J’ai été invité du 19 au 20 décembre 2011 par FARM qui a organisé avec l’appui de ses partenaires, un colloque pour parler de la rencontre du G20 et de sa suite sur l’agriculture et l’alimentation. FARM, ne voulant pas dérober à sa mission, a invité plusieurs représentants d’organisations des producteurs africains, des producteurs européens et quelques autorités du continent américain. Mais avant la rencontre sur la suite du G20, FARM a organisé pour nous producteurs africains des rencontres avec nos homologues français, les coopératives membres de l’AFDI. Les responsables de ces coopératives nous ont reçus et ont partagé avec nous leurs expériences. Dans l’historique de ces coopératives, l’idée des coopératives est née du besoin des producteurs de s’assembler pour faire face à des problèmes qu’individuellement ils ne pouvaient pas résoudre.
La première coopérative rencontrée s’est engagée à faire de la carotte à la suite d’une crise. Pour réussir, il fallait avoir un esprit de créativité et de détermination. Aujourd’hui, cette coopérative a une grande usine d’entretien et de conditionnement de la carotte. Cette carotte est l’une des meilleurs en France. La coopérative a du personnel technique à qui elle confie des tâches précises. Pour eux, un des grands principes d’une coopérative, c’est l’autonomie dans la pensée, la détermination et l’intérêt collectif à travers lequel tout le monde fini par trouver son compte. Selon cette coopérative, la population citadine et le politique ne comprennent pas souvent les agriculteurs français dans leur manière de produire. Un des agriculteurs de maïs et du blé nous a dit que le gouvernement français a pris une décision de faire baisser l’utilisation de l’herbicide et des insecticides dans l’agriculture à hauteur de 50%. Pour lui, il s’agit d’une décision de bureaucrates sinon on ne peut pas se permettre de baisser à 50% l’utilisation des insecticides et de l’herbicide sans alternative et penser qu’on va continuer à avoir à manger. Quand nous lui avons posé une question sur les produits biologiques, il a dit que tous ceux qui produisent les produits biologiques ne vivent pas des revenus de leur production car la rentabilité ne leur permet pas de gagner suffisamment. Ils ont d’autres choses qui leur permettent de vivre et ils font la production de mode. Pour lui, ils vont continuer à se battre contre cette décision du gouvernement par rapport à la mise cause des pesticides.
Nous avons rencontré une autre coopérative qui travaille sur la production bovine pour la viande. Le producteur cultive pour nourrir ses animaux. Il est accompagné financièrement et techniquement par la coopérative. Lorsque les animaux atteignent le poids souhaité, la coopérative les prend et les vend à la boucherie. La coopérative se rassure de l’homogénéité de la qualité de son produit pour garder sa crédibilité.
Nous avons rencontré une troisième coopérative qui produit du haricot « Gro grain » en voie de disparition. Alors, des agriculteurs se sont mis ensemble pour relancer cette filière. Aujourd’hui, la filière est entrain de prendre sa place dans la région et ce sont les producteurs eux mêmes qui commercialisent leurs produits. Nous avons trouvé en ces agriculteurs et leurs coopératives, une sincérité (des agriculteurs). Des agriculteurs africains devant leurs homologues français, nous avons cru être chez nous. Les agriculteurs français n’ont rien à caché parce qu’ils savaient qu’ils étaient en face d’autres agriculteurs.
Je me suis dis que si le monde était gouverné dans le style des agriculteurs, il n'y aurait que la paix et la cohésion dans le monde car ils sont fiers de leur métier et ils sont heureux de partager avec leurs homologues de n’importe quel bord qu’ils soient. Ils sont également heureux d’être utile en nourrissant le monde. On se rend compte que les problèmes de l’agriculture sont créés par des intermédiaires qui influencent le politique. Nous pouvons les appeler les « gros bras » car souvent l’avis des agriculteurs ne compte pas devant eux. Nous avons donc fait une journée très bénéfique ; nous nous sommes dit que si FARM n’existait pas, il fallait la créer.
Le lendemain a eu lieu le colloque sur la décision du G20. Reconnaissance a été faite à la France parce que pendant sa présidence du G20 en 2011, elle a travaillé à faire prendre en compte par le G20, l’agriculture et l’alimentation. Ces dernières années, nous vivons non seulement une crise financière qui persiste, mais également une crise alimentaire. Et, comme pour le moment aucune machine n’a pu fabriquer une graine qu’un homme peut manger, il faut quelle soit cultivée par quelqu’un. La France a donc raison de lever le lièvre pour la cause de l’agriculture. La faim reste une honte de l’humanité.
Le changement climatique a été également un sujet qui n’a pas été occulté car il perturbe la pluviométrie et endommage les récoltes. Pour cela, le commerce des produits agricoles et alimentaires nécessite une grande réflexion. Des réflexions sont entrain d’être mener pour trouver des moyens de faire des réserves de stocks alimentaires. Ces réserves doivent être bien réfléchies pour permettre la disponibilité et l’accessibilité. Selon l’assistance, l’agriculture familiale doit être préconisée et soutenue pour sa rentabilité économique et sociale.
Selon la vice-présidente de la FNCA, pour que l’agriculture familiale soit bien défendue, le devoir sine qua non de cette agriculture familiale, c’est de se mettre en coopératives. Sinon personne ne pourra soutenir des agriculteurs individuellement.
Le Mexique qui a remplacé la France à la tête du G20 était représenté par son ministre de l’agriculture. Celui-ci a dit que le gouvernement mexicain s’est engagé à emboiter le pas à la France pour la forme familiale de l’agriculture donc pour les petits agriculteurs. Le ministre de l’agriculture français à son tour a dit que la vision de la France pour l’agriculture telle que vue lors de sa présidence du G20, ne changera pas. Ensuite, en tant que membre du G20, elle travaillera toujours avec ses pères pour que le monde trouve une agriculture efficace pour l’Homme et pour la cause de l’Homme. Il a félicité l’initiative de l’ex président français Jacques Chirac pour la création de cette fondation FARM qui donne une bonne image de la France qui partage.
Nous avons clos la soirée par le pot de remerciement du conseil d’administration de FARM à son ancien directeur. Selon le président du conseil d’administration, Bernard Bachelier avant de partir pour une retraite méritée, a donné une image en matière de collaboration entre la France et les agriculteurs du monde et particulièrement ceux africains. Nous africains présents, nous avons trouvé que Bernard Bachelier mérite ces félicitations. Il est un homme humble et rigoureux mais visionnaire. Il laisse sa place à Jean Christophe qui, lui, souhaite poursuivre l’œuvre de FARM et donner un éclat à ce partenariat fluctueux.
Ouagadougou, le 01 janvier 2012
TRAORE B. François,
Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa
de l’université de Gembloux
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire