
rural, ils vont dans les villes et prennent la place qu’occupent les jeunes chômeurs
de la ville en se faisant payer à moitié prix. Ces jeunes chômeurs des villes se
trouvent ainsi obligé d’aller vers l’occident. Dans cette traversée du désert,
ils peuvent se faire recrutés par des terroristes et des trafiquants de drogue.
Nous
savons tous que le commerce de la drogue et le terrorisme se font par les
hommes très riches utilisant les hommes très pauvres. Celui qui détient
l’argent manipule comme il veut celui qui est pauvre et qui est dans une
situation difficile. Cela finit par être un problème mondial. Je trouve donc
que l’Afrique et ses partenaires ont intérêt à combattre réellement la pauvreté
dans sa racine.
Ouagadougou, le 21 avril 2013
TRAORE B. François,
www.francoistraore.blogspot.com
Président
d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa.
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16 25
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