samedi 20 juillet 2019

Ce que je pense des actions menées pour la modernisation de l'Agriculture au Burkina Faso


J'ai été heureux d'apprendre la remise le 16 juillet 2019 de vingt-six (26) tracteurs agricoles par le Ministre en charge de l’agriculture au Président de la Chambre Nationale d'Agriculture (CNA) pour treize (13) régions. C'est une bonne opération sauf que c'est la période qui m'intrique un peu. Car non seulement, les possibilités de travailler avec le tracteur à partir de mi-juillet sont assez réduites mais aussi on ne peut plus rattraper le mois de juin 2019 pour accélérer la mise en place des principales cultures avec ces tracteurs nouvellement acquis. Le tracteur devrait permettre de profiter au maximum du peu de pluies enregistrées entre mai et juin parce qu’il est plus rapide que les animaux de trait. Si j'ai un conseil à donner, j'aurai souhaité que l'opération soit menée plutôt. À titre d'exemple, le Conseil régional de Dédougou a donné quatre (4) tracteurs à des Groupements de producteurs au bon moment en 2018. Un des Groupements que j'ai suivis a labouré pour ses membres plus de 100 hectares. Le Conseil régional de Bobo a fait la même opération cette année 2019 et l'information que j'ai avec un des Groupements bénéficiaires, est qu’ils sont à plus de 100 hectares labourés pour ses membres malgré la rareté des pluies. En plus de cela j'ai des inquiétudes sur comment ça sera attribué dans les Régions pour travailler. Ça serait souhaitable que ces tracteurs soient remis à des groupements ou associations bien préparés car selon mes expériences, le tracteur ne doit pas faire plus de 20 km pour aller labourer. A mon avis, la distance recommandée ne doit pas dépasser 5 km. Un comité restreint doit être mis en place pour la gestion du tracteur ensemble avec les conducteurs. J'ai eu mon premier tracteur depuis 1986 donc je sais quoi de je parle.
Sur le plan de l’appui conseil aux producteurs et de la vulgarisation des nouvelles technologies agricoles, j'ai été étonné tout récemment d'apprendre qu'il y a plus de 1000 hectares de terres cultivables à Matourkou et du matériel agricole mais lors de la formation des techniciens et cadres du ministère de l’agriculture, on les utilise très peu. Un élément d'une des promotions m'a dit qu’eux, ils ont été obligés de cotiser et négocier une parcelle pour pouvoir faire un champ commun expérimental. Ils n'ont pas eu facilement accès au matériel agricole du Centre de formation et à la parcelle. Pourtant c'est grâce à ces champs expérimentaux et de démonstrations que certains parmi eux qui ne sont pas fils de paysans, ont su comment on sème de façon pratique, une graine. Est-ce que ça veut dire que l'utilisation du matériel agricole ne fait partie de leur formation ? Le restaurent du Centre agricole polyvalent de Matourkou doit-il continuer à être alimenter par des légumes et des céréales venues d’ailleurs ? Si tel est le cas, je me demande si ce ne sont pas des techniciens de salles de conférences que nous sommes en train de former.

Les difficultés que je vois dans certaines Associations ou Groupements agricoles me poussent à dire que l'accompagnement dans les groupements n'est pas aussi maîtriser. J'ai dirigé un groupement villageois depuis 1982. Dans ce domaine, je suis également un vieux routier. Ces groupements et associations ne peuvent pas marcher sans une bonne éducation sinon on fabriquerait des structures qui gèrent mal et qui ne sont pas crédibles. Pourtant ces structurations sont incontournables pour le développement du secteur agricole. Dans la quête de maitrise de l’eau à la parcelle, j’ai été contre le modèle de projet irrigation de la filière coton. Même si les bassins de collecte des eaux de ruissellement tel que proposés étaient réalisés partout pour les producteurs de coton, ce modèle proposé ne pouvait pas être utile pour les cotonculteurs cette année avec la rareté des pluies observée au démarrage de la campagne dans la majorité des zones. Or un projet doit offrir à ses bénéficiaires, des solutions adaptées et qui respectent l’environnement. Tout compte fait, je garde espoir.

Ouagadougou, le 20 juillet 2019

En tant que vétéran agricole


TRAORE B. François

Agriculteur burkinabé
Docteur Honoris Causa de l’Université de Gembloux

mercredi 17 juillet 2019

CE QUE JE PENSE DE LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS DE RENTE (Cacao-café-coton)


J’ai eu l’occasion d’animer une conférence en France en présence de son excellence Jacques Chirac, à l’époque Président de la France. En tant que Président de l’Association des Producteurs de Coton Africains (AProCA), j’ai dénoncé les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui ne nous étaient pas favorables.  En effet, le coton comme le cacao font partie des cultures de rente qui permettent à la jeunesse africaine d’avoir des revenus dans l’agriculture. Cette défense, je l’ai fait dans les négociations de l’OMC et même au siège à Genève. C’est pour cela que je soutien aujourd’hui, la lutte des agriculteurs ivoiriens et ghanéens pour une bonne rémunération des producteurs de cacao. C’est aussi l’occasion pour moi d’interpeller une fois de plus et encourager nos politiques pour la transformation de nos produits ; ce qui augmentera l’offre d’emploi pour la jeunesse. Le marché mondial ne nous fera jamais du cadeau ; c’est à nous de nous organiser et de nous défendre. C’est la meilleure manière de retenir la jeunesse pour qu’elle ne continue pas à mourir dans la mer. Les matières premières existent en Afrique dans tous les domaines. Ayons l’intelligence de les produire et de les transformer en Afrique.