Ces
derniers temps, les Koglwéogo ont mené une action négative dans laquelle il y a
eu mort d’hommes. Auparavant, à l’Est du Burkina, le banditisme a obligé la
population à se défendre parce que les enseignants, les infirmiers,
l’administration avaient des problèmes à se déplacer et tous les commerçants
étaient en danger. Les Koglwéogo ont alors joué un rôle que de nombreuses
personnes ont jugé positif car étant de la société civile. Si on sait que les
bandits ne peuvent opérer sans se faire apercevoir ou soupçonner par la société
civile, c’était compréhensif que celle-ci à travers les Koglwéogo s’implique.
En effet, tout homme moralement équilibré doit veiller sur sa sécurité et celle
de son entourage. On comprend alors qu’il y ait des groupes d’autodéfense. Ce
qui est grave de la part des Koglwéogo et qui a amené à cette dérive, à mon
avis est qu’ils se soient fait une structure autonome qui ne dépend pas
forcément de chefs de villages, de CVD, de conseillers communaux, de maires ou de
préfets. Alors que dans notre tradition, avant l’arrivée des colons, on ne
pouvait pas créer un groupe dans un village et faire ce qu’on voulait. Si un
groupe quittait son village pour aller mener une action dans un autre village
sans le consentement des habitants de ce village, cela représentait une
déclaration de guerre et c’est ce qui vient de se passer. Je soutien alors les
autorités pour que cette façon de faire ne se répète pas.
La situation d’insécurité au Burkina Faso a une longue
histoire. J’ai dit dans un de mes documents que depuis 1987 les forces de défense,
de l’ordre et de sécurité n'ont travaillé que pour le clan présidentiel. Il
fallait tout simplement être branché à ce clan pour que tout vous soit permis.
Les éléments qui étaient punis, mis au garage, radiés ou même tués parmi ces
forces de défense, de l’ordre et de sécurité n’étaient pas forcément mauvais.
C’était ceux qui n’étaient pas soumis et qui voulaient réellement faire leur
travail. L’exemple restant des soupçons de la police nous démontre les
habitudes du passé où les plus petits souffraient pour les plus grands. Nous
savons également que les armes circulaient n’importe comment au Burkina Faso.
Même des mercenaires, il y en a eu au Burkina. Tout cela a fait que la
population était confuse car si vous dénoncez quelqu’un qui est branché et ou
qui a une mission à exécuter, c’est vous finalement qui avez des problèmes. Je
pense que ça fait partie de l’esprit de la défense des groupes d’autodéfense.
Quand la population pense que l’autorité ne fonctionne pas sur la vérité, un
mal rentre facilement mais ressort difficilement. cependant il est mieux soigné
quand cela passe par la racine. J’encourage donc les autorités à travailler à
mettre la population en confiance et demande à ce qu’il y ait une complicité
positive entre les forces de l’ordre et la population burkinabé.
En tant qu'Agriculteur burkinabé
Ouagadougou, le 23 Mai
2017
TRAORE B. François,
Agriculteur Burkinabé
Docteur honoris causa de
l’Université de Gembloux,
www.francoistraore.blogspot.com
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